Chapitre 16

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Timéo observait la vue qui s’offrait à lui. Quand, soudainement, une lame se plaça sous sa gorge, et des bras l’enroulèrent pour l’empêcher de bouger.

Anaïs écarquilla les yeux. Elle voulut se jeter sur Lou, mais son corps ne répondait pas. Ele était paralysée, condamnée au rôle de spectatrice. Son frère allait se faire tuer sous ses yeux et elle ne pourrait rien y faire.

Cependant, d’une force qu’elle ne lui connaissait pas, Timéo asséna un coup de coude dans le ventre de Lou qui desserra sa prise, le souffle coupée. Il frappa son poignet droit, mains qui tenait le couteau. Le bruit métallique résonnait encore dans les oreilles de la jumelle.

Le malchanceux n’attendit pas plus, se retourna et donna un autre coup qui fit tomber Lou à terre. Malheureusement, il ne s’arrêta pas là. Il confia plus tard à sa sœur qu’il avait peur. Peur que Lou se relève. Peur de ne pas réussir à lui échapper une seconde fois. Peur qu’elle le tuât.

Alors il enfonça son pied dans son ventre sans relâche, sans lui laisser le moindre répis, la rapprochant de plus en plus du vide. Il ne voulait pas la tuer, simplement l’assommer assez pour courir s’enfermer dans sa chambre et ne plus jamais en sortir pour ne pas risquer de la recroiser.

Mais vint le coup de trop ; celui qui la fit chuter dans un sommeil éternel.

Au moment où le craquement de ses os parvint à ses oreilles, il réalisa ce qu’il venait de faire. Il s’écroula près du bord, mains plaquées contre sa bouche, les yeux rivés sur la partie du cadavre qu’il pouvait apercevoir. Des larmes ruisselaient sur ses joues alors qu’il était pris de soubresauts.

Anaïs réussit enfin à bouger. L’impuissance et la culpabilité prenaient possession de chaque parcelle de son corps. Pendant tout ce temps, elle était restée là, à les observer. Sans rien faire, ni parler. Il aurait pourtant suffit d’une parole, d’un son, pour ramener Timéo à la réalité.

Elle s’approcha de son frère et lui tomba presque dessus en le prenant dans ses bras. Elle le força à détourner le regard de la victime pour le faire pleurer sur son épaule. Elle l' écarta du bord afin d’éviter que les autres pussent les voir d’en bas.

— Je suis un monstre.. C’est moi qui aurait dû mourir…

Anaïs l’étreignit plus fort, comme pour lui donner de la force. Ils allaient devoir se dépêcher de rejoindre ceux qui venaient de découvrir le corps avant que quelqu’un n’eut l’idée de monter.

— Voilà ce qu'il s’est passé… J’ai rien pu faire… Si seulement j’étais intervenue. Même si elle nous aurait poursuivit, j’aurais pu crier pour alerter tout le monde et personne ne serait mort… C’est de ma faute…

— Non ! C’est moi qui l’ai tué ! C’est de ma faute à moi…

— Pourquoi tu l'as protégé ? Tu serais morte avec nous si on n’avait pas découvert que c’était lui le coupable, lança Léo, les bras croisés.

Il n’avait vraiment aucune pitié pour eux. Ce n’était que de la légitime défense au fond… comment l’analyste pouvait-être aussi insensible ?

— Parce que c’est mon frère… je l’aime… il… il ‘a juste pas eu de chance. Je voulais pas qu’il se fasse exécuter, mais je voulais pas mourir non plus. Je savais pas quoi faire…

Sa voix partit dans les aigus aux derniers mots. Anaïs balaya sans attendre les larmes qui naissaient aux coins de ses yeux.

Le silence absolu régna dans la pièce. Personne d’autre n’osa parler. Et pour dire quoi finalement ? A part le plaindre… Timéo n’avait agit que par instinct de survie. Si l’un d’eux se serait fait attaquer et serait parvenue à se libérer de la prise de l’attaquant, ils auraient peut-être fait la même chose.

Aussi pacifiste quelqu’un pouvait être, pouvait-il vivre avec la personne qui avait tenté de le tuer ? Ne sombrerait-il pas dans la paranoïa ? Ne finirait-il pas par le tuer, par peur peur d’être à nouveau pris en cible ? Aucun d’eux ne pouvait affirmer qu’ils auraient agit d’une quelconque façon sans le vivre. Alors Nanoki n’affirmait rien.

Toutefois, elle ne parvenait pas à en vouloir à Lou. Cette dernière était déterminée à reprendre sa liberté. En tant que chercheuse, elle aurait dû être l’une des personnes les plus confiante. Elle était la plus propice pour trouver au moins un indice. Mais si, malgré sa capacité, elle n’avait rien trouvé ? Elle sombra alors dans le désespoir et décida de sacrifier tous les autres pour s’enfuir.

Qu’est-ce que c’était, de savoir que des inconnus mourraient en échange de sa liberté ? Lou aurait peut-être eut des remords, un pincement au cœur tout au plus. Mais ils ne se connaissaient pas. Ils ne devaient pas attendre des autres qu’ils se tuassent pour permettre aux autres de retrouver sa vie normale. Nanoki pouvait affirmer cela, car elle refusait de se sacrifier pour les autres.

— Je me pose une question, débuta Noémie. Pourquoi aller sur le toit, à cette heure-là et surtout au vu de la situation ?

— Je… j’avais confiance en chacun d’entre vous… j’étais persuadé que personne ne tenterait de commettre un meurtre… c’est horrible de tuer, alors j’ai cru…

Nanoki esquissa un faible sourire. Bien que l’idée était naïve, elle ne pouvait s’empêcher d’être touchée. Pourtant, Noémie ne semblait pas satisfaite de sa réponse, comme si elle s’attendait à autre chose.

— Ce n’est pas fini les amis ! cria Shiro. Auriez-vous oublié la punition ? lança-t-il, l’air malicieux.

Le grand sourire du robot fit frissonner la karatéka. Elle avait oublié cette partie du procès, mais maintenant qu’ils avaient trouvé le coupable, ils allaient devoir voter pour lui pour qu’ils fût exécuté.

Nanoki sortit sa tablette. De ses doigts tremblants, elle attendit que le chargement pris fin. Puis, un nouvel écran s’afficha.

“Qui est celui que tu penses être le coupable ?” en haut de l’écran, en rouge sang qui dégoulinait. Et en dessous, une photo de chaque participant, encadrée de ce même rouge dégoulinant. Même Lou y était, bien que grisée.

Avant que Nanoki n’appuyât sur la photo de Timéo, elle pouvait déjà apercevoir un nombre qui augmentait en direct et son vote rejoignit ceux des autres. Quatorze votes pour Timéo, un vote pour Lou.

— Si Lou n’avait pas attaqué Timéo, son instinct de survie ne l'aurait pas poussé à a tuer. C’est elle la coupable.

La voix morne d’Anaïs résonnait dans la salle. Était-elle prête à mourir pour son frère ? Ou le faisait-elle parce que c’était sans risque car elle savait que tout le monde avait voté pour le malchanceux qui portait vraiment bien sa capacité.

Elle se reconcentra sur sa tablette. Une nouvelle phrase y était inscrite “vérification de l’identité du coupable”. Sans savoir pourquoi, le cœur de Nanoki s’emballa. Pourtant, l’auteur de ce meurtre s’était confessé, il n’y avait pas moyen que le résultat affichât une autre personne. Alors pourquoi elle imaginait des centaines de scénarios où ils apprendraient que Timéo se faisait passait pour une raison inconnue pour le coupable mais qu’il était innocent ?

La photo de Timéo apparut, entourée d’une ligne verte ainsi que le mot “victoire” tout deux clignotant. Un soupir de soulagement s’échappa de la gorge de Nanoki. Elle releva aussitôt la tête, pour s’assurer que personne ne l’avait vu se réjouir de la mort du malchanceux. Mais ceux dont elle croisait le regard arborait la même expression qu’elle.

— Félicitation, chers enquêteurs en herbe ! Maintenant, le perpétrateur va recevoir une punition bien mérité pour son acte !

Anaïs sauta de sa chaise et se planta devant le trône, poings serrés et yeu écarquillés.

— Vous… vous ne pouvez pas faire ça ! Il est innocent ! Vous n’avez pas le droit de prendre mon frère !

Des larmes coulaient le long de ses joues, mais SHiro était insensible. Kuro, elle, se ratatina sur son siège, l’air gêné. Un air compatissant se dessina sur son visage, comme si elle était sincèrement désolée pour la suite.

Anaïs continuait de hurler des paroles de moins en moins compréhensibles et sa voix montait de plus en plus dans les aigus. A l’inverse de Shiro dont le sourire s’agrandissait de plus en plus. Il donna un coup de talon sur le bas de son siège et un plateau en sortit sur lequel trônait un gros bouton rouge. Le robot écrasa son pied sur ce dernier.

La seconde d’après, le sol sous Timéo disparut. Anaïs eut beau se jeter sur lui, c’était trop tard. Le sol l’avait déjà absorbait.

La jumelle se retourna d’un geste vif vers les deux robots, le visage déformé par la rage, mais son regard, tout comme ceux des autres furent attirés par un écran qui venait d’apparaître au-dessus de leur bourreau.

Ils pouvaient y voir Timéo, allongé à même le sol, retenu par des chaînes ancrées dans les plancher. Un bandeau cachait ses yeux. Sa longue veste noir était ouverte, ddévoilant son torse nue tremblant.

Il ne se passa rien durant de longues minutes durant lesquelles Nanoki se demandait ce que lui réservait le monstre assoiffé de sang. Elle s’attendait à tout, pourtant, elle fut surprise par ce qui arriva.

Une dalle tomba sur la jambe gauche de Timéo. Le craquement de ses os résonnèrent dans la pièce, accompagné d’un hurlement de douleur. Sa jambe était pliée dans un sens qui ne devrait pas être possible.

Timéo tenta de se débattre, mais chaque mouvement lui arrachait des gémissements.

Une autre dalle lui fracassa les os de l’avant bras et du sang gicla sur son visage. Son cri fut plus déchirant que le premier. Le bandeau qui recouvrait ses yeux, s’humidifia.

Un morceau, plus petit cette fois, écrasa son poignet droit. Sa main sauta et retomba quelques centimètres plus loin. Timéo hurlait à s’en casser la voix. Sa mâchoire se décrochait presque tant il ouvrait grand la bouche.

Il n’y eut pas de nouvelle dalle durant un moment. Timéo sanglotait, tremblait, suppliait pour être achevé. Mais s’il attirait la prétendu compassion de Kuro, seul Shiro décidait de la suite. Et ce spectacle le rendait bien trop fou pour s’arrêter là.

Les coups suivant s’enchaînèrent ; un morceau sur la cheville droite, un sur la cuisse gauche, un petit en plein ventre.

Ses cris s’affaiblissait peu à peu à cause de tout le sang qu’il perdait.

Finalement, une dernière dalle lui tomba sur la tête. La flaque de sang dans lequel il baignait ne cessait de s’agrandir.

L’écran disparut dans le mur. Nanoki continuait de fixer ce dernier, les mains plaquées contre sa bouche et les yeux écarquillés. Autour d’elle, des cris retentirent, des personnes s’effondrèrent. Elle aussi sentait ses jambes se ramollir, comme une poupée de chiffon.

Les hurlements et les pleurs de Timéo s’accrochaient à son esprit. Ce moment la hanterait toute sa vie.

Un nouveau cri la fit sursauter. Mais ce n’était pas un cri horrifié comme les précédents. Celui-ci était empli de rage. Il s’agissait de Randy.

— Comment vous pouvez faire souffrir quelqu’un de cette manière, monstres !

La seconde d’après, il se jeta sur les robots, poings levés. Cependant, Kuro attrapa le bras de Shiro et ils disparurent. Randy, incapable de s’arrêter dans sa lancé, s’écrasa contre l’un des trônes.

— Tu as eu de la chance qu’ils soient partis avant que tu ne les frappes. Je n’ai pas besoin de te rappeler ce qu’il te serait arrivé si tu les avait touchés, j’espère ? l’interrogea Noémie.

Cette dernière demeurait impassible. Si d’habitude, Nanoki s’en fichait, cette fois-ci, elle se posait des questions. Même si Léo et Aaron se montrait calme, ils comprenaient l’importance de ce moment et que tout cela était loin d’être un jeu. Même si Soen affichait un grand sourire, il avait su se montrer sérieux durant le procès, bien que cela avait peu duré.

Mais Noémie, elle… C’était comme si rien ne l'atteignait, comme si elle était au dessus de tout cela. Et cette insensibilité n’était pas accepté par une certaine personne.

Anaïs fondit sur elle, la prit par le col pour la soulever de quelques centimètres, forçant Noémie à se mettre sur la pointe des pieds.

— Comment tu peux rester aussi calme ? Hein ! Ça te fait rien d’avoir vu mon frère crever sous tes yeux ? T’en as rien à faire ? Tu n’as pas de cœur ?

Elle l’assaillit de questions qui ressemblaient plus à des reproches. Sa respiration s’accéléra et son corps se mit à trembler. Ses phalanges blanchissaient tant elle serrait le vêtement de Noémie.

— Je suis désolée si je t’ai donné cette impression. Je ne suis pas expressive, c’est comme ça. Mais ça ne veut pas dire que je ne ressens rien. Cette exécution était affreuse à regarder et je souhaite que malgré ça, ton frère repose en paix.

Ses paroles ne calmèrent pas Anaïs, mais Noémie se fichait de cela. Elle se dégagea sans mal et quitta la pièce. La jumelle la suivit du regard sans tenter de la rattraper. Elle jeta un dernier regard vers les autres avant de sortir à son tour.

Nanoki poussa un long soupir et se rendit compte à ce moment qu’elle avait arrêté de respirer. Depuis qu’ils étaient arrivés, les autres n’avaient cessé de se disputer et de se frapper. Mais maintenant que la tuerie avait réellement commencé, le nœud dans l’estomac de la karatéka lui indiquait que ce qui s’était passé avant n’était qu'un avant goût de leur futur quotidien.

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