47 – Mahertis : Rebonds et phases

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Se détachant sur le fond bruité des capteurs, la flotte des Dragons reste particulièrement peu active. Certes, la frégate onusienne semble s’être amarrée à l’un des vaisseaux de Vranberg-Lytan, mais aucune autre activité n’a perturbé la formation lâche de l’escadre qui continue de dériver lentement sur son orbite lointaine.

Retombant progressivement vers son périgée, Mahertis prépare l’opération d’évacuation de la chaleur emmagasinée dans son puits thermique. La proximité du soleil aux abords de Mercure complique considérablement la tâche du système de camouflage thermique de son appareil. Si les ondes radars sont déviées et absorbée par le revêtement de la coque, la chaleur s’accumule trop rapidement pour pouvoir tenir plus de quelques orbites. Et au moment de la relâcher, la corvette irradie de rayonnement infrarouge, au point de poser un risque de détection important.

Mais ces conditions l’aident aussi en retour : tous les appareils aux abords de Mercure volent avec leurs panneaux radiatifs déployés, rejetant encore plus chaleur. Et ne parlons pas des vaisseaux terminant leur approche interplanétaire qui brillent comme de véritables étoiles pour tout observateur attentif.

Son antenne directionnelle parvient à se reconnecter avec le vaisseau mère, l’occasion pour l’envoi des données aux analystes et la réception des nouvelles. Une nouvelle affectation : le commandement veut déterminer la position d’un vaisseau supposé être proche de la station Otessa Orbitals. Le rendez-vous orbital va être un peu plus compliqué : la station passe bientôt dans l’ombre de la planète et Mahertis n’a pas encore purgé son accumulateur de chaleur.

Préparant sa nouvelle trajectoire, la corvette furtive tente une approche au ras de la surface à seulement une poignée de kilomètres des obstacles les plus importants. Là, il aura alors moins de trois minutes pour refroidir ce noyau presque incandescent avant d’être à portée de détection d’Otessa Orbitals.

L’opération lui permet d’éliminer près de quarante pourcents de la chaleur stockée dans l’accumulateur. Mahertis réactive la partie azimutale de son camouflage thermique : la surface de Mercure à cette latitude est littéralement déserte et cela lui permet de continuer à purger la chaleur par l’autre face, orientée vers la planète.

Continuant son trajet à une altitude rasante, la corvette furtive rattrape enfin la station. Passant en dessous avec une vitesse relative de presque quatre-vingts mètres par secondes, Mahertis analyse les émissions radios et thermiques alentours. Bingo ! Il a repéré le transpondeur du Xavier Brown qui se détache de la station et de l’essaim qui l’accompagne.

Accélérant pour se placer sur une autre orbite, la cible de Mahertis cesse brutalement ses émissions radio. Mais il n’échappe pas pour autant aux capteurs infrarouges de l’appareil espion d’Aesir. Plutôt que de risquer de le perdre, l’IA commande le chargement d’un émetteur de traçage dans l’un de ses canons de couverture et ouvre le feu vers l’appareil prétendument onusien. Pour ses occupants, l’impact ne sera pas différent de celui d’un micro-débris. Malheureusement, c’est un événement devenu courant sur les orbites basses de la plupart des astres colonisés.

Un nouveau signal apparaît dans ses senseurs, confirmant la réussite du marquage de la cible qui continue d’accélérer pour gagner une orbite légèrement inclinée par rapport à l’orbite polaire d’Otessa Orbitals. Sa poussée se termine tandis que l’orbite de Mahertis remonte lentement. L’IA programme quelques corrections de trajectoire pour suivre celle de sa cible et remonter plus haut pour se laisser sensiblement rattraper. Accélérer pour se faire rattraper : tout le paradoxe de la mécanique orbitale.

Au bout d’un peu moins de vingt minutes, le Xavier Brown initie une manœuvre de désorbitation. Sa nouvelle trajectoire le fait plonger dans un cratère mineur du pôle sud. Curieusement, d’après les cartes en mémoire, celui-ci n’abrite aucune colonie ou installation connue. Ayant pratiquement annulée sa vitesse horizontale, sa proie repasse sous la corvette d’Aesir.

Mahertis décide de se risquer à envoyer une impulsion radar au fond du cratère gelé pour y relever tout ce qui s’y trouve. Évidemment si un récepteur s’y trouve, il verra brièvement une étoile éphémère dans le ciel. Mais les informations potentielles en valent largement le coup. L’onde radar lui revient et son traitement fournit des informations, certes très bruitées, mais sans aucun doute possible : plusieurs modules temporaires y ont été établis et c’est une véritable base avancée que l’IA vient de découvrir.

Au niveau des véhicules, l’IA repère plusieurs vaisseaux, rappelant les profils types des bâtiments onusiens, posés au fond du cratère. À travers le bruit de l’unique image, l’agent d’Aesir devine les structures installées pour les soutenir. Mahertis compte deux frégates et quatre corvettes, dont le Xavier Brown.

Les analyses thermiques montrent que le petit complexe temporaire est alimenté par un générateur à fusion situé dans l’un des modules qui irradie tellement de chaleur que l’imagerie radar n’aurait pas été nécessaire pour le repérer.

Ses capteurs passifs repèrent plusieurs impulsions radar dans sa direction : la sienne n’est visiblement pas passée inaperçue. Peu importe : d’une part, il est pratiquement passé sous leur horizon et, de l’autre, sa coque est conçue pour dévier et absorber les ondes radar sans les réfléchir vers leur émetteur.

Effectuant de nouvelles manœuvres, Mahertis s’engage sur une nouvelle trajectoire pour rejoindre la flotte mère.

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