Chapitre 31

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Léo voulut commencer à ouvrir son socle.

— Qu’est-ce que… Quel est le rapport avec moi ?

Il sortit un masque blanc, dont l’expression du visage neutre procurait un sentiment de malaise.

— T’es analyste, c’est à toi de trouver, lança Randy. Analyse le.

Léo plissa les yeux et décida de le garder.

Cependant, il n’était pas très utile pour un meurtre comparé à la cape de Soen. Il cachait seulement le visage, ce qui n’empêchait pas de découvrir l’identité de la personne. Surtout qu’ils s’étaient habitués aux vêtements des autres, donc ils pouvaient trouver facilement.

Nanoki s’approcha de son propre socle, non sans déglutir. Savoir que quelque chose en rapport avec sa capacité lui était offert pour tuer… elle ne trouvait pas de mots pour exprimer ce qu’elle ressentait.

Le clic de la clé tournant dans la serrure résonna dans ses oreilles. Elle plongea une main hésitante dans le trou, comme s’il pouvait y avoir un serpent. Elle manqua de crier quand elle toucha un tissu. Elle le saisit d’une main ferme et le porta à ses yeux. Une ceinture noir. Elle semblait assez solide pour étrangler un éléphant.

Elle frissonna et rangea aussitôt l’objet, avant de se tourner vers Noémie qui tenait des pièces de monnaies vieilles d’au moins plusieurs siècles. A ce moment, ses yeux qui ne montraient qu’une expression neutre se mirent à briller. Un sourire étira ses lèvres et illumina son visage. Elle était si belle qu'elle ressemblait à une poupée de porcelaine.

— Attends, attends, attends… Voir des gens mourir ça te fais rien, mais ces trus te rendent heureuse ? Est-ce que tu te foutrait pas un peu de notre gueule ? cracha Anaïs.

La concernée ne sembla pas l’entendre, obnubilée par son nouveau trésor. La mangaka serra les poings, s’approcha de Noémie, frappa ses mains afin de faire tomber ce qu’elles contenaient.

La collectionneuse se décomposa. Elle s’agenouilla pour recupérer les pièces, ignorant ses mains qui devenaient rouges. Un soupir s’échappa de ses lèvres après les avoir toutes récupérées et elle les serra contre son cœur.

Ensuite, son visage redevint impassible. Elle fit face à Anaïs dont le front était ridé de colère.

— Je suis désolée, mais je n’ai pas du tout écouté ce que tu m’as dit. Ce n’est pas contre toi, je suis toujours comme ça quand je découvre de nouvelles pièces à ajouter à ma collection.

Elle planta ses yeux dans ceux de la mangaka, comme si cela lui permettait de lire son esprit.

— Je suppose que tu m'en veux de paraître insensible face à la mort de nos camarades, mais de me montrer heureuse grâce à ces pièces que qualifierais d'inutile.

Nanoki restait attentif à ces paroles. Elle avait l'impression que c'était la première fois qu'elle l'entendait parler autant. Ce qui était dommage, car elle avait vraiment une voix agréable à écouter.

— Je ne sais pas pourquoi, maïs mais la seule chose qui est capable de le faire extérioriser les émotions, c'est la capacité. Ça ne veut pas dire pour autant que je ne ressens rien d'autre. Je n'arrive juste pas à le montrer, et ce n'est pas faute d'avoir essayé.

Puis, sans réellement se recroqueviller, elle adopta une posture plus fermé, signe qu'elle ne reparlerait pas avant de juger important de le faire.

Anaïs ne répondit rien, se contentant de la dévisager de longues minutes, sans jamais croiser son regard. Finalement, elle abandonna et partit dans sa chambre en grande enjambées.

— Même je comprends sa façon d'être, je suis sûr que son frère aurait préféré la voir surmonter sa mort.

— Malheureusement, j'ai l'impression que la Anaïs qu'on a pu voir au début est morte en même temps que lui…

Peu à peu, les autres commençaient à retourner soit dans leur chambres soit au réfectoire.

Randy, lui, ne semblait pas près de bouger, dessinant des drôles invisibles sur le sol du bout de sa chaussure.

— J'aurais bien aimé frapper un punching ball pour me défouler un peu, mais pas moyen que j'aille en prendre un au débarras…

— Il y a ce genre de choses au débarras ? Quand on y est allé, j'ai juste cherché où Clarisse avait trouvé la corde et les tapis.

— C'est parce que j'en ai percuté un. Ils sont a côté de la porte.

Il baissa la tête pour réfléchir. Nanoki supposait qu'il devait avoir un punching ball chez lui et que c'était pour cela qu'il voulait en utiliser. Après tout, depuis le début, quand il avait besoin de se défouler, il faisait rentrer des ballons de baskets dans leur panier s'il était seul.

— Je vais t'en prendre un, lui dit Noémie.

— Hein ? T'es sérieuse ?

Elle hocha la tête et partit devant vers le gymnase. Randy la suivit après quelques secondes.

— Je veux voir ça ! Tu viens avec nous Nanoki ? Proposa Soen.

La karatéka tourna la tête vers Daphné, la questionnant du regard. Celle-ci, pour toute réponse, devança Nanoki pour aller au gymnase.

Une fois arrivée, Nanoki s'assit sur le dernier pallier des gradins, contre le mur et la rêveuse prit place a ses côtés. Soen et Eden suivirent Noémie dans le débarras, tandis que Randy l'attendait, adossé à la barrière.

— Hé ! On a besoin d’un coup de main pour monter les escaliers !

Le fleuriste trottina jusqu’à eux et Nanoki se planta à l’entrée pour voir comment ils se débrouillaient. Eden et Soen tiraient la tige métallique du punching ball tandis que Noémie soulevait la base. L’eau qui y était se balançait de droite à gauche à l’intérieur.

Randy aida donc Noémie à porter la base et lorsque la première plateforme fut passé, Nanoki se joignit à eux. Ainsi, à cinq, ils parvinrent à amener l’objet jusqu’au terrain.

— Quelle bonne âme je suis d’avoir aidé un non capacitaire comme toi ! Franchement, tu devrais me remercier à genoux ! lança Soen.

— Dans tes rêves gamin…

— Tiens, en parlant de capacité… C’est pas très gentil de la dire à d’autres personnes et pas à nous.

— Comment tu…

— Mais je t’en veux pas Randynet, c’est pas très charismatique d'arroser des fleurs. T’es pas charismatique tout court en fait !

Randy s’approcha du menteur, avant de s’agenouilla pour être à sa hauteur, comme s’il parlait à un enfant.

— Ecoute, j’en ai rien à foutre que tu connaisses ma capacité, tu peux le dire à tout le monde si t’as que ça à faire de ta vie, j’m’en branle. Mais je t’interdis d’insulter ma capacité… Et je peux t’assurer que si tu te moques de ça encore une fois, t’arriveras plus à te reconnaître dans le miroir.

— Oui papa Randy… Bon Eden tu viens ? On va s’installer dans les gradins ! La grande perche est trop méchante avec moi…

— Allons lui de la méchante perche. Mon pauvre chou tout traumatisé…

Soen renifla et hocha la tête, les bras enroulés autour de celui d’Eden. Daphné soupira tellement fort qu’ils l’entendirent. Nanoki leva les yeux au ciel et rejoignit Daphné.

— Vous en avez mit du temps à monter ce truc. C’est aussi lourd que ça ?

— Tu l’aurais constaté toi même si t’avais levé le petit doigt pour nous aider.

— J’ai aucune force, je vous aurais plus gênée qu’autre chose, donc ça servait à rien de bouger.

Soen et Eden eurent l’idée de commenter chaque mouvement de Randy en criant bien fort, ce qui faisait grogner Daphné. Cette dernière croisa les bras et s’appuya sur Nanoki comme s’il s’agissait d’un mur.

La lourde porte du gymnase s’ouvrit, attirant l’attention de Daphné et Nanoki. Il s’agissait d’Aaron qui haussa un sourcil. Il vint à leur niveau et s'accroupit.

— Il est vraiment allé au débarras pour prendre un punching ball ?

— En fait, Noémie a comploté avec les illuminatis pour qu’ils prennent le contrôle de son corps le temps qu’elle aille en prendre un, lança Daphné.

Le ton de sa voix plus que naturelle pour ce qu’elle racontait était plus que perturbant. Nanoki dévisagea la rêveuse, les yeux plissés.

— Quoi ? T’as d’autres explications sur le fait qu’elle y aille comme ça ?

— Sérieusement ? Elle a comploté avec les illuminatis ? l’interrogea Aaron.

Ce dernier pris place à côté de Daphné, l’air intéressé.

Nanoki n’insista pas et se colla un peu plus au mur. Elle se reconcentra sur Randy qui frappait le punching ball, manquant de recevoir des coups de temps à autres. La karatéka resta jusqu’à atteindre ses limites de patience où regarder ne suffisait plus.

— Je vais au réfectoire.

— Ouais, je te rejoindrai.

Nanoki se leva et quitta le gymnase. Elle aida Jessica et Noémie à préparer le dîner. Elle s’attendait à ce que Daphné arrive rapidement, comme elle le faisait dès que ça concernait la nourriture. Mais même une heure après, ni Aaron, ni Daphné n’entrèrent dans le réfectoire.

Ils pénétrèrent dans la pièce environs trente minutes avant l’annonce de la période de nuit. La rêveuse jeta un regard noir à Nanoki.

— T’aurais pu me prévenir que tu étais partis ! Je comptais sur toi pour me rappeler l’heure !

— Je l’ai fait. Tu m'as répondu que tu me rejoindrais. Et pour l’heure, je pensais que ton estomac le ferais à ma place.

— J’ai… j’ai dit ça ? Faut croire que je vois pas le temps passer quand je parle de théorie du complot. T’avais l’air vraiment soulé, je comprends pas pourquoi, c’est le sujet le plus passionnant qui existe !

Nanoki roula des yeux pour réponse.

— Allez mange si tu ne veux pas dormir sans rien dans le ventre.

Daphné écarquilla les yeux, avant de tout avaler comme si on risquait de lui voler sa part.

Le lendemain, Nanoki resta avec Randy, Daphné, ainsi que Jessica. Du coin de l'œil, elle apercevait Anaïs qui dévisageait Noémie, ses pièces de collection dans les mains, des étoiles plein les yeux.

— C’était pas trop dur d’être patineuse artistique ? T’as l’air plutôt timide.

— Ma mère m’encourageait toujours. Elle me répétait que ce qui comptait était ce que j’allais montrer, pas les autres.

— Cool ! Tu devais bien t’amuser alors ! lança le fleuriste.

— Peut-être…

Ils la questionnèrent du regard. Elle fit la moue, soupira, but une gorgé de son jus de fruit, soupira de nouveau.

— Je ne sais pas si j’aime vraiment le patinage en fait. Je le faisais parce que c’était ce que voulait ma mère. Je me souviens sa réaction quand elle a appris que j’étais une patineuse. “Enfin ! Je l’ai fait ! Je suis devenue une patineuse artistique !”

— Wow, elle a même pas essayé de cacher qu’elle se servait de toi pour vivre son rêve.

Daphné reçu un coup de coude de la part de Randy.

— Le tact, putain… souffla-t-il.

— Et tu lui en as voulu ? l’interrogea Nanoki.

— Non, je l’ai juste félicité.

Elle prit une pause, comme si ses prochaines phrases allaient déterminer toute sa vie.

— Maintenant que j’ai passé autant de temps loin d’elle, que j’ai discutait avec quelques personnes ici… Je remets tout ça en question. J’ai toujours tout fait parce que ma mère me le demandait, alors je suis perdue… En temps normal, je me dirais que je suis jeune, que j’ai le temps… mais c’est trop tard, je vais sûrement mourir comme les autres.

Avant que Nanoki n’eut le temps de lui répondre, un frisson lui parcourut l’échine. Elle ne pouvait que reconnaître cette sensation et la pression devenue familière. Comme s’ils avaient prévu leur entrée, Shiro et Kuro apparurent à cet instant. La karatéka sauta sur sur ses pieds, décidé à quitter le réfectoire.

— Tut tut tut ! Où crois-tu aller ma petite Nanoki ?

— Ce que vous allez dire ne m’intéresse pas.

— Mais ce genre d’annonce doit être entendu par tout le monde.

— Il n’y a aucun règlement à ce sujet. Nous avons déjà brûlé un mobile sans qu’il ne se passe rien.

Elle marcha d’un pas rapide vers la sortie, mais elle put à peine attraper la poignée que Shiro débita une phrase qui la figea.

— VOus ne pourrez pas utilitiser votre capacité tant qu’il n’y a pas de meurtre.

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