Chapitre 23

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Nanoki descendit les premières marches, suivit de près par Noémie et les autres un peu plus derrière. Léo grognait à cause de leur lenteur, d’autant plus qu’il faisait parti des derniers.

Ils atteignirent une plateforme. La karatéka ne s’y attarda pas et tourna à gauche pour descendre les nouveaux escaliers. Puis, ils arrivèrent devant une porte, un panneau accroché dessus ; “débarras”. Un interrupteur trônait sur le mur et Nanoki présuma qu’il s’agissait de celui de ce débarras. Elle appuya dessus et, en effet, un filet de lumière passa sous la porte. Elle l’ouvrit alors.

Nanoki regretta d’être passé devant quand la vision cauchemardesque s’offrit à elle. Elle fut prise d’un haut le coeur et se colla au mur, la main agrippa au tissus qui recouvrait sa poitrine.

Des poupées de cire, pendues au plafond, transpercés de lames et recouvertes de sang. Nanoki pensa alors au coupable. Pour atteindre les cordes accrochées sur le mur au fond de la pièce, il a dut traverser la pièce, toucher ces faux cadavres.

Nanoki leva les yeux vers le plafond, avant de regretter. Les yeux des poupées étaient tournés vers l’entrée, l’observant. Du sang coulaient de leur yeux et un immense sourire ornait leurs lèvres. Leurs bras immobiles semblaient se tendre vers elle pour tenter de l’attraper.

Faut que je sorte d’ici…

Nanoki bouscula les personnes à l’entrée et remonta en courant les escaliers. Le corps de Célia lui faisait face. Pendant une fraction de seconde, elle aussi était ensanglanté, un sourire surhumain au visage, les bras tendu vers la karatéka.

C’était trop.

Nanoki poussa la porte du gymnase, la faisant claquer contre la porte, fis quelques pas avant de se laisser tomber. Elle ne savait pas pendant combien de temps elle resta ainsi, à tenter de retrouver un rythme cardiaque et une respiration normale.

— On se serait cru dans un jeu d’horreur, pas vrai ? C’était trop marrant !

La karatéka sursauta à la voix de Soen.

— Pas besoin de faire tout un plat pour des poupées mal faite. En plus, on a déjà nos principaux suspects !

— A-ah oui ?

— Ouaip ! Gaël et Noémie !

— Je ne suis pas sûre qu'enquêter pour trouver des indices soit suffisant pour incriminer quelqu’un, déclara Noémie.

— Si tu le dis. Ah mais ! J’ai faillit oublié quelqu’un ! Notre suspect principal !

Il se leva, se planta à l’encadrement de la porte et pointa une personne du doigt.

— Randy. TU es sortis en même temps que Célia et tu n’es pas revenu depuis.

— D’où je suis suspect pour ça ? Elle insistait pour me parler donc on est allé dans la cour. Après je suis allé dans ma chambre pour réfléchir à une question qu’elle m'avait posée, mais elle m’a dit qu’elle comptait rester dans la cour en attendant que je revienne.

Suite à son récit, ils allèrent dans la cour. Nanoki n’avait jamais autant apprécié la distance qui les séparait. Mais surtout, elle était plus que ravi de ne pas retourner dans le gymnase. Et elle espérait ne pas avoir à le refaire. Même si elle espérait que ce ne fût pas une balade inutile et qu’ils trouveraient au moins un petit indice.

En repensant au dossier, il y avait quelque chose qui l’intriguait. Le lieu de la découverte du corps était indiqué, ce qui n’était pas le cas pour l’affaire Lou. Et surtout, la formulation. Il était bien précisé, lieu de découverte du corps, et non lieu du crime. Si Célia n’avait pas bougé de la cour, cela voulait donc dire que c’était là, le lieu du crime.

Sa théorie était peut-être vrai, car il y avait un objet qui ne devrait pas y être. Le micro offert à Clarisse. Gaël le prit en photo sous plusieurs angles.

Nanoki observait les alentours. Bien que la présence du micro était étrange, cela ne suffisait pas à prouver sa théorie. Il aurait fallut quelques choses en plus qui… La karatéka s’agenouilla près d’un caillou ensanglanté. Sûrement l’objet qui a été utilisé pour frapper Célia à la tête.

— Venez voir ça !

Les autres vinrent entourer le caillou en question qui fut lui aussi photographié.

— Dites, est-ce que d’autres personnes que Randy et Célia sont venus ici depuis ce matin ?

— Et tu crois qu’une personne va le dire alors que ça va la rendre automatiquement suspecte ? l’interrogea Léo, le menton relevé.

— Par forcément… ça dépend de l’importance de ce qui s’est passé ici pour l’enquête. Après tout, même si un caillou est plein de sang, ça pourrait n’être qu’un accident… Donc ? Quelqu’un ?

Il fit le tour de chacun d’entre eux, mais personne ne parla.

— Pourquoi cette question ? Je veux dire, je trouve ça débile… fit Randy.

— Je peux vous affirmer avec certitude que trois personnes différentes sont venues ici depuis ce matin. Vous verrez les photos que j’a prises durant le procès, la qualité de la tablette permet de voir les trois emprunte de chaussure différentes.

— C’est géant ! T’es sûr que c’est photographe ta capacité ? TU serais pas un observateur ? Ou mieux, un enquêteur ? s’exclama Eden.

— Si je dis que c’est ma capacité, c’est que j’ai passé le test. Enfin peu importe, ce qui…

Il se coupa dans sa phrase quand leur un grésillement sortit de leur tablette.

— C’est la fin de l’enquête, les copains ! On vous attends à notre point de rendez-vous !

Un noeud se forma dans l’estomac de Nanoki. A nouveau, leur vie était en jeu. A nouveau, ils allaient devoir résoudre l’enquête. A nouveau, ils allaient devoir affronter la mort du coupable. Parce qu’ils le trouveraient. Nanoki en était persuadée.

Elle aurait aimé que ce chemin fût plus long, mais avant même de s’en rendre compte, ils étaient arrivés. Les cris de Timéo résonnaient encore dans le bâtiment. Nanoki frissonna. Le mur au dessus des deux robots était vide. Comme la dernière fois, l’écran n’apparaîtrait que lors de l’exécution.

A côté de la photo de Lou, celle de Timéo et de Célia y trônaient également. Shiro et Kuro comptait réellement accrocher les cadres de tous les morts. Comme s’ils leur disaient que même mort, ils demeuraient ici.

— Allez ! Dépêchez vous !

Ils prirent place rapidement, aux mêmes places que la dernière fois.

— Bien ! Je vous rappelle la règle ultime du procès pour vous plonger dans l’ambiance… Si vous vous trompez de coupable, vous mourrez tous, excepté le perpétrateur. Néanmoins, si vous le trouvez, il sera le seul à être exécuté.

Le silence devint maître. Chacun observait les photos en boucle, sans oser commencer à parler, comme si ce serait cette personne qui serait désigné coupable. Nanoki prit une grande inspiration, se racla la gorge, et se lança.

— Je pense que la scène du crime n’est pas le gymnase mais la cour. Ça expliquerait le micro, les empruntes et le caillou ensanglanté.

— Alors c’est Clarisse la coupable parce que c’est son micro ! Allez avoue, t’as essayé de nous berner mais tu ne nous auras pas ! Tu vas mourir seul ! Moi je vais vivre !

Kaïs se prit un coup de coude dans les côtes. Il dévisagea Eden qui sourit innocemment.

— Même si je n’omets pas la possibilité que Clarisse soit coupable, n’oubliez pas que le micro était dans le socle, à la disponibilité de tous. Si tu veux vivre, ne tire pas de conclusion hâtive, à moins que tu es quelque chose à te reprocher dans cette histoire ?

— Q-quoi ? Tu… tu veux juste ma mort en fait ! Je le savais !

— Quand même, le coupable doit être intelligent pour avoir trouvé l’entrée du débarras et savoir comment l’ouvrir. Ça a l’air lourd en plus… fit remarquer Jessica.

— Elle a l’air lourde mais ne l’ai pas. N’importe qui pourrait l’ouvrir, affirma Noémie.

Le coupable devait surtout être fou pour récupérer une corde et des tapis avec la décoration du débarras. Cette vue ne devait pas le déranger, sinon, pourquoi s’entêter alors qu’il ne manquait pas de méthode ?

— Clarisse est sorti à un moment, non ? s’exclama Eden.

— Je suis juste allée au toilette ! En plus, genre, je suis sorti avant eux, comment tu veux que j’ai le temps de revenir puis aller au gymnase en si peu de temps ?

— T’es allé faire la grosse commission c’est ça ? s’enquit Soen, un grand sourire aux lèvres.

Clarisse devint rouge et bégaya des mots incompréhensibles.

— On se fiche de ça… souffla Léo.

La plupart des personnes étaient au réfectoire. Excepté Anaïs, Kaïs, Randy et Clarisse. Pour ce qui était du reste, la mémoire de Nanoki lui faisait défaut. Elle avait beau observer souvent les autres, s’ils ne faisaient rien de particulier ou inhabituel, son cerveau effaçait le moment. Cela ne l’aidait pas à trouver des suspects.

— Maintenant que j’y pense… Pourquoi empiler tous ces tapis ? se questionna Daphné. Et si… s’il s’agissait d’un suicide ? Le micro, le caillou et les traces de pas n’ont peut-être rien à voir avec ça ?

Il y eut un silence. Nanoki n’y avait pas pensé… Célia aurait-elle pu se suicider ? Le mobile serait la goutte faisant déborder le vase ? Gardait-elle un secret tellement important qu’elle avait peur d’être tuée ? Avait-elle lu son enveloppe et découvert quelque chose d’horrible ?

— Ce n’est pas vraiment anormal… Célia pourrait simplement avoir trébuché… proposa Gaël.

— Mais si l’aut’ là qui est allé dans la cour. Si y’a pas de rapport, pourquoi personne veut avouer ? demanda Randy.

— Si personne ne se présente, la théorie du suicide est fausse. Si cette tierce personne n’avait réellement rien à cacher, elle nous aurait dévoilé son identité, lança Léo.

— Cette tierce personne pourrait avoir peur d’être injustement mêlée à cette affaire, supposa Jessica.

— C’est stupide. Ça la rend juste plus suspecte.

Ils n’avanceraient pas ainsi. Nanoki avait peut-être mal débuté ce procès et ils s’enfonçaient dans un raisonnement douteux.

— C’est forcément Anaïs ! Elle a déjà essayé de tuer Eden, elle aurait pu se disputer avec Célia, et par impulsion tuer Célia et faire passer ça pour un suicide ! Et maintenant on va tous mourir !

Kaïs frappa la table du poing avant d’essayer de s’arracher les cheveux.

— Non, ce n’est clairement pas liée à une dispute, affirma Aaron. Je ne peux pas non plus dire si ce meurtre a été préparé à l’avance ou non, mais c’était un minimum réfléchit.

— A quoi tu penses ? l’interrogea Daphné.

— Le micro a été utilisé pour assourdir la victime et en profiter pour l’assommer. Cela ne pouvait être de l’impulsion.

— Quand même, faire ça en plein jour… le coupable devait être plutôt confiant pour porter le corps jusqu’au gymnase sans se faire prendre… dit Jessica.

— Le coupable a du faire un détour par la forêt pour ne prendre aucun risque, supposa Nanoki.

Les autres acquiescèrent, ce qui soulagea Nanoki. Elle espérait vraiment ne pas les menait sur une mauvaise piste à chaque prise de parole.

— Donc, les suspects principaux sont Anaïs, Kaïs, Randy et Clarisse, résuma Eden.

— Moi je trouve que les plus suspects sont Randy et Clarisse, annonça Soen.

Même si Nanoki comprenait qu’Anaïs ne faisait pas partis des plus suspects pour son côté impulsif, mais en ce qui concernait Kaïs… Il ne semblait pas très réfléchi, mais parano comme il était, il aurait pu tuer Célia. Peut-être même cachait-il très bien son jeu depuis le début et cherchait la meilleure façon de tuer quelqu’un, et a eu cette idée grâce au micro.

— Attendez, intervint Nanoki. Ce n’est pas par rapport aux suspects, mais… vous vous souvenez comme moi de l’effet du micro ? Et la cour est juste à côté du réfectoire. On aurait entendu quelque chose si le micro avait été utilisé, non ?

Les autres réfléchirent à ses mots un instant.

— Clarisse n’avait pas été affectée par son bruit assourdissant. Il doit y avoir une façon d’orienter le son. Clarisse, à quel point tu l’as entendu quand tu l’as allumé ? l’interrogea Léo.

— Très peu. C’était, genre, juste un léger bourdonnement. Et j’aurais carrément rien remarqué si vous n’aviez pas réagit comme ça.

— Dans ce cas… le coupable ne peut-être que toi, Clarisse…

Le sourire de Soen s’agrandit au fil de ses mots.

— Q-quoi ?

— C’est toi qui a utilisé le micro, donc tu savais qu’on entendrait rien. Les autres n’auraient pas pris le risque de se faire repérer, surtout à côté du réfectoire.

— Ça ne veut rien dire…

— Mais on est complétement stupide ! cria Gaël.

Les regards convergèrent vers le photographe qui se tapa le front, les yeux illuminés.

— Il nous suffit de comparer les empruntes des photos à celle de tout ceux qui auraient pu commettre ce meurtre.

— C’est… une idée tellement simple que je n’y avait pas pensé… avoua Léo.

— C’est possible ? Je veux dire, même si on arrive à voir que les empreintes viennent de trois personnes différentes, est-ce que la qualité permet d’avoir assez de détail pour comparer dans la vraie vie ? demanda Nanoki.

— En zoomant, oui.

Une idée aussi simple pouvait marcher ? Pour de vrai ? Si seulement ils y avaient pensé avant, ils auraient pu gagner du temps… Ils allaient vraiment devoir penser à tout par la suite, plutôt que de chercher des réponses compliquées.

— Clarisse, tu commences ?

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