Chapitre 33

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Le sang de Nanoki se glaça et elle se précipita vers la source du bruit. A quelques mètres du réfectoire, elle trouva Jessica qui pointait la cour du doigt, alors que les autres s’en approchaient.

Allongés, à même le sol, inertes, Noémie ainsi qu’Eden.

— Eden !

Soen se précipita près du bleu. Il s’apprêtait à le tourner pour le mettre sur le ventre.

— Ne le touche pas ! vociféra Anaïs.

Ce dernier sursauta sous le ton de la jeune femme qui sortit sa tablette. Anaïs saisit SOen par sa veste et le fit reculer pour prendre une photo du corps d’Eden sous plusieurs angles tout en débitant :

— On est sur une scène de crime. Avant de toucher à quoi que ce soit, on doit prendre des photos. C’est bon, tu peux y aller, maintenant.

Il grogna mais ne répliqua pas. A la place, il s’approcha d’Eden et le prit dans ses bras. Du sang séché colorait son front.

Soen ouvrit de grands yeux et plaça son index et son majeur sur une de ses carotides.

— Il est vivant…

Nanoki s’approcha pour commencer l’enquête. Mais elle vit un nouveau corps qui la figea. Celui de Daphné. A cet instant, ce fut comme si tout son monde s’effondrait. Elle n’avait pas eu l’impression d’être vraiment proche de Daphné, mais…

Elle serra les poings à s’en blanchir les phalanges. Elle jurait de la venger. Elle jurait de trouver le coupable et de le faire exécuter. Peu importe la raison de ce sentiment.

Alors Nanoki releva la tête, déterminée plus que jamais à résoudre cette enquête.

L’aiguille qui venait du kit de couture d’Eden était à quelques centimètres de Daphné. L’oreiller de la rêveuse jonchait près du cadavre de Noémie.

Nanoki tourna la tête vers Eden. Ses traits se crispèrent, puis il ouvrit les yeux. Il se redressa, aidé par Soen. Eden porta sa main à sa tête, comme si elle menaçait d’exploser.

Il finit par remarquer les deux cadavres. Il ouvrit de grands yeux et tenta de reculer.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? s’enquit Nanoki.

— Je… je ne sais pas… je me souviens… avoir reçu un coup à la tête… et puis, le noir complet.

— Le brusque pas comme ça, Nanoki. Viens, on va te nettoyer le visage.

Soen passa le bras du blessé par dessus ses épaules et posa une main sur sa taille. Eden s’accrocha à lui comme si sa vie en dépendait. Ils commencèrent à s’éloigner vers le réfectoire, alors que Kuro et Shiro apparurent.

— On sait, le dossier a été mis à jour, vous pouvez vous casser, persifla Anaïs.

— Oh, tu nous en veux toujours pour ton frère ? Pauvre petite…

Shiro éclata de rire, puis les robots disparurent avant de laisser le temps à Anaïs de répliquer.

Nanoki récupéra le dossier. Elle se fit la réflexion un instant qu’Anaïs était plus impliquée. Elle aimerait se dire que c’était car elle voulait survivre au procès pour retrouver sa capacité, mais la dernière fois qu’elle avait voulu justifier cela, il s’agissait du coupable.

Nanoki la garderait à l'œil.

“Noms des victimes : Noémie, Daphné, Eden

Cause de la mort de Noémie : Hémorragie cérébrale

Cause de la mort de Daphné : Hémorragie interne suite à une perforation du poumon

Eden a reçu un coup à la tête

Noémie s’est fait perforé le coeur.”

— C’est étrange… Daphné fait poignarder mais elle n’a pas essayé de ramper pour trouver de l’aide, souleva Anaïs.

— Vu la distance entre la cour et les chambres, si j’étais en train de me vider de mon sang, je crois que je n’aurais pas le courage… fit Jessica.

— Elle était peut-être évanouit… proposa Aaron.

— On y réfléchira pendant le procés. On a pas beaucoup de temps pendant l’enquête, donc dépêchons nous, lança Nanoki.

Elle prenait des photos de Noémie et du cousin, laissant Daphné aux autres. Elle savait qu’elle n’y arriverait pas.

Peu de temps après, Soen et Eden revinrent. Le blessé avait meilleure mine ; il se servait de son ami comme d’un appui, sans s’y agripper.

— Tu t’souviens de plus de détails ? le questionna Randy.

— Je vais vous dire tout ce que je sais. Hier, après l’horaire de nuit, j’arrivais pas à dormir, donc je suis sorti pour marcher et essayer de me calmer. Mais quand j’ai vu Noémie assise toute seule sur un banc… j’ai craqué. C’était le moment parfait et la cible parfaite… Donc je suis allé récupérer l’aiguille dans le kit de couture. Je voulais lui offrir une mort rapide, sans trop de douleur.

Il fit une pause pour reprendre sa respiration. Anaïs allait faire une remarque, mais Soen la stoppa du regard.

— Mais au dernier moment, je me suis ravisé. J’y arrivais juste pas, j’étais complètement paralysé et je détestais la sensation de mon cœur qui battait ultra vite. Puis j’ai reçu un coup à la tête. Avant de m’évanouir, j’ai cru entendre quelqu’un tomber, mais pour le coup, je suis pas sûr.

Il baissa la tête.

— Qu’est-ce qui nous prouve que tu dis la vérité ? Que tu es innocent ? l’interrogea Anaïs.

— Je ne sais pas s’il y a des preuves. En attendant, je suppose que c’est ma parole contre la vôtre.

— Le dossier confirme qu’il est inconscient, fit remarqué Aaron.

— Le dossier ne dit pas qu’il a été inconscient mais qu’il a reçu un coup à la tête. Et il aurait pu s’évanouir après les avoir tué, souleva Nanoki.

— Coupable ! s’écria Léo.

Soen serra les poings et leur jeta un regard noir qui signifiait qu’il les aurait frappé s’il ne tenait pas Eden.

— Ça n’a aucun sens ! Comment t’expliques son coup à la tête alors ? En plus il aurait pas avoué s’il était coupable !

— Innocent !

— Tu connais la psychologie inversée ? Et pour sa blessure, rien ne dit qu’il ne se l’ai pas infligé, informa Anaïs.

— Coupable ?

— Ferme la, Léo, grogna Randy. Et vous tous d’ailleurs. On débattra pendant le procès.

Mais au moment où Randy prononça ces mots, la voix de Shiro émana de leur bracelet pour annoncer la fin de l’enquête. Nanoki jura et frappa le vide. Elle espérait qu’ils avaient assez de preuves pour trouver le coupable.

— Tu sais qui est suspect aussi ? questionna Nanoki. Toi, Anaïs. Vous trouvez pas ça bizarre qu’après n’avoir jamais participé aux procès, elle devient soudainement active ?

— Tu crois vraiment que j’ai le choix ? Je me suis rendu compte à quel point c’était stupide de ne pas m’impliquer et de trop avoir confiance en vous quand j’ai vu que Léo était devenu complétement stupide ! Aaron n’oserait même pas nous couper si on parle, même s’il connait le nom du coupable. Randy est complétement con, Jessica, tu n’as jamais été utile. Et toi Nanoki lance des théories dans le tas pour que les autres débattent sans intervenir pour que les autres réfléchissent à ta place !

Anaïs s’apprêtait à rajouter quelque chose, mais elle partit devant eux pour aller aux socles.

Nanoki restait bouche bée devant ses paroles. Alors c’était ainsi qu’elle percevait sa façon de faire ?

Elle peut bien parler… moi au moins, j’essayais de faire avancer le procès ! Alors qu’elle ? Rien ! Et son argument de compter que sur elle… Elle croit vraiment que je vais y croire ?

— Finalement, je préférais quand elle la fermais… commenta Randy.

— On devrait y aller, non ? demanda Jessica.

Nanoki hocha la tête et imita Anaïs, suivit des autres.

Dans la salle des procès, de nouveaux cadre avaient été ajoutés. Celui de Kaïs, celui de Noémie, ainsi que celui de Daphné.

Nanoki fixa le cadre de Daphné quelques secondes avant de prendre place. Mais cette fois-ci, cette dernière rompit vite le silence.

— Les plus suspects sont Eden et Anaïs.

— J’sais pas… p’t’être que quelqu’un a vu Eden et l’a assommé pour l’empêcher de tuer Noémie, sauf qu’il pensait qu’Eden était mort, a paniqué, et a tué Noémie pour pas qu’il y ait de témoins et… Ouais mais ça explique pas la mort de Daphné…

— C’est une théorie intéressante, constata Anaïs avec de grands yeux. Mais c’est sûr qu’en se fiant au témoignage d’Eden, ce n’est pas évident d’expliquer ce que fait Daphné dans l’histoire.

Ce qui était étrange, c’était le fait que Daphné fut sortit durant la période de nuit. Cette dernière aurait refusé si Nanoki lui aurait proposé de passer la nuit ensemble, donc pourquoi prendre autant de risques ? En temps normal, elle aurait pu faire un rêve étrange et elle serait allé dans la cour… mais elle ne pouvait plus rêver…

— Daphné a vu le coupable, donc il a tué et a surveillé qu’elle ne bouge pas ! Je suis un génie ! lança Léo.

— C’est impossible, si Daphné l’avait vu, elle ne serait pas dans la cour, répliqua Nanoki.

— Peut être qu’il l’a porté dans la cour pour la tué dedans ? Le coupable devait se douter qu’Eden dirait ce qu’il savait, et voulait rendre son témoignage incohérent, proposa Jessica.

— C’est… un bon raisonnement… Daphné n’était pas très forte, donc… c’est possible…

Anaïs baissa la tête et réfléchit.

— Même en étant faible, elle a dut se débattre et crier, non ? Même si le coupable lui couvrait la bouche, il faut être assez fort pour la traîner, fit remarquer Randy.

— Les personnes les plus fortes ici sont, Nanoki, Randy et Aaron. Léo aurait pu le faire, mais avec sa stupidité, on peut l’éliminer, supposa Anaïs.

— Randy et moi avons un alibi commun. On ne voulait pas rester seuls, donc on a passer la nuit ensemble.

— Et vous ne vous êtes jamais séparé ? demanda Aaron d’une petite voix.

Nanoki secoua la tête.

— Uniquement quelques minutes avant l’annonce.

— Je peux vous assurer qu’il faisait nuit quand je me suis fait frapper.

Ils se tournèrent vers Aaron qui bougea les bras dans tout les sens.

— J-j’ai rien fait ! Je n’ai pas tant de force que ça, vous savez ?

— C’est vrai que même si je n’aurais pas trop de doute d’habitude, je ne sais pas s’il aurait pu faire ça dans son état. A mon avis, Daphné aurait juste eu à lui ordonner de la lâcher pour qu’il obéisse, supposa Jessica.

— C-c’est pas vrai ! Enfin, je veux dire…

— Donc tu avoues ? C’est toi qui les as tué ? s’enquit Nanoki.

Aaron ouvrit de grands yeux et se mit à bégayer des mots incompréhensibles. Nanoki essaya de le provoquer en sortant sa tablette.

— Alors on peut voter, qu’est-ce que t’en pense, Aaron ?

— N-non ! A-attendez ! C’est pas… c’est pas ce que vous croyez ! Je vous jure que je suis innocent !

— T’as un alibi ? l’interrogea Randy.

— N-non…

— Alors tu es coupable ! s’exclama Léo.

Anaïs se leva de sa chaise qui racla avant de tomber à la renverse. Elle dévisageait Aaron qui se ratatina. Puis, elle se jeta sur lui, poing levé. Il hurla de surprise, tenta de se lever, trébucha, chuta, se couvrit le visage de ses mains tremblantes.

Nanoki sauta sur ses pieds, papillonnant des yeux.

Mais qu’est-ce qu’il lui prend ?

Anaïs ne l’avait pas frappé. Elle restait accroupi au dessus de lui, le poing à quelques centimètres de son visage blême. Elle demeura ainsi plusieurs minutes durant lesquelles les autres ne savaient pas s’ils devaient réagir, et surtout, à quoi pensait Anaïs.

Finalement, cette dernière se releva et retourna s’asseoir. Aaron resta au sol un moment, sans oser bouger, puis l’imita, sans croiser le regard d’aucun d’entre eux.

— Qu’est-ce que c’était que ça ? lâcha Nanoki.

— Je ne pense pas qu’il soit coupable. Il n’aurait jamais tenu Daphné plus de cinq secondes.

— Alors qui d’autres ? demanda Jessica.

Ils plongèrent dans leur pensées alors que des doute demeuraient quant à la culpabilité d’Aaron. Pourtant, Nanoki comprenait le raisonnement d’Anaïs. Daphné n’était peut être pas très forte, elle aurait pu effrayer Aaron sans trop d’effort. Ce dernier n’avait pas esquissé le moindre mouvement pendant ces longues minutes. Et sa peur était trop réelle pour être joué.

Finalement, peut-être qu’Eden est vraiment le coupable et a menti sur son témoignage. ça explique pourquoi l’apparition de Daphné ne colle pas tellement, il voulait nous voir galérer. Mais en même temps, ça ramène les soupçons vers lui… il avait eu le temps de réfléchir à une excuse quand Soen s’occupait de lui… Et s’il était complice justement ? Il le défend de… Non, il ne peut pas mentir, c’est vrai. La première partie est plus logique.

Elle s’apprêtait à énoncer sa théorie, mais Anaïs fut plus rapide.

— J’ai une hypothèse. Mais ça ne va pas te plaire, Nanoki.
Cette dernière haussa un sourcil, dans l’attente de la suite.

— Je pensais à un meurtre suicide.

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