Heurtevents

4 minutes de lecture

La maison est vendue. J’y ai passé tant de week end à me cacher dans le fond du  jardin. Gourmande, je pillais les groseilles, groseilles à macro et les framboises. À la saison des cerises, on bataillait de vitesse contre les oiseaux à grand renfort d’échelles. À l’automne, c’était les pommes à cidre qu’il fallait ramasser, la ballade dans les bois à la recherche de girolles, trompettes de la mort, cèpes et autres délicieux champignons que l’on ramenés par kilos le sourire au lèvres. On y avait planté un prunier pour ma naissance, mon arbre. Une fois une branche s’était cassée mais pas complètement. Je l’avais réparée avec du scotch tentant de lui faire un « plâtre » imaginaire, persuadée que l’arbre avait mal, la branche a repris, mon espoir était devenu réalité. En revanche, j’avais tenté de planter des pommes de terre, sans succès.... Je grimpais dans les arbres pour lire un livre ou observer les champs observant parfois une biche ou un lièvre audacieux. 

La maison est vendue. C’est une part de mon enfance qui s’efface d’un seul coup. C’est une part de moi, de mes souvenirs, qui par une signature prend fin. J’y avais organisé un week end boom qui, plus de 10 ans après, est resté dans la mémoire des invités. J’y ai tant de fois fêter mon anniversaire. J’y ai apris ce que c’était que sabrer le champagne. J’y ai vu une mouche grignoter ma grand mère en train de bronzer. J’y ai appris à jouer au rami et au bridge. J’y ai organisé des spectacles, des défilés de mode. J’y ai inventé mille histoires, mille aventures.... J’y était tous les personnages que mon imagination enfantine pouvait inventer. J’y ai fait des cauchemars, impressionnée par le grand masque qui ornait la chambre de mon oncle. J’y ai rêvé mille futurs en écoutant jouer le piano de la petite maison annexe en brique rouge. Je l’ai vue s’agrandir, avec l’aménagement de la maison blanche et de sa salle de bain. J’ai même pensé à des aménagements quand la famille s’agrandirait pour que tous nous puissions nous y réunir. 

La maison est vendue. Finies les ballades dans les bois à la découverte de la nature. Finies les visites dans le cimetière à réinventer la vie de ceux d’autrefois. Fini d’aller chercher le pain chez la boulangère en s’offrant des bonbons. Fini de s’asseoir au coin du feu à regarder les flammes. Fini les échanges en vélo avec les cousins habitant la longère à peine distante de 9 kilométres. Fini de dire « Maman, je vais chez les cousins » ou bien « Maman, les cousins restent dormir ». Fini la pêche au têtard dans le pédiluve de Vielle-longue. Fini le vent soufflant contre la façade comme si il voulait entrer se réchauffer. Fini les orages magnifiques illuminant le ciel à travers le petit wasistas. Fini de cacher mille secrets dans les entrelacs des poutres de la charpente. Fini de se prendre pour une princesse dans la chambre au grand lit.

La maison est vendue. On ne nous pas prévenu, comme si ce n’était rien, une chose sans importance. Une fois déjà cela avait été tenté. Mon père s’était portait acquéreur. Lui aussi aime cette maison. A lui aussi on a retiré un morceaux de lui même. Sa chambre, il y avait mis son coeur, il y avait fait des travaux l’aménageant à son goût. À l’époque, ils l’avait retiré de la vente. Nous n’avions pas les moyen de nous l’offrir à moins de la transformer en habitation principale. Cette fois nous n’avions même pas pu tenter de l’acheter. Tout a été fait discrètement, une discussion, une signature et les voilà qui nous annonce le sourire au lèvres que c’est fait. On se débarrasse de l’encombrant. Je n’ai même pas pu aider au déménagement. Je ne l’aurait pas revue. Tout ce qu’il me reste c’est des photos sans âme et des souvenirs qui s’estompent et les traces de mon enfance qui s'éloignent inéluctablement.

La maison est vendue. Il me reste des histoires de Maman venant tondre la pelouse pour passer un peu de temps avec mon père. Elle faisait les 30 km les séparant de la maison de ses parents  en vélomoteur. 30 km que nous ne ferons plus jamais. Les arbres y avaient subis les tempêtes. Le grand sapin s’était même déraciné. Mais c’était encore et toujours la maison de mon enfance, la maison des vacances, des week end en famille, des rires et de la fête. Le champ voisin voisin avait brûlé, emenant avec lui la haie et le fond verdoyant du jardin. Mais c’était encore la maison où s’offrait un monde de verdure à découvrir. On y pouvait y coucher nombreux et la cheminée pouvait accueillir d’énormes bûches et rôtir un mouton à la broche. C’était la maison où tout était à faire, à construire et a inventer. C’était la maison de mes espoirs, un peu un rêve aussi sans doute. C’était une part de moi. La maison est vendue, un peu de moi avec.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Plume-Vampire ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0