Chapitre 34

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Nanoki se crispa et défia Anaïs d’expliquer son idée qui devenait claire dans son esprit. Mais elle savait que c’était faux et elle pourrait facilement la contrer.

— D’après ma théorie, elle avait aussi remarqué que Noémie était seule et voulait la prendre pour cible, mais n’avait pas prévu la présence d’Eden. Elle a assommé Eden, sans chercher à le tuer. Avec le bruit, Noémie se serait rendu compte de quelque chose et aurait tenté de s’enfuir, donc Daphné l’a assommée. Puis, comme elle pensait que ça ne suffisait pas, ou bien pour brouiller les pistes, puis s’est enfoncé l’aiguille dans le poumons.

Nanoki serra les poings, prête à la contredire.

— Mais pourquoi s'infliger une mort aussi lente et douloureuse ? l’interrogea Eden.

— Soit elle regrettait et voulait souffrir, soit elle pensait comme toi, Eden, qu’une aiguille ne faisait pas trop de différence avec un couteau. Ou bien elle voulait tous nous emporter avec elle en créant cette énigme.

— C’est insensé ! vociféra Nanoki. Je ne sais pas pourquoi tu veux accuser Daphné au lieu d’Aaron, mais maintenant je suis sûre que c’est toi la coupable ! S’impliquer pour pas compter sur nous, tu t’es rendue compte toi même qu’on se débrouillait très bien sans toi ! Alors avoue ! C’est toi la coupable !

Anaïs croisa les bras, un sourire satisfait.

— Tu vois ce que tu fais ? La défendre comme ça. C’était ce que Daphné cherchait. Elle savait que tu avais trop confiance en elle pour la croire coupable et elle comptait sur toi.

— Elle compte sur moi pour rétablir la vérité ! Même si elle ne le montrait pas, je sais qu’elle tenait à moi aussi et elle ne voudrait pas que je meurs !

— Elle a p’t’être pas tort, tu sais…

— Toi ferme là !

Nanoki abattit ses poings sur la table. Elle essaya de reprendre une respiration normal pour être plus crédible aux yeux des autres. Mais elle fulminait de savoir qu’ils suspectait Daphné.

— Ça n’a juste aucun sens ! Pourquoi tous nous tuer, sachant qu’elle est déjà morte ? Tu ne peux pas avoir raison ! Le témoignage d’Eden est trop bancal, toi, trop bizarre et je ne suis pas convaincu pour Aaron ! Il y a trop de suspects pour s’attaquer aux morts !

Anaïs l’ignora et récupéra sa tablette, bientôt imitée par les autres.

— Attendez ! Si vous votez contre Daphné on meurt tous ! C’est ce que vous voulez ? Faites pas ça !

Mais tout le monde l’ignoraient, comme si elle n’était pas là. Elle s’empressa de récupérer sa tablette avoir l’espoir qu’ils avaient voté pour une autre personne. Cependant, ce ne fut pas le cas. Sept votes contre Daphné. Peu importe qui elle choisirait, c’était trop tard. Elle vota tout de même contre Eden, afin de montrer son soutien envers Daphné.

Elle baissa la main pour ne pas voir les résultats. Ils allaient tous mourir pour s’être trompée, elle le savait déjà.

La lueur verte intrigua tout de même Nanoki. C’était juste. Daphné était bien la coupable.

Nanoki laissa sa tablette tomber. C’était impossible… Elle voulut le crier, frapper ce qui l’entourait. Seulement, elle demeurait immobile.

— Vu que Daphné est la coupable et qu’il n’y aura pas d’exécution… vous allez pas choisir l’un d’entre nous au hasard ? s’enquit Soen.

— Mais non ! Les exécutions ne marchent pas comme ça ! Vous imaginez le bazar que ce serait ? Non. Cela dit, tu as raison sur le fait que cette fois-ci sera assez particulier. Vous savez, Daphné est le type de personne à s'inquiéter de ce qu’on fera de son corps une fois morte. Elle ne voit aucune autre option qu’un enterrement. Donc, nous avons préparé quelques chose de spécial…

Il claqua des doigts et le même robots de l’exécution de Kaïs pénétra dans la salle, une grande assiette recouverte d’une cloche en main. Il la déposa au milieu de la table, souleva le couvercle, s’en alla.

L’assiette contenait de la viande. Nanoki n’eut pas besoin d’en savoir plus pour comprendre. Cette viande… c’était Daphné. Elle eut envie de vomir.

— Vous allez pas nous demander de…

— Et si, mon petit Eden. Enfin, nous allez te demander de manger toute cette assiette.

Eden leva de grands yeux vers Shiro.

— Et oui, après tout, même si tu t’es ravisé, tu était à ça de tuer Noémie.

— M-mais… je ne l’ai pas fait… alors pourquoi ?

— On vient de dire que cette exécution est particulière ! Le perpétrateur est mort, tu as essayé de tuer une des victimes, donc tu manges la coupable ! Question de logique ! On ne peut pas punir tout le monde alors qu’ils n’ont rien fait ! Tu as le choix Eden. Soit tu la mange par toi même, soit on t’y force.

Ce dernier déglutit et tendit une main tremblante vers l’assiette pour la rapprocher. Il la fixa un moment, blême, avant de se tourner vers Shiro.

— Est-ce que… je peux avoir des couverts ?

Shiro roula des yeux, mais claqua à nouveau des doigts. La seconde d’après, le même robot revint avec une fourchette et un couteau. Eden les prit, non sans manquer de les faire tomber. Il prit une grande inspiration, puis découpa la viande.

Nanoki n’osait pas bouger un doigt pendant cette punition. Elle ne pouvait que fixer Eden découper la viande, le corps de Daphné, la porter à sa bouche, la mâcher, puis l’avaler.

Elle était incapable de dire combien de temps cela avait duré. Cinq minutes ? Dix ? Une heure ?

Après avoir avalé la dernière bouchée, Eden laissa sa tête tomber sur la table, comme s’il venait de manger quelque chose de périmé ou moisit. Le pire dans tout cela, était que s’il n’était pas au courant, il aurait sûrement adoré.

— Bien ! Voilà une bonne chose de faite ! Et comme cette exécution est spécial, on va vous donner votre récompense tout de suite ! C’est super, pas vrai ? Aaron, en tant que leader, tu vas prendre la clé de nos chers défunts.

Shiro sauta sur ses pieds et tendit à Aaron la clé de Kaïs, Lou ainsi que celle de Timéo. Randy, lui, eut sa propre clé.

Quelques secondes après, ce fut comme si quelque chose se déverrouillait dans l’esprit de Nanoki. Elle était à nouveau capable de penser au karaté, de visualiser le moment où elle avait sauvé sa meilleure amie… Et même si elle se sentait à nouveau complète, elle eut un sentiment amère. Car Daphné était morte pour ça.

— Bien, allons-y ! lança Aaron.

Ce dernier partit devant et les autres le suivirent. Léo restait un peu en retrait, leur lançant des regards noirs.

Nanoki ne savait pas. Elle ne comprenait pas ses propres sentiments. Un mélange de déchirement et une sensation de revivre.

Lorsque les socles reprirent leur place, Randy et Aaron, s’en approchèrent.

— Une dague ? C’est quoi le rapport avec ma capacité ?

— T’avais pas dit que t’avais pas de capacité ? rappela Soen, un sourire malicieux aux lèvres.

— Ah, j’ai menti. Je vous l’ai pas dit ? Je suis fleuriste.

Soen croisa les bras, l’air déçu de ne pas voir plus de réaction de sa part.

— Le socle de Kaïs contient un poing américain et celui de Timéo est vide.

Le leader se dirigea ensuite vers le socle de Lou. Il sortit l’objet, l’air intrigué.

— Son journal intime.

— Il peut s’agir d’un faux, comme l’histoire de Gaël.

Shiro apparut derrière Léo et posa son bras sur son épaule, comme un accoudoir..

— Ce journal est totalement et parfaitement authentique ! Ce qui est dedans a été écrit par Lou en personne ! Avec Kuro, on a décidé de vous l’offrir comme étant votre récompense ultime pour vous féliciter d’avoir survécu jusqu’ici.

Il disparut aussitôt.

— Peut-être que Lou avait découvert quelque chose finalement ! s’exclama Jessica.

— Ce serait cohérent concernant leur récompense ultime, mais ne nous faisons pas trop d’espoir. Je doute qu’ils nous donnent des informations trop cruciales, fit Léo.

Ils hochèrent la tête et allèrent au réfectoire. Aaron s’assit à la grande table et les autres se mirent autour.

— Je vais vous le lire, annonça le leader.

Il se racla la gorge, puis ouvrit le journal. Nanoki pouvait apercevoir l’écriture soigné de Lou.

— “J’ai trouvé comment entrer dans le débarras. Je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi horrible. Il était rempli de poupées ensanglantées pendues. J’ai à peine fait attention à ce qu’il y avait d’autres, mais je crois qu’il y a des cordes, des punching ball, des ballons de divers sport, des carnets, des stylos… Ils ont prévu tout un stock pour qu’on ne s’ennuie pas. Merci de penser à nos activités. Je me serais bien passer des poupées par contre. Et du meurtre.

>> Je pourrais parler de cette pièce aux autres, mais je ne vais pas le faire. Personne ne voudrait voir cette horreur. De toute façon, il n’y a aucun indice pour sortir d’ici, ni trappe. Ce n’est donc pas une grande perte.

>> Sinon, j’ai déjà trouvé un suspect. Quelqu’un qui pourrait être l’instigateur. Timéo. Au début, je le suspectais sans raison particulière, je me fiais juste à mon instinct. Mais j’ai tout de même décidé de le suivre. L’instinct d’une chercheuse ne ment jamais. Et j’avais raison.>>

Aaron se stoppa quelques secondes, mais ne fit aucun commentaire.

— COntinue de lire, on en parlera après, lui ordonna Léo.

— << Hier soir, je l’ai trouvé dans la cour, cachée derrière un banc, se balançant d’avant en arrière. Il marmonnait des trucs, alors je me suis approché. Je ne sais pas si c’est lié à ma capacité ou si je suis très douée, mais je ne me suis jamais fait prendre en observation. Enfin, qui sait si l’instigateur ne m’a pas déjà remarqué. Après tout, j’écris tout ça dans un journal intime qu’il nous a donné. Mais je dois le faire, noter tout ce que je sais. Il pourra sans doute aider pour notre survie.

>> Mais revenons-en à Timéo. Ce qu’il disait ce soir-là, c’était “Je ne veux plus être l’instigateur. JE ne veux plus être l’instigateur…” en boucle. Il est l’instigateur. Mais surtout, il n’est pas seul.

>> Ma suspecte numéro deux est Anaïs. Pourquoi ? Parce que c’est son frère. Ils restent presque tout le temps ensemble (sauf ce soir là, c’est vrai que c’est plutôt étrange) ; ils dorment ensemble, ils mangent ensemble, ils vont sur le toit le soir pour regarder le ciel ensemble (même si Anaïs descend toujours avant pour prendre de l’eau pour la nuit) et je suis presque sûre qu’ils vont aux toilettes et à la douche ensemble. Je ne vérifierais pas les deux derniers.

>> C’est vrai qu’il pourrait s’agir d’une ruse de l’instigateur. Après tout, ils doivent nous observer en permanence, donc me laisser entendre Timéo dire qu’il est l’instigateur… En tant que chercheuse, ils veulent peut-être se débarrasser de moi avant que j’en sache trop en m’attirant. Peut-être que ce que je vais faire est complètement débile, mais je suis prête à prendre des risques. Je n’ai pas beaucoup de temps, le premier mobile a été donné. Je ne veux pas vivre ça, et je ne veux pas que les autres le vivent à cause de mon incompétence.

>> Malheureusement, je n’ai pas de preuve concrète pour accuser Anaïs, ni même Timéo. Si j’en parle aux autres, ce sera ma parole contre la leur. On ne se fait pas assez confiance pour qu’ils me croient.

>> J’ai énormément réfléchi et il ne me reste qu’une chose à faire : tuer TIméo quand il sera seul. Ensuite, je vais coincer Anaïs pendant l’enquête et prouver à tous que c’est l’instigateur. Quitte à être emporté avec elle. C’est le seul moyen de tout arrêter.

>> Il est hors de question de rester ici plus longtemps, et de toute façon, après mon meurtre, je ne sais pas si j’arriverai à vivre avec. Surtout que je suis persuadée que TIméo est forcé de suivre sa sœur. Mais ne t’inquiète pas, tu auras une mort rapide.

>> Tout le monde, j’espère que mon plan va marcher. Je garderai ce journal dans la poche de ma veste, alors si j’échoue et que je meurs, je vous le laisse pour témoigner à ma place. J’espère que même si je suis incapable de vous convaincre de mon vivant, je le ferai avec ma mort.>>

Aaron tourna les pages, jusqu’à la fin, mais c’était tout ce qu’il y avait. Tous s’assemblait dans la tête de Nanoki à propos du premier procès. Et surtout, la motivation de Lou. Cette dernière ne comptait pas s’enfuir, elle était même prête à y laisser la vie. Alors qu’elle ne les connaissait pas.

— Alors les instigateurs étaient parmi nous ? Timéo n’est peut-être pas vraiment mort dans ce cas. Après tout, on le voit à travers un écran, ça aurait pu être trafiqué ! s’exclama Jessica.

Alors qu’ils en parlaient, Nanoki balaya la pièce du regard. Anaïs n’était pas là.

— Je pense que tu as faux, Jessica, répliqua Soen.

Ce dernier s’était, les mains à plats sur la table, les yeux brillants comme s’il venait de se souvenir d’un élément important.

— Pendant le procès, TIméo et Anaïs mentaient. Je ne pouvais rien dire parce qu’ils avaient avoué et Aaron a pu prouvé qu’on peut pas utiliser sa capacité.

— Tu dis qu’on s’est trompé de coupable ? demanda Léo qui commençait à comprendre.

— Exactement. Anaïs a tué Lou et a demandé/ordonné/menacé Timéo pour qu’il se fasse passer pour le coupable et soit exécuté à sa place.

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