Chapitre 30

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— La seule chose de vrai dans ce que tu dis est le fait que tu l’aimes.

— Tu mens ! Je n’ai rien fait ! Je suis innocent ! Je l’aime ! C’est le seul en qui j’ai confiance, vous avez pas le droit de m’accuser !

Sa défense fut vaine. Ils avaient compris et ils étaient prêts à voter.

Kaïs sauta sur ses pieds et abattit ses poings sur la table.

— Vous faites erreur ! On va tous mourir si vous votez contre moi !

Ils l’ignorèrent, récupérèrent leur tablette et appuyèrent sur le visage du mannequin. Excepté lui, qui inculpa Nanoki. Ce qui était inutile.

Le résultat confirma que c’était bien lui le coupable. Ce dernier ouvrit de grands yeux et se laissa tomber sur sa chaise. Il fixa la table alors que des larmes ruisselaient sur ses joues.

— Pourquoi tu l’as tué ? demanda Soen, le visage plus sérieux que jamais. Tu ne mens pas quand tu dis que tu l’aimes. Alors pourquoi ?

— Je n’avais pas le choix ! Il comptait profiter de mon amour pour me tuer !

— Ah, c’est si ça alors ! s’exclama Soen.

Ce dernier éclata de rire, ignorant les regards noirs que lui lançait Daphné et Randy.

— Je t’ordonne de nous donner tous les détails !

Avant leur soirée, Gaël était parti dans sa chambre pour se doucher. Kaïs devait l’attendre devant la porte, mais cette dernière était entrouverte. Il la poussa, entra, la referma derrière lui, sans faire de bruit pour ne pas faire peur au photographe.

Kaïs chercha la clé pour s’assurer que personne ne l’avait volé. Il la trouva sans mal sur le bureau et fut soulagé. Et juste à côté, le journal intime de Gaël était ouvert.

Le mannequin aurait détourné le regard si trois petits mots marqués en rouge ne l’interpellaient pas. Il jeta un coup d’oeil à la porte d’entrée, ainsi que celle de la salle de bain, avant de lire.

“Plan de meurtre

Note à moi-même : ne pas laisser traîner ce journal au cas où quelqu’un rentrerait dans ma chambre d’une façon ou d’une autre.

J’en ai marre de cette prison, marre de côtoyer les mêmes personnes, marre de ne plus voir ma famille, marre de voir le sang couler, marre de tout. Alors, même si je n’en ai pas envie, je vais me salir les mains.

Je vais tuer Kaïs Achour en l’étranglant.

J’aurais préféré une mort plus rapide, mais je ne sais pas quoi faire d’autre. Je ne veux pas utiliser de couteau ; ce serait trop dur à cacher à Kaïs et les autres comprendraient trop facilement. Je regrette déjà d’avoir parlé à Nanoki de la soirée, mais à ce moment là, je ne savais pas encore que j’allais le faire.

Mais je pense pouvoir arranger ça. Après mon crime, je vais me réfugier chez Nanoki en prétendant qu’il a tenté de me tuer, je sais qu’elle me protégera. Elle sera l’alibi parfait.

Je sais que c’est stupide d’écrire mon plan dans un journal donné par Kuro et Shiro. Peut-être que dans le fond, j’espère que quelqu’un m’arrêtera. Mais ce ne sera pas le cas.

Je dois retrouver ma famille et mes amis. Et je suis prêt à tout pour ça.”

Au moment où Kaïs acheva son récit, Shiro éclata de rire.

— Je savais que ça marcherait avec toi, mon petit Kaïs. Mais en vérité, Gaël n’as pas du tout écrit ça ! On ne sait pas s’il avait prévu de tuer quelqu’un, on ne lit pas dans les pensées, mais c’est moi qui ai écrit dans son journal intime et entrouvert la porte. J’ai voulut pimenter les choses avec un mobile personnel.

En un sens, savoir que le photographe ne comptait pas le tuer la rassurait. En même temps, cela voulait dire que Kaïs l’avait réellement tué pour rien.

— Maintenant que tu connais la vérité, tu regrettes ? le questionna Jessica.

— Bien sûr que je regrette… je regrette de ne pas avoir été plus convaincant pendant le procès ! Parce que si Gaël m’aime autant qu’il le prétend, il préférerait me voir libre plutôt qu’exécuté.

Nanoki ressentait du dégoût envers Kaïs. Il se servait vraiment de l’amour que lui portait le photographe pour arriver à ses fins. Elle était persuadée que le mannequin n’aurait pas eu besoin de ce mobile pour tuer Gaël.

Il l’avait tué parce qu’il l’aimait et que Gaël se devait de se sacrifier pour sa liberté. La karatéka savait que c’était ce que pensait Kaïs. Qu’il devait se dire que même mort, le photographe lui offrirait une genre de protection divine.

Ses lèvres s’étirèrent en un sourire satisfait lorsqu’un trou emporta Kaïs. L’écran apparut alors. Le mannequin était attaché sur lit d’hôpital par des chaînes, les yeux bandés.

Un robot humanoïde dont le côté droit ressemblait à Shiro et le côté gauche à Kuro s’approche du perpétrateur, des seringues dans les mains. Le bruit de ses pas résonnait dans la pièce.

De la sueur ruisselait sur la peau de Kaïs alors qu’il tremblait. Le robot se lécha les lèvres. Ce dernier se stoppa, une commode sortit du sol et il put poser les seringues dessus.

Un grand sourire orna ses lèvres et il enfonça les seringues dans le corps de sa victime qui gémit de surprise, mais surtout de douleur. Rapidement, il commença à convulser et à lâcher des cris de douleur.

Mais loin d’achever ses souffrances, le robot ralentit le rythme et la violence avec laquelle il plantait les seringues telle des lames ne faisait que s'accroître.

Du sang coula de la bouche et des yeux de Kaïs, imbibant le bandeau. Ce liquide rouge coulait aussi de différentes parties de son corps meurtri à cause de la brutalité des injections.

A cet instant, il cessa de crier. Sa bouche était ouverte à en déchirer sa mâchoire, mais aucun son ne sortit.

Tout prit fin. Kaïs ne convulsa plus. Son visage restait figé dans cette expression de douleur. On pourrait presque croire qu’il était toujours en vie, surtout que le robot continuait de planter des seringues dans sa peau. Puis, lui aussi s’arrêta, perplexe, comme un enfant qui essaie de comprendre pourquoi son jouet ne fonctionnait plus.

L’écran disparut dans le mur.

Les jambes de Nanoki lâchèrent, mais elle sentit à peine le sol. Son corps fut pris de spasme, et alors que les autres lui demandaient si elle allait bien, elle explosa d’un rire incontrôlé.

Au milieu de l’après midi, Nanoki se réveilla. Elle avait toujours mal à la gorge et de légères crampes d’estomac s’entêtaient après avoir autant rit. Elle avait l’impression que cela avait duré plusieurs heures.

Elle prit une douche, puis alla au réfectoire qui était presque vide. Randy s’approcha d’elle, mais s’arrêta à un mètre, l’air hésitant.

— Est-ce que tu vas bien ? Je comptais venir te parler ce matin, mais… pour être honnête, tu faisais vraiment flipper.

— Je ne sais pas ce qui s’est passé…

— Bon, t’as l’air normal, donc… tranquille.

Il rit nerveusement et s’installa en face d’elle, un sourire forcé.

— Je faisais peur à ce point pour que tu face cette tête de constipé ? Je force pas à rester, si t’es pas à l’aise, tu peux partir…

— J’ai pas peur ! C’est juste que c’était super bizarre…

— Je suis en train de devenir folle…

— Ça j’avais remarqué !

Nanoki dévisagea Randy, les yeux plissés.

— Ouais, je t’aide pas là…

— J’ai faim, tu sais s’il reste de la pizza.

— Ouais… mais t’es sérieuse, là ? Tu sais que c’était pas un rêve ce qui s’est passé ce matin ?

— POurquoi je penserais ça ? Et qu’est-ce qui est étonnant dans le fait que j’ai faim ? J’ai presque rien mangé depuis qu’on est là… Attends moi deux minutes, je vais prendre un morceau.

Elle s'éclipsa pour sse réchauffer une part avant de revenir. Randy se triturait les doigts.

— Hé… est-ce que tu t’es déjà habituée aux morts et aux exécutions ? Parce que t’es tellement calme… C’est assez perturbant à voir.

Nanoki prit une bouchée, le temps de réfléchir à sa réponse. Elle ? S’y habituer ?

— Je ne sais pas… quand je repense à leur violence… j’ai envie de frapper, de vomir, de pleurer, de les venger… de plein de choses… Mais les morts en eux même. Je ne dirais pas que je m’en fiche, mais ce que j’ai l’impression de ressentir de moins en moins de choses vis à vis d’eux. Est-ce que je suis en train de devenir comme eux ? Comme Kuro et Shiro ?

— Je pense que t’a pas à t’inquiéter pour les bourreaux. T’es loin d’être comme eux. On dit que l’être humain est capable de s’habituer à tout, non ? Je suis peut-être pas aussi tranquille que toi, mais je me sens moins mal à l’idée que des gens puissent mourir. Puis bon, c’est pas comme si on était pote.

Le reste de la journée se passa sans encombre. Le réfectoire se remplissait peu à peu et Nanoki en profita pour dormir. Randy la réveilla quelques minutes avant l’horaire de nuit.

Ils quittèrent le réfectoire pour s’installer dans la cour. Pourtant, ils ne dirent pas un mot de toute la nuit, plongés dans leur pensées. Ce fut à la fois les neuf heures les plus longues mais aussi étonnamment les plus courtes de la vie de Nanoki.

Ils furent donc les premiers à pénétrer dans le réfectoire. Ce qui laissait un peu de temps à la karatéka pour grignoter avant que Shiro et Kuro ne viennent leur donner de nouvelles clés.

Randy et Nanoki se séparèrent pour aller à leur table habituelle. Cinq minutes après, alors que la karatéka mangeait des cookies, Daphné entra, s’engouffra dans les cuisines, puis revint avec toujours plus de paquet sous les bras.

— Enfin tu deviens raisonnable et mange le matin ! Il était temps que tu comprennes l’importance du petit déjeuner.

— Ouais, on va dire ça…

— Ça va ? Je t’ai pas vu depuis le procès, donc j’ai pas pu te demander, mais… c’était quoi ce truc ?

Nanoki lâcha un profond soupire. Elle s’attendait à ce que la rêveuse lui demander des explications, seulement, la karatéka ne les avait toujours pas trouvé.

— Je ne sais pas. Mais maintenant je vais bien, je crois.

— Si tu manges comme ça c’est que tu vas très bien.

Nanoki haussa un sourcil. Après tout, c’était elle qui disait manger pour décompresser.

— Je parle de toi, pas de moi. On fonctionne différemment et je peux dire que tu es plus tu es sereine, plus tu manges. L’inverse de moi.

Une dizaine de minutes plus tard, lorsque tout le monde était rassemblé, Kuro et Shiro apparurent.

— Coucou tout le monde ! On espère que vous allez bien ! Oh, suis-je bête, vous ne pouvez que bien aller. Après tout, on vient vous donner votre récompense !

Les deux robots distribuèrent les clés à Léo, Nanoki, Soen ainsi que Noémie avant de disparaître.

— Et si… on oubliait les clés ? Si on n’ouvre pas les socles ? C’est pas grand chose, mais ça fera toujours des armes en moins… proposa Jessica.

— Mais non ! Je veux savoir ce que j’ai eu, moi ! C’est pas que t’as ouvert le tien que tu peux empêcher les autres ! T’es pas d’accord, Eden.

Le couturier détourna le regard, se remémorant sûrement sa déception face à la découverte de son objet.

— Je ne sais pas trop…

— Oh, aller ! C’est mon objet !

Sans lui laisser le temps de répliquer, Soen empoigna Eden et partit en courant.

— Je trouve l’idée cool moi… On pourra pas faire comme elle a dit ? tenta Randy.

— On ne peut pas. Il y a toujours une possibilité qu’un de ses objets soit un indices pour désépaissir le mystère…

— Léo a raison, approuva Noémie.

Nanoki sursauta à a voix de la collectionneuse.

Je l’avais un peu oublié…

Jessica et Randy restaient mitigés, mais le reste étaient d'accord avec Léo et Noémie.

Nanoki comprenait pourquoi la patineuse ne voulait pas. Après tout, elle s’était coupé avec son objet et les bandages sur ses mains l’aidaient à ne pas l’oublier. La karatéka aurait suivi leur raisonnement sans l’intervention de Léo. Mais il avait raison. Il y avait un risque que pile au moment où ils ignoraient leur récompense, ils ratent un indice important.

Lorsqu’ils furent devant les socles, Soen faisait tourbillonner une cape noir en riant avec Eden.

— Essaie la, essaie la !

Le menteur ôta sa veste que son ami prit, puis mit la cape, sans oublier la capuche.

— Regarde ! Ele me va bien bien, hein ? hein ?

— On ne voit pas ton visage à cause de la capuche… souffla Anaïs.

— Je t’ordonne de l’enlever immédiatement !

Soen obéit, la mine dépité. Il lança un dernier regard à Aaron qui croisa les bras et il remis la veste dans son socle, non sans plusieurs soupirs.

— Boude pas mon petit Soen ! On voyait pas ta beauté sans de toute façon !

— Ouais t’as raison ! Ce serait dommage de se priver !

Il fit plusieurs pose alors qu’Eden mimait de le prendre en photo. Le mannequin et le photographe…

— Arrêtez vos conneries, cracha Daphné.

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