27 – Feyn : Capture

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Sur les écrans, le Mona Lisa décrit une lente rotation. Le bâtiment de près de quatre-vingts mètres semble avoir perdu tout contrôle sur son attitude. Comme le contrôle spatial l’avait décrit, l’appareil ne dégage plus significativement de chaleur et ses panneaux radiatifs sont à la même température que la coque. Une température toutefois élevée : Mercure reste proche du soleil et sans le système de climatisation, la température à l’intérieur va commencer à monter, doucement. Toutefois, d’après les estimations de Feyn, l’isolation devrait faire encore l’affaire un petit moment.

Attentive, Tsadir lui demande : « Alors, tu penses qu’il s’y est passé quoi ?

– Son axe de rotation n’est pas cohérent avec la moindre manœuvre, observe le commandant. Il a bien perdu son attitude à cause d’un autre évènement. En fait, il tourne sur son axe médian ce qui rend sa rotation chaotique. Ça me fait plutôt penser à l’explosion d’un réservoir dont le contenu serait ensuite sorti par une faille dans la coque, à l’avant ou l’arrière.

– Il a l’air en bon état pour quelque chose qui a explosé, non ? fait-elle remarquer.

– Non en effet, mais si un réservoir rompt, son contenu se déverse sous la coque, entre les réservoirs et les modules, explique l’astronaute. Comme elle n’est pas imperméable, le gaz sort par les fissures.

– La coque n’est pas imperméable ? s’étonne Tsadir.

– Non, et c’est préférable : et justement pour ce genre de cas, fait remarquer Feyn. Un réservoir qui se vide par rupture, ça arrive. Et quand c’est le cas, on n’a pas envie de faire sauter tout le vaisseau.

– À quoi sert la coque alors ? C’est juste pour les débris ? demande la samouraï.

– On lui accorde trois fonctions : amélioration de la rigidité structurelle, blindage contre les débris externes, confinement des débris internes, expose-t-il.

– Débris internes ? s’interroge la femme.

– Oui, confirme le raton laveur. Typiquement, dans notre cas, si un réservoir rompt, il a des chances de se fragmenter et de libérer des débris. Le fait que la coque les retienne aussi réduit beaucoup le nombre de débris ajoutés à l’orbite après ce genre d’incident.

– D’accord, acquiesce Tsadir. Mais un réservoir, ça n’explose pas tout seul, si ?

– Bah… S’il a un défaut, ou si la pression interne augmente trop, c’est possible, indique Feyn. Si quelque chose explose à bord, ça peut aussi entraîner une réaction en chaîne qui peut dévaster l’intérieur du vaisseau.

– Et tu penses qu’il y a beaucoup de dégâts à l’intérieur ? Lui-demande-t-elle.

– Non, infirme l’astronaute. Il aurait une rotation beaucoup plus rapide sinon… Si tu veux, la perte d’attitude est grosso-modo en rapport avec la masse perdue par le réservoir.

– Grosso-modo ? s’amuse la femme.

– Tu connais les équations de Tsiolkovsky ? lance Feyn sur un ton plaisantin.

– Non, reconnaît la samouraï.

– En vrai c’est pas du tout linéaire, corrige le raton laveur, donc on va pas rentrer dans les détails, mais plus le réservoir est petit par rapport au reste du vaisseau, moins une brèche impactera sa vitesse ou sa rotation.

– Ok, ça je peux comprendre, annonce-t-elle. Mais si le contenu est explosif, ça doit dégager plus non ?

– Oui, bien sûr, confirme Feyn. Mais on n’utilise plus de propergols, encore moins avec des explosifs, depuis très longtemps. Maintenant les réservoirs contiennent principalement de l’eau et des gaz sous pression, voire liquéfiés. Bref, rien de fondamentalement explosif si la pression est correctement gérée. À la limite les réservoirs d’oxygène, mais ils sont plutôt petits, on en a pas besoin de beaucoup.

– Donc, si je résume, notre Mona Lisa tourne sur lui-même parce qu’un petit réservoir a un trou ?

– Oui, confirme-t-il.

– Comment on procède alors ? demande-t-elle.

– Une fois à proximité, je vais lancer des drones d’inspection pour être sûr de l’état du vaisseau. Quand on aura vérifié ça, on approchera l’Akasha et on va s’y amarrer.

– Alors qu’il tourne ? s’étonne Tsadir.

– Oui, le RCS de l’Akasha et son système de suivi sont spécialement prévus pour ce genre de manœuvre, confirme-t-il. Mais avant toute chose… Akasha, vérifie que tout est suffisamment bien sécurisé pour une manœuvre d’accompagnement.

– Bien reçu commandant… Il semble que des effets de la cabine deux ne soient pas placées dans les rangements nécessaires.

– Oh… Pardon, s’excuse la samouraï. Je vais aller ranger tout ça.

– Ça marche, on va préparer l’opération de verrouillage et de stabilisation. Je doute que les maths derrière te passionnent. », lui explique Feyn en lançant les calculs basés sur l’analyse des images qui défilent devant lui.

La samouraï sans poids descend l’échelle d’accès à la passerelle et passe l’ouverture qui mène au premier hub. Avec l’habitude du métier, cela fait bien longtemps que Feyn ne laisse plus traîner quoi que ce soit lorsqu’il quitte une pièce. Bah… Elle prendra l’habitude à force de voyager.

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