46 – Feyn : WTF

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Installé dans son siège, Feyn analyse le trafic orbital à partir des données radar. Il n’y a pas vraiment pire que d’être maintenu à quai et découragé de descendre de l’appareil. Son aventure au centre de sécurité lui a bien fait comprendre qu’il n’était pas le bienvenu à bord.

Il est seul à bord, Kim a quitté le vaisseau pour rejoindre Tsadir quelques minutes plus tôt, emportant un injecteur de l’infirmerie avec huit doses d’anesthésique. Quoi qu’aient prévue les filles, ça ne rassure pas le commandant.

Akasha le sort de ses ruminations : « Commandant, Tsadir, Kim et Alice viennent d’arriver.

– Merci Akasha, je vais aller les accueillir. », lui répond-il en se détachant de son siège.

Quittant la passerelle, Feyn perçoit le son du système d’aération du hub avant, sensiblement plus fort qu’à l’accoutumé. Le ronronnement de la ventilation n’est plus seulement un bruit familier. Pour Feyn, c’est devenu la sensation qui lui murmure « maison ». Et toute anomalie, aussi minime qu’elle soit, lui génère de l’inconfort. « Akasha, peux-tu faire une vérification du système d’aération du hub avant ? », demande-t-il. L’IA répond affirmativement et le cliquetis des petites pattes des spider-bots évoluant derrière les feuilles de métal et de composite, se fait entendre.

Le sas termine son cycle, équilibrant la pression de l’air qu’il contient avec celle du vaisseau. L’imposante machinerie cachée sous le « sol » du sas, semble faire vibrer le sol. Pris d’un doute, Feyn, lance son auto-diagnostique. Le link, associé à plusieurs sondes implantées dans son enveloppe compilent ses données vitales.

Voyons, les variables sont largement dans les seuils de tolérance. Ah, l’adrénaline est un peu plus élevée que normalement. Toute cette affaire le travaille bien plus qu’il n’en avait conscience. Il se laisse une note : « Examen médical complet lors du prochain cycle de repos. ».

Les trois femmes débarquent devant lui avec deux containers de Sol6. Après en avoir décodé le code étiqueté, le commandant surjoue son indignation : « Vous me trouvez aussi sale que ça ? ». Les trois femmes éclatent de rire un instant, puis Tsadir lui explique : « On va vraiment avoir besoin d’une cellule sur ce vaisseau.

– Pardon ? »

En guise de réponse, la samouraï entre-ouvre l’un des caissons, révélant le visage d’Alexander Donnart, inconscient. Le raton laveur frappe son front de sa main de dépit. Eh bien, il va falloir les loger. Il demande à son IA : « Akasha, prépare deux… »

Tsadir le coupe en lui montrant sa main le pouce replié.

« Non… quatre tables médicales en vue de maintenir des prisonniers inconscients. », reprend-il.

L’équipe remonte la coursive jusqu’au hub central et prenant à gauche, ils atteignent l’accès de l’infirmerie, située au-dessus. À l’intérieur, plusieurs stations médicales se sont alignées prêtes à recevoir les hommes inconscients.

L’extraction et le placement des hommes s’avère particulièrement rapide, surtout pour Alexander particulièrement peu vêtu. Les deux soldats prennent à peine plus de temps : leurs armures légères s’enfilant simplement. Franchement, Feyn n’espérait pas revoir l’assassin du Mona Lisa sur son vaisseau. Mais quand la situation l’exige…

À ce propos. Il interroge la wardner : « Et sinon, pourquoi il est revenu ici lui ? Et qui sont les autres ? ». Se penchant, au-dessus d’Alexander, Alice lui répond : « L’homme là-bas se fait passer pour un de mes anciens camarades de promotion Joshua Irwani. On l’a surpris qui tentait d’exfiltrer Alexander avec l’aide de ces deux-là. ».

Le commandant est perplexe : certes Tsadir est une membre des Solar Wardners et quoi qu’elle lui demande, il obéira, mais son opération ressemble beaucoup trop à un enlèvement de ressortissants terriens à son goût : le genre de détail qui peut grandement faire empirer la situation. Il demande : « Et maintenant ? ». Alice regarde la samouraï tout aussi perdue que lui. Kim débloque la situation avec une nouvelle requête : « J’aurais besoin d’une liaison spatiale qui ne passe pas par les serveurs de Sol6. Vous avez une antenne longue portée à faisceau directionnelle là-dessus ? ».

S’il n’était pas en apesanteur, Feyn se serait probablement effondré sur un siège pour signifier son désarroi. À la place, il se contente de répondre : « Si. Mais pour faire quoi ? En tant que commandant de ce vaisseau je dois respecter le traité des colonies. ».

L’espionne d’Aesir fronce les sourcils ; la wardner sourit avant le rassurer : « Je m’en occupe Feyn. ». Voyant la tension monter, Alice désamorce la situation en expliquant : « C’est pour traquer le Xavier Brown, je pense. C’est le nom du vaisseau que leurs complices doivent utiliser pour récupérer Donnart. Mais je ne sais pas à qui elle veut envoyer le message. ».

Feyn se détend un peu et éclaire Alice sur ce qu’il sait de l’opération : « Après t’avoir secouru, un vaisseau renégat de l’ONU a tenté de nous attaquer mais une corvette d’Aesir nous a couvert et l’a mis en fuite. Oui, Aesir a une flottille complète en orbite autour de Mercure avec des vaisseaux d’assaut furtifs. Je me plains de la brèche du traité des colonies sur mon vaisseau, mais eux…

– Ils aimeraient qu’il soit rompu pour déclencher une nouvelle guerre des colonies, complète Alice.

– Régler le problème terrien hein ? », accuse Feyn en regardant Kim droit dans les yeux qui lui répond d’un regard tout aussi dur.

Une fois encore, la cadette interrompt le silence hostile : « Non, je ne parlais pas d’Aesir… Au début, je pensais que c’était une lutte de pouvoir, mais on n’envoie pas le général des forces spatiales de l’ONU sur Mercure sans raison. Son assassinat a demandé des ressources colossales, et je suis presque certaine qu’Alexander Donnart n’est pas la véritable identité de ce type ; pas plus que celui-là est Joshua. Ils ont parlé de Martha, ça doit être la seconde des forces onusienne de la station. Ils ont eu l’air presque rassuré qu’elle soit là pour couvrir l’attaque, mais en même temps, Donnart a extrêmement eu peur des conséquences de l’attaque. Pas parce qu’il y a eu une attaque. Mais parce que c’étaient des onusiens. ». Finissant son raisonnement, certes incomplet, elle ajoute : « Pour un peu, je pourrais presque penser qu’ils sont de mèche avec les responsables de l’attentat du Meerk… ».

Reprenant son souffle Kim, fait part de son impression : « La vache ! Et tout ça avec tellement moins de preuves que nous…

– J’ai compris avec le vaisseau, précise Alice. S’ils ont réussi à récupérer des vaisseaux onusiens et qu’ils parviennent à s’en prendre à des installations coloniales…

– Et si les Dragons attaquent des installations terriennes dans le même temps… prolonge Tsadir.

– Ce sera la guerre. », conclue gravement Feyn.

Traçant un geste dans l’air, il transmet l’autorisation d’utiliser l’antenne à Kim.

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