Chapitre 35

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Des applaudissements retentirent dans la pièce. Ils se tournèrent Anaïs qui venait de passer la porte, accompagnée de Shiro et Kuro.

— Bravo ! Bravo à tous ! Vous avez enfin compris !

Nanoki se mit en position, prête à la mettre à terre au moindre geste brusque. Mais Anaïs ne bougea pas, mains sur les hanches, un sourire aux lèvres.

— C’est vrai, je suis l’instigatrice et j’ai forcé mon frère à devenir mon partenaire afin de me servir d’alibi et de se sacrifier pour moi. Et il a bien fait son travail !

— Tu parles ! Dans tous les cas, il serait quand même mort ! s’écria Randy.

— Oh non non non ! Il n’est pas mort ! Enfin, vous allez bientôt comprendre.

Elle sortit une télécommande de sa poche et appuya sur un bouton.

— Un poison va être déversé dans votre corps. On se retrouve de l’autre côté !

Nanoki s’apprêtait à se jeter sur elle, mais elle n’eut pas le temps de faire le moindre mouvement. Elle se plia en deux, sous la douleur. C’était comme si on lui arrachait tout ses membres. Elle voulut crier, mais elle n’y parvint pas, le souffle coupé.

Plus rien n’existait autour d’elle. La seule chose qui lui parvint était le rire d’Anaïs.

Nanoki ouvrit les yeux. L'obscurité régnait autour d’elle. Pas un filet de lumière. Elle essayait de bouger sans succès. Ses poignets et ses chevilles étaient attachés à une chaise, mais elle le sentait à peine tant son corps était engourdi.

La lumière l’aveugla, la forçant à fermer les yeux. Il lui fallut du temps pour s’habituer à cette lueur pourtant faible. Elle avait l’impression d’avoir passé l’éternité plongée dans le noir.

Les autres participants de cette tuerie étaient présents, dans le même état qu’elle. Leur chaise formaient un cercle. Mais surtout, Daphné était en vie. Daphné ? Elle se souvenait maintenant, elle se souvenait de tout ce qui s’était passé avant cette tuerie.

Daphné était sa meilleure amie. Celle qu’elle avait sauvée. Celle pour qui elle avait appris le karaté. Celle pour qui elle avait tué.

— J’annonce, mes amis, les gagnants de cette tuerie sont Aaron, Eden, Jessica, Léo, Nanoki, et Soen ! La moitié d’entre vous ont réussi ! Félicitations ! Je suis tellement fière de vous…

Un sourire sincère orna son visage alors qu’elle applaudissait. Elle perdit son sourire en se tournant vers les autres et afficha un air triste. Sincèrement triste.

— Désolée pour les autres, mais ceux qui ont tué ou ont été tués ont perdu. Quelle tristesse, moi qui avait confiance en vous… Mais il semblerait que vous ne soyez pas apte à rejoindre un monde parfait. Et oui, je sais que pour les petits nouveaux qui viennent de rejoindre le monde réel, ça doit vous faire bizarre de récupérer vos souvenirs. Les souvenirs d’une vie de criminel.

Les souvenirs étaient tellement clairs que Nanoki se demandait comment elle avait pu les lui faire oublier.

Je suis une criminelle… Mon premier meurtre a été celui des harceleurs de Daphné qui comptait rompre leur promesse. Mais tuer de sang froid n’était pas aussi facile et j’ai eu des genres de syndrome post traumatique qui m’ont rendu somnambule. Et j’ai commencé à tuer dans mon sommeil jusqu’à me faire arrêter. Les médecins m’ont drogué aux somnifères et j’ai failli y passer. Surtout quand Daphné est arrivée en prison.

Je me suis liée d’amitié avec toutes les personnes ici. Même Anaïs. Elle nous parlait toujours de son monde idéal. Un monde sans criminel. Et elle nous pensait assez pur pour y faire parti, alors elle nous a aidé à nous évader et nous a emmené ici… Mais si j’avais su qu’on finirait enfermé dans un bunker à devoir nous entretuer… je serais restée en prison. Ce n’était pas si mal finalement.

— Mais même si je vous trouvez trop pur pour la prison, il fallait bien que je vous teste pour m’assurer que vous puissiez vivre dans mon utopie.

— Tu n’es qu’une garce ! vociféra Jessica.

— Quelle mauvaise fois ! Je ne vous ai jamais forcé à rien ! Les mobiles servaient de tentation parce qu’on ne peut pas tester la pureté sans tentation. Et si vous aviez fait attention à ce que disait Kuro, vous auriez compris que tuer n'était pas la solution. Je comptais vous garder dans la simulation pendant un temps précis, car il s’agit du temps que j’ai passé en prison. Et comme ce temps est écoulé, je vous ai libéré ! Vous auriez tous pu survivre si vous aviez résisté.

— Ce n’est pas de la tentation ! Tu nous as poussé à bout ! C’était de la torture mental !

Intéressée, Anaïs s’approcha de Noémie qui exprimait un nouveau sentiment ; de la haine. La mangaka souleva son menton de son index et sourit.

— Et bien, je dois avouer ressentir une certaine fierté de t’avoir fait perdre ton sang froid, Miss Sans Expression. Mais pour répondre à ta question, mon but n’était pas de vous faciliter la tâche. Comment veux-tu tester la gourmandise d’un enfant en ne lui donnant que deux ou trois bonbons ?

Anaïs s’éloigna de la rousse pour rejoindre le centre. Elle se racla la gorge.

— Bien les amis ! Il est temps de passer à l’exécution finale !

— Quoi ? Célia ne comprend pas et ne veut pas !

— Ma chère petite Célia. Lorsqu’un enfant se comporte bien et a de bonnes notes à l’école, tu lui donne un jouet, un repas spécial pour le récompenser. Mais quand il fait une bêtise, il finit au coin. Les survivants sont récompensés, et les morts sont punis.

— Mais ça n’a aucun sens de punir quelqu’un parce qu’il s’est fait tuer ! s’écria Gaël.

Anaïs croisa les bras et fit mine de réfléchir.

— Ecoute mon petit Gaël, peut-être que ça peut paraître injuste, mais le fait est que comme vous êtes morts, je n’ai pas pu vous tester jusqu’au bout. Tu imagines le temps que ça me prendrait si je devais recommencer la tuerie à chaque fois pour tester ceux qui se sont fait tuer ? Oh non non non ! Je n’ai pas le temps pour ça ! Je te rappelle que je dois tester toute la population et que rien que pour ça, il me faudra plusieurs vies !

Elle sortit une télécommande de sa poche et se tourna vers Lou. Son sourire s’agrandit alors que la chercheuse la dévisageait avec toute la haine du monde. La mangaka appuya sur un bouton.

Des lames sortirent de son bracelet, ce qui la fit crier de surprise et de douleur.

Nanoki comprit à cet instant que le bracelet n’était pas placé au poignet pour rien. Tout était calculé pour ce moment, afin que les lames leur tranchent les veines.

Anaïs s’approcha ensuite de Timéo.

— Tu n’as pas le droit de faire ça ! Je suis innocent du début à la fin ! J’ai été accusé pour la mort de nos parents alors que c’était un accident ! Je t’ai soutenu dans ton projet ! Je ne voulais pas que Lou meurs, je ne suis pas responsable ! J’ai subi l’exécution à ta place ! J’ai souffert… tellement souffert…

Elle lui sourit tendrement et posa sa main sur sa joue afin d’essuyer les larmes qui coulaient. Elle lui embrassa le front avec tout l’amour que peut offrir une sœur à son frère.

Puis elle lui planta un couteau dans le ventre.

— Je t’aime sincèrement, n’en doute pas et ne l’oublie pas. Je te suis extrêmement reconnaissante pour toute l’aide que tu m’as offerte. Mais tu es trop pur pour ce monde. Laisse-moi l’arranger. Peu importe le temps que ça me prendra, je te promets qu’un jour, nous vivrons heureux dans un monde parfait où le malheur n’est qu’une légende pour faire peur aux enfants.

Elle lui sourit une dernière fois, puis s’éloigna.

Tour à tour, elle trancha les veines de chaque perdant. Ignorant les supplications de Clarisse, les injures de Kaïs, ou encore les larmes de Daphné et de Noémie. Elle ne fit aucune exception.

Nanoki pensait ressentir quelque chose face à la mort de Daphné. Voir son monde s’écrouler à nouveau. Mais rien. Un vide s’était formé dans son cœur.

Anaïs récupéra une pince sur une table basse, puis s’approcha d’Eden.

— Qu’est-ce que tu fais ? Je n’ai tué personne !

— Oui, mais tu as essayé et ça, ce n’est pas bien. Je ne peux pas laisser ça impuni, sinon tu vas penser que ce n’est pas si grave si tu as juste essayé.

— Non ! J’ai retenu la leçon ! Je le jure !

Anaïs l’ignora et saisit sa main. Elle cala la pince en dessous et au-dessus de l’ongle de son pouce, puis l’arracha d’un coup sec. Eden hurla de douleur d’une voix tremblante alors que des larmes ruisselaient le long de ses joues.

— Arrête ! C’est bon, il a compris ! Noémie ne s’en est même pas rendu compte en plus !

Anaïs sourit aux paroles de Soen mais ne se stoppa pas. Un à un, les ongles tombèrent au sol sous les cris de douleur d’Eden.

Ahh.. .Faites le taire…

— Je… j’ai mentis toute ma vie ! J’ai manipulé des gens pour les tuer ! C’est plus grave que ça non ?

C’est vrai, je m’en souviens… Ils étaient déjà là quand je suis arrivée en prison et ils étaient en couple. Quelle merde…

Soen continuait d’essayer de la convaincre, sans succès. Finalement, alors qu’il ne restait que deux ongles, elle s’éloigna du couturier, un grand sourire aux lèvres.

— Soen, vraiment, je suis impressionnée ! Je ne te savais pas si pur, je suis toute émue ! Tu sais quoi ? J’accepte de m’arrêter là ! Mais tu n’as pas intérêt à me décevoir Soen. Ni toi, Eden.

Ce dernier hocha la tête avant de s’évanouir. Soen poussa un soupir de soulagement.

En chantonnant, Anaïs récupéra une trousse de soin pour soigner et bander les doigts d’Eden.

Nanoki se détacha d’eux, heureuse que le couturier ne fît plus de bruit. Elle dirigea son regard sur le cadavre de Daphné, à la recherche d’une émotion. Elle abandonna rapidement pour satisfaire sa curiosité qui demeurait et observa les autres survivants.

Aaron et Randy sanglotaient en silence, les yeux fermés et tête baissée. Léo fixait le sol, mélancolique. Jessica suivait Anaïs du regard, empli de haine.

Rien d’intéressant. Alors elle se tourna vers Anaïs.

— Alors, que vas-tu faire de nous ?

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