20 – Feyn : De retour là-haut

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Retrouver la sensation agréable de l’apesanteur met Feyn de très bonne humeur. Installé à son poste dans la passerelle, il fait le point avec Akasha sur l’état du vaisseau. Qu’est-ce qui peut tant intéresser cette Solar Wardner à bord ? Le commandant espère qu’il ne s’agit pas des conséquences de la mission de son passager, Georges Norway. Si les Solar Wardners s’intéressent à ce que Suan et Mars tentent de négocier en secret, c’est que les choses sont plus graves que ce que le raton laveur imaginait.

L’inventaire terminé, rien d’anormal ne transparaît, les mises à jour ont toutes été validées par Akasha et Feyn, repassant sur la liste, constate qu’aucune ne semble suspecte. Mars a visiblement bien fait le travail.

L’avatar de l’IA de l’appareil, l’interrompt : « Commandant, la Solar Wardner Tsadir demande à monter à bord.

– Accordé, autorise Feyn. Je vais aller l’accueillir. Au cas où, exécute une vérification de pré-lancement. On ne sait jamais, elle voudra peut-être faire une virée sur Phobos.

– Bien commandant. », termine l’IA. L’avatar, une petite fée synthétique aux ailes composées de carreaux de verre, vole près de lui assurant une connexion constante entre le commandant et son bâtiment.

Traversant le premier hub, Feyn évolue vers le second avec l’habitude retrouvée de son vaisseau. Suivant les indicateurs vers la zone bleue, la partie ventrale de l’appareil, Feyn s’arrête devant le sas du vaisseau. Sur les côtés gauche et droit, deux paires de combinaison d’EVA attendent immobile. « Bientôt ! », leur indique-t-il. Il franchit la première porte et lance le cycle du sas. L’équilibre atteint, la porte menant au tube de connexion s’ouvre.

Une femme, visiblement améliorée par la cybernétique, flotte au milieu de la structure blanche composée de nombreux triangles de tissu imperméable, renforcées par une structure rigide. L’ensemble, rappelant un origami est l’unique cordon ombilical reliant le vaisseau à la station. Plusieurs tubes passent à l’intérieur, retenus par des sangles pour éviter qu’ils n’empiètent sur l’espace utilisable. Seul accès à l’Akasha, il s’agit aussi du principal moyen de ravitailler le vaisseau.

Le commandant Feyn s’adresse à la dame : « Bonjour, je suis le commandant Feyn. Je suppose que vous préférerez discuter à bord ?

– Bonjour, je suis Tsadir, des Solar Wardner. Et effectivement, je serais plus rassurée à bord, confirme-t-elle.

– Suivez-moi. », l’invite le raton laveur. Amorçant à nouveau le cycle du sas, il reprend : « Bienvenue à bord de l’Akasha.

– Merci commandant, lui-répond-elle. Je ne m’attendais pas à ce que vous correspondiez à votre avatar.

– Haha, éclate le raton laveur. Ce n’est pas grave, croyez-moi, j’aime beaucoup cette enveloppe.

– J’imagine, élude Tsadir.

– Qu’est-ce qui vous amène sur mon vaisseau ? demande le commandant.

– Je recherche un transport en fait. Pour Mercure, précise-t-elle.

– Par ici, nous serons mieux installés au mess. », remontant au hub central, ils empruntent la coursive de gauche, puis escaladant une échelle d’une simple poussée, ils parviennent dans une petite salle circulaire. S’asseyant gracieusement à une table, il invite la wardner à faire de même.

Il reprend alors : « Mercure hein ? Je suis curieux, pourquoi l’Akasha ?

– Vous êtes le seul à m’avoir répondu dès mon premier message, explique-t-elle.

– Le seul ? s’étonne Feyn.

– Oui, confirme-t-elle avec une pointe de sarcasme. Personne n’apprécie vraiment d’être dérangé, surtout par un Solar Wardner.

– Je comprends, déplore le raton laveur. Je suppose que si je demandais l’autorisation de vol à Suan, ils me poseraient suffisamment de questions pour me maintenir ici quelques jours.

– Ça n’a pas l’air de vous faire plaisir, fait-elle remarquer.

– Non, enrage Feyn. Je suis supposé être le commandant de ce vaisseau mais ma corporation me maintient à quai depuis plus de quatre mois.

– Je vois, compatit Tsadir. Je ne suis pas vraiment une spécialiste, quelles sont les missions habituelles de l’Akasha ?

– C’est une corvette de récupération et de sauvetage, explique Feyn. On opère dans le système de Saturne d’habitude, mais Suan m’a demandé de transporter un diplomate sur Mars.

– Un ferrailleur hein ? s’amuse la wardner.

– Si on veut, concède le raton laveur. Ce n’est pas vraiment la façon la plus glorieuse de désigner mon travail ceci dit.

– Je note que les missions de transport n’ont pas l’air d’être votre activité préférée, suppose-t-elle.

– Non, confirme Feyn, mais c’est mieux que de rester à quai pendant des mois.

– En combien de temps pouvez-vous être prêt pour partir ? relance Tsadir.

– Avec ou sans l’administratif ? demande Feyn dans un sursaut d’excitation.

– Sans, annonce-t-elle froidement. Ça, j’en fais mon affaire.

– J’ai déjà commencé les vérifications de pré-lancement par habitude, explique-t-il. Je peux d’ores et déjà travailler sur le plan de vol pour rallier Mercure. Je dirais deux heures grand maximum…

– Très bien, le coupe Tsadir, j’ai donc deux heures pour nous permettre de partir.

– Et une fois là-bas ? s’inquiète le raton laveur.

– On avisera : je tiens à garder ma venue discrète. », conclue la femme effectuant manifestement une recherche dans son espace virtuel.

« Je me mets dessus alors. Si vous me cherchez, je suis dans la passerelle, zone rouge. », indique Feyn en reprenant l’échelle vers le « haut ».

Bien que le commandant ne soit pas encore sûr de la finalité de tout ceci, la perspective de reprendre un vol lui apporte une grande satisfaction. Pour quelles raisons une Solar Wardner s’intéresserait-elle à Mercure ? Sol6 n’a jamais vraiment représenté le moindre danger. Quoi qu’il en soit, l’aventure s’annonce intéressante.

De retour sur la passerelle, il s’installe à son poste et déploie la carte de navigation. S’assurant que tous les référentiels sont à jour, il commence à effectuer les calculs. Avec la mise à jour de son système de propulsion, l’Akasha peut s’enorgueillir de disposer de presque deux-milles kilomètres par secondes de budget delta-v. Par précaution Feyn préfère conserver assez de masse de propulsion pour pouvoir faire l’aller et retour. Avec une accélération constante équivalente à la gravité de surface de Mars, il leur faudra trois jours pour joindre l’astre et il leur restera un budget confortable d’un peu plus du millier de kilomètres par seconde pour le retour.

Calculant les poussées et les orbites de transfert, Feyn est rejoint par la wardner qui s’installe sur le siège à côté de lui. Elle lui annonce : « C’est réglé. J’ai dû déranger l’amiral Tovian qui transmettra tout ça à Liandri, mais bon, je ne m’attendais pas à ce que Suan me prête ce vaisseau de bon cœur. »

Sur, son interface, une notification apparaît à Feyn : une demande de plan de vol émise par le contrôle spatial de Mars. « Eh bien ! On dirait vraiment qu’on va partir ! », se réjouit le commandant.

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