XL.2 - Une vie à deux

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Samedi 3 avril 1999, 19h45, à Cambridge

Depuis la soirée des avocats, Carla évitait au maximum Darryl. Lorsqu’il avait rendu visite à Josh le lendemain, aussi détendu que s’il n’avait pas embrassé sa petite amie la veille, Carla était partie en ville. Elle avait prétexté des achats et n’était revenue que plusieurs heures plus tard, une fois bien sûre que Darryl était rentré chez lui. Lorsqu’Evelyn l’avait appelée pour lui proposer qu’ils boivent un verre ensemble, vendredi soir, Carla avait sorti l’excuse bidon qu’elle resservait à chaque fois qu’elle ne trouvait pas mieux : son cycle menstruel. « J’ai mes règles et je n’ai qu’une envie, c’est de me coucher », lui avait répondu Carla dans l’urgence, ce à quoi Evelyn avait dit parfaitement comprendre. Mais ce soir, Darryl avait directement contacté Josh, ayant sûrement remarqué son petit manège, et les voilà tous deux, devant la porte de l’appartement de leurs amis.

- Tu appuies ou … ?

Carla sortit de sa torpeur, et pressa le bouton de la sonnette. Elle était nerveuse depuis qu’elle était sortie de la salle de bain, les mains tremblantes à la perspective de se retrouver confinée dans la même pièce que celui qui lui faisait tourner la tête.

- Entrez ! les accueillit joyeusement Evelyn en leur ouvrant la porte.

Il fallait qu’elle se ressaisisse, qu’elle affiche un sourire sur ses lèvres et qu’elle fasse au moins semblant d’aller bien. Evelyn, la connaissant presque par cœur, ne tarderait pas à deviner que quelque chose la tracassait, et Carla n’avait pas envie de lui mentir une nouvelle fois.

- Salut vous deux !

Visiblement, Evelyn était enjouée. Ou elle avait déjà bien entamé une bouteille.

- Eve ! Content de te voir, lui répondit plus sobrement Josh, peu enclin à de telles démonstrations de joie.

Carla la salua à son tour, une boule se formant dans la gorge. Bientôt, elle passerait l’entrée et devrait faire la bise à celui qui hantait ses rêves depuis leur baiser passionné. Bientôt, elle se retrouverait devant l’objet de ses fantasmes, son petit ami à côté d’elle. Bientôt, elle serait obligée d’accrocher un faux sourire sur son visage, sous peine d’avoir à subir un interrogatoire. Bientôt, elle aurait envie de mourir.

- Salut mon pote !

Darryl ne semblait pas du tout nerveux, assis nonchalamment sur son tabouret, une bière à la main et le regard pétillant.

- Désolé, je ne t’ai pas attendu, déclara-t-il à l’attention de Josh en montrant sa boisson du doigt.

Carla restait en retrait, à l’autre bout du salon, faisant mine d’admirer les cadres accrochés au mur. Mais poser les yeux sur les manifestation d’amour du jeune couple était encore pire que d’affronter Darryl, et prenant son courage à deux mains, elle se dirigea droit vers lui. Sauf qu’il avait eu la même idée, et Carla, ne regardant pas devant elle, de peur de se dégonfler, lui fonça dedans de plein fouet.

- Mierda !

Darryl recula de trois pas sous la violence du choc, pendant que Carla reprenait ses esprits. Sa peau picotait à l’endroit où celle de Darryl l’avait touchée, et elle sentait les effluves de son parfum lui étourdir l’esprit.

- Dis-moi, c’est une habitude de foncer dans les gens ou il n’y a qu’avec moi que tu ne vois plus où tu marches ?

- C’est parce que tu éblouis les femmes, mon chéri, rétorqua Evelyn en s’approchant de lui, hilare.

Carla, elle, était rouge de honte. Non seulement bousculer Darryl devenait une fâcheuse habitude, mais la remarque d’Evelyn ne pouvait pas mieux coller à la situation, sans qu’elle ne s’en doute une seule seconde. Darryl m’éblouit, comme le soleil, et bientôt je m’y brûlerai les ailes, pensait-elle.

- Je suis désolée, je suis vraiment maladroite quand je m’y mets.

- Mais ce n’est rien, mon amour, intervint Josh en venant lui planter un baiser sur le front. Tu viens sûrement de lui remettre le cerveau en place, il est trop petit et a tendance à bouger. Il devrait plutôt te remercier.

Darryl s’amusa de la répartie, puis vint saluer Carla comme il se devait. Il lui embrassa la joue droite, posant ses lèvres humides sur la peau brûlante de la jeune espagnole. Cette dernière eut l’impression que ces secondes étaient interminables. Alors qu’il décollait ses lèvres de sa seconde joue, il lui murmura à l’oreille :

- Je t’avais vue, j’avais juste envie de te sentir près de moi.

Mortifiée, Carla resta immobile. Darryl lui lança un clin d’œil complice, ne semblant pas se rendre compte où ils étaient, et surtout avec qui.

- Tu m’avais promis, lui chuchota-t-elle en le suivant vers la cuisine.

- De ne plus t’embrasser, oui. Mais pas de ne plus te toucher, ni d’essayer de te séduire.

Et là, Carla comprit qu’elle était encore loin de ses peines.

***

Samedi 10 avril 1999, 21h, à Boston

- T’es sûre de vouloir rester là ? lui demanda Josh pour la dixième fois, au moins.

- Oui. J’ai assez donné avec les avocats, merci.

- Les policiers ne sont pas pareils. Tu vas voir, c’est super sympa comme soirée. Y’a du bon champagne, des bons petits fours, de la bonne musique, et tu vas voir, on s’amuse jusqu’au bout de la nuit, tenta de la convaincre le jeune homme, mal à l’aise de laisser sa petite amie toute seule chez eux tandis qu’il sortait.

- Josh, n’insiste pas, s’il te plaît. Je ne veux pas y aller. Je ne suis pas à ma place là-bas, au milieu de toutes ces belles filles aux cheveux brillants et aux jambes interminables. Je t’assure que je serai mille fois mieux ici, avec un bon livre.

- D’accord … Mais je tiens à ce que tu saches que toutes ces américaines ne t’arrivent à la cheville. Bon, j’y vais mon amour. Bonne soirée, termina-t-il en l’embrassant.

Carla lui lança un sourire rassurant, elle ne voulait pas qu’il se tourmente pour elle. En vérité, même si Carla n’avait pas franchement apprécié la soirée à Somerville, cela ne l’aurait pas dérangé d’accompagner son petit ami à sa réunion des étudiants de l’école de police. Mais Josh lui avait soufflé deux jours auparavant qu’il avait invité Darryl, puisque ce dernier les avait généreusement conviés le 30 mars. Carla avait fait son choix à la seconde suivante : elle n’irait pas. Il était hors de question de se retrouver dans la même pièce que Darryl après ce qu’il lui avait avoué la semaine dernière. Il lui avait clairement fait comprendre qu’il pensait toujours à la toucher, et qu’il souhaitait la séduire, et Carla avait trop peur de lui céder. Son regard émeraude la rendait toute chose, et elle sentait encore la douceur de ses lèvres sur les siennes, la chaleur de ses mains à travers le tissu de sa robe et les papillons volant dans son ventre au moment de leur baiser. Il était trop dangereux de l’approcher.

La porte claqua, et Carla se retrouva seule. Elle pouvait enfin respirer. Depuis la soirée des avocats, elle se sentait nerveuse auprès de Josh. Et s’il découvrait que son meilleur ami et sa petite amie s’étaient embrassés ? Et s’il devinait que Darryl hantait ses pensées depuis ? Qu’elle rêvait de lui, de ses mains et de son regard ? Comment réagirait-il ? Mais Josh n’était pas le seul qui préoccupait Carla, il y avait aussi Evelyn. Cette dernière vouait à son amie espagnole une confiance aveugle, et lui confiait parfois des secrets qu’elle ne disait à personne, pas même à Darryl. Que penserait-elle de sa meilleure amie, si elle apprenait que dès qu’elle avait le dos tourné, Carla en profitait pour se pendre au cou de son petit ami et l’embrasser à en perdre haleine ?

Ding ! Dong !

On ne peut jamais être tranquille chez soi, pensa Carla en se levant pour ouvrir. À moins que ce ne soit Josh qui ait oublié quelque chose ? Ce fut ainsi que Carla ouvrit la porte sans jeter un œil par le judas, et quelle ne fut pas sa surprise de trouver Darryl sur le pas de la porte.

- Qu’est-ce que tu fais ici ?

- Drôle de façon d’accueillir tes amis. Je peux entrer ?

- Josh n’est pas là. Tu ne devrais pas être avec lui, d’ailleurs ?

- Je préfère être avec toi.

C’était exactement pour cette raison que Carla évitait au maximum Darryl. Il était toujours détendu, et ce genre de réponses dévoilant explicitement ses intentions rendait mal à l’aise Carla, qui avait l’impression d’être la seule à mesurer leurs actes.

- Je ne pense pas que te laisser entrer soit une bonne idée.

Mais Darryl ne l’entendait pas de cette oreille, et il vint coller son torse contre Carla. Cette dernière se recula vivement, et satisfait, le jeune américain entra dans l’appartement. Prenant ses distances de sécurité, Carla resta à au moins cinq pas de lui, et lorsqu’il s’assit nonchalamment sur le canapé, elle s’accouda au mur face à lui.

- Tu as peur de moi ? lui demanda-t-il, amusé.

- De ce que tu peux faire, oui. Bon, tu me dis ce que t’es venu chercher, maintenant ? J’aimerais continuer mon livre.

- J’ai peur que tu me mettes dehors si je te l’avoue.

Même si Darryl n’affirmait pas le fond de ses pensées, ses réponses étaient claires comme de l’eau de roche : il voulait Carla. Sauf que cette dernière aimait sincèrement Josh, et n’était pas prête à le trahir. Pourquoi ai-je envie de lui, alors ?

- Tu ne pourras pas le nier éternellement.

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- C’est ce dont je suis exactement en train de te parler. Tu nies cette attirance réciproque, ce désir commun, cette passion dévorante qui nous consume de l’intérieur. Mais tu sais ce qu’on dit des passions ? Elles finissent toujours par s’exprimer, même si tu essaies de les repousser de toutes tes forces.

- Tu viens de l’inventer, répliqua Carla qui se dandinait sur ses pieds.

- Non, je t’assure que je l’ai déjà entendu quelque part. Alors, qu’est-ce que tu en penses ?

- Que c’est faux. Ceux qui laissent leurs passions gagner l’ont bien voulu. Si ce n’était pas possible de résister, notre société serait loin d’être ce qu’elle est aujourd’hui, et ce serait la porte ouverte à toutes les envies possibles et imaginables. Heureusement, il y a des gens raisonnables qui n’écoutent pas leurs désirs, et qui font taire leurs passions.

- Et tu fais partie de ces personnes ? l’interrogea Darryl, se levant du sofa.

Carla eut un mouvement de recul, et la gorge sèche, elle le vit se poster à la fenêtre. Que ferait-elle s’il s’approchait d’elle ? Serait-elle capable de le repousser, de lui dire non ?

- Alors ? J’attends ta réponse. Es-tu une de ces personnes qui réussissent à tout contrôle, n’écoutant que leur raison ?

- Je … je n’en ai pas encore fait l’expérience. Mais je pense que oui, ajouta-t-elle précipitamment en le voyant la déshabiller du regard. J’en suis même sûre.

- T’en as de la chance. Moi, j’ai toujours eu tendance à faire tout mon possible pour obtenir ce que je veux.

- C’est parce que tu peux. Moi qui suis née dans une famille modeste, j’ai appris tôt à freiner mes envies et à voir moins grand. J’ai appris ce qu’était un sacrifice, en dépit de ce que j’aurais voulu. Je suppose que c’est ce qui nous rend si différents l’un de l’autre.

- Et si tu te laissais aller, maintenant que tu en as les moyens ? Tu as quitté l’Espagne, ta famille, ce serait dommage de faire comme si rien n’avait changé.

Darryl quitta son poste d’observation, et lentement, se dirigea vers Carla. Le cœur de cette dernière s’affola, et elle voulut s’échapper, mais le mur derrière elle ne constituait pas une bonne porte de sortie, et rejoindre la cuisine aurait signifié passer à côté de Darryl.

- Arrête-toi, lui ordonna-t-elle en essayant de cacher les tremblements de sa voix.

- Pourquoi ça ? Je ne fais que marcher dans l’appartement de mes amis.

- Justement, pense à Josh. Il sait que tu es là ? Et Evelyn ?

- Tu n’arriveras pas à me faire culpabiliser. Mais, bien tenté quand même.

Comme un chausseur guettant sa proie, Darryl ne lâchait pas du regard Carla. S’il avait été persuadé qu’elle saurait lui résister, il ne serait jamais venu. Mais malgré ce qu’elle pouvait dire, ses yeux lui lançaient des signaux contraires. Elle le désirait, en dépit de l’amour qu’elle portait à Josh. Elle le voulait, son souffle saccadé pouvant le prouver à cet instant précis. Ce n’était pas lui qu’elle craignait, mais ce qu’il provoquait en elle. Lui aussi avait peur de son cœur, quand il se mettait à battre à mille à l’heure lorsqu’il s’approchait d’elle, comme maintenant. Il avait peur des frissons qui parcouraient son corps quand elle posait les yeux sur sa bouche, comme maintenant. Il craignait cette petite voix qui lui hurlait de l’embrasser, comme maintenant. Il avait peur de tout, mais ce n’était pas suffisant pour le faire reculer. Le serait-ce pour Carla ?

- Dis-moi non et je m’en vais, déclara Darryl en lui caressant la joue.

Carla ne put s’empêcher de fermer les yeux à son contact. Peau contre peau. Désir contre désir. La respiration courte, elle n’arrivait pas à former un mot. Pour lui dire quoi ? Qu’elle était incapable de ne pas penser à lui toute la journée, et de ne pas rêver de lui toute la nuit ? Qu’elle était incapable de rester impassible face à son regard, sous son toucher ? Qu’elle était incapable de lui dire non ?

- Je te laisse encore une chance, murmura-t-il contre ses lèvres. Dis-moi non, et je m’en vais.

La bouche entrouverte, Carla avait déjà capitulé. Elle n’avait ni la force, ni l’envie, de lui refuser ce qu’ils désiraient ardemment tous les deux. Une nuit, elle lui donnerait une nuit. Une nuit qui mettra à l’honneur leurs ardeurs. Une nuit qui les fera se sentir vivants, avant qu’ils ne retournent chacun à leur quotidien. Une seule nuit, où ils pourront tout s’avouer avant de se cacher à nouveau. La nuit de la vérité et de la passion. Leur nuit.

***

Vendredi 23 avril 1999, 22h, à Boston

13 jours. 13 jours et une heure. Voilà 13 jours et une heure que Darryl venait frapper à la porte, offrant à Carla une des plus belles nuits de sa vie. Il n’avait pas donné signe de vie depuis. Pas un appel, une visite inattendue, ou même une invitation pour aller boire un verre. Carla lui avait spécifié que leur nuit serait la seule et l’unique, et il respectait son choix. Enfin, pour l’instant. Carla commençait à connaître Darryl, et lorsqu’il voulait quelque chose, il n’abandonnait jamais. Du moins, pas sans s’être battu.

- Tu crois qu’ils font la tête ? l’interrogea Josh, qui n’avait pas remarqué que sa petite amie était depuis près de deux semaines perdue sans cesse dans ses pensées.

- Qui ça ?

- Eve et Darryl. On ne passe jamais plus de cinq jours sans se voir, ou au moins se parler, et là, ça va faire un petit bout de temps qu’on n’a plus de nouvelles d’eux.

- Et pourquoi ils nous feraient la tête ?

- Aucune idée, je trouve seulement leur silence étrange. Pas toi ?

- Hmm … ils sont peut-être occupés.

Josh ne parut pas convaincu, mais il n’insista pas. Il reporta son attention sur la télévision, en massant distraitement les pieds de Carla. Soudain, le portable de celle-ci sonna. Elle lut le nom sur son écran, et fut soulagée que Josh ne puisse le voir, c’était Darryl. « Je n’arrête pas de penser à toi, lui écrivait-il. Eve aussi, apparement. Elle a proposé que vous veniez dîner demain soir, chez nous. Évite la robe que t’avais l’autre soir, ou je serais obligé de te sauter dessus, et je ne pense pas que ce soit très approprié. »

Carla avait raison. Darryl n’allait pas abandonner de sitôt, malgré ses demandes et les promesses de celui-ci. Le pire était que, secrètement, Carla espérait qu’il ne laisserait pas tomber.

***

Jeudi 6 mai 1999, 15h, à Cambridge

Les jambes entremêlées, les deux amants se racontaient leur vie en fixant le plafond. L’unique nuit était devenue des retrouvailles dans des hôtels en pleine après-midi et des messages coquins échangés la journée. Aucun des deux n’avait pu résister à l’envie, ni ne l’avaient voulu.

- Et cette cicatrice ? demanda Carla en caressant la marque que Darryl portait au front.

- Oh, rien de glorieux. Je suis tombé de vélo, j’avais sept ans. À l’école, je détestais cette cicatrice, les autres se moquaient de moi. Puis, je suis arrivé au lycée et j’ai découvert que les filles la trouvaient très sexy. Je ne l’ai plus jamais détestée.

- Je ne pense pas qu’elles trouvaient seulement la cicatrice sexy. À mon avis, ce sont tes yeux qui les ont fait fondre.

- Tu parles pour toi ?

- Peut-être bien.

Darryl l’embrassa, le sourire aux lèvres. C’était dans les bras de Carla qu’il se sentait le mieux.

***

Dimanche 23 mai 1999, 11h, à Boston

- Tu sembles vraiment heureuse en ce moment, lui avoua Evelyn en lui tendant une tranche de pain à beurrer.

Les deux amies préparaient les sandwichs qu’ils emmèneraient au pique-nique, tandis que les deux hommes casaient parasol et couverture dans le coffre de la Ford de Darryl.

- Euh … Merci.

- Ne me remercies pas. Tu es rayonnante, c’est important de le dire.

Carla lui sourit. Que faire d’autre ? Darryl la rendait éblouissante. Elle aimait Josh, mais elle découvrait avec son amant l’amour passionné, dévorateur, le désir presque animal qui rendaient la vie si agréable à vivre, si excitante. Et quel dommage de ne pas pouvoir faire part à sa meilleure amie qu’elle avait trouvé la clé du bonheur absolu et parfait.

- C’est l’amour, lui répondit simplement Carla. Il peut vraiment faire des merveilles.

***

Mardi 15 juin 1999, 16h, à Cambridge

Tendrement, passionnément, délicatement, avec fièvre. Nombreuses avaient été les façons de Darryl de faire l’amour à son amante. Mais ce jour-là, Carla eut l’impression qu’il s’accrochait désespérément à elle, à eux, à ce qu’ils étaient. Carla le sentait s’éloigner depuis quelque temps, et le lui ayant signifié, il l’avait prise dans ses bras, fébrile. Darryl n’avait pas été le même homme cette après-midi là, et Carla ne savait pas encore lequel elle préférait. Celui qui l’avait séduite coûte que coûte, lui faisant connaître la passion des jeunes couples, ou celui qui malgré le quotidien, s’accrochait à tout ce qu’il pouvait pour ne pas la quitter.

***

Mardi 29 juin 1999, 9h30, à Boston

Elle n’avait même pas besoin de faire le test, elle le savait, tout simplement. Elle avait vérifié sa plaquette de pilules, et avait réalisé qu’elle l’avait oubliée trois jours de suite. Trois jours durant lesquels Darryl lui avait fait l’amour.

Le tube en plastique dans les mains, Carla ne voulait pas faire pipi dessus. Ce serait devoir patienter en sachant très bien le résultat qui s’afficherait. Ce serait rendre sa grossesse officielle. Ce serait être obligée d’affronter une nouvelle complication de la vie. Je n’en ai décidément pas besoin en ce moment, pensa Carla. Cette dernière soupira. Elle n’avait pas le courage d’uriner sur le test, et espérer la boule au ventre qu’elle se trompait. Je suis enceinte, je le sais, c’est tout. Attrapant son téléphone, elle appela le médecin. Si elle devait affronter la vérité de sa grossesse, que ce soit au moins un professionnel qui la lui confirme.

Une main sur le ventre, elle pensa à Darryl. Elle ne doutait pas que ce soit lui le père de ce bébé. Était-ce enfin l’occasion de dévoiler leur amour au grand jour ? Ce moment qu’elle attendait tant était-il arrivé ? Darryl n’était pas du genre à se défiler, et quand elle lui annoncerait, il assumerait sa paternité. Ce ne pouvait être autrement, si ?

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