Chapitre 29

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— Nanoki ? Est-ce que tu m’entends ? Nanoki !

Elle fronça les sourcils et plissa les yeux, avant de les ouvrir. Au-dessus d’elle se tenait Randy, qui semblait soulagé de la voir se réveiller.

Elle observa les alentours, se demandant ce qu’il s’était passé. Ils étaient toujours dans la cour et Randy l’avait allongé sur le banc. Elle tenta de se redresser, aidée par le fleuriste.

— Est-ce que tu vas bien ? Qu’est-ce qui t’es arrivé ? Tu peux parler ?

— Je…

Sa voix était grasse et elle fut obligée de tousser pendant une bonne minute pour parler.

— Je vais bien, je crois… Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je me souviens juste qu’on parlait et après c’est le trou noir.

— J’en sais rien ! T’avais l’air en transe, tu réagissais pas quand je t’appelais. Puis d’un coup tu t’es levée et t’as commencé à dire des trucs bizarres comme s’il s’était passé quelque chose de grave mais que tu voulais pas l’accepter. Enfin, c'est comme ça que je l'ai interprété. Et là encore quand je te demandais ce qui se passait tu répondais pas. C'était comme si j'existais pas. Ça t'es déjà arrivé ce genre de truc ?

— Compliqué à dire vu que je me souviens de rien…

— Ah oui, c'est vrai.

Une migraine nait dans sa tete qui menaçait d'exploser.

— Attends, je vais te chercher de l'eau. Ah mince, le réfectoire est fermé. Je peux pas te laisser ici et aller dans ma chambre, j'ai même pas de verre pour transporter l'eau…

— Ça va… ça commence à passer…

C'était faux, mais pour confirmer ses dires, elle se redressa avec un petit sourire en coin, l'air de dire "tu vois ?". Elle ne pouvait pas se mettre d’avoir l’air faible trop longtemps. Elle avait déjà eu beaucoup de chance que Randy ne profitât pas de ce moment pour la tuer.

— Tu devrais quand même te reposer…

— C’est toi qui a proposé de passer nos nuit ici… et maintenant tu me demandes quand même de rentrer ? Tu te sers de moi pour excuser pour aller dormir.

— Non, pas du tout, je dis ça pour toi. S’il t’arrive quelque chose ce sera de ma faute après…

Nanoki leva les yeux au ciel. Malgré tout, c’était plus raisonnable de retourner dans sa chambre en position de faiblesse. Alors elle hocha la tête et s’exécuta. Elle pensait que sa migraine ne se calmerait pas et qu’elle ne trouverait pas le sommeil. Mais finalement, elle s’endormit avant même de toucher son oreiller.

L’annonce l’extirpa de son sommeil. C’était comme si ce qui s’était passé la veille n’était jamais arrivé.

Elle se rafraîchit le visage avant de quitta sa chambre. Elle croisa Gaël qui trottinait en chantonnant. Nanoki présuma que sa nuit s’était bien passée. Mais même… comment pouvait-il être aussi joyeux ? Ils étaient loin du monde des bisounours. Avait-il oublié tous les morts juste parce qu’il était avec Kaïs ?

— Alors ? Comment ça s’est passé ? l’interrogea-t-elle en posant sa main sur son épaules.

— Je te raconte après le petit déjeuner !

— Tu trembles. Il ne fait pas froid pourtant.

— Ah bon tu trouves ? Moi je regrette de ne pas avoir de veste…

De la salive coula sur son menton et il l’essuya aussitôt.

— Je peux manger avec vous ?

Elle hocha la tête et rejoignit Daphné, accompagnée du photographe.

— Kaïs en a déjà marre de toi ? Il veut pas que tu manges avec lui ? lui demanda Daphné.

— Il est même pas encore là, il prend une douche. Il devrait pas tarder, d’ailleurs. Ça vous dérange pas s’il mange avec nous ? Lui il est d’accord !

— Vraiment ? Depuis quand il accepte ne serait-ce que de communiquer avec un être humain autre que toi sans penser que cette personne va le tuer ?

Gaël rit nerveusement aux paroles de Nanoki. Lui-même reconnaissait que loin d’avoir tort, elle lui avait donné une description parfaite du mannequin.

— Tant qu’il est en face de vous et pas à côté, ça va. Et puis, je suis là.

Gaël gloussa à ses derniers mots. En déglutissant, il avala sa salive de travers et se mit à tousser. De plus en plus fort. Il amena sa main à son cou, tremblant. Il était en train de suffoquer !

— Gaël !

Le cri de Nanoki alerta les autres. Aaron intervint aussitôt et se plaça derrière Gaël pour effectuer des compressions abdominales. A chaque compression, le photographe était pris de spasme.

Jusqu’à ce qu’il n’y en n’eut plus et arrêta de bouger. Le leader lâcha le corps qui s’écroula. Cela semblait se passer au ralentit, et le son de la chute de Gaël résonnait dans la pièce alors que le silence régnait.

Nanoki plaqua ses mains contre sa bouche. Elle et les autres présents au réfectoire venaient d’assister à a mort du photographe. La karatéka était à moin d’un mètre de lui, et malgré cette proximité, elle n’avait rien fait et n’aurait sûrement rien pu faire.

Kuro et Shiro firent leur apparition. Le blanc éclata de rire et applaudit.

— Quelle belle mort ! J’en suis tout émoustillé ! Vous ne perdez vraiment pas de temps, c’est bon à voir ! Bref ! Nous on y va, n’oubliez pas de lire de dossier ! Bisou !

Shiro disparut suite à ses mots. Kuro, elle, les dévisagea d’un air déçu.

— Pourquoi faire tout ça ? Vous ne devriez pas vous entretuer…

— T’es assez mal placé pour parler ! s’enquit Randy.

Le fleuriste voulu en dire plus, mais Kuro disparut elle aussi.

— Est-ce que… est-qu’il s’agit vraiment d’un meurtre ? osa demander Daphné, les yeux toujours écarquillés.

— Oui, il a été empoisonné, affirma Aaron.

— C’est impossible, aucun mobile n’a été donné ! s’exclama la patineuse.

— Idiote, il reste le mobile principal. Quelqu’un veut sortir d’ici.

A nouveau ils allaient devoir enquêter et tenter de trouver le coupable. Mais les fois précédentes, c’était Gaël qui parvenait à trouver des indices importants. Comment allaient-ils faire ?

Nanoki baissa la tête vers le cadavre et déglutit en croisant son regard vide. Sans le quitter des yeux, elle récupéra sa tablette pour lire le dossier.

“Nom de la victime : Gaël

Lieu de découverte du corps : réfectoire

cause de la mort : empoisonnement”

Il n’y avait aucune information supplémentaire… Ils ne s’en sortiraient pas…

Non ! Reprends toi, Nanoki ! Ce n’est pas parce que ça te semble difficile que tu vas abandonner ! Tu n’es pas seule à devoir résoudre cette enquête, inspire toi des autres. Je ne vais pas me laisser mourir aussi facilement…

Elle tourna le dos au cadavre et sse dirigea vers la sortie, rattrapé par Randy.

— Où tu vas ?

— Dans la salle de chimie. Le poison n’a pu être pris que là-bas.

Ils firent le chemin ensemble et entrèrent dans la salle. La karatéka se planta devant l'étagère et analysa les flacons.

— Il manque des flacons.

— Vraiment ? Je vois rien moi…

— Certaines rangé ne sont pas alignées au même niveau alors que tout est parfaitement carré. Ça ne peut pas être une erreur de rangement ou une coïncidence. Regarde les rangés de colchique, d’opium et de cyanure d’hydrogène.

Mais pourquoi avoir récupéré trois flacons différents ? D’autres questions brouillaient son esprit mais elle les mit de côté pour le procès. Elle photographia l’étagère dans l’ensemble, de plus près pour être sûre que les autres voient la différence, ainsi que les informations sur chacun des poisons manquant.

Elle vérifia une dernière fois qu’aucun autre poison n’eut été pris, puis rejoignit de nouveau le réfectoire. Mais au même instant, l’annonce de début de procès se fit entendre. Nanoki sursauta. C’était trop rapide ! Ils n’avaient pas eu assez de temps pour récupérer assez d’information !

— On n’a même pas eu le temps d’enquêter ! Ils veulent vraiment qu’on meurt tous ! cria Kaïs.

Ce dernier semblait plus agité que d’habitude. Et surtout, plus impliqué dans l’enquête, même si la karatéka ne l’avait qu’entraperçu.

Ainsi, pour que ce dernier essaie sérieusement de trouver le coupable, il fallait que le victime fût la personne qu’il aimait.

Ils marchèrent en silence jusqu’au socle.

— J’espère vraiment qu’on commence le procès parce qu’on a suffisamment de preuves pour trouver le coupable… souffla Randy.

Moi aussi…

Les socles se déplaçèrent et ils pénétrèrent dans la pièce. Le regard de Nanoki se dirigea automatiquement vers les portraits. Et sans surprise, ceux de Clarisse et Gaël y avait été ajoutés. Elle serra les poings.

Ils s'installèrent et le calme durant un moment durant lequel la karatéka se fit la réflexion que les chaises devenaient de plus en plus vides.

— Le poison qui a tué Gaël est le cyanure d’hydrogène, annonça Aaron.

— Dans ce cas, à quoi ont servi l’opium et le colchique ? l’interrogea Nanoki.

— Le colchique est un poison lent. Pas comme le cyanure d’hydrogène, ajouté Kaïs.

Ça devrait pas m’étonner, mais c’est étrange de le voir chercher comme ça…

— Dans tout les cas, le cyanure d’hydrogène et le colchique n’ont pas été utilisé en même temps. L’un des deux a forcément été pris pour brouiller les pistes, supposa Léo.

— Du coup, le coupable doit être l’une des personnes qui a cuisiné ! s’exclama Eden.

— Mais Gaël a mangé des céréales. Cest quand même risqué d’empoisonné un paquet de céréales, non ? demanda Nanoki.

Ils réfléchirent un instant. Comment le coupable pouvait savoir que Gaël allait prendre ces céréales en particulier ?

— Il n’est pas impossible que le coupable n’avait pas de cible tant que quelqu’un mourrait.

— Impossible ! Il y a plein de paquet de céréales ! Et si ça avait prit plusieurs semaines avant que quelqu’un n’en mange ? Peut-être même que le coupable aurait pu oublié avoir empoisonné ce paquet et le manger ! fit Daphné.

— C’est vrai, approuva Nanoki. D’autant plus que ce serait très risqué d’empoisonner plusieurs paquet…

Nanoki eut envie de soupirer. Ils ne faisaient que commencer et ils tournaient déjà en rond. Elle aimerait tellement lire dans les pensées des autres et trouver le coupable, même juste une minute.

Ce meurtre s’était passé sous leur yeux et pourtant ils avaient encore moins d’informations que les fois précédentes… N’était-ce pas injuste de la part de Kuro et Shiro qui étaient censés être impartiaux ? Les aider si peu c’était couvrir le coupable !

— Finalement, peut-être que le coupable a utilisé le colchique et la mélanger à de l’opium pour qu’on ne remarque l'empoisonnement qu’au dernier moment, déclara Léo.

— Oui, c’est possible quand j’y pense. Le coupable a pu gérer les quantités pour que Gaël meurt au petit déjeuner, approuva Aaron.

— Mais ça aurait pu se passer il y a des jours ! s’enquit Kaïs.

— Non, ça s’est passé entre hier et aujourd’hui. J’ai remarqué ce matin que Gaël semblait avoir froid et salivait beaucoup. Et ceux sont des symptômes du colchique, précisa Noémie.

Entre hier et aujourd’hui… Gaël n’aimerait pas lire dans ses pensées, mais, désormais, ces soupçons se dirigeaient vers lui.

— Et avec l’opium, il n’a rien remarqué, ajouta Léo.

Leur théorie devenaient de plus en plus clair et crédible. C’était le moment pour Nanoki d’intervenir.

— Gaël a passé la nuit avec Kaïs dans sa chambre. Ils ont mangé et bu la bas et si je ne me trompe pas, Kaïs avait même préparé de la nourriture.

Aussitôt, tous les regards convegèrent vers le mannequin qui sursauta.

— Qu’est-ce que tu insinues ? On a juste mangé et discuté ensemble. Je ne l’aurais jamais tué parce que je l’aime !

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