Chapitre 2

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Le seigneur Barold ordonna à ses conseillers de veiller aux fortifications, aux portes, à ses chefs d’armée d’informer les soldats de ce qui semblait se préparer et de se tenir prêt. Enfin, il ordonna qu’on prenne soin du garçon et que les mages préparent des protections autour du château afin de tenir face à l’assaut le plus longtemps possible. Il alla ensuite trouver sa femme, inquiète, elle s’était rendue en haut de la plus haute tour afin d’observer l’avancée de l’ennemi. Sous un trou noir béant dans le ciel, maintenant semblable à une lune, Barold et Yliana ne pouvaient que constater que des troupes s’avançaient vers eux.

- Mais combien sont-ils ? Deux mille peut-être plus, nous ne tiendrons pas longtemps.

Demanda Yliana inquiète, se tournant vers son mari dont le regard était noir et fixé sur les troupes marchant sur ses terres, les massacrant sur leur passage.

- Que nous veulent-ils, c’est surtout cela la question qui me taraude.

Il semblait réfléchir à toute vitesse, grattant sa grosse barbe tandis que sa femme s’empara d’un livre ancien et poussiéreux sur une étagère un peu plus loin. Dame Yliana était une Erémire avec une prédisposition pour la magie, depuis son plus jeune âge, dans son éducation de noble, elle avait reçu un entraînement afin de développer ses dons. Elle feuilleta avec soins le vieux manuscrit aux pages jaunies par le temps, Barold la rejoignit près du bureau où elle s’était installée lorsqu’il l’a vit s’arrêter sur une page, les sourcils froncés.

- Qu’as-tu vu ?

Yliana ne lui répondit pas tout de suite, elle se contenta de lui montrer du doigt la page du grimoire sur laquelle elle s’était stoppée. Entre une multitude d’inscriptions dans une langue qui lui était étrangère, le seigneur put voir un dessin d’un trou noir dans le ciel semblable à celui au-dessus de lui en ce moment même. Surpris et incrédule, il questionna à nouveau sa femme.

- Qu’est-ce que cela signifie ?

La Dame de Phaen prit un air grave et tourna lentement la page, laissant apparaître la représentation d’un être sans visage, entièrement vêtu de noir et entouré de flammes et de brume. Seules des cornes émanaient du haut de la silhouette, ainsi qu’une main faites d’os et de lambeaux de chaires montrant du doigt face à elle.

- Zéphéros, aussi appelé Astaroth.

Barold n’en croyait pas ses yeux, il avait devant les yeux la représentation d’un des démons les plus puissants ayant existé. Il comprit alors que ceux qui l’attaquaient là, dehors, étaient dirigés par une force à laquelle il ne serait faire face. Il comprit également pourquoi c’est ici, à Phaen que l’attaque se produisait ; les démons sont des créatures en perpétuelles quêtes de pouvoirs et quoi de plus tentant pour un démon aussi puissant que la pierre d’équilibre cachée sous la cité ?

Après avoir échangé un regard entendu avec son mari, Yliana partit rapidement, descendit les escaliers tournant de la tour et rejoignit les mages dans la cour afin de les aider à construire des sorts de protections. Elle savait pertinemment que ce ne serait pas suffisant mais que cela pourrait les aider à tenir. Alors que près d’une heure plus tard, le mal frappait aux portes de ses fortifications, Barold depuis la tour se sentit soudain très seul, il ne percevait presque plus un bruit autour de lui. C’était comme si le temps s’était arrêté sur Phaen. Le seigneur Barold pu alors apercevoir les pauvres villageois terrifiés, courant se réfugier sous une des imposantes arches de l’écurie. Plus loin, une mère, seule, serrant ses deux enfants contre elle, ils avaient le visage noircit par les fumées de la forge et, les larmes coulant sur leurs joues laissaient sur leur passage un sillon où la peau était visible, claire. Alors qu’il relevait un peu les yeux, le vieux souverain vit sa femme aux côtés des quelques mages de la cité, les bras tendus devant elle, récitant sans doute des formules de protections. Les lignes armées se tenaient prêtes juste derrière les magiciens, prêts à défendre de leurs vies le royaume de Phaen. Barold fût soudain assaillit de terribles questions en voyant le cyclope envoyer un rocher sur les remparts du château avant de se désagréger au contact des boucliers magiques. Combien de temps les barrières magiques, puis les remparts allaient-ils tenir ? Qu’en serait-il de sa femme, là, en bas ? De ses hommes ? De son peuple tremblant de peur ?

Il se ressaisit alors et fit volte-face pendant que l’agitation et les cris, dehors, lui revenaient dans une horrible mélodie. Barold marcha lentement et lourdement jusqu’au bureau où il se saisit de la première feuille ainsi que de la première plume qu’il y trouva. Il entama alors, dans un dernier espoir, une lettre destinée au Roi de Casalgaard, Téhéror, seule personne suffisamment puissante pour l’aider à faire face aux enfers qui attendaient Phaen. La main tremblante, l’écriture rapide, la plume agressant, raclant le papier et laissant çà et là couler des gouttes d’encre. Une fois terminé, Barold roula le papier, y déposa son sceau puis, ouvrit une cage dorée dissimulée dans un endroit sombre de la pièce. Le seigneur de Phaen y tendit son avant-bras et un grand oiseau au plumage bleu comme la nuit et aux reflets argentés y monta avec grâce. C’était un oiseau très rare, qu’on ne trouvait qu’ici, sur les terres de Phaen ; un aigle marin. L’homme accrocha le rouleau à la patte de l’animal et se dirigea vers une des fenêtres de la tour pour l’y libérer. Aussitôt, l’aigle prit son envol dans un puissant mais silencieux battement d’ailes. Il survola les troupes maléfiques aux portes de la cité et s’élança caché par la nuit au-dessus de la forêt, en direction de Casalgaard. Le dernier espoir d’une cité envahie ainsi que la survie de tout un univers étaient entre les serres de l’oiseau.

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