Chapitre 22

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Une nouvelle journée commençait. Nanoki ouvrit la porte, la tête encore dans le vague. A peine ce fût fait qu’une personne lui sauta dessus. Sans réfléchir, elle sauta en arrière avant d’enchaîner avec un coup de pied circulaire.

La personne en face s’étala au sol dans un gémissement. Il s’agissait de Soen. Que faisait-il là ? Pourquoi lui avait-il sauté dessus ? Avait-il tenté de la tuer ? Il n’avait pas d’arme sur lui pourtant. Comptait-il s’y prendre à main nu ?

— Aïe… Ok, t’es clairement pas la karatéka pour rien… Rappelle moi de ne jamais essayer de te faire peur.

— Hein ?

Le menteur se leva dans une grimace. Nanoki fronça les sourcils et croisa les bras, appuyée sur l’encadrement de la porte.

— Qu’est-ce que tu fais là ?

— C’est à ton tour d’être suivie ! Je ne te lâcherai pas de toute la journée !

— Quoi ? Comment ça ? Et pourquoi “mon tour” ?

— Hier j’ai suivi Clarisse parce que je trouvais bizarre qu’elle accepte de prendre les responsabilités, surtout que c’était ton idée. Mais je me suis vraiment ennuyé… alors que j’aurais pu faire plein de choses supers.

Il renifla, tête baissée, avec une tête de chien battu.

— Et donc ? Pourquoi tu veux me suivre ?

— Hmm ? C’est plutôt logique non ? Tu es celle qui a découvert l’enveloppe la première et qui nous as tous rassemblé pour qu’on ne lise pas le contenu. Si ça se trouve, c’est un secret te concernant et tu ne veux pas être prise en cible…

Le regard de SOen s’assombrit alors qu’un petit sourire ornait ses lèvres. Le type de tête que Nanoki ferait si elle faisait croire à quelqu’un que sa maison était hantée. Mais quand il s’agissait de Soen… A le voir ainsi, elle oubliait toute ses idées comme quoi ça n’était pas le vrai lui. Il semblait dérangé. Comme un loup narguant un petit mouton qui sait parfaitement qu’il allait être mangé quoi qu’il fît.

— Et qu’est-ce qui me dis que tu n’as pas décidé de me prendre pour cible ?

— Si tu veux, je peux crier au et fort que je resterai avec toi comme ça, s’il t’arrive quoi que ce soit, je serais le principal suspect. Et puis, si un corps et découvert, ça nous fait un alibi commun ! Ne me remercie pas, ça me fait plaisir d’aider une amie aussi précieuse que toi ! Ah ! Et Eden sera avec nous aussi.

— Hmm, très bien. Tant que tu ne me suis pas jusqu’à l’intérieur de ma chambre. De toute façon, tu as pu constaté que je ne me retiendrais pas si tu tente de me surprendre.

Il éclata d’un rire nerveux.

— Je ne compte pas retenter l’expérience, une fois ça m’a suffit.

Nanoki hocha la tête et verrouilla la porte derrière elle. Elle ne savait pas pourquoi elle avait accepté alors qu’il lui aurait suffit d’un ippon ou d’un kin-geri pour le décourager.

Soen avait décidé de la suivre parce qu’il la trouvait suspecte. Elle ne devrait pas s’en étonner, mais bien qu’elle suspectait les autres, elle n’avait pas vraiment imaginé la possibilité de l’être aux yeux des autres. Qui d’autres que Soen le pensait ? Peut-être tout le monde ?

Au réfectoire, par habitude, elle s’assit en face de Daphné qui manqua de recracher ses céréales quand Soen prit place à ses côtés.

— Qu’est-ce que tu fous là le menteur ?

— Moi ? Je viens innocemment manger avec des personnes que j’apprécie plus que tout au monde ! Mais… j’ai l’impression que ça te plaît pas… je… je suis désolé d’être aussi insupportable.

Des larmes coulèrent sur ses joues. Il cacha son visage dans ses mains, tentant de camoufler ses sanglots.

— Pourquoi ça m’étonne qu’un menteur sache pleurer sur commande comme ça ?

— Ouin ! T’es trop méchante ! Tu pourrais faire semblant de me croire au moins…

Daphné roula des yeux.

— Et si tu essayais de dire la vérité pour une fois ? Qu’est-ce que tu fais là ?

— Je passe ma journée avec cette chère Nanokinette parce qu’elle m’a supplié d’égayer sa journée de ma présence.

Daphné haussa un sourcil.

— Je n’ai même pas besoin de lui poser la question pour savoir que c’est faux.

— Rolala ! On peut même plus rigoler tranquille sans se faire traiter de menteur.

Nanoki se détourna d’eux et emprunta un paquet de cookie à Daphné. Elle avait si trop peu manger ses derniers jours pour se permettre de rester quelques heures de plus sans rien avaler.

Elle balaya la pièce. Anaïs sortit de la cuisine, un paquet de gâteau dans les mains. Elle jeta à peine un regard vers eux et quitta le réfectoire. Nanoki se demandait la véritable raison de son isolement.

— Ça m’énerve tellement ! Genre, pourquoi ça m’arrive à moi.

La chanteuse passait devant eux, la main sur le front.

— Qu’est-ce qui t’arrives Clarissounette ?

— J’ai envie d’aller aux toilettes, et ça m’énerve parce que, genre, elles sont dégueulasses ! Beurk !

— T’en fait vraiment tout un plat pour rien… soupira Daphné.

— Vous pouvez pas comprendre.

Clarisse envoya ses cheveux en arrière avant de quitter le réfectoire. Soen rit à gorge déployée.

— Qu’est-ce qui te fait autant rire ? demanda Nanoki.

Ce dernier ce redressa et ouvrit de grands yeux innocents. La karatéka soupira. Elle ne savait même plus pourquoi elle s’entêtait.

Elle grignota son cookie et laissa ses yeux divaguer vers les autres.

— Je serais tellement triste à ta place, ma pauvre Daphnénounette… Nanoki ne s’intéresse même pas un peu à toi. Elle préfère passer son temps à observer les autres en se prenant pour l’analyste…

— Pardon ? Je ne suis pas aussi condescendante !

Elle déplaça sa chaise au bord de la table et se tourna encore plus vers le reste de la salle. Elle cibla Randy et Célia qui discutaient. Ou plutôt, Célia qui essayait de parler à Randy qui grognait, levait les yeux au ciel et murmurait dans sa barbe. Il finit par sauter sur ses pieds et quitter le réfectoire, suivi par Célia. A quoi l’actrice pensait ?

Une main se balança de haut en bas de son visage. Nanoki haussa la tête avant de se tourner vers Soen.

— Aww, je t’ai vexé Nanokinette ?

— Soen ? commença Daphné. Fais moi plaisir et ferme ta gueule.

— T’es trop méchante Daphnénounette ! De toute façon, c’est avec Nanoki que je passe ma journée, pas avec toi ! Pas besoin d’être jalouse de notre relation.

La karatéka manqua de s’étouffer avec sa salive. Elle ne s’habituerait jamais aux bêtises que le menteur pouvaient sortir. Daphné réprima une envie de vomir, sous l’air offusqué de Soen.

— Et si on allait au gymnase ? Comme ça ce con arrêtera de me faire chier tellement il sera concentré sur le fait de te regarder.

— Je suis désolé…

— Lala, mon pauvre Soen, écoute pas ce que te dis la méchante Daphné. Elle est jalouse de toi, c’est tout.

— Vous pouvez arrêtez avec cette histoire de jalousie ? s’étrangla la rêveuse.

Nanoki approuva l’idée. Elle se sentait un peu moue depuis le matin même. La karatéka s’y rendit en grandes enjambées, les trois autres un mètre derrière.

Elle ouvrit en grand la porte du gymnase et fit quelques pas à l’intérieur avant de s’arrêter. Elle sentit qu’on la percutait, puis entendit une voix. Pourtant, elle ne sentait pas et n’entendait pas. Son corps n’était qu’un réceptacle vide.

En bas, Célia était pendue au panier de basket, des tapis empilés à quelques centimètres de ses pieds.

Non… ce n’est pas possible… Lou vient d’être tuée et Timéo exécuté. Ça juste, deux ? trois ? jours. Pourquoi ? Le mobile… quelqu’un l’a lu ?

Nanoki se réveilla quand un cri strident retentit derrière elle, accompagné de bruit de pas. Mais surtout… la pression dans l’air significative.

— Félicitation au coupable ! C’est une belle mort ! Même si je dois avouer que ça manque de sang…

La karatéka réprima une envie de vomir à ses paroles.

Tu t’y habitueras peut-être… Non…

Elle ne voulait pas s’habituer à ça… à ces corps, ces mots… Elle ne voulait pas ressembler à ces deux monstres. Elle ne voulait pas…

— N’oubliez pas de vérifier le dossier ! Bonne chance pour l’enquête, chers enquêteurs en herbe !

Shiro leur fit un clin d'œil avant de disparaître. Kuro adressa un regard vide à l’assemblée.

— Vous n’auriez pas du…

Elle n’ajouta rien de plus et disparut à son tour. “Vous n’auriez pas du” ? Nanoki eut envie de rire. Tout serait différent s’il n’y avait pas de mobile, s’ils n’étaient pas ici.

Nanoki récupéra sa tablette qu’elle manqua de faire tomber tant elle tremblait.

“Nom de la victime : Célia

Cause de la mort : Strangulation

Lieu de découverte du corps : gymnase

La victime a reçu un coup à la tête.”

Ils n’iraient pas loin avec aussi peu d’informations… Ils l’avaient déjà fait une fois, mais…

Les deux robots faisaient sûrement exprès de les laisser se débrouiller. De les laisser sombrer dans le désespoir. Ou bien ils les surestimaient. Bien que Nanoki n’y croyait pas.

Gaël, Aaron, Léo et Noémie s’attelèrent à la tâche. Nanoki se demandait si elle enviait leur sang froid ou si cela ne la rassurait pas. La façon dont Gaël cherchait les angles parfaits pour les photos. La façon dont Noémie palpait le corps de Célia, montant même sur la pyramide de tapis pour atteindre son visage.

— Il y a quelques chose d’étrange… marmonna Léo. Où le coupable a trouvé la corde ? J’ai analysé chaque pièce et je n’ai jamais vu de corde.

Nanoki fronça les sourcils. Elle força ses neurones à se connecter pour réfléchir. Elle devait surpasser cela et trouver, même juste un petit truc. Sa vie dépendait du procès et parmi eux se trouvait le coupable. Elle ne devait pas trop leur faire confiance.

— Peut-être… qu’il y a une pièce qu’on n’a pas encore découvert excepté le coupable, tenta-elle sans trop y croire.

— Mais non ! Y’a rien de plus sur le plan ! lança Eden.

— Tu l’as vraiment regardé ? demanda Daphné, un sourcil haussé.

Un plan… Il pouvait y avoir un indice sur ce qu’ils cherchaient. N’importe quoi qui se fondait si bien dans le décor qu’il fallait réellement chercher pour le trouver. Elle cliqua sur le plan et après l’avoir regardé en globalité, elle zooma un peu de partout et un peu au hasard. Jusqu’à…

— Hé ! cria Gaël. J’ai peut-être trouvé quelque chose. C’est ici même. Vous avez vu ? Il y a un rectangle au niveau des gradins.

— Et genre, ça fait quoi ? Tu vas aller devant les gradins et dire un truc du genre “porte ouvre toi je sais que t'es là" ?

Le photographe ignora la remarque de Clarisse et s’approcha de la zone en question. Nanoki le suivit, dubitative. Même si c’était son idée, elle ne voulait pas les faire perdre du temps à chercher ce qui n’existait pas. L’enquête était leur priorité. Était-ce si important de savoir d’où venait la corde ? Après tout, s’ils ne connaissaient pas l’existence d’une pièce cachée, comment savoir qui la connaissait.

— Aha !

— Quoi ? T’as trouvé quoi ? s’enquit la karatéka.

— Regardez, il y a une césure juste ici.

Il dessina celle-ci de l’index et Nanoki ouvrit de grands yeux en la voyant.

— Ok, j’avoue, les yeux d’aigles c’est plus efficace que demander à la porte.

— Le plus dur est fait, mais on a pas encore trouvé comment s’ouvre la porte. C’est la fin… souffla Soen, les mains rassemblées sur son cœur.

— C’est très simple. Il suffit de regarder comment c’est agencé, intervint Noémie.

Elle s’agenouilla aux côtés de Gaël. Ses doigts suivaient la ligne du sol de gauche à droite jusqu’à dépasser la zone. A cet endroit, ses doigts parvenaient à passer sous les gradins. La collectionneuse attrapa le bas et souleva les gradins jusqu’à ce que ses derniers fussent plus haut que le reste, puis elle fit coulisser la zone sur la gauche.

Des escaliers se dévoilèrent à eux. Nanoki jeta un regard à Noémie qui se décala pour leur laisser de la place.

— Comment tu savais qu’il fallait faire ça ? Tu connaissais l’existence de ce truc ? C’est toi la coupable ? Hein ? Hein !

— J’ai le même système d’ouverture chez moi pour cacher mes collections. J’ai juste testé.

— Woah ! T’es trop forte Noémie ! Et si on y allait ? s’exclama Soen.

Nanoki jeta un coup d’oeil en bas des escaliers. C’était si sombre qu’elle ne saurait dire où s’arrêtaient les marches. Cela ne la dérangeait pas d’y aller, mais sans lumière, elle risquait de tomber.

— Doit bien y’avoir un interrupteur en haut non ? Parce que sinon genre l’architecte qui a construit ça a raté sa vie.

Tout en disant cela, Clarisse tata l’intérieur à gauche et à droite et enfin, un clic se fit entendre. La lumière éclaira les escaliers.

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