Chapitre 26

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— Au fait… depuis le début, tu nie avoir découvert ta capacité, c’était faux pas vrai ?

Il hocha la tête en souriant. Il ne semblait pas déçu et encore moins surpris. Les autres ne le croyaient sûrement pas à ce sujet, même s’ils ne le disaient pas aussi directement que Soen.

— Je suis fleuriste. Y’a que ma famille qui est au courant. J’en ai jamais parlé à personne d’autres. J’avais peur que les gens trouvent ça naze. Rien que dans ma famille, j’ai reçu des remarques comme quoi mes parents mentaient pour pas que je gâche l’honneur de la famille parce que c’était impossible pour un délinquant d’avoir cette capacité.

Son air mélancolique se transforma en grimace en repensant à ces moments.

— Bref, tout ça pour dire que depuis, je dis toujours que je l’ai pas encore découvert.

— C’est pas nul d’être fleuriste pourtant. Ma mère aimait bien les fleurs. Dommage que papa ait tout jeté…

Elle avait murmurait cette dernière phrase. Elle jeta un regard en coin vers Randy pour s’assurer qu’il n’eût rien entendu. Malheureusement pour elle, ses yeux grands ouverts indiquaient le contraire.

— Est-ce que ta…

— Pose pas de question.

Sa voix était plus sèche qu’elle ne le voulait, mais elle refusait d’en parler. Être honnête sur pourquoi elle était avec lui était une chose, mais elle ne comptait pas lui parler de sa vie personnelle, et encore moins de son passé. Les seuls personnes au courant de cela étaient sa meilleure amie et l’ancien maître de son club de karaté. Les seules personnes à qui elle faisait assez confiance pour les laisser être au courant.

— Désolé.

Nanoki ne répondit pas. Elle se rendit compte à quel point son coeur battait vite.

Ils restèrent silencieux, plongés dans leurs pensées, jusqu’à ce que le soleil se levât.

— On est vraiment resté ici autant de temps ?

— Faut croire…

— Hé, je suis vraiment désolé pour tout à l’heure. Je voulais pas me mêler de ta vie privée. Moi aussi y’a des trucs que je veux pas que ça se sache.

— C’est rien.

Elle sauta sur ses pieds et s’étira.

— T’as pas l’air de le penser.

— Je croyais que tu voulais pas faire ami-ami avec les autres ?

Elle n’attendit pas de réponse et quitta la cour pour marcher. Elle détestait se montrait aussi froide et sèche, mais c’était plus fort qu’elle. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas pensé au passé, et cela ne lui avait pas manqué. C’était aussi agréable que des aiguilles qui s’enfonçaient dans son coeur et aussi douloureux qu’un bisou sur le front de la part d’un être cher.

Après plusieurs dizaines de minutes, l’annonce retentit et elle alla dans le réfectoire. Elle attendit Daphné, bras croisés. D’habitude, cette dernière était déjà là tant Nanoki mettait du temps à sortir de son lit. Mais là, elle faisait partie des premières à être arrivée.

Elle épia les autres qui entraient les uns après les autres, mais il n’y avait rien qu’elle retiendrait. Jusqu’à ce que ce fut au tour de Noémie de pénétrer dans le bâtiment. La collectionneuse se planta à côté de la porte et dévisagea chacun d’entre eux.

— Sentiment… rien d’anormal…

Nanoki fronça les sourcils dans l’attente de plus. Cependant, après avoir marmonnée ces mots, Noémie s’installa à sa place, comme si elle les avait déjà oublié. La karatéka se demanda même si elle ne venait pas de les imaginer.

Daphné la rejoignit peu de temps après. Elle fit un détour vers la cuisine pour revenir avec tant que nourriture sous les bras qu’elle manqua de tout faire tomber. Nanoki avait l’impression que plus le temps passait, et plus la rêveuse mangeait. C’était plutôt l’inverse pour elle.

— Toi, t’as fait un cauchemar, fit-elle en ouvrant un paquet de céréales.

— Ça se voit tant que ça ?

— Tu t’es pas regardé dans un miroir depuis combien de temps ? Les cernes sont des yeux sont tellement énorme que tu pourrais t’en servir de poche pour y mettre des cookies. T’en veux, d’ailleurs ?

— Ça ira, merci.

Elle se laissa choir sur sa chaise, jusqu’à ce qu’elle put poser sa tête sur le dossier. Daphné plongea sa cuillère directement dans le paquet de céréales et Nanoki eut envie de vomir.

— Et je vois que ça te mets de mauvaise humeur les cauchemars.

— Comment être de bonne humeur avec ce qui s’est passé hier ? Et puis, c’est pas à cause du cauchemar…

— La nourriture ça aide, si jamais ça t’intéresse.

— Merci, mais non merci.

— Ça en fait plus pour moi, je suppose.

Nanoki émit un son pour acquiescer.

Un frisson lui parcourut l’échine alors qu’une pression se fit dans l’air. La karatéka grimaça quand la voix suraiguë de Shiro envahit la pièce.

— Salut les copains ! On vous apporte votre récompense pour avoir survécu !

Nanoki serra les poings. Elle rêvait d’enchaîner sur eux toutes les techniques de karaté qu’elle connaissait, jusqu’à ce qu’il ne restât des robots que des morceaux de ferrailles.

Elle suivit du coin de l'œil Kuro et Shiro se déplacer pour donner une clé à Daphné, Eden, Gaël et Jessica. Quand les robots disparurent, elle se rendit compte à quel point elle était crispée. Elle porta les mains à son visage ; ses ongles s’étaient tellement enfoncés dans sa peau que des traces de sang restaient coincées sous ses ongles. Elle s’essuya dans l’intérieur de ses manches tout en suivant les autres.

La marche jusqu’au socles était calme. Nanoki imaginait des centaines d'armes possibles, mais surtout, qui pouvait être la futur victime. Une part d’elle se disait que ce serait mieux de ne pas ouvrir les socles, mais elle demeurait curieuse. Car il ne s’agissait pas de simples armes. Elles avaient un rapport avec leur capacité. Que pouvait-ils avoir ?

Elle imaginait Daphné trouver des somnifères, Eden une lame en forme d'aiguilles, Gaël un appareil photo qui servirait de jumelle pour observer sa victime de loin, et Jessica, elle aurait bien dit un patin avec une lame, mais cela commençait à faire beaucoup de lame. Et au vu de tout ce qu’il avait fait, la seul chose qui n’était pas critiquable chez eux était leur imagination.

Au socle, Nanoki resta à côté de Daphné pour voir de près ce qu’il y avait dans son socle. La rêveuse voulut ouvrir son socle si vite qu’elle n’arrivait pas à rentrer la clé dans la serrure. Elle y parvint finalement et plongea sa main à l’intérieur. Elle en sortit un immense oreiller, un sourcil haussé.

Autant Nanoki comprenait l’utilité des autres armes dans le cas d’un meurtre, autant celle-ci, à part dormir… La karatéka se détourna de sa camarade pour observer l’objet des autres.

Eden tenait entre deux mains un kit de couture. Les yeux brillants, il ouvrit la boite. Une rangée d'aiguilles semblables à des brochettes la remplissait. Malgré le fait qu’il savait qu’il ne s’agissait pas d’une façon de s’amuser mais de tuer, il fit la moue, déçu. Il ferma la boîte et la rangea avant d’aller pleurnicher sur l’épaule de Soen qui lui tapotait la tête.

Nanoki tourna la tête. Gaël venait vers elle, un appareil photo et un grand sourire. Il cala son visage derrière pour la prendre en photo. Par réflexe, elle se protégea le visage d’un bras, car elle n’avait pas oublié que cela devait servir à tuer. Contrairement à certains personnes qui laissaient la naïveté et l'innocence prendre le dessus sur la raison dès qu’ils voyait un objet en rapport avec leur capacité.

Le flash de l’appareil fut si intense que si elle n’avait pas fermé les yeux, elle aurait sûrement fini aveugle. Après une bonne minute à se demander si le flash était éternel pour avoir l’impression que la lumière traversait ses paupières, elle ouvrit les yeux. Elle papillonna des yeux, encore perturbée.

— Mince, je suis désolé ! J’oublie tout le reste dès qu’il s’agit de la photo. Ça m’a semblait tellement incroyable de retrouver un appareil que je voulais me dire qu’il pouvait être utilisé normalement.

— C’est pas le cas ?

— Non, seul le flash fonctionne.

Ses yeux brillèrent et, en d’autre circonstance, s’il n’avait pas manqué de l’aveuglé par exemple, Nanoki aurait sûrement eut de la peine pour lui et l’aurait pris dans ses bras pour le consoler.

Gaël jeta l’objet dans le socle et retrouva Kaïs qui lui, le prit dans ses bras. Nanoki avait du mal à imaginer que le mannequin pût être aussi proche de quelqu’un dans leur situation, même s’il connaissait déjà le photographe.

La karatéka ne s’attarda pas plus longtemps sur eux et se dirigea vers Jessica qui tenait des patins à glace, un petit sourire sur les lèvres. Nanoki se demanda ce qui la faisait sourire, car, contrairement à Gaël ou Eden qui pouvaient avoir l’espoir d’utiliser leur objet, ce n’était pas son cas.

Pourtant, Jessica serra les patins contre son cœur, comme s’il s’agissait d’un cadeau d’un être cher.

— Aïe !

Jessica lâcha les pantins et fixa ses mains dont du sang coulait. Nanoki avait raison finalement, il s’agissait bien de lames.

Les entailles qu’elle s’étaient faites étaient plutôt profondes. Quelqu’un se mit à courir. Il s’agissait d’Aaron qui fonçait dans sa chambre, pour revenir moins de cinq minutes plus tard avec sa trousse de soin. Il fit asseoir Jessica et s’occupa de ses blessures.

Comme quoi, sa capacité de leader ne lui permettait pas de simplement donner des ordres, mais lui permettait de prendre la situation en main. Si seulement il utilisait plutôt cette facette…

A nouveau, Nanoki quitta de sa chambre au milieu de la nuit à la suite à un cauchemar. Cette fois-ci, elle se rendit directement dans la cour. La distance était suffisante pour satisfaire son envie de marche. Et à nouveau, elle trouva Randy, à la même place que la veille. Mais après ce qu’il s’était passé, elle hésita à le rejoindre.

Finalement, elle le fit, dans un soupir.

— Pour répondre à ta question d’hier, c’est vrai je compte pas faire ami-ami, comme je l’ai dit ce serait con. Mais c’est pas pour ça que j’vis bien le fait qu’on me déteste.

Nanoki roula des yeux.

— Je ne te déteste pas.

— Et t’arrive à me faire penser le contraire en disant ça…

— Si tu commences à m’énerver, je vais te détester.

Il leva les mains en l’air, l’air solennel.

— Tu sais ce qui est marrant ? C’est que même si je sais que je dois faire confiance à personne d’autre que moi-même, mais y’a un truc chez toi, j’sais pas, mais j’ai l’impression que je peux me sentir en sécurité quand t’es là.

— On m’a souvent dit ça.

— Ah oui ? Ça m’étonne pas vraiment en fait. T’as fait quelque chose de particulier ? Parce que j’oublie pas que t’as sauvé la vie de Célia quand Eden a…

— Des fois, oui, mais des fois, on me dit juste que c’est ce que je dégage.

Randy pencha la tête sur le côté, l’air intrigué.

— Et… t’as des exemples en tête de ce qui a pu les donner c’t’impression ?

— Hmm… Battre les brutes de mon collège qui embêtait tous les sixièmes ?

— Toi tu t’es battu ? Y’avait une raison héroïque à ça, non ?

Elle leva les yeux au ciel et sourit en repensant à ce moment.

— Héroïque je sais pas, mais j’ai défendu et vengé une personne qui m'est chère.

— Comment ça s’est passé ? ‘fin, si c’est pas trop perso.

Elle haussa les épaules, pour avoir l’air désinvolte, mais en vérité, elle était heureuse d’avoir l’occasion de parler de sa meilleure amie.

Elle prenait un chemin qu’elle ne connaissait que très peu pour faire un détour dans un parc qui venait d’ouvrir. Mais alors qu’elle allait tourner, elle se cacha aussitôt derrière le mur en attendant des rires moqueurs. Elle dépassa sa tête du mur et c’est alors qu’elle vit sa meilleure amie, entourée d’un groupe de garçons qui s’amusaient à lui tirer ses courts cheveux châtains.

Sa meilleure amie lui révéla plus tard qu’elle avait coupé ses cheveux dans l’espoir de leur échapper plus facilement.

Sur le moment, Nanoki fut paralysée. Son esprit lui hurlait d’aider son amie, mais ses pieds restaient scotchés au sol. Elle pouvait essayer aussi fort qu’elle le pouvait, son corps ne répondait pas.

Les rires de la bande continuaient à la hanter alors même qu’elle contait cette histoire.

Elle ne parvint à se libérer de sa propre emprise que lorsque, lassés pour la journée, les garçons s’en allèrent. Sa meilleure amie s’écroula. Elle s’appuya contre le mur, ramena ses jambes à sa poitrine, se laissa pleurer.

Nanoki se jeta sur elle pour la serrer dans ses bras, s’excusant en boucle pour n’avoir rien fait.

Elle s’en était toujours voulu de ne pas réagir ce jour là.

Les deux amies restèrent ainsi de longues minutes, avant de se relever et de rentrer chez elles, chacune de leur côté.

Après la culpabilité, un nouveau sentiment nait en elle. Et une envie de justice. Elle se souvint alors d’un club de karaté non loin de chez elle où il restait des places. Elle martela les touches de son clavier et trouva rapidement leur site. Sans même prendre le temps d’en parler à son oncle, elle appeler le maître du club. Tout se passa bien et elle commença les activités dans la semaine.

Les jours suivants s’enchaînèrent. Elle apprenait chaque mouvement avec une facilité étonnante, soutenue par sa détermination. Ainsi, après une semaine seulement, elle avait atteint un niveau suffisant pour battre le maître de son club. Ce fut ainsi qu’il lui affirma qu’il s’agissait de sa capacité et qu’elle devait passer le test.

Elle s’en était occupée plus tard, mais savoir cela la rassurait quant à son objectif.

Ainsi, le lendemain, au lieu de se séparer de son amie pour rentrer chez elle, elle l’accompagna, ignorant ses supplications.

— Regardez les gars, elle flippe tellement qu’elle a ramené une copine en renfort. Ça nous fait un nouveau jouet. Elle est plutôt mignonne en plus, l’asiatique.

Nanoki serra les poings. C’était rare que les gens l’appelait par son origine, car c’était la seule chose qui la reliait à sa mère qui était morte à cause d’elle. Cela lui faisait une raison supplémentaire pour les frapper jusqu’à les entendre supplier.

— Me regarde pas comme ça, tu fais peur ! Si t’étais pas en train de te faire dessus !

Les amis de ce qui s'apparentait être le chef éclatèrent de rire. Nanoki n’attendit pas plus et commença avec sa technique préférée ; un coup de pied circulaire. Le chef recula, sonné. Ses amis le rejoignirent et il se jetèrent sur elle tous en même temps.

Sa meilleure amie sanglotait et cela lui donna la force de ne jamais flancher. Alors elle se jeta aussi dans le tas, sans craindre de se prendre des coups. Et elle s’en prit tout de même quelques-uns. Mais ce n’était rien comparé à l’état dans lequel était les garçons à la fin. Ils n’avaient pas supplié, mais ils étaient au sol, à moitié inconscient, le nez en sang, un œil crevé pour un et peut-être une côté cassé.

Nanoki s'accroupit près de sa meilleure amie qui était en position foetale. Nanoki la serra dans ses bras et lui chuchota à l’oreille.

— Tu n’as plus à t’en faire, je serais là pour te protéger maintenant. Je te le promets.

Un gémissement attira l’attention de Nanoki. Le chef de la bande n’était pas totalement assommé et essayait de se relever. La karatéka le plaqua sur le ventre en lui faisant une clé de bras. Ce dernier couinait alors qu’elle lui tordait un peu plus le bras.

— T’es complètement folle, arrête !

Elle tourna son bras d’un seul coup, ce qui lui arracha un cri de douleur.

— D’accord c’est bon ! Je t’en supplie arrête ! On a compris la leçon ! On n’embêtera plus ta pote ! Et on te dénoncera pas, on est désolés ! Mais je t’en supplie lâche moi…

— N’y personne d’autre ?

— Personne ! Je le jure sur ma vie !

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