II - Joyeuse fête nationale !

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Mercredi 4 juillet 2018, 15h30, à Milwaukie

Durant le chemin les ramenant chez Madeline, celle-ci n'émit pas un mot. Meghan essaya pourtant bien de faire la conversation mais elle n'arrivait à tirer de son amie que quelques « Hmm » désintéressés. Madeline ne cessait de repasser en boucle le visage de Willow, avec sa peau si claire, comme si elle n'avait jamais rencontré le soleil, et ses yeux aussi bleus que le ciel. Cette impression de déjà-vu était insoutenable, et la jeune fille tentait désespérément de déterminer d'où lui venait cette sensation. Pourtant, elle eut beau creuser dans le plus profond de sa mémoire, jamais sa route n'avait rencontré celle de Willow, elle en mettait sa main à couper !

Mon corps me jouerait-il des tours ? se demanda Madeline, en tournant au coin de sa rue. Willow Street. Non, elle devait cesser de penser à elle. Se concentrer sur la fête était sa priorité, celle-ci commencerait dans quelques heures et il lui restait tant de choses à faire.

Au loin, Madeline discerna une voiture, qu'elle ne connaissait que trop bien, garée sur le trottoir devant sa maison. Son petit ami lui avait bien évoquer une possible visite de sa part, mais sachant que Madeline serait très occupée, il avait normalement prévu d'arriver plus tôt que les invités, afin de profiter de sa belle avant la cohue. Arrivant devant chez elle, Madeline admira sa maison, dans laquelle elle habitait depuis sa naissance.

La bâtisse n'était pas digne d'un château, mais elle était grande. Normal, quand on y pensait, puisque la fête lycéenne la plus importante de l'année allait se dérouler ici. La façade était en pierres grises, et la maison était montée sur deux étages, sans compter le grenier aménagé. Au rez-de-chaussée se trouvait le salon, la plus lumineuse - et la plus grande - des pièces, grâce aux baies vitrées qui ornaient les murs. Décoré avec goût, il était la fierté de la maisonnée. En face du salon, de l'autre côté du couloir, se trouvait la cuisine, ouverte sur la salle à manger. Ici s'étaient déroulés nombreux repas de famille, et c'est dans cette cuisine que Madeline avait, pour la première fois, goûté au vin. La fillette qu'elle était rêvait de faire « comme les grands », et à treize ans à peine, elle avait réclamé de boire une gorgée. Son père l'avait laissée faire avec plaisir, s'amusant déjà de ce qui ne manquerait pas de suivre. Darryl Peterson avait eu raison, Madeline avait tout recraché, puis vociféré des paroles peu élégantes.

Ensuite, lorsqu'on montait le premier escalier, on débouchait sur un couloir donnant sur trois pièces. La chambre des parents de Madeline, leur salle de bain et le bureau de son père, en bon avocat qui se respecte, un endroit interdit d'accès depuis toujours. La chambre de son frère, Theodore, une deuxième salle de bain qu'elle partageait avec lui et une salle de jeux occupaient le deuxième étage. Quant à la chambre de Madeline, elle logeait dans le grenier, aménagé il y a quatre ans suite à une requête pour le moins pressante de son occupante. Le couple Peterson avait catégoriquement refusé l'idée au départ, réfutant tous les arguments de leur fille. Puis, un jour, alors que la jeune Madeline rentrait de l'école, ils lui avaient tendu les clés de la porte ouvrant le grenier, heureux de voir leur fille au comble du bonheur. Cette dernière n'avait jamais su ce qui les avait fait pencher de l'autre côté de la balance, et elle ne leur avait jamais demandé.

Après que Madeline eut garé sa Chevrolet, les deux cheerleaders descendirent de la voiture, leurs achats en mains, et entrèrent dans la maison dont la porte n'avait pas été correctement refermée. Heureusement que Maman n'est pas là, pensa Madeline.

- Vous voilà ! Lança Lorell Berwy, la « grande soeur » de l'équipe, et accessoirement celle de Brittany, d'une voix étonnement aigüe. On commençait à se demander si ces ballons ne venaient pas de la lune.

Lorell explosa de rire à sa propre remarque, qu'elle se voulait sans doute amusante. Pourtant, personne d'autre qu'elle n'arborait ne serait-ce qu'un rictus amusé, peut-être ne saisissaient-ils pas son sens de l'humour. Lorell fit alors une nouvelle fois une blague, qui n'était drôle que pour elle, et Madeline se demanda si elle n'avait pas sifflé quelques bières pendant son absence. C'est alors que Madeline aperçut Paul Rikley au fond du salon, la regardant avec des yeux rieurs. La capitaine comprenait tout de suite mieux l'attitude de son aînée.

- Salut, mon amour, susurra Jared Dampsey au creux de l'oreille de sa dulcinée.

Madeline se retourna, heureuse de cette visite surprise, et surtout soulagée de trouver des bras accueillants. Entre l'organisation de la fête « parfaite » et sa rencontre bouleversante avec Willow, Madeline avait bien besoin d'un câlin réconfortant.

Jared était son petit ami depuis maintenant huit mois. Il était l'ancien quarterback des Kingsmen, l'équipe de football du lycée. Sa dernière année venant de s'achever, il se devait de passer la main.

Leur couple semblait reproduire à la perfection le plus banal des clichés des films d'amour pour adolescents, le quarterback et la capitaine des cheerleaders, mais ce n'était bien qu'une impression. En aucun cas Jared n'était le beau-gosse pris dans les mailles du filet de la reine des connasses, et aucune intello timide, secrètement amoureuse de Jared depuis des lustres, n'allait faire son entrée. Déjà, Madeline était loin d'être cette queen du lycée, populaire et fière de l'être, qui aimait humilier et torturer les geeks ou les marginaux. En plus, ces deux-là sortaient ensemble car ils s'aimaient, et non parce que la hiérarchie du lycée le leur imposait.

- Alors, ça avance la préparation ? se renseigna-t-il.

- Nous avons dû faire face à un petit imprévu, mais rien de grave. Tout sera prêt pour ce soir, annonça Madeline dans un large sourire, enfin confiante. Sauf si tu me déconcentres en collant tes sales pattes sur moi.

Jared prit un air faussement vexé et se vengea sur sa petite amie en la bombardant de chatouilles. Madeline se tortilla dans tous les sens, mais l'emprise de Jared était trop forte, et elle n'arrivait pas à s'échapper de son calvaire. Madeline détestait les chatouilles, et Jared était le seul à qui elle n'assénait pas un coup de poing en plein nez lorsqu'il l'embêtait. La jeune blonde n'était pas violente en temps normal, mais, plus jeune, elle avait prévenu cet Andrew Fillins qu'elle le mettrait à terre s'il n'arrêtait pas de la chatouiller. Il ne l'avait pas prise au sérieux, gigantesque erreur de sa part. Madeline lui avait cassé le nez, et il avait passé la nuit à l'hôpital. Ce fût la dernière fois qu'il l'approcha.

- Stop ! Arrêtez-moi cette démonstration d'amour maintenant ou je vous vomis dessus, intima Faith au couple.

Dans un dernier effort, Madeline réussit à se dégager de Jared, qu'elle soupçonnait d'avoir desserré son emprise, et il l'embrassa une dernière fois avant de sortir de la maison, aussitôt suivi de sa bande.

- Je te revois ce soir, Lorell ! déclara Paul.

Ce dernier adressa un dernier sourire à l'assemblée féminine qui se tenait dans le salon, même si chacune d'entre elles ne savaient que trop bien la véritable destinataire de ce rictus si charmant. Il sortit ensuite, manquant de peu de voir Lorell rougir jusqu'aux oreilles, embarrassée de l'attention dont elle venait de faire l'objet. Elle voulut alors reprendre contenance, et pour se faire, vida le verre d'eau devant elle et lança à la cantonade :

- Qui m'accompagne dans le jardin, pour installer les guirlandes ?

Rebecca et Sonia Lully, les deux jumelles du groupe, se levèrent comme un seul homme, et suivirent Lorell à l'extérieur. Il était déjà difficile de les différencier, même si cette tâche se facilitait avec le temps, mais il fallait en plus qu'elles agissent toujours pareil, et en même temps. Madeline n'arrivait pas encore à déterminer si elles pensaient et agissaient vraiment ensemble, sans le vouloir, ou si elles en jouaient.

Dès que leurs amies eurent franchi la porte, Faith lança un regard entendu à sa meilleure amie. Il était temps que Lorell et Paul s'avouent leur attirance mutuelle.

***

23h45

Le reste de l'après-midi avait filé à toute allure, et les cheerleaders n'avaient cessé de s'activer. Il avait fallu finir de décorer toute la maison, préparer la nourriture, s'habiller, se maquiller et tout cela en devant faire face à un oubli de chaussures à l'autre bout de la ville, un fer à friser qui avait lâché alors que Lorell ressemblait à un lion du côté gauche, et à une sirène du côté droit, et une fermeture éclair qui avait craqué.

Madeline, entre deux traits d'eye-liner, repensait à sa rencontre avec Willow. Lorsqu'elle se remémorait les yeux couleur du ciel de l'adolescente, elle pouvait percevoir des picotements qui lui parcouraient le corps, et elle sentait son coeur s'accélérer. Madeline avait pensé livrer ses sentiments à sa meilleure amie, mais Faith n'avait cessé de courir à droite, et à gauche, et elle n'avait pu trouver le moment adéquat.

En ce moment, la fête battait son plein. Des lycéennes déchaînées bougeaient au rythme de Beyoncé, un petit groupe jouait joyeusement au bière-pong et d'autres s'étaient tout simplement posés dans un coin du jardin, discutant tranquillement de leurs vacances qui commençaient enfin.

En tant qu'hôte de la soirée, Madeline s'obligeait à garder un oeil sur les moindres faits et gestes de ses invités. Elle s'était mise d'accord avec Faith, et déambulait dans la maison, prête à prévenir le premier faux pas venu. Sa meilleure amie, elle, surveillait le jardin. Il était hors de question de se laisser aller, puis de découvrir un couple batifolant dans le lit de ses parents ou voir ses jolis canapés recouverts de vomi. Pour les chambres, Madeline avait fermé à double tour toutes les portes, mais on n'est jamais trop prudent face à des adolescents en chaleur.

L'été dernier, la soirée de Cherry Jossom, l'ancienne capitaine des cheerleaders, s'était déroulée sans accroc, du début à la fin. Personne n'avait vomi dans les plantes, ou n'était tombé ivre mort dans la piscine. La police n'était pas intervenue pour tapage nocturne et aucune drogue n'était passée de main en main. Madeline avait même remarqué que personne n'était allé se cacher au fond du jardin pour fumer un joint. La soirée parfaite, en somme !

Cherry était une « fille de riches », un père ingénieur et une mère avocate. De plus, elle était fille unique, et n'avait jamais eu à partager ses jouets ou ses parents. Pourtant, elle n'était la petite princesse qu'on pouvait facilement s'imaginer. Au contraire, Cherry était une fille pleine de gentillesse, de bonté et était très généreuse. Elle considérait ses recrues comme ses petites soeurs et était on ne peut plus maternelle avec elles.

Madeline était entrée dans l'équipe des cheerleaders lors de sa première année au lycée, et Cherry l'avait toujours considérée comme sa « fille » préférée, attisant d'ailleurs la jalousie de certaines. C'était pour cette unique raison qu'elle avait passé le flambeau à la capitaine en date, après avoir obtenu haut la main son diplôme. La nouvelle n'avait pas fait que des heureuses, les « aînées », comme Natasha Moris et Khloe Hopkins, avaient mis un certain temps à digérer qu'une plus jeune leur passe devant. Au final, toutes avaient bien été obligées d'accepter leur nouvelle chef, et l'équipe était aujourd'hui plus que jamais soudée. Malheureusement, le lycée venait de se terminer pour trois d'entre elles, et Madeline allait devoir procéder à de nouvelles qualifications. Elle espérait que les prochaines recrues permettraient une aussi bonne entente.

- Maaaddie ... Je suis heureuse de te voir ... je trouve pas de cacahuètes et c'est super ... euh ... chiant, souffla Khloe en s'accrochant aux épaules de Madeline, comme si sa vie en dépendait.

La jeune brune était tellement proche de sa capitaine, que cette dernière pouvait sentir l'odeur de sangria qui émanait de sa bouche. Madeline avait insisté pour que Faith alcoolise moins la boisson que ce que la recette indiquait, alors en voyant l'état de Khloe, elle se demanda si sa meilleure amie avait bien écouter ses conseils, ou bien, si Khloe avait bu le saladier à elle seule.

- Tu ne voudrais pas t'asseoir, Khloe ? proposa gentiment Madeline, même si elle sentait la panique montait. Elle n'avait pas recouvert les canapés, malgré la forte recommandation de Natasha, et commençait dorénavant à le regrettait.

Khloe la regarda, prit un air faussement interrogatif, et tourna la tête de gauche à droite en explosant de rire, comme si l'idée de s'asseoir était tout bonnement ridicule. Malgré son apparent refus, Madeline l'emmena vers le coin du salon où les filles avaient poussé les canapés plus tôt, et la laissa aux bons soins de Natasha. Cette dernière était en plein flirt, et lança un regard noir à sa capitaine quand Khloe vint la serrer dans ses bras. Madeline haussa les épaules et lui articula un « Désolée », espérant que son aînée comprendrait qu'elle avait d'autres chats à fouetter.

Elle chercha Faith du regard, pour s'assurer qu'aucun incident n'était survenu côté jardin, mais n'aperçut sa chevelure blonde nulle part. Madeline s'apprêtait à aller vérifier par elle-même quand une personne, jusque là non identifiée, arrivant derrière elle, lui banda les yeux de ses mains.

Elle huma le parfum, s'attendant à sentir l'odeur musquée de son petit ami. Pourtant, la personne, plus grande qu'elle, n'était pas Jared. Elle réfléchit mais aucun nom ne lui venait à l'esprit. Devant son silence, l'inconnu émit un léger rire, que Madeline reconnaîtrait entre mille. Elle se retourna, un immense sourire et aux lèvres, et accueillit Ezequiel Ramírez, son meilleur ami, d'un gros câlin.

- Ezi ! Je suis tellement contente ! Je m'étais faite à l'idée que tu ne viendrais pas, avec l'heure qui tournait et toujours aucun signe de toi. Où étais-tu ? En train de briser un énième coeur ?

- Ah Ah ! Très drôle, répondit-il ironiquement. J'aurais préféré, cela dit. Non, en fait, j'étais coincé chez moi. Ma tante a débarqué à l'improviste en plein milieu de l'après-midi, et impossible de m'échapper tant que ma mère et elle ne dormaient pas. Surtout ma mère.

- Ne prends pas cet air exaspéré, ta tante est géniale. Moi, je l'adore.

- Parce qu'elle ne te parle pas de mariage dès qu'elle te voit. Elle m'a encore proposé de me faire rencontrer la fille de ses voisins, qui est, d'après elle, parfaite pour moi ! termina Ezequiel en prenant un air faussement ravi, une imitation de sa tante, sans doute.

Ezequiel embrassa ensuite Madeline sur la joue et se dirigea dehors, saluant au passage un groupe de garçons près de la tireuse à bière, qui s'amusaient à deviner qui serait le plus rapide à boire un gobelet sans prendre sa respiration. Madeline considéra les buveurs d'un air contrarié. Elle avait bien dit à Jared qu'une tireuse à bière rendrait les garçons encore plus idiots qu'à leur habitude !

Ezequiel était le meilleur ami de Madeline depuis leur tendre enfance. En fait, c'était même avant cela. Leurs mères se connaissaient depuis dix-huit ans, et s'adoraient depuis leur rencontre en Espagne. Ezequiel avait un an de plus qu'elle, et Madeline était persuadée qu'il la considérait déjà comme sa confidente alors qu'elle était dans le ventre de sa mère. Après tout, leur amitié était inévitable, et leurs mères ne se seraient pas contentées d'une vague sympathie entre eux.

Alors, Ezequiel était devenu son grand frère de coeur, son protecteur, son confident. Il avait pris une grande importance dans la vie de Madeline, et elle dans la sienne. D'ailleurs, il était tout aussi cher à Theodore, le petit frère de Madeline. Le jeune hispanique possédait nombreuses qualités, mais Madeline aimait à reprocher son principal défaut. Il était un bourreau des coeurs. Avec son mètre soixante-dix neuf, sa peau bronzée toute l'année, ses yeux verts et ses cheveux toujours ébouriffés, pas étonnant que les filles craquent sur lui.

À vrai dire, Madeline était bien la seule à n'avoir jamais rêvé l'embrasser, et ses amies lui avaient toujours demandé comment elle y arrivait. Dans ces moments-là, elle répondait simplement : « Il est mon frère. Ce serait beaucoup trop bizarre. »

Pour ne rien gâcher, il avait une belle carrure musclée, et s'était fait tatoué une calavera sur son mollet gauche, s'attribuant le statut de bad boy du lycée. Ce qui n'était pas pour lui déplaire, il adorait être l'objet de toutes les convoitises féminines.

Pourtant, derrière cet apparat d'homme séduisant, Ezequiel cachait une grande souffrance. Celle de ne pas connaître son père. Ce dernier les avait abandonnés, lui et sa mère, alors qu'Ezequiel venait de fêter ses sept ans. Il avait bien essayé de tirer les vers du nez de Carlota, mais celle-ci ne lui avait jamais rien révélé, pas même son nom. Elle le considérait comme du passé, et souhaitait aller de l'avant.

- Ah, Maddie ! interpella Faith. Tu n'avais pas précisé qu'Ezequiel serait là.

- Euh ... Non, c'était utile ? Après tout, son année de senior vient de se terminer, donc cette soirée est sa dernière fête lycéenne. Il fait partie des invités. Pourquoi, ça pose un problème ?

- Non, non, pas du tout ..., s'empressa de répondre Faith, le rouge lui montant aux joues. Tout roule de ton côté ?

Madeline sut tout de suite que Faith essayait de changer de sujet, l'air de rien. Sa meilleure amie n'avait jamais montré un quelconque signe d'intérêt pour Ezequiel, pourtant, ses joues semblaient prouver le contraire. Madeline s'intima de creuser cette histoire plus tard.

- Jusqu'ici, je n'ai pas à me plaindre. Seule Khloe est bourrée.

- Ah oui, c'est normal, lâcha simplement Faith.

- Qu'elle soit bourrée ou qu'elle soit la seule à l'être ? demanda Madeline, perplexe.

- Qu'elle soit ivre. Son abruti de copain l'a plaquée juste avant la soirée. Je l'ai trouvée pleurant toutes les larmes de son corps dans la salle de bain, alors que Jared et sa clique débarquaient. Il lui a envoyé un texto lui reprochant de n'être pas assez mûre pour lui.

- Et je suppose qu'il a couché avec elle avant de s'en rendre compte ? se renseigna Madeline, même si elle connaissait déjà la réponse.

- En plein dans le mile. Bon, j'y retourne.

Faith se fondit de nouveau dans la foule, après avoir lancé à Madeline un « Garde un œil sur elle ! ». Justement, elle décida d'aller aux nouvelles. Dans le coin du salon où elle l'avait abandonnée plus tôt, seule la brune endormie était là. Natasha avait dû s'éloigner pour draguer en paix. Madeline alla chercher un plaid douillet et la recouvrit, cachant sa mini-robe rouge vif.

Madeline retournait vérifier la contenance de ses bols de chips, quand Jared lui attrapa le bras, l'attirant à lui. Ses yeux marrons étaient cernés, pourtant il ne semblait pas le moins du monde fatigué. Au contraire, il fit tournoyer sa dulcinée et l'entraîna sur la piste de danse improvisée. Madeline oublia alors son rôle de surveillante, préférant prier sa bonne étoile, et profita le reste de la soirée.

***

3h

- Dehors, Brandon, ordonna Madeline qui commençait à s'impatienter. Tous les invités étaient partis, et il lui tardait d'aller se coucher.

- Je veux une dernière bière ...

- Il n'y en a plus. Sors maintenant.

- Oh ... J'aime bien ce petit ton autoritaire ... Mademoiselle Peterssss ... sexy ...

Brandon Sorey s'approcha dangereusement de Madeline, les lèvres tendues. Il fût reçu d'une gifle sèche, ce qui eut pour mérite de le faire reculer sur le palier, alors que Madeline se battait depuis dix minutes pour qu'il daigne passer la porte. Il grogna, mécontent, mais décidé à ne pas se laisser abattre. Il fit un pas en avant, et Madeline était prête à marquer sa deuxième joue, quand Jared intervint. Il poussa gentiment, mais fermement, Brandon jusqu'à la barrière. Celui-ci titubait périlleusement, et Madeline s'inquiéta de le voir tomber sur le trottoir.

- Tu crois qu'il va arriver à destination ? s'enquit Madeline quand Jared revint vers elle.

- Il habite juste au bout de la rue, il n'y a pas de danger.

- Il est ivre mort, Jared. Et s'il se fait écraser ? En plus, je ne suis même pas sûre qu'il puisse reconnaître sa maison.

Jared scruta Madeline, qui était on ne peut plus sérieuse, les sourcils froncés. Il savait ce que signifiait les dernières paroles de sa petite amie, même si ce n'était pas explicite.

- D'accord, je le raccompagne, soupira-t-il, contrarié d'avoir à jouer le baby-sitter. À tout de suite, mon amour.

Un dernier petit bisou et Jared se sauva, rattrapant sans mal Brandon, qui n'avait pas parcouru trois mètres. Madeline ferma la porte, et s'adossa contre elle de soulagement, les yeux fermés. Elle allait enfin pouvoir dormir ! Quand elle rouvrit ses paupières, le désordre de sa maison lui rappela que son lit devrait encore l'attendre un peu. Heureusement, ses cheerleaders étaient toutes restées, s'affairant déjà à ramasser les gobelets à l'effigie du drapeau états-unien éparpillés, ainsi que les amis de Jared, qui, eux, décrochaient toutes les banderoles.

Madeline alla chercher une éponge, prête à nettoyer tous les meubles qui étaient jonchés de miettes de chips ou de gâteaux apéritifs à moitié mangés. Alors qu'elle ramenait une pile de bols dans la cuisine, elle percuta Ezequiel de plein fouet.

- Oh, excuse-moi. Toujours là ?

- Bien sûr, tu crois que ton équipe de minettes et cette bande de tarlouzes sont les seuls sur qui tu peux compter ?

Madeline soupira de mécontentement, elle détestait quand Ezequiel parlait ainsi de son petit copain et ses amis. Elle ne savait que trop bien qu'Ezequiel avait en horreur Jared, mais il pourrait faire des efforts, rien que pour elle.

Une heure plus tard, la maison était enfin propre, les sacs poubelles sortis sur le trottoir et les meubles remis en place. Les canapés n'avaient aucune trace d'alcool renversé ou de vomi, un grand soulagement pour Madeline. Khloe, elle, n'avait pas bougé d'un poil et bavait même un peu. Madeline n'avait pas osé la réveiller.

Malgré une fatigue commune, les adolescents s'assirent en cercle, bavardant sur la soirée. Tout le monde y allait de son avis, reprochant le manque d'alcool pour les garçons, et le manque de Rihanna pour les filles. Au final, tous étaient quand même d'accord pour dire que la fête avait été géniale, bien autant que celle donnée par Cherry.

- Je crois qu'il est temps que tout le monde rentre, annonça Madeline dans un bâillement, rêvant de son lit les yeux ouverts.

- Et Khloe ? s'inquiéta Lorell, qui s'était nonchalamment assise près de Paul, même si son geste n'était pas sans importance.

- Je la ramènerai chez elle demain.

Lorell acquiesça, rassurée de ne pas être de service de taxi, et se leva. Tout le monde la suivit, et quelques minutes plus tard, Madeline se retrouva seule - sans compter Khloe, - dans une maison enfin silencieuse.

Une douche rapide pour effacer la sueur de ses danses effrénées, et Madeline put savourer la douceur de ses draps. Elle s'enroula confortablement, et tombait déjà dans un sommeil profond, quand le visage de Willow s'invita dans sa mémoire. Madeline réalisa qu'elle n'avait plus pensé à elle depuis un petit bout de temps, pourtant son effet restait le même, le coeur de Madeline palpitait. Elle secoua la tête pour chasser ces yeux bleus, puis s'endormit bientôt, plongeant dans une nuit agitée.

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