Chapitre 15

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— J’ai fait un rêve où j’ai vu un œuf tomber d’une table et s’écraser. J’ai compris que quelque chose n’allait pas et j’y suis allé. En chemin, j’ai croisé Randy tout paniqué qui m’a expliqué ce qui s’était passé et demandé de l’aider à rassembler les autres.

Comment Daphné a pu comprendre qu’il s’était passé quelque chose avec un rêve pareil ?

— C’est ma faute. C’est ma faute. C’est ma faute.

Nanoki se tourna vers la personne qui disait cela. Il s’agissait de Timéo, les bras enroulé autour de ses jambes et se balançait d’avant en arrière en répétant cette même phrase. Des larmes coulaient le long de ses joues et de la morve atteignait presque ses lèvres. A côté de lui, Anaïs lui frottait le dos.

— Ne dis pas ça… Ta capacité n’apporte pas la malchance aux autres.

Nanoki se détourna d’eux, cela n’aiderait pas pour l’enquête. Elle manqua de trébucher sur Jessica qui demeurait au sol. Elle l’observa un moment pour s’assurer qu’elle n’était pas morte, mais sa poitrine qui se soulevait et s’abaissait la rassurait et elle s’éloigna.

Elle n’eut cependant pas le temps d’analyser plus que cela, car une voi émana de son bracelet.

— Bon ! On s’ennuie là ! L’enquête est finie, allez tous au bâtiment entourés de socles, le procès va commencer.

Nanoki sentit son cœur s’accélérer subitement accompagné d’un goût amère. Elle avait vraiment la sensation de n’avoir servi à rien lors de l’enquête. Elle allait devoir faire avec, car tout allait se jouer. Soit ils trouvaient le coupable, soit ils mourraient.

Anaïs tira son frère pour qu’il se lève. Célia secoua Jessica pour la réveiller. Gaël supportait Kaïs qui tenait à peine sur ses jambes.

Rapidement, ce petit monde arriva devant le bâtiment indiqué. Ils arborait tous une expression figée. Excepté Soen, qui, comme toujours, demeurait souriant. Même Eden affichait un air sérieux.

Sans qu’ils n’eurent à faire quoi que ce fût, les socles se déplacèrent pour les laisser passer. Après un regard entre eux, ils pénétrèrent un à un.

La pièce était plus grande de l’intérieur que de l’extérieur. Nanoki frissonna. Elle ne saurait l’expliquer, mais ce lieu lui procurait de l’inconfort. La hauteur de plafond l’écrasait. Elle serait restée sur le pas de la porte si les personnes derrière elle ne la poussaient pas.

Une grande table entourée de quinze chaises les attendaient, tout comme Shiro et Kuro. Ces deux-là étaient installés sur deux immenses trônes. Mais ce qui attira l’attention de la karatéka était une photo de Lou, accrochée près d’eux, barrée d’un rouge dégoulinant. L’idée qu’il puisse s’agir du sang de la victime donna un haut le cœur à Nanoki. Elle préféra croire que c’était du faux sang. Cela n’en était pas moins macabre.

C’était comme si la chercheuse allait assister au procès, mais qu’elle était bloquée dans le silence, forcée de les laisser débattre et peut-être se tromper.

— Asseyez-vous, chers participants de cette tuerie.

Lentement, ils obéirent. Nanoki craignait de subir les conséquences d’une rebellion, même aussi minime que de refuser de s’asseoir.

— Pourquoi il n’y a que quinze chaises ? demanda Randy.

— C’est très simple ! Pour venir ici, il fallait qu’il y ait un meurtre, donc le maximum de survivants était quinze.

Rany fronça les sourcils, mais n’ajouta rien et s’installa à la dernière place libre.

— Pourquoi cette question ? Genre, on s’en fout non ? chuchota Clarisse.

— Je t’ai pas causé.

Clarisse croisa les bras. Nanoki aurait voulu savoir elle aussi pourquoi il les avait interrogés sur cela. Peut-être par simple curiosité ? Pourtant, sa propre curiosité était bloquée par la situation. La seule question à laquelle elle souhaitait une réponse était qui était le coupable.

Le silence fut maître pendant de longues minutes durant lesquelles ils regardaient les photos sur leur tablette. Aucun d’eux ne savait par quoi commencer. Nanoki, elle, n’avaient jamais été à un tribunal et ne savait pas comment cela fonctionnait. D’autant plus que leur cas était particulier. Ils étaient à la fois suspects, juges et avocats.

— Alors… (Nanoki se racla plusieurs fois la gorge) Au vu de ses blessures, je pense qu’elle s’est battue.

— Comment être sûr que ça a un rapport avec le meurtre ? Parce, genre, le coupable a l’air de l’avoir carrément dominé. Pourtant elle a l’air d’être le genre de meuf qui sait se défendre, ajouta Clarisse.

— Je pense que c’est liée à l’affaire. Lou était loin d’être maladroite alors je doute qu’elle se soit fait autant de bleu en quelques jours, affirma Gaël.

Nanoki était d’accord avec lui. A bien y réfléchir, elle se sentit idiote d’avoir pensé qu’il s’agissait d’autre chose. Toutefois, les paroles de la chanteuse la perturbaient. Pourquoi Lou ne s’était pas défendu ? La karatéka doutait que la victime eût été prise par surprise.

— Je ne sais pas qui est le coupable, mais il doit être vraiment sadique pour la frapper de nombreuses fois avant de la pousser dans le vide ! lança Eden.

— Célia reste perturbée. Célia se demande si Lou pouvait avoir été prise par surprise. Elle ne devait pas s’attendre à être attaquée et le coupable l’a rué de coups sans lui laisser le temps de réagir.

Le cerveau de Nanoki carbureait. Elle était sûre que Célia se trompait, elle devait juste trouver une preuve de sa théorie.

— Cela pourrait se tenir. Cependant, Lou ne prenait pas cette tuerie à la légère et était sur ses gardes, bien qu’elle le montrait peu, décréta Aaron.

Il avait raison. Lou était intelligente et loin d’être naïve. Elle était déterminée à sortir donc était bien pacée pour prévoir un meurtre.

— Personnellement, ce qui m’intrigue est le couteau sur le toit. C’est assez étrange qu’il soit là alors qu’il n’ait pas servi. Le coupable aurait dû le ramener dans la cuisine, non ? questionna Léo.

— Qu’est-ce tu veux dire ? Que le coupable l'a laissé exprès pour qu’on se goure ? QUe c’est une fausse piste ?

— Tiens, tu sais réfléchir le non capacitaire ?

Randy grogna mais ne relevait pas. Pourtant, ses yeux lançaient des éclairs et il était prêt à se jeter sur Léo.

— Je pense que ce couteau devait être l’arme prévue pour le crime mais que le coupable l’a fait tomber par terre. En observant le sol, j’ai pu remarquer une légère trace. Je pense que le couteau est tombé sur la lame avant de rebondir. On peut le voir en zoomant sur la photo que j’ai prise.

Ils s’éxecutèrent et, en effet, bien qu’à peine visible, la qualité incroyable de l’appareil permettait de l’apercevoir.

— Célia pense que Lou a fait tomber le couteau des mains du coupable et qu’il en a profité pour lui donner un coup suffisamment fort au ventre pour la faire tomber.

Les autres acquiescèrent. La théorie était plausible, cela expliquait comment le coupable avait pu avoir le dessus.

— Et si, la personne qui possédait le couteau était en fait Lou ? proposa Soen, un sourire malicieux aux lèvres.

Nanoki ouvrit de grands yeux. A l’instant où elle avait découvert le corps de Lou, elle l’avaient casé dans la catégorie victime. Il était vrai qu’elle était déterminée à sortir, mais la karatéka avait du mal à l’imaginer tuer quelqu’un. C’était une chercheuse elle aurait finit par trouver quelque chose !

— Donc, tu penses que Lou a tenté de tuer le coupable ? demanda Anaïs.

Ce dernier approuva. Pour une fois, il arborait un air sérieux qui apportait plus de crédibilité à sa théorie.

— Peut-être… euh… peut-être que c’était juste pour se défendre au cas où ? proposa Jessica d’une petite voix.

— C’est une possibilité, en effet… affirma Léo.

— Je ne sais pas… fit Nanoki. Le coupable l’aurait attaqué à main nu alors qu’elle avait une arme ? Je veux dire, un couteau aussi gros ça se cache pas dans une poche. Le coupable savait forcément qu’elle avait une arme alors ça n’a aucun sens de la combattre alors qu’il aurait simplement pu la pousser.

— Mais si Lou est arrivée sur le toit après le coupable pour le tuer, c’est une autre histoire ! lança Soen.

Nanoki se plongea dans une réflexion. Tout semblait à la fois si simple et si compliqué. Si seulement Lou n’était pas la victime… Comment pouvaient-ils trouver le meurtrier avec aussi peu de preuves ?

— Donc, en se basant sur ta théorie, il nous suffit de savoir qui est monté sur le toit avant. Je suppose que tu ne le sais pas ? l’interrogea Gaël.

— Célia pense que c’est inutile et qu’il faut se concentrer sur la façon dont le meurtre a été fait pour en déduire des suspects.

— Ouais, genre, ce serait plus simple. Du coup, genre, j’pense que ça doit être quelqu’un de fort avec de bons réflexes, lança Clarisse.

Les têtes se tournèrent vers Nanoki. Forte avec de bons réflexes. Un profil qui lui correspondait. Mais pour une fois, cela ne l’arrangeait pas.

— Où étais-tu au moment du meurtre ? la questionna Aaron.

— J’étais dans ma chambre. Je dormais.

— Alors c’est toi qui l'a tué ? T’as essayé de nous le cacher pour qu’on meurt tous ? C’est ça ? C’est ça ? s’écria Kaïs.

Nanoki soupira. Elle n’irait pas bien loin avec lui. Malheureusement pour elle, elle n’avait pas d’alibi. Une frisson parcourut son échine. Elle devait trouver quelque chose, elle ne voulait pas mourir…

— Je ne suis pas convaincu… fit Daphné. Quand je suis allée la voir dans sa chambre, elle avait la tête de quelqu’un qui vient de se réveiller. Et puis, je doute qu’on puisse aller dans sa chambre aussi vite. Moi ou Randy l’aurait forcément croisé.

— Mais oui ! Le coupable n’a clairement pas pu aller dans sa chambre ! Il a du entendre que Randy allait chercher les autres et est arrivé en faisant mine qu’il avait été mis au courant ! cria Eden comme s’il s’agissait d’une révélation.

Alors c’était bon ? Nanoki était sauvée des suspicions ? Elle lança un regard de remerciement envers Daphné. Elle ne savait pas si cette dernière l’avait protégé parce qu’elle s’était attachée à la karatéka, ou simplement pour ne pas mourir en se trompant de coupable. Quelque fut la réponse, cela avantageait Nanoki.

— Mais je l’ai peut -être croisé et lui ai dit, non ? C’est pas possible ?

— Pauvre sot… le coupable venait du toit. S’il s’était présenté à toi, tu l’aurais vu sortir du réfectoire. Et il ne pouvait pas aller dans sa chambre.

Randy ouvrit de grands yeux, l’air de comprendre.

— Il y a bien une personne qui est arrivée juste après toi. Enfin, deux, pour être exact, annonça Noémie.

— Deux ? répéta Nanoki.

— Il y a deux coupables ? Pas possible ! On va tous mourir !

Kaïs s’agrippa les cheveux, presque à se les arracher. Il jetait un regard méfiant à tous ceux présents, les yeux si écarquillées que le blancs de ses yeux étaient devenus maitre.

— Parle ! De qui s’agit-il ?

— Randy, as-tu croisé quelqu’un avant d’aller aux dortoirs ?

— Euh… à part Daphné, non. Mais comme vous le savez, elle est allée prévenir les autres.

— C’est bien ce qu’il me semblait…

Nanoki était suspendu à ses lèvres. Son cœur battait un peu plus vite à chacun de ses mots. Sa douce voix flottait dans l’air. Ils attendaient tous qu’elle prononça le nom des coupables.

Des coupables… elle n’y avait pas ne serait-ce que penser. Quel intérêt avaient-ils de collaborer ? Est-ce qu’ils seraient tout les deux libres ? Le règlement ne le précisait pas.

— Anaïs et Timéo. Ils sont arrivés après que Randy soit parti. D’après leurs dires, ils l’auraient croisé.

La seconde d’après, les jumeaux furent assaillis de regards. Timéo serra le bras de sa sœur, les larmes naissantes. Anaïs posa une main sur la tête de son frère, toujours impassible.

Le silence régna de longues minutes, coupée par les sanglots du malchanceux.

— C’est vrai… c’est… moi… je l’ai… je l’ai tué !

Il couvrit son visage de ses mains. Sa sœur l’entoura de ses bras, mais cette fois-ci, son expression avait changé. Son visage passa de la colère, à la frustration, puis aux larmes.

Nanoki ouvrit de grand yeux. Timéo ? Le coupable ? Elle peine à y croire. Même s’il venait de se dénoncer. Il était tellement… fragile. Et le voir pleurer devant eux… C’était juste impossible.

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