V - Vieux souvenirs

14 minutes de lecture

Samedi 7 juillet 2018, 11h, à Milwaukie

Madeline était encore dans son lit, entièrement habillée, et un mal de tête affreux lui vrillait le crâne. Quelques verres de sangria, et voilà que la jeune fille avait droit à une jolie gueule de bois. Tant que Maman ne s'en rend pas compte..., pensa Madeline.

Elle se leva difficilement, les membres engourdis. La bouche pâteuse, elle avala de longues gorgées d'eau, vidant sa bouteille en une vingtaine de secondes. Elle arriva ensuite tant bien que mal à descendre jusqu'à la salle de bain. Elle prit une longue douche, se remettant les idées en place. La soirée d'hier lui revint en mémoire. L'irritation qui avait accueilli l'arrivée de Faith. La colère qui n'avait cessé de grimper en elle à la vue de ses deux meilleurs amis flirtant ensemble. Son éclatement. Son attaque envers Ezequiel.

Madeline s'en voulait terriblement. Après tout, leur attirance mutuelle n'était pas leur faute. Elle savait qu'ils ne voulaient aucunement la blesser, ni la mettre à part, ou même lui en donner l'impression. Pourtant, le fait était que Madeline avait bien trop peur pour réussir à cacher ses sentiments. La crainte de perdre ses deux meilleurs amis. Ses plus vieux amis. Ceux qui la connaissaient mieux qu'elle-même. Deux de ses piliers dans la vie.

À observer Ezequiel, la jeune blonde avait remarqué le regard qu'il posait sur Faith. Des yeux doux, protecteurs, tout en étant passionnés. La veille, le jeune hispanique avait semblé hypnotisé par le sourire de la belle blonde. Envoûté par ses yeux gris. Charmé par son rire. Il ne manquerait plus qu'Ezequiel tombe amoureux, une première pour lui. Il se désintéresserait complètement de Madeline, passant son temps à être - ou penser - à sa belle. Faith, quant à elle, oublierait petit à petit sa capitaine, grisée par son amour naissant avec le bel espagnol.

Alors, Madeline concevait bien que sa réaction ait été un tantinet égoïste. La peur d'être reléguée au second plan s'était transformée en rage intense. S'en prendre à son plus vieil ami n'était pas la meilleure chose à faire, mais l'impression qu'il l'abandonnait lâchement avait pris le dessus sur la raison.

Sauf qu'il ne t'a pas abandonnée, réfléchit Madeline.

Pas encore, tu veux dire ? renchérit sa conscience.

Madeline éteignit l'eau de sa douche. La température à la limite du glacial semblait lui faire perdre la tête : la voilà qui parlait à son soi intérieur. En tout cas, son mal de tête s'était presque calmé.

Elle ouvrit la cabine, attrapa une serviette et se sécha. Elle s'empara des habits qu'elle avait laissés traîner sur le lavabo, et se coiffa de deux nattes collées. Un léger ajout de mascara sur ses cils et une pichenette de parfum plus tard, elle était fin prête.

Elle descendit à la cuisine, où elle trouva une table déjà remplie à son attention. Du pain, des croissants, un bol, et un verre à côté du presse-agrumes l'attendaient. Madeline embrassa sa mère, qui s'affairait déjà au repas du midi. Elle la remercia d'avoir préparé son petit-déjeuner, et sortit les derniers ingrédients du réfrigérateur.

- Bien dormi, ma puce ? la questionna Evelyn.

- Très bien. Et vous, votre dîner ?

- Parfait. Carla avait apporté sa mantecada, et tu sais à quel point j'en raffole.

Madeline rit doucement. Oh oui, elle connaissait par coeur les préférences sucrées de sa mère. La mantecada était un gâteau espagnol composé seulement d'oeufs, de farine et de sucre. Seulement, Carla préparait le dessert en y ajoutant sa touche personnelle : une compotée de pêches. Un ingrédient qui rendait Evelyn folle de ce gâteau.

- Du coup, Carla est partie tard, hier soir ?

- Environ une heure après que tu sois rentrée. D'ailleurs, ta voiture n'est pas à sa place habituelle. Comment es-tu rentrée ? demanda la (presque) quadra, inquiète.

- Faith m'a ramenée. Et non, ce n'est pas parce que j'avais trop bu, ajouta Madeline devant l'air interrogatif de sa mère, même si Ezequiel avait affirmé le contraire la veille.

Evelyn jaugea sa fille du regard, déterminant si elle disait la vérité ou non. Elle acquiesça de satisfaction, la version de sa fille lui convenait. Elle détourna alors ses yeux bleus pour se concentrer sur le repas qu'elle préparait.

Madeline, qui s'accusait toujours de s'être emportée contre son meilleur ami, décida de se renseigner sur le programme de celui-ci. Elle espérait qu'il ne soit pas trop tard pour se rendre chez lui, et s'excuser.

- Dis-moi, Maman, tu te souviens de l'heure à laquelle part Ezequiel, aujourd'hui ?

- Il me semble que Carla m'a dit quatorze heures, hier soir. De toute façon, Cannon Beach n'est qu'à une heure et demi de route, inutile qu'ils se pressent. Surtout si vous avez fait la fête hier soir.

Evelyn sourit gentiment à sa fille, elle semblait avoir remarqué que Madeline n'était pas dans son assiette. La scène de la veille se jouait en boucle dans sa tête, et sa réaction la contrariait. Quant à Evelyn, elle affichait un sourire fatigué, le visage creusé par des cernes violacées. Madeline souhaitait ardemment savoir la raison du tracas de sa mère. Elle ne supportait plus de la voir chaque jour un peu plus abattue, même si elle s'efforçait de le cacher. Cependant, Madeline aurait beau la menacer que sa mère ne lui livrerait pas ses problèmes.

La jeune blonde mangea en silence, accompagnée seulement par les coups de couteau de sa mère contre la planche à découper. En se penchant légèrement, Madeline découvrit que c'était une aubergine qui se faisait trancher. Un légume qu'ils ne mangeaient jamais, rendant la jeune capitaine perplexe sur le repas du midi.

- Qu'est-ce que tu prépares ? s'enquit Madeline.

- Une nouvelle recette que Carla m'a donnée hier. Un ratatouille español ! lança vivement Evelyn. Du coup, ta marraine s'est invitée ce midi pour goûter à mes talents culinaires. Autrement dit, j'ai plutôt interêt à réussir ce plat ou elle me tapera sur les doigts avec son éventail !

- Alors Ezequiel sera là, aussi ?

- Non, excepté s'il vient accompagné de tous ses amis, mais dans ce cas, il n'y en aurait plus assez pour tout le monde.

Evelyn adressa un sourire rieur à sa fille, et retournant à son aubergine, elle réfléchit à l'éventualité que la bande de son filleul s'invite. Un repas mouvementé en perspective ! Elle secoua ensuite négativement la tête, le scénario était absolument impensable.

Madeline débarrassa sa table, mit les couverts au lave-vaisselle, étreignant au passage sa mère. Elle sortit ensuite de la cuisine, réfléchissant à la meilleure façon de se faire pardonner d'Ezequiel. Pour elle, rien n'égalait une discussion en tête à tête. Comme Descartes annonça, un jour : « La parole a beaucoup plus de force pour persuader que l'écriture. »

- Au fait, Maddie ?! l'appela Evelyn alors que sa fille avait déjà atteint le premier étage.

- Oui, Maman !

- N'oublie pas qu'on est le premier samedi du mois ! Le jour du thé avec Mme Rockoff !

Mince !

La date était complètement sortie de la tête de Madeline. Elle consulta l'horloge du couloir. Avec l'heure déjà avancée, elle n'avait pas le temps de se rendre chez Ezequiel, avoir une conversation digne de ce nom, puis revenir à temps pour Mme Rockoff. Celle-ci prenant son thé à 13h30 pétante, Madeline n'avait d'autre choix que de repousser sa discussion avec son meilleur ami.

Mme Rockoff était sa voisine, de fraîchement quatre-vingt cinq ans, qui était veuve depuis maintenant trois ans. À l'époque, la mère de Madeline l'avait obligée à lui rendre une petite visite pour lui tenir compagnie, histoire de paraître polie. Dès leur premier entretien, Madeline avait apprécié Mme Rockoff. La vieille dame était dotée d'une gentillesse incroyablement grande, et aimait à raconter ses souvenirs de jeunesse : sa rencontre avec son mari, son mariage, la naissance de ses cinq enfants... Alors, voici trois années déjà que Madeline la visitait chaque premier samedi du mois, et ce, qu'il pleuve, vente ou neige. La jeune blonde ne se lassait d'écouter les histoires de sa charmante voisine, bien qu'elle les connaissait bientôt par coeur. Madeline s'était, en fait, tout bonnement attachée à cette bonne Mme Rockoff, qui lui rappelait tant sa grand-mère disparue, Violet.

***

13h25

- Bonjour, Mme Rockoff, vous allez bien ? articula Madeline dès la porte ouverte sur son adorable voisine.

- Oui, ma petite chérie, entre, entre.

Freda Rockoff s'avança dans le salon, laissait aux bons soins de Madeline la fermeture de la porte d'entrée. Elle l'invita à s'asseoir sur un des deux canapés confortables, que la jeune fille ne connaissait que trop bien. L'abandonnant là, elle alla chercher des biscuits dans la cuisine.

Le salon était décoré dans des tons pêche et beige, amenant une douceur propre à sa propriétaire, contrastant avec la rudesse des meubles, tous en chêne massif. Les sofas, tous deux de couleur « coquille d'oeuf », étaient agrémentées de nombreux coussins, à franges ou brodés de fleurs, mélangeant le beige sable, l'ivoire et le pêche. Aussi moelleux les uns que les autres, Madeline aimait à se laissait aller sur eux.

Près de l'entrée trônait une immense bibliothèque, rappelant le passé de Mme Rockoff. On pouvait y trouver de nombreux livres, tous anciens, et de plusieurs langues possibles, allant du français à l'allemand, en passant par l'hébreu et la langue d'adoption de Freda : l'anglais. Toutes ses facultés linguistiques lui venaient de la guerre.

La vitrine, à la gauche de Madeline, était réservée aux photos de famille et aux objets chers au coeur de Mme Rockoff. Enfin, la table basse, en bois clair, épousait avec perfection l'ensemble de la pièce. Marquée à quelques endroits par des coups de crayons de ses petits-enfants, elle était la preuve que la vie continuait dans cette maison, une bâtisse habitée par le passé.

Comme lors de chacune de ses venus, Madeline détaillait les clichés de la lignée de sa voisine. Beaucoup accrochées aux murs, les images entouraient complètement quiconque se trouvait au centre du salon. Pour les avoir consultées longuement et souvent, Madeline commençait à connaître leurs moindres petits détails. On y découvrait Mme Rockoff à tout âge, surtout à partir de ses seize ans, moment où elle avait rencontré « l'homme de sa vie », comme elle l'appelait affectueusement.

Son mari s'appelait Maximilian, et était - selon les dires de Freda - très séduisant.

Rencontré à New York, après avoir fui son pays natal, la jeune fille s'en était éprise très tôt.

Durant la seconde Guerre Mondiale, Freda avait eu la chance de se trouver en Angleterre, pour visiter une tante, lors de la déportation massive des juifs. Restée en sécurité chez les anglophones, ce n'est qu'après la mort du chef nazi qu'elle était retournée en Pologne. Âgée seulement de douze ans, la jeune Freda s'attendait naïvement à retrouver sa famille saine et sauve, qui aurait réussi à se cacher du Führer. Malheureusement pour elle, la dure réalité la frappa quand elle retrouva sa maison vide. Les ravages de la guerre avaient détruit son pays, mais ruinèrent aussi son coeur.

Quelques années plus tard, sa mère fut emportée par une maladie respiratoire foudroyante. Ne souhaitant pas rester seule sur la terre de ses ancêtres, où un seul homme avait mis à mort sa communauté, elle s'enfuit. Loin de son ancienne vie, loin de la maison de son enfance, loin de tous ses souvenirs heureux. Elle décida de se reconstruire une vie, de l'autre côté de l'océan.

La voilà qui avait atterri à New York, orpheline et sans argent, déambulant dans les rues de la Grosse Pomme. Un jeune homme l'avait prise en pitié, la recueillant chez elle le temps qu'elle puisse s'habituer à la mégalopole. Trois ans plus tard, les deux jeunes gens se mariaient, et Freda tombait enceinte de leur premier enfant.

Excepté la fois où Mme Rockoff lui avait conté cette histoire, Madeline n'entendait jamais sa voisine évoquer sa vie avant les États-Unis. Trop douloureux, s'était-elle excusée une fois où Madeline lui avait posé la question.

- Alors, ma petite Maddie, comment vas-tu ? la questionna la vieille dame en revenant de la cuisine.

- Très bien, Mme Rockoff. Vous vous souvenez de la fête du 4 juillet, que je devais organiser ?

- Bien sûr, ma petite chérie, tu radotes autant que moi.

Les deux voisines rigolèrent de bon coeur. Freda n'avait pas tort sur ce point, Madeline avait ressassé cette soirée encore et encore. La jeune blonde entreprit de lui faire le récit de « l'évènement de l'année », en tout cas pour les lycéens de Milwaukie High School. Elle insista sur la perfection des festivités, leur amusement qui avait duré jusque tard dans la nuit, leurs danses effrénées. Elle lui parla aussi de Khloe, et de son oubli de la ramener chez elle le lendemain matin. Freda s'était esclaffée, un bout de biscuit dans la bouche, et avait eu du mal à retrouver une respiration normale.

Madeline termina sa narration, et se rendit compte à quel point il était facile de se confier à sa voisine. Mme Rockoff était ce genre de femme à l'oreille attentive, qui n'interrompait jamais personne et qui s'intéressait vraiment à ce qu'on lui racontait. De plus, elle avait tellement vécu qu'elle pouvait conseiller et rassurer Madeline, quoi qu'elle lui dise.

Bien sûr, jusqu'ici, Madeline ne lui avait pas révéler des secrets ou ses états-d'âme les plus profonds, se « confier » n'était donc peut-être pas le mot approprié pour décrire son récit de la fête nationale. Cependant, Madeline ne pouvait s'empêcher de repenser à la soirée de la veille et son emportement sur Ezequiel. Son meilleur ami, qui n'avait su être de bon conseil lorsqu'elle lui avait décrit sa rencontre avec Willow. Maintenant, Madeline allait se confier, véritablement, et elle espérait que Mme Rockoff eut de meilleures réponses à lui apporter.

- Mme Rockoff, commença Madeline, vous avez déjà ressenti un sentiment de familiarité envers quelqu'un que vous venez de rencontrer, pour la première fois de votre vie ?

- Oui, ma petite chérie, envers mon défunt mari. Pourquoi crois-tu que je l'ai suivi jusqu'à chez lui ? Parce qu'il était le premier à me le proposer et que je risquais de passer la nuit dehors ? Dès qu'il s'est approché de moi, je me suis sentie incroyablement bien à ses côtés. J'avais l'impression de le connaître depuis toujours, et en plus, il avait réussi à me cerner dès le premier 'bonjour' échangé. Mais où veux-tu en venir, ma puce ?

- Je voulais juste savoir si j'étais folle, rétorqua d'un ton amusé Madeline.

Freda lui lança un regard sceptique, tout en lui tendant l'assiette de gâteaux secs. Madeline en piocha volontiers un, elle adorait ces biscuits rectangles importés directement de France.

Concentrée sur sa sucrerie dentée, Madeline ne remarqua pas les yeux interrogatifs de Mme Rockoff qui pesaient sur elle. Si la vieille dame savait être très bavarde, elle était aussi fort curieuse. Relevant la tête, la jeune fille croisa les iris marrons de sa voisine. Les sourcils relevés, la vieille dame attendait avec impatience la suite.

- Mercredi, au supermarché, j'ai aidé une fille, perdue au milieu du rayon. Lorsque j'ai croisé son regard, mon coeur s'est mis à battre comme un fou, mes jambes tremblaient et je ne pouvais émettre un son. Ses yeux m'ont procuré une drôle d'impression, une sorte de déjà-vu mêlé à une totale ignorance. Maintenant, dès que je pense à elle, et surtout à son regard, mon coeur palpite et je frissonne.

- Maddie chérie, en as-tu parlé à quelqu'un ?

- Oui, à Ezequiel. Il avait l'air désintéressé au départ, puis dès qu'il a apprit que les iris de Willow étaient bleu azur, il a complètement changé d'attitude. Il est devenu tout pâle, et il évitait de répondre à mes questions en se plongeant le nez dans son verre.

- Des yeux bleus azur, hein ? s'enquit Freda.

Ce n'est pas vrai, ils se sont donnés le mot ou quoi ?! s'énerva intérieurement Madeline. Qu'ils ne s'intéressent qu'à la couleur des yeux de Willow faisait rager la jeune capitaine. Et ce qu'elle ressentait, alors ?

- Oui, d'un bleu aussi intense que le ciel, ajouta à contre-coeur Madeline.

Willow était une pure inconnue, pourtant Ezequiel et Mme Rockoff n'avaient retenu de sa rencontre avec Madeline que la couleur de ses yeux. Comme si c'était la chose la plus importante de toute cette histoire, pensa une fois de plus la jeune blonde.

Freda posa doucement sa tasse de thé, vide de tout liquide. Elle soupira presque imperceptiblement, et adressa à Madeline un regard triste. Habituellement d'humer toujours joviale, Mme Rockoff présentait un désemparement qui étonna Madeline.

Quelqu'un pouvait-il donc réagir comme une personne normale ? S'inquiéter de l'état mental de Madeline, puis enchaîner sur ses entraînements de cheerleading ? se demanda la jeune capitaine.

- Ma petite chérie, commença Freda en s'asseyant à côté de sa jeune voisine. Ton histoire n'est pas absurde, ni délirante. Tu n'es pas non plus folle à lier. Tout est vrai, ma puce.

- Comment ça ? Je ne comprends pas, Mme Rockoff. Bien sûr que tout ça est vrai. J'ai réellement rencontré Willow, j'ai vraiment croisé ses yeux bleus, ce qui m'a, sans aucun doute, procuré des sensations étranges.

- Ce que je veux dire, c'est que, parfois, on sous-estime notre corps, notre coeur, répliqua sur un ton mystérieux Freda. Tout le monde pense qu'on devrait toujours écouter la voix de la raison, mais Maddie, n'oublie jamais ce que je m'apprête à te dire. Le coeur n'oublie jamais. Jamais, tu entends ?!

Madeline acquiesça, incapable d'émettre un quelconque son face à l'attitude de sa voisine. Pourtant tout cela prenait-il une tournure aussi ... grandiose ? Mme Rockoff se transformait, sous ses yeux, en philosophe. Depuis quand la vieille dame revendiquait avec vivacité les capacités mémorielles d'un organe vital ?

- Maddie, si tu peux être sûre d'une chose dans la vie, c'est que ton coeur est ton seul allié dans la bataille qu'est la vie. C'est lui, et lui seul, qui te guidera dans les bons chemins de ton avenir, et tu sais pourquoi ? Parce qu'il est l'unique chose à se rappeler parfaitement le passé. Alors, promets-moi de l'écouter, quoi qu'il advienne, et quoi qu'on te dise. Tu me le jures ?

Madeline, bouche bée devant le discours éloquent de sa vieille voisine, hocha de nouveau la tête. Il semblait être important pour Mme Rockoff que sa jeune protégée comprenne bien le sens de ses paroles, et surtout, qu'elle retienne sa « leçon de vie ».

- Mme Rockoff, est-ce que tout va bien ? se renseigna tout de même Madeline.

- Ton cœur, Maddie, écoute ton cœur. Même dix ans, vint ans ou un siècle après, il n'oublie jamais les personnes que tu as aimées.

Ne sachant pas quoi répondre, Madeline resta muette devant les dernières paroles de sa vieille voisine. Débloquait-elle ? s'imagina la jeune fille.

Freda se réinstalla sur le canapé en face de Madeline, et, comme si de rien n'était, elle enchaîna en prenant des nouvelles de la famille voisine. Madeline répondit poliment à chacune de ses questions, sans oser lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.

Quelle était cette histoire de personnes aimées dans le passé ?

***

15h45

Deux heures plus tard, Madeline quittait Mme Rockoff, le ventre plein et la tête lourde. Après sa famille, Freda s'était renseignée sur Faith, qui avait accompagné sa meilleure amie à plusieurs reprises chez la vieille dame. Dans un élan de gentillesse qui lui était propre, Freda s'était beaucoup attachée à Faith.

Ensuite, Mme Rockoff avait demandé des nouvelles d'Ezequiel, le jeune homme qu'elle aurait épousé si elle avait eu soixante-cinq ans de moins. Elle le trouvait incroyablement séduisant, et presque trop beau pour être vrai.

Inévitablement, Madeline avait évoqué leur relation naissante, et les sentiments qu'elle lui procurait. La peur qu'Ezequiel puisse l'oublier, la crainte que Faith se désintéresse d'elle. Freda lui avait alors conseillé de leur en parler, à eux deux. Elle lui avait assuré que même un amour, si fort pouvait-il être, ne pourrait jamais effacer une amitié aussi indéfectible que celle que Madeline entretenait avec ses deux amis.

Même si Freda et sa voisine n'avaient plus évoqué Willow de l'après-midi, Madeline n'arrivait à chasser les dernières paroles de la vieille dame. Pourquoi avait-elle précisé qu'un coeur n'oublie jamais les personnes qu'il a aimées ? Ses yeux noisettes ancrés dans ceux de Madeline, cette dernière se posait deux principales questions : avait-elle essayé de lui faire passer un message ? et lui cachait-on des choses ?

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