Chapitre 14

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Nanoki courut derrière Daphné. Elle se dirigeait derrière le réfectoire. Nanoki réfléchissait à vitesse double. Des centaines d’hypothèses sur ce qui se passait germaient dans sa tête.

Tout se stoppa quand la scène se présenta à elle. Le temps se stoppa. Son cœur se stoppa. Ses pas se stoppèrent.

Face à elle, Lou gisait dans une flaque de sang frais. Sa bouche et ses yeux étaient grands ouverts. Son crâne était déformé et des morceaux de cervelle glissaient, s’éparpillant dans la flaque qui n’avait pas encore finit de s'agrandir.

Nanoki fut prise de nausées. Tout se mit à tourner autour d’elle. Le sol se déroba sous ses pieds et elle chuta dans le néant. Plus rien n’existait d’autre que la mort. Elle-même n’existait pas. Elle n’existait plus. Elle n’avait plus de corps, plus de coeur, plus d’esprit, plus de raison.

Rien. Il n’y avait plus rien.

Elle ouvrit les yeux. Tout était réel. Elle était toujours debout, devant le cadavre de Lou. Seule une fraction de seconde était passé alors que pour elle, l’éternité venait de s’écouler.

Nanoki ne parvenait pas à détourner le regard. Comme si elle ne contrôlait plus rien. Sa main trembla et aussitôt, elle s’asséna une gifle pour se forcer à ne plus regarder. Son regard se verrouilla alors sur les autres, autour d’elle. Personne n’avait fait attention à elle, à se demander si elle s’était vraiment frappée.

Derrière elle, une personne s’effondra. Elle jeta un coup d'œil ; il s’agissait de Jessica qui venait de perdre connaissance. ¨Pour de vrai. Nanoki aussi pensait avoir perdu connaissance. Peut-être que tout n’était qu’un rêve ?

Cela expliquerait pourquoi elle se sentait aussi vide. Elle ne s’était pas réveillée, voilà tout. Lou était vivante. Lou était vivante. Lou était vivante. Lou était vivante. Lou était vivante.

— Félicitation ! L’un de vous a tué Lou ! Et c’est absolument magnifique !

De nombreux hurlements survinrent à la voix de Shiro. Nanoki était bien réveillée. Elle venait de se prendre une autre claque. Mais celle-ci n’était pas physique. Pourtant, elle était bien plus douloureuse.

— Vous vous félicitez vous-même, c’est très narcissique, commenta Aaron d’un ton calme.

— Célia ne comprend pas pourquoi vous avez tué Lou. Si c’est parce qu’elle a découvert quelque chose, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même. Célia vous rappelle que Lou est une chercheuse.

Shiro pencha la tête sur le côté, la mine innocente, avant d’éclater de rire. Derrière lui, Kuro dessinait des cercles dans le sol.

— Nous ne sommes pas responsables de la mort de Lou…

— Ouais ! Le tueur est l’un de vous !

Par réflexe, Nanoki se tourna vers les autres, comme si le mot “coupable” apparaîtrait sur le front du coupable. Mais peu importait à quel point elle plissait les yeux tentait de déchiffrer les pensées des autres, le seul front sur lequel clignotait ce mot, était celui de Shiro.

— T-tu mens… gémit Jessica.

— Non, non, non ! Nous ne sommes autorisés à vous tuer que si vous violez une règle ! Je veux dire, quel intérêt on aurait à le faire sinon ? C’est beaucoup plus marrant de vous voir vous entretuer. Surtout que ce n’est pas fini ! Vous allez devoir enquêter pour votre procès… Nous vous avons donné quelques informations sur votre tablette. Bisou !

Shiro disparut. Nanoki ne digérait toujours pas les paroles du robot. L’un d’eux ? Le coupable ? C’était impossible… Elle ne voulait pas y croire. Même si une voix au fond d’elle lui hurlait qu’elle perdait du temps à se voiler la face.

Un raclement de gorge de Léo attira leur attention.

— Ce n’est pas le moment de se rouler en boule pour pleurer, oui, c’est à toi que je m’adresse Kaïs. Je conçois que voir un cadavre n’est pas chose commune, mais si vous ne voulez pas finir comme elle, vous feriez mieux d’attendre que le procès soit finit pour être triste ou quelconque émotions stupides

C’est vrai, n’oublie pas que tu joues ta. vie. Tu connais personne ici. Toi même tu as pensé a tué, pourquoi les autres n’auraient décidé de passer à l’action ? Pense à toi, juste à toi et ta survie.

— Bon courage… chuchota Kuro avant de disparaître.

— Bien ! Nous allons régler rapidement cette affaire ! Je l’ordonne, que le coupable se dénon…

Aaron n’eut pas le temps de finir sa phrase. Shiro venait d’apparaître, son poing enfoncé dans son ventre. Le leader lâcha un gémissement étouffé. Les yeux écarquillés, il les leva vers le robot qui lui offrait un grand sourire. Ce dernier s’éloigna d’Aaron. Il s’écroula, mains sur le ventre.

— Je ne peux pas te laisser utiliser directement ta capacité pour que le coupable se dénonce. Nous vous observons en permanence, alors inutile d’essayer. Mais ne t’inquiète pas, nos coups de poing font mal à l’instant mais disparaissent rapidement. C’était un avertissement, je vais l’ajouter au règlement donc la prochaine fois, ma main traversera ton corps.

Shiro repartit après ces mots. Aaron se leva, la douleur semblait déjà n’être qu’un souvenir. Son visage blême reprit des couleurs. Il ne commenta pas et récupéra la tablette de son bracelet.

Ils n’avaient pas le choix d’enquêter s’ils ne voulaient pas mourir. La capacité de Nanoki n’était pas d’une grande aide pour cela. Pourquoi fallait-il que la victime fût la personne la plus apte pour ce type de situation ?

Une illumination germa dans sa tête. Et si c’était justement pour cela que le coupable avait choisi Lou ? Avec elle en vie, c’était impossible de commettre un meurtre suffisamment parfait pour ne pas être découvert par la chercheuse.

Heureusement que la karatéka n’avait tué personne, elle n’avait même pas pensé à ce genre de détail loin d’être futile. Nanoki ouvrit de grands yeux à sa pensée.

Reconcentre toi, c’est pas le moment.

Elle sortit sa tablette. La case procès était dégrisée et elle put cliquer dessus. Deux nouvelles cases apparurent : “Dossier” et “Enquête”. Elle cliqua sur le premier au hasard et quelques informations s’affichèrent.

Nom de la victime : Lou

Cause de la mort : Choc crânien

La victime a des bleus sur le ventre.

Nanoki leva la tête de l’objet pour regarder les autres en attente de réaction. Les informations étaient moindres, mais elle ne connaissait pas la capacité de tout le monde. Même si les autres n'étaient pas au niveau de la chercheuse, il y en avait peut être qui pourrait être utile. Léo, par exemple. Même s’il se fichait de la survie d’autrui, s’il était innocent, il ferait de son mieux pour sa propre survie.

— Célia se demande si on peut vraiment avoir confiance aux informations données. Après tout, elles viennent de Kuro et Shiro. Célia ne les croit pas.

— Hormis les bleus, nous ne pouvons pas les contredire. Apprends toi à te servir de tes yeux pour éviter de nous faire perdre du temps avec tes réflexions idiotes.

— Célia t’emmerdes !

Anaïs s’agenouilla près du cadavre de Lou. Elle tendit une main tremblante vers son t-shirt.

— Elle va toucher un cadavre ! hurla Kaïs.

Anaïs sursauta et ne fis plus un geste, comme si elle attendait qu’on l’y autorise.

— Pauvre sot, elle vérifie si elle a des bleus comme c’est indiqué dans le dossier !

Anaïs prit une grande inspiration, murmura quelques mots et souleva le t-shirt de la chercheuse. En effet, des bleus recouvraient son ventre.

Si ça figure dans le dossier, c’est que ça doit lier à l’affaire. Elle se serait donc battu avec le coupable ? Enfin, au vu de l’état dans lequel elle est, j’ai plus l’impression qu’elle s’est faite battre. Mais je n’ai pas non plus de preuve qu’elle n’a pas répliqué.

Gaël s'approcha pour photographier les bleus, puis le cadavre sous plusieurs angles. De loin, on pourrait croire à une séance photo où Lou jouait la morte. Mais quand on l'observait attentivement, on pouvait voir ses mains trembler. Même la encore, Nanoki le trouvait très calme.

D’autres se mirent à analyser les lieux. Leur sang froid était effrayant. Aaron, Léo, Eden, Soen, Noémie… comment faisaient-ils ? Nanoki demeurait paralysée. Elle avait beau savoir que sa vie était en jeu, elle n’arrivait juste pas à bouger. Ses yeux fixaient le cadavre, comme s’il disparaîtrait si elle le quittait des yeux.

Elle manqua de tomber en avant quand Léo la bouscula.

— Bouges, tu gènes. Si tu veux mourir, soit, mais meurt seule.

Ses paroles lui firent l’effet d’une gifle. Encore… Néanmoins, elle ne pouvait se résoudre à approcher le cadavre et gênerait plus les autres que les aiderait.

L’air lui peser sur les épaules. Elle étouffait. Comme si le corps de Lou aspirait tout l’oxygène. Respirer. Elle devait respirer.

Elle leva la tête vers le toit. Choc crânien. L’état de Lou. Toit On l’avait poussé du toit ! Saisissant la possibilité de s’éloigner du cadavre tout en servant l’enquête, elle contourna le réfectoire.

— Tu vas où ? l’interrogea Daphné.

Sa question fit se tourner plusieurs têtes.

— Sur le toit.

Nanoki n’attendit pas plus et continua sa route. Peu de temps après, des bruits de pas lui indiquaient que trois personnes la suivaient. Elle jeta un coup d’oeil derrière elle et aperçut, Daphné, Soen et Noémie ainsi que Gaël qui la rattrapaient.

En montant les escaliers, Nanoki eut envie de soupirer. Pourquoi Daphné était venue avec eux ? Elle ne faisait que les ralentir. Et Soen en profiter pour la charrier sur le sujet.

— Ferma ta putain de geule. Quelqu’un est mort et tu te permets de rire ? En tant que menteur, tu pourrais au moins faire semblant d’être touché. T’en as autant rien à foutre que ça ?

Peut-être qu’il utilise sa capacité pour faire croire que ça ne l’atteignait pas…

Ou bien Nanoki tentait juste de se convaincre qu’un humain se cachait derrière ce grand sourire.

Daphné continuait de jurer et de crier sur Soen qui riait de plus en plus fort. L’agitation de la rêveuse les ralentissait encore plus.

— Calme toi, Daphné. Ça sert à rien de t’énerver contre lui. Et c’est vraiment pas le moment.

Cette dernière bouillonnait. C’était un miracle qu’elle n’en fut pas encore venu au poings. Malgré ce que venait de lui dire Nanoki, la rêveuse ne cessait de se défouler sur SOen. Mais ce dernier affichait un air blasé et semblait lassé des insultes de Daphné.

Après un temps infini, ils arrivèrent sur le toit. Vide.

— On s’est déplacés pour rien ? gémit Daphné.

— Non, regardez, il y a quelque chose près du bord, fit Gaël.

Il pointa une direction du doigt et en effet, de loin, Nanoki pouvait voir un point. Ils s’en approchèrent. Un couteau. Gaël le prit en photo sous plusieurs angles. Noémie souleva l’arme pour la retourner. Il n’y avait rien. C’était un simple couteau qui n’avait pas servit pour le meurtre de Lou.

Peut-être que le coupable prévoyait de poignarder Lou, il s’étaient battus, puis il l’avait poussé ? OU bien était-ce une fausse piste ?

— On a fait ça pour rien, c’est un indice inutile, grogna Daphné.

— On ne peut pas en être sûr pour le moment, affirma Noémie.

Son regard neutre fit frissonner Nanoki. Jamais aucune émotion ne se lisait dans ses yeux. Que ressentait-elle ? Cette dernière n’ajouta rien de plus et partit la première vers les escaliers. Soen la suivit en trottinant.

— Je vous attends pas, t’es vraiment trop lente Daphnénounette !

La concernée rougit à ce surnom.

— Comment tu m’as appelé ?

Elle serra les poings et avança d’un pas rapide vers le menteur. Ce dernier n’eut qu’à franchir les premières marches des escaliers pour être hors de sa portée et continuer sa descente en courant. Son rire résonna dans la cage d’escalier alors que la rêveuse grognait.

Comme la première fois, Nanoki passa devant. Mais cette fois-ci, la lenteur de la descente était presque rassurante. Cela lui laissait plus de temps pour se préparer psychologiquement. Mais évidemment, elle n’y échapperait pas, et plus rapidement que ce qu'elle pensait, elle se retrouvait déjà devant le cadavre de Lou.

Concentre toi…

Si elle était le personnage principal d’un roman, qu’importe sa capacité, elle serait la clé de la réussite de l’enquête. Mais face à ceux qui photographiaient le cadavre, le palpaient, notaient des informations et des théories sur leur tablette, elle se sentait plus qu’intimidé.

Elle prit une grande inspiration et récupéra sa tablette. Elle nota que la victime n’avait pas été pris par surprise, sinon le coupable aurait tout simplement pu la pousser. Mais il voulait peut-être la faire souffrir avant… Non, on ne pouvait pas prendre quelqu’un par surprise en la frappant au ventre.

Comment être sûr que les bleus viennent du moment du meurtre ? Elle pourrait s’être cogné dans la journée.

— C’est frustrant de se dire qu’elle a crié, mais qu’on était tellement concentré pour savoir ce qui se passait qu’on a pas fait attention à qui venait du toit, lâcha Eden.

— Qui a découvert le corps en premier d’ailleurs ? demanda Nanoki.

— Toutes les personnes qui étaient au réfectoire l’ont vu à peu près en même temps, donc Célia, Clarisse, Soen, Eden, Randy et moi-même, déclara Noémie.

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