Bêtise d'enfance, prix d'adulte.

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26 ans de recherche mais je t'ai retrouvé. Je t'attends, ici dans ton appartement. Forcer ta porte m'a été facile, elle n'était pas très sécurisée . Ton lieu de vie n'est pas si grand. J'en fais vite le tour. Sa visite fut courte mais instructive. Maintenant, je t'attends, mais plus pour très longtemps. Ma quête touche à sa fin. J'ai fait une erreur que je ne referai jamais. Je t'ai laissé une occasion, un instant que j'ai regretté longtemps, mais c'est bientôt terminé. J'ai dû me battre, pour survivre, pour parvenir à ce que je suis, pour arriver, ici, aujourd'hui. Me battre, je n'aurai fait que ça, mais jusqu'au bout et je mérite cette consécration, je la savoure d'avance. J'avais gagné. Après toutes ces défaites, j'avais réussi. Je t'avais enfin battu. Tu me dois ton gage et je suis venu le chercher. Sans l'intervention inopinée des adultes tu n'aurais pas disparu. Je ne t'en aurais pas laissé l'occasion. J'avais tout donné dans cette victoire. Je méritais son prix. Aujourd'hui, je viens prendre ce qui me revient. Tu as savouré mes défaites, usé, abusé des gages que j'ai subis et réalisé, à mon tour de savourer ma réussite. À mon tour de m'imposer, d'obtenir sans condition. Je suis venu pour ça et je ne repartirais qu'une fois satisfait.

D'après ce que j'ai vu, je n'ai pas de rival à craindre dans ta vie pour l'instant. Un bureau simple et une chambre accolée. Un grand lit double aux draps carmin, aucune trace d'un autre habitant. La penderie, unique, est petite. Les quelques vêtements sont simples mais en fibre naturelle de qualité. Pas assez de tenues pour deux et une seule taille, la tienne. Sur les quelques photos encadrées, pas de couple. Dans le séjour la décoration colorée reste neutre. Une liste de DVD éclectiques, des livres en grand nombre. Un intérieur confortable, chaleureux bien qu'impersonnel. Si les titres des ouvrages restaient énigmatiques pour moi, même si j'ai reconnu quelques auteurs, la couverture des DVD fut plus profitable. Les bloc busters y cotoient la romance et les films d'animation. Beaucoup de voitures sur de nombreux titres : "taxi", "fast and furious", "need for speed"... tu aimes l'automobile ou c'est la vitesse ? Des images romantiques sur d'autres voire... tiens "Memoirs of a Geisha"... Intéressant...Les films d'animations restent diversifiés mais rien de la firme américaine si connu, peut-être préfères-tu que la magie de l'enfance ne soit pas dénuée d'une vision plus adulte. J'apprends à te connaître, je te découvre par tes choix que je comprends, ou pas.

J'entends l'ascenseur, est-ce toi ? Il s'arrête au bon étage. Je patiente dans l'entrée. Il n'y a que 2 portes sur ce palier. Les pas se rapprochent. Enfin, 26 ans d'attente touchent à leur fin. 26 ans de recherche acharnée, méticuleuse, pour te retrouver. Mon gage à évolué, doucement, patiemment, tout comme j'ai évolué. Tu ne me feras pas mordre la poussière ou boire la tasse. La clé qui tourne. La porte qui s'ouvre. Je m'appuie sur le mur, silencieux, attentif. De toute façon, je ne parle pas français. Aucune utilité, mon seul intérêt ici, en France, c'est toi, rien d'autre. Tu rentres, enlèves tes chaussures sans me voir. Amusant, ce n'est pas très français, à ce que je sais, de se déchausser quand on rentre chez soi. Je m'approche sans un bruit. Ta journée a dû être longue, tu penches la tête, les yeux fermés, une main sur la nuque. Je te frôle. Enfin, tu réalises que je suis là. J'attrape ta main. Non, je ne te laisserai pas partir, 26 ans que j'attends de t'avoir enfin à moi. Du pouce, je caresse ton poignet sans pour autant relâcher ta main. Je lis dans tes yeux tes interrogations, tes peurs. Ma douce caresse contraste avec la fermeté de ma poigne, pas envie d'attendre encore, de chercher inlassablement. Je te tiens, même la mort ne me fera pas relâcher cette étreinte.

Je sens ton odeur, elle a changé en 26 ans. Tu as changé. Mais ce n'est pas grave. Moi aussi j'ai changé. Après toi, je n'ai plus jamais connu la défaite. Tu as été unique. Ce qu'il me fallait sans doute pour être le meilleur. Je suis devenu le plus rapide, le plus précis, le plus intelligent. J'ai survécu. Je suis là. Je t'ai cherché. Je t'ai trouvé. Je suis venu et je ne repartirai pas sans avoir pris ce qui me revient. Je le veux plus ardemment que tout. Je te veux. Le prix du gage à changé. Le gage, c'est toi. Je te veux et je vais te prendre. Inutile de lutter, tu es à moi. Le prix de ta défaite ce sera toi.

Je me colle à toi sans quitter tes yeux. Désormais tu dois sentir mon envie comme une évidence. Tu dois certainement comprendre ce qui vas suivre. Ma main glisse sur tes fesses que ce jeans ne protège que très provisoirement. Je te sens trembler. Ton regard cherche à échapper au mien pour trouver une issue. Il n'y a pas d'issue. Je te pousse vers la chambre vers le lit. Tes résistances ne sont rien, révolte futile, superflue. Je suis déjà vainqueur. Nous avons changé. Ta lutte inutile me rappelle ma victoire. Je n'attends pas que tu comprennes. De toute façon, il m'est impossible de te dire que tu me le dois. Impossible de me faire comprendre par les mots, nous ne parlons pas la même langue. Alors je vais m'exprimer par mes actes. Gestes, caresses, regards seront notre langage. La langue du corps tu dois connaître, sinon je vais te l'apprendre.

Tu bascule sur le lit. Je te bloque. J'attrape tes deux poignets dans une seule main. De l'autre, je peux désormais dévoiler ton torse. Je peux, enfin, le parcourir de mes lèvres. La nuit sera longue, mais elle n'en sera que plus belle. Je vais te prendre ici. Tu es à moi, tu me le dois. Je l'ai gagné. Je t'entend qui supplie mais c'est inutile. Au contraire, cela pourrait même m'exciter puisque je ne comprends pas tes paroles. Uniquement cette intonation suppliante que je n'ai qu'à interprétée dans le sens qui me convient. Cette nuit est la mienne. Consécration d'une victoire, ma victoire. Je finis de te déshabiller, avide de découvrir ce corps qui m'est dû. D'offrir à mon regard, enfin, cette chair qui m'est destinée. Mes lèvres parcourent cette peau douce dont j'ai tant rêvé. La nuit ne fait que commencer. Mon plaisir aussi, et, déjà, il est intense. Je brûle de consommer ce feu que le temps a rendu inextinguible.

Je remonte vers tes lèvres. Je les prends d'un baiser sauvage. Je force le passage vers ta langue que je goûte. Tes cambrures ne font qu'ajouter à mon envie. Je savoure mon plaisir, celui de t'avoir enfin à moi. Ma main libre suit tes courbes. Je mémorise chaque seconde, chaque particule de toi, de cet instant tant désiré. Je brûle de sentir ta peau contre la mienne. Moi, qu'on appelle le dragon, je me consume. Ce feu, né de mes entrailles, brûle mes veines, incendie tous mes sens. Tout ce qui n'est pas toi est désormais effacé. Ce brasier m'envahit un peu plus à chaque seconde. Cette fournaise ne me laissera en paix qu'une fois rassasié. Tu as ce pouvoir d'en éteindre les flammes.

Je me redresse, sans lâcher ma prise. Pas la peine d'y penser, je ne te lâcherai pas. Tu as bien trop de valeur à mes yeux. J'ai payé le prix de te perdre une fois, un prix qui m'a marqué, à jamais. Je te contemple. As tu idée du spectacle que tu offres à mes yeux ? Ébouriffé, le souffle court, incarnation du désir. Le silence n'est habité que de nos respirations, tu as cessé tes suppliques. As tu compris que toutes paroles étaient inutiles ? C'est bien. Lentement je me débarrasse de mes vêtements devenu une gêne. Rien que notre baiser m'a déjà donné un plaisir inouï.

Un baiser, chez moi, c'est intime, on le garde hors des regards. Ce n'est pas de la pudeur, juste une notion de ce qui est privé, très privé. Un baiser, un vrai baiser, c'est un contact intime réservé à ceux qui le partagent. Les prémices d'une promiscuité sans équivoque. Les couples ne s'embrassent pas ou dans le secret de leur chambre. C'est le premier pas d'une danse à deux, ou tout autre est de trop. Une danse ou je vais être ton partenaire. Je vais t'en donner le tempo. Ici dans l'intimité que tu t'es construite. C'est ton espace, ta personne et nos 2 corps. Ce sera notre moment.

Je ne crois pas qu'en France le couple soit une notion aussi privé, car il s'affiche, le baiser est public. Ici un baiser comme le nôtre n'a pas la profondeur, la conviction que nous lui accordons par son caractère si privé... Tu n'imagine pas à quel point cela peut être propre, personnel, lourd de sens. Tu viens de m'ouvrir la porte de ton être. de t'offrir à moi. Chez moi ce simple baser équivaut à une longue déclaration, une demande limpide, le sais tu seulement ? L'as tu compris ? la réponse est sans importance. Elle ne change rien. Je ne m'arrêterais pas. J'ai gagné ce droit à toi. Tout ce que représente pour moi ce baiser m'est dû. Mais ce n'est, je le sais, qu'un avant goût des merveilles qu'enfin je vais savourer.

Je pose sur tes yeux un dernier regard brûlant, avant d'abandonner toute résistance et de me laisser entraîner par l'appel de mes sens. Mes lèvres retrouvent seule le chemin des tiennes. Ma main, tes points les plus sensibles pour aviver tes sens. Mon sexe dur cherche ce creux, cette ouverture, cet espace qui l'attend. Ce vide qu'il va emplir, pour nous combler. Enfin je te pénètre. C'est magique. Je suis en toi. Aucun mot ne peut exprimer ce que je ressens. Je sens la pression de tes chair qui gaine mon pénis. Déjà mon corps travaille, ce rythme qui bat à mes tempes échauffe encore plus, si c'était possible, la lave qui coule dans mes veines. Je me bat pour que cela dure, pour ne pas de suite me déverser en toi. Je veux goûter, savourer cet instant, ce moment de fusion qu'offrent nos 2 corps.

C'est si bon. Je ne trouve plus la force de tenir. Le plaisir est là, si intense, si profond, c'est la perfection même. Tes contractions autour de mon membre avive encore mes sensations. La jouissance me surprend, brutale, brûlante, flamboyante. Je me libère enfin. Je me vide en toi. Je te transmet ma sève, t'emplis de moi. Je hurle dans ta bouche cette explosion indicible qu'est mon orgasme. Les spasmes qui me vident se calment. Je laisse mon empreinte indélébile, gravé en toi. Je t'ai marqué de mon seaux, ma propriété. Chaque muscle de mon corps se détend, vidé, épuisé. « L'amour est une bataille ou il n'y a ni vainqueur, ni vaincu » Je comprends enfin le sens de cette phrase.

Je m'écroule sur toi, en nage. Le corps apaisé mais l'esprit en feu. Je ne peux pas te perdre. Je ne veux pas être séparé de toi. Même mes rêves les plus fous ne m'avaient pas préparé à cela. C'est le bonheur à l'état pur qui a coulé dans mes veines. Renoncer signifie abandonner toute idée de retrouver de nouveau cette perfusion de plaisir brut. Plutôt mourir que de faire une croix dessus. Personne cette fois ne t'offrira l'occasion de filer, plus jamais.

Je garde en mémoire cette merveille que je viens de découvrir. Je ne veux pas m'en passer. Je veux le connaître encore et encore. J'ai eu le prix de ma victoire. Un prix qui vaut tous les tourments qu'il m'a coûté. Un prix auquel il m'était impensable de renoncer. Un prix qui m'a fait connaître l'inimaginable. J'ai besoin de toi pour le reproduire. Je ne te laisserai plus jamais disparaître de ma vie. Pas maintenant que je sais ce que tu peux me faire ressentir. Je t'ai voulu, je t'ai eu, je ne te lâcherai plus. Je ferme les yeux.

Ma main serre de nouveau ton poignet pour que tu ne disparaisse pas durant mon repos. Je m'abandonne au sommeil. Une pensée m'accompagne, Toi et moi c'est pour toujours. Je rêverais sans doute encore aux blessures subies pour découvrir, connaître cet instant. Je m'étais jurée d'aller jusqu'à la mort pour cet instant mais même les pires souffrances endurées ne sont pas un frein une fois connu ce moment. Pour y goûter encore, je payerais cents fois, souffrirais mille fois ce que j'ai dû vivre pour sa découverte et ce serait encore bien peu pour ce morceau d'éternité.

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