X - Cœur brisé

14 minutes de lecture

Jeudi 12 juillet 2018, 6h, à Milwaukie

Madeline se réveilla en sursaut, paniquée. Elle venait de faire un cauchemar, qui mêlait son petit frère à Willow, leurs yeux bleus se confondant et faisant perdre la tête à la jeune blonde. D’un coup d’oeil, elle vérifia l’heure sur son radio-réveil. Beaucoup trop tôt pour elle.

Néanmoins, après s’être retournée des dizaines de fois dans son lit, Madeline dut se rendre à l’évidence : elle ne retrouverait pas le sommeil maintenant. Mais, à cette heure-ci, tout le monde dormait encore, même son père qui se tuait pourtant au travail.

Madeline attrapa son téléphone et consulta ses dernières notifications. Évidemment, la jeune blonde fit rapidement le tour des dernières nouvelles et se retrouva vite sans activité. Verrouillant son portable, elle se rallongea et fixa son plafond. Ne trouvant rien de plus intéressant à faire, elle réfléchit aux derniers évènements de sa vie. La première question qui lui vient à l’esprit fut : Pourquoi suis-je si persuadée qu’on me cache quelque chose depuis ma rencontre avec Willow ?

Les éléments étaient nombreux, et Madeline les lista dans sa tête. Premièrement, le comportement d’Ezequiel. Il changeait de couleur à chaque évocation du mot « secret » de la part de Madeline, et sa réaction suite au récit de cette dernière concernant Willow était tout aussi étrange. Ensuite, Mme Rockoff. Elle avait fait une leçon de morale à Madeline concernant le coeur et les personnes qu’il avait aimées. Comme si c’était le coeur, à lui tout seul, qui aimer véritablement quelqu’un. Toujours aussi bizarre, il y avait Peter, le père de Zoey et Janice. Il avait évoqué, l’esprit ailleurs, un passé apparement difficile pour Evelyn, ce que Madeline n’avait guère entendu dire de la part de ses proches. Ajouté à tout ceci la clé du bureau de Darryl, cachée dans les toilettes, et Madeline n’avait d’autre explication. Son entourage s’efforçait de lui cacher quelque chose. Quoi ? Elle n’en avait strictement aucune idée. Depuis quand ? Toujours aucun indice de ce côté. Mais Madeline ne perdait pas espoir. Elle avait trouvé la clé du bureau de son père, ce qui était une grande avancée pour elle.

Elle pensa quelques instants à se rendre dans la pièce interdite maintenant. Puis, la perspective de se retrouver nez à nez avec Darryl quand celui-ci se lèverait lui effaça cette idée de la tête. Soudain, elle réalisa qu’elle n’avait pas revu Jared depuis la fête nationale. Elle se rendit compte qu’il lui manquait terriblement. Elle lui envoya un message, le prévenant qu’elle arrivait chez lui tout de suite.

Elle enfila rapidement les premiers vêtements qui lui vint, sans s’occuper de son apparence, et un chignon plus tard, elle était fin prête. Elle sortit de chez elle à pas de loup, s’engouffrant dans sa Chevrolet dès la porte d’entrée franchie. Elle avait beau être en plein été, l’air frais du petit matin lui avait agressé le visage, après la chaleur de ses draps.

Jared habitait sur Drake Street, non loin de l’hôpital, à seulement cinq minutes en voiture de chez Madeline. Alors qu’il était évident que son petit ami dormait encore, elle préféra se rendre chez lui à pied. Cela lui ferait prendre l’air, et retarderait le réveil de Jared, ce dont il ne serait pas contre.

Un quart d’heure plus tard, Madeline était arrivée à destination. Sa marche l’avait réchauffée, et c’est le sweat sur les hanches qu’elle escalada le portillon, comme toujours fermé à clé. La maison de plein-pied, en lambris gris, était tout aussi silencieuse que celles des voisins. Madeline continua son chemin, en prêtant attention à ne pas écraser les nombreuses fleurs que Cordell Dampsey prenait plaisir à planter. Le père de Jared était un grand fan de fleurs, plantes, arbres et tout ce qui s’ensuit. Derrière la maison, un grand jardin, composé de beaucoup de sortes de roses, faisait sa grande fierté.

Madeline contourna enfin la maison, se postant devant la fenêtre de la chambre de Jared. Par chance pour elle, elle n’était pas fermée. Elle pourrait ainsi se glisser sous les draps de son petit ami, finissant sa nuit dans ses bras où elle se sentait si bien. Elle passa une jambe par-dessus le rebord de la fenêtre, et fit glisser doucement le rideau. Son deuxième pied rejoignit bientôt le premier, sur le parquet de la chambre.

Le rai de lumière, que Madeline avait laissé filtrer en tirant le rideau, lui donnait assez de jour pour se faufiler jusqu’au lit de Jared. Elle retira ses chaussures, dénoua son sweat et s’approcha du lit. Elle se stoppa net. Une masse se trouvait déjà à sa place habituelle. Sentant son coeur s’affoler, elle s’efforça de respirer calmement. Tout allait bien, ce devait être seulement Jared qui avait roulé dans son sommeil. Elle ferma les yeux, et prit une grande inspiration. Plus elle y pensait, et plus cette hypothèse lui semblait logique. Elle se moqua de sa propre bêtise, et rouvrit les yeux pour mettre son plan à exécution. Jared l’aimait, il le lui avait assez répété, et l’idée d’une infidélité de sa part n’aurait même pas du traverser l’esprit de Madeline. Sa panique passée, elle s’approcha de nouveau. Sauf que du côté habituel de Jared, il y avait aussi quelqu’un. Là, Madeline angoissa complètement. Ils étaient bien deux dans le lit, et rien qu’à cette perspective, la jeune blonde sentait ses jambes se dérober sous elle. Jared n’est pas comme ça, il m’aime, il ne me ferait jamais une chose pareille, essayait de se rassurer Madeline. Sauf que la boule qui se formait dans sa gorge et ses mains qui tremblaient n’étaient pas de bonne augure. Elle savait ce qu’elle voyait. Jared n’était pas seul dans son lit.

Dans un élan de courage - ou de rage ? -, Madeline s’approcha carrément. Sur l’oreiller qui lui était normalement destiné s’étalait une incroyable chevelure rousse. Certaines mèches touchaient le sol. Ses cheveux étaient aussi longs que ceux de Raiponce, mais couleur de feu. Et Madeline ne connaissait qu’une seule personne possédant une chevelure aussi extraordinaire. Lizbeth. Son amie et coéquipière. Enfin, de ce que Madeline croyait. À ce moment, Madeline crut que son monde s’écroulait. Déjà, ses parents, Ezequiel et sûrement toute sa famille proche lui cachait ce qu’elle sentait être comme un lourd secret. Et elle se sentait faillir chaque jour face aux mensonges de son entourage. Et aujourd’hui, la voilà qui découvrait que le dernier en qui elle avait encore confiance - sans compter Theodore, bien sûr, encore trop petit pour toutes ces histoires de grands - lui mentait aussi. Pire, il la trompait. Il la trahissait. Il l’humiliait.

Madeline crut s’évanouir d’un trop plein d’émotions, et elle s’accrocha vivement au bureau derrière elle. Reposant tout son poids sur le meuble, elle continuait d’analyser les évènements. Son coeur tambourinait dans sa poitrine, ses jambes tremblaient et sa rage la consumait. Madeline se prenait de plein fouet un tas d’émotions. Elle passait de la colère à la tristesse, de la haine à la honte, de la rage au désespoir. Elle ne savait plus à quoi se raccrocher. La veille, elle s’amusait comme une folle à faire les boutiques. Actuellement, elle se sentait vide. La journée dernière, il lui tardait de montrer à Jared son achat, dans lequel elle se sentait belle. Aujourd’hui, il ne lui inspirait que dégoût et elle, elle avait l’impression d’avoir la poitrine en feu. Elle avait mal, tellement mal qu’il lui était insupportable de respirer, comme si sa trachée était bloquée. Le pire était, qu’en face d’elle, les deux amants étaient encore endormis, paisibles, inconscients de la scène qui se déroulait à quelques mètres d’eux.

Soudainement, Madeline se redressa, décidant de faire de cet incendie qui la consumait de l’intérieur un courage qu’elle ne retrouverait plus. Alors, elle attrapa le premier objet qui lui tomba sous la main - un pot à crayons - et le lança de toutes ses forces sur le couple. Les stylos volèrent dans la pièce et certains atterrirent sur le sol avant d’avoir atteint le lit. Mais il y en eut assez pour réveiller brutalement les deux jeunes gens, qui se relevèrent, aussi étonnés l’un que l’autre de cette pluie de crayons. Jared, qui avait reçu en plein front un feutre noir, se retourna vers son bureau, place originale de ces stylos. Ce qu’il y découvrit le stupéfia. Madeline, droite comme un I, le regard menaçant et le souffle court. De tous les pires cauchemars qu’il avait faits, jamais il n’avait imaginé une chose pareille. Madeline découvrant son infidélité de cette manière. Madeline découvrant son infidélité, tout court. Il tenta de parler, mais seule sa bouche obtempéra, qui bougea sans qu’aucun son n’en sortit. À ses côtés, Lizbeth, encore à demi dans les bras de Morphée, avait peine à se redresser. Quant à Madeline, restée étrangement calme, elle se demandait si elle devait déverser toute sa colère maintenant, ou attendre l’excuse minable que lui servirait Jared.

Elle n’eut pas le temps de choisir, Lizbeth ouvrit la bouche avant :

- Bébé, qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi il y a des stylos dans le lit ?

Jared se tourna vers elle, mais encore sous le choc, il ne put lui répondre. Madeline le fit à sa place, d’un ton sarcastique :

- D’après toi, Liz ? Tu pencherais plutôt pour les pouvoirs magiques d’Harry Potter ou pour une petite amie trompée ?

L’intéressée se tourna si vivement que Madeline espérait qu’elle se soit tordu le cou. Cela lui éviterait d’avoir à le faire. Malgré le faible rayon du soleil qui inondait la chambre, celle-ci était encore principalement plongée dans la pénombre. Et malgré celle-ci, Madeline perçut les joues cramoisies de Lizbeth. Plus courageuse que son amant, ou moins honteuse, tout dépendait du point de vue, elle commença à bégayer de vagues excuses. Ne lui laissant pas le temps d’aller plus loin dans son discours aussi pitoyable que ses actes, Madeline l’interrompit :

- Je ne sais pas si le plus difficile est de réaliser que Jared me trompe, ou de voir que c’est avec toi qu’il le fait. Vous êtes aussi lamentables l’un que l’autre.

Une larme roula sur la joue de Lizbeth, et Jared, toujours aussi interdit, ne put détacher ses yeux de Madeline. Cette dernière, qui sentait la colère prendre le dessus sur la tristesse, décida de livrer ses dernières confessions avant de quitter la vie de ces deux traîtres. Se tournant vers Jared, elle s’adressa exclusivement à lui :

- Je te faisais tellement confiance. Et je me suis tellement battue pour toi, pour nous ! J’ai ignoré toutes les mises en garde de mes amis, qui me répétaient que tu étais un coureur de jupons. Je me suis fâchée avec Ezequiel, et pour la première fois de notre vie, on ne s’est pas parlés durant plusieurs semaines. J’ai rassuré mes parents, qui s’inquiétaient de voir leur fille unique devenir une jeune femme, alors que je ne savais même pas où notre histoire nous mènerait. J’ai consolé mon petit frère, qui, chaque nuit, rêvait que je l’abandonnais. Je t’ai défendu auprès de Faith, qui te critiquait et t’insultait en espérant que ça me ferait reculer. Mais je t’aimais tellement fort, que jamais je n’ai douté de toi. J’ai bataillé avec tout mon entourage pour te faire accepter, j’ai même dû crier pour me faire entendre ! Et comme si notre début n’avait pas été assez difficile pour moi, il a encore fallu que je supporte les remarques de ta mère, qui ne me trouve pas assez bien pour son fils chéri. Ses regards désapprobateurs, ses messes basses dès que j’étais dans les parages, ses critiques acerbes et j’en passe !

- Maddie … essaya de l’arrêter Jared.

- Je n’ai pas fini ! hurla Madeline, qui sentait la rage grimper à mesure qu’elle parlait. Tout ça n’a pas été le pire, Jared. Même si je me suis battue pour rien, ce n’est rien à côté de ce qui va suivre. Le pire, Jared, c’est que je t’ai aimé, putain ! À en perdre la tête, à en laisser mes amis et mon honneur, à en crever ! J’étais dingue de toi, comme jamais quelqu’un n’a été fou amoureux. J’aurais pu faire n’importe quoi pour toi, n’importe quoi, tu entends ?! M’enfuir du pays, te donner un rein, laisser tomber mes rêves pour te suivre n’importe où. Tu m’avais promis qu’on affronterait cette chienne de vie ensemble, parce qu’elle est trop dure pour le faire seul. Putain, Jared, tu disais m’aimer ! Mais est-ce que tu sais seulement ce que ça veut dire ? Ce que ça représente ?

- Maddie, tout était vrai, je t’aime, tenta de se rattraper Jared, tandis que Lizbeth pleurait à chaudes larmes.

- Ta gueule, Jared ! Tu n’es qu’un salaud ! Tu me trahis de la pire des manières et tu dis m’aimer ? Mais enfin, tu n’as pas honte ? Lizbeth est juste là, elle a passé la nuit avec toi et je ne sais combien d’autres, et tu avoues que tu m’aimes ?! Tu ne mérites même pas mes explications, j’aurais dû m’enfuir et t’ignorer jusqu’à la fin de ma vie dès que j’avais compris. Au lieu de ça, je suis encore ici, à te confier ce que je ressens alors que tu ne peux même pas me comprendre. Parce que tu n’as aucun coeur, Jared Dampsey ! Tu viens de le briser le mien, et pour ça, tu ne mérites pas d’être heureux. Tu es tellement répugnant !

- Je sais que tu me détestes, mais …

- Non ! Te détester serait t’accorder encore des sentiments et c’est hors de question. Tu es indifférent pour moi à partir de maintenant.

Sur ses paroles, Madeline le fusilla une dernière fois du regard et tira complètement le rideau pour fuir. Elle se mit à courir comme une dératée, sentant la rage qui l’habitait se transformer en désespoir immense. Elle avait menti. Jamais elle ne pourrait éprouver seulement de l’indifférence pour celui qui avait été son monde durant huit mois. Le vide immense qu’il avait laissé se remplissait de douleur à mesure que les secondes passaient.

Madeline fut vite freinée par le portillon verrouillé. Elle s’efforça de passer une jambe par-dessus, mais ses forces l’avaient quitté dès la fenêtre franchie. Elle se détesta elle-même pour cela, et les larmes qu’elle tentait de refouler coulèrent. Elle pleura carrément, hoquetant, avant de se laisser aller sur l’herbe. Elle n’était même pas capable de sortir de ce foutu jardin, et c’était la faute de Jared. Comme c’était à cause de lui qu’elle pleurait, qu’elle avait mal, qu’elle avait l’impression que toute vie la quittait.

Elle perçut des pas sur le gazon encore mouillé de la rosée, et espéra secrètement que ce soit Denise, pour lui hurler à la figure ses quatre vérités. Elle avait hurlé dans la chambre et avait sûrement réveillé les parents de Jared. Madeline s’était toujours contenue devant la mère de celui-ci, mais aujourd’hui, plus rien ne l’empêcher de l’insulter comme elle avait toujours rêvé de le faire. Seulement, l’odeur qu’elle sentit lui indiqua que c’était Jared qui était près d’elle. Sa vision était complètement floue, mais elle le perçut s’agenouiller. Il tendit un bras vers elle mais elle le repoussa brutalement. Elle commença à taper de toute ses forces, et atteignit son épaule et son torse. Il lui bloqua les bras et lui chuchota de se calmer. Sa voix rauque indiquait qu’il pleurait aussi. Silencieusement, il lui remit chaussettes et chaussures, qu’elle avait oublié dans sa course effrénée. Il lui tendit que le sweat qu’elle lui arracha des mains, avant de se relever brusquement. Elle tanguait dangereusement et Jared la porta pour la passer du côté rue. Madeline voulut s’enfuir tout de suite, mais son ex petit ami la retint par le bras.

- Maddie, attends, s’il te plaît … Laisse-moi t’expliquer …

Sa voix était basse, et il semblait fatigué. Madeline ne sut déterminer si c’était la situation qui le laissait dans un état aussi amorphe, ou si c’était dû à son manque de sommeil.

- Maddie, je suis désolé, tellement désolé … Elle ne compte pas, je te jure ! C’est arrivé comme ça, je …

- Comme ça ? Tu te fous de moi ou quoi ?! Tu penses que je vais pouvoir gober qu’elle s’est retrouvée dans ton lit par hasard et que vous avez couché ensemble sans le vouloir ?! Non mais pour qui tu me prends ?!

Le sang de Madeline affluait dans ses tempes, et son coeur cognait si fort dans sa poitrine qu’elle aurait voulu l’arracher tellement il lui faisait mal. À moins que cette douleur ne soit qu’imaginaire. Dans un dernier geste de rage, car celle-ci avait quitté le corps de la jeune blonde, elle arracha son bras de l’emprise de Jared. Elle essuya rageusement ses larmes, et fixa intensément son vis-à-vis pour qu’il comprenne tout le chagrin qu’il lui causait. Elle avait juré ne plus vouloir lui accorder ses sentiments, si négatifs pouvaient-ils être, mais c’était peine perdue. Son reste d’amour se mélangeait à la haine, et son intense douleur lui embrouillait les idées.

- Maddie, je t’aime ! tenta-t-il sur le ton de la dernière chance.

Il pensait que sa déclaration et ses yeux implorants ferait revenir celle qu’il aimait. Car c’était la vérité, il était amoureux de Madeline. Il ne savait pas bien pourquoi il avait succombé au charme de Lizbeth. Ses yeux doux ? Son air aguicheur ? Ses multiples compliments ? Ou peut-être la promesse que ce ne serait jamais sentimental ? Il croyait entretenir une liaison sans attaches, qui n’interférerait en aucun cas dans son couple. Énorme erreur de sa part !

Madeline, qui n’était pas assez idiote pour le pardonner, alors que sa maîtresse se trouvait encore dans son lit, recula sans tourner le regard. Le teint pâle et les yeux rougis de Jared ne lui faisaient aucunement pitié, au contraire, elle ne lui souhaitait que terrible souffrance et violents remords.

***

8h

Lorsque Madeline fut rentrée chez elle, elle se réfugia dans sa chambre. Par chance, son père était déjà parti au travail et elle n’avait pas eu besoin de subir son interrogatoire. Darryl n’aimait pas que sa fille traîne dans les rues de si bon matin, et il le lui reprochait souvent.

Le nez dans son oreiller, elle laissa aller sa tristesse. Les larmes lui laissaient un goût salé sur la langue et son tissu fut rapidement humide. Sans aucune idée du temps qui s’était écoulé, Madeline sentit ses yeux s’assécher. Plus aucune perle salée ne s’en échappait, lui laissant une désagréable sensation de tiraillement. La jeune blonde regardait dans le vide quand elle entendit un léger grincement. Elle tendit l’oreille, alertée, et son cœur s’affola quand le bruit se réitéra. D’un coup d’œil, elle réalisa que c’était sa porte qui s’ouvrait, laissant découvrir une petite tête blonde.

- Theo ? Qu’est-ce que tu fais, frangin ? le questionna Madeline d’une voix railleuse.

L’interpellé ne répondit pas, le regard fixé sur sa grande sœur. Les joues et les yeux rouges, on devinait aisément qu’elle avait beaucoup pleuré. Et Theodore détestait l’idée que Madeline verse autant de larmes. À seulement dix ans, il ne connaissait pas encore les « problèmes de grands », mais il était assez malin pour deviner ce qui la rendait aussi triste. Il avait entendu assez de fois son père disputer Madeline pour ses visites matinales chez Jared. Il détesta de suite ce dernier pour le mal qu’il faisait à sa grande sœur et espérait ardemment qu’il pourrait la consoler. Sans prononcer un mot, il traversa la jambe et se glissa sous les draps de Madeline. Il se lova contre elle, enfouissant son visage dans son cou. La jeune capitaine sentit son cœur se réchauffer immédiatement. Elle serra son frère dans ses bras et s’emplit les narines de son odeur de pomme. Elle sut à ce moment que, quoi qu’il arriverait par la suite, elle pourrait toujours compter sur le soutien et l’amour de Theodore.

Annotations

Vous aimez lire Astre ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0