Chapitre 13

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La curiosité et la volonté de relever le défi, Nanoki rejoignit la table de Soen et Eden, dans l’optique d'en savoir plus sur ces deux personnages mystérieux. De loin, Daphné lui jeta un regard interrogateur, une grimace sur le visage. La karatéka lui sourit. Elle reçut un haussement de sourcil en réponse. Finalement, la rêveuse se désintéressa d’elle et rejoignit Aaron pour continuer leur débat de la veille.

— C’est malpolie de rejoindre des gens pour leur tourner le dos, lança Soen.

Il claqua des doigts devant ses yeux. Il fit une mine boudeuse comme si cela l’atteignait vraiment. Nanoki décida de jouer le jeu et de s’excuser.

Elle commença à regretter sa tentative. Le menteur avait compris son objectif. De ce fait, il monopolisait la conversation, non pas pour donner des informations sur sa personne — ou alors des informations utiles — mais pour raconter n’importe quoi.

— Tu savais que j’aime le thé ? C’est bon le thé. Avec beaucoup de sucre. Une fois, je me suis préparé un thé, mais je me suis trompé et j’ai mis du sel. Beaucoup de sel. Je conseille vraiment pas.

— C’est vrai que ça doit pas être bon…

Elle ne savait même pas pourquoi elle feintait d’être intéressée. Si inutile face à quelqu’un dont la capacité lui permet de déceler tout les mensonges.

— Mais du coup, j’étais jeune tu vois, du coup je me suis dit que si je mettais beaucoup de sucre, ça allait arranger le goût. Je conseille toujours pas.

En fait, il parler plus de lui que ce que Nanoki pensait aux premiers abords. Mais il la narguait d’anecdote dont elle se passerait. C’était plutôt iconique et, entre amis, cela pouvait être drôle. Mais son but n’était pas d’être ami avec le blond, bien qu’elle devait avouer qu’à cet instant il n’était plus si détestable.

— Dis, Eden, c’est quoi ta capacité ?

Les deux garçons furent surpris du soudain changement de sujet. La seconde d’après, un grand sourire se dessina sur les lèvres d’Eden.

— Je suis couturier ! J’ai découvert ma capacité à 7 ans. J’avais déchiré un nouveau t-shirt et pour pas me faire gronder, j’ai emprunté le kit de couture de ma mère et j’ai cousu le trou. A la fin, même avec les fils qui se voyait, ça rendait tellement bien qu’on pouvait pensait que c’était le style du t-shirt.

Nanoki ouvrit de grands yeux. Ce n’était pas très commun de découvrir sa capacité aussi jeune. La moyenne était plutôt de 12/13 ans. Elle, elle avait découvert sa capacité à 15 ans. Il y a à peine quelques années.

Eden continua à raconter des tas d’anecdotes sur sa capacité, des étoiles plein les yeux. Nanoki savait qu’elle oublierait tout en quelques minutes, mais la passion du couturier rendait ce qu’il disait intéressant. De nombreuses heures passèrent, sans qu’Eden ne cessât de parler. Ils mangèrent ensemble le midi. Même si cela s’apparentait plus à du grignotage au vu de la faible quantité qu’avalait Nanoki. Cette dernière commençait à trouver cette conversation lassante. Elle chercha une excuse suffisamment crédible pour partir sans montrer qu’elle en avait juste marre. Mais si elle mentait, Soen le saurait…

— Excusez moi, je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit à cause de ce cauchemar, je suis épuisé, je vais y aller.

Ce n’était pas faux. Elle jeta tout de même un regard en coin en direction de SOen pour voir s’il était convaincu, mais évidemment, il ne laissait rien paraître.

— Oh… repose toi bien et reviens nous voir, c’est sympa de parler avec toi ! lança Eden.

Ses paroles firent presque culpabiliser Nanoki. Ce fut à ce moment là qu’elle se rendit compte que les garçons lui avait fait oublier son cauchemar et la tuerie.
— Je reviendrai, sois en sûr.

Elle lui offrit un sourire de remerciement pour lui avoir changé les idées. Avoir passé autant d’heures avec eux l’avait plus aidé qu’elle ne le pensait. Ils avaient l’air détestable avec leur grand sourire en toute circonstance, mais à cet instant, la probabilité qu’il s’agissait d'une technique pour surmonter la situation lui semblait crédible. Après tout, ils avaient même réussit à lui faire croire qu’ils n’étaient que de simpe adolescents qui apprennent à faire connaissance, sans peur de se faire tuer à tout moment.

Nanoki quitta le bâtiment. Elle prit une grande inspiration, mais comme d’habitude, lla fraicheur des lieux ne l'atteignit pas. Comme si le vent la traversait sans la toucher.

Deux voix attirèrent son attention. Elle tourna la tête vers la cour où elle pouvait apercevoir Daphné et Gaël en train de discuter.

— Il m’arrive de travailler des magazines mais je suis un photographe moderne et indépendant qui est majoritairement sur les réseaux sociaux. J’ai également mon propre site internet et une chaîne youtube où je poste des shooting photo et des tutoriels.

— C’est ta capacité ? demanda Nanoki.

Elle s’assit à leurs côtés sur un banc. Gaël sursauta. Il se reprit et hocha la tête pour répondre à sa question.

— Maintenant que j’y pense… j’ai peut-être déjà vu quelques-unes de tes photos sur instagram. Je peux me tromper de personne, mais si c’est bien toi, tu n’as pas de spécialisation et photographie de tout ? C’est ça ?

Gaël lui sourit et hocha de nouveau la tête.

— C’est possible que ce soit moi, en effet. Mais je ne suis pas le seul dans ce style. Est-ce que tu te souviens du pseudo ? Est-ce qu’il y avait des photos de Kaïs ? On travaille ensemble parfois.

— Du tout, j’ai juste regarder comme ça parce que je trouvais les photos de paysages belles, mais je ne m’y suis pas vraiment intéressé. J’ai énormément aimé les photos prises en Espagne et en Inde. Ça m’a donné envie de voyager.

— Voyager ! cria Daphné.

Comme si elle venait de se réveiller, la rêveuse sauta sur ses pieds, l’air enjoué.

— Je rêverais de faire le tour du monde pour faire une étude comparative de la nourriture dans chaque pays !

Elle se lécha les babines, se visualisant déjà.

— Sauf que ce n’est plus possible, murmura Nanoki.

Elle pensait dire cela juste pour elle-même, mais les deux autres l’entendirent. Daphné perdit son sourire et se rassit, les yeux rivés sur le sol.

— Désolée…

— Tu n’as pas tort, malheureusement, approuva le photographe.

— Et alors ? Même si c’est vrai, on le sait déjà, pas besoin de le répéter.

Nanoki baissa la tête. La tension avait monté en une fraction de seconde. Personne n’osa parler. Encore moins la karatéka. Ainsi, le silence régna de façon interminable. Nanoki comprit qu’elle dérangeait et partit.

Tu arrives, tu gâches l’ambiance en rappelant qu’on peut mourir à tout moment, et tu repars. Je crois que Daphné me déteste encore plus maintenant.

Un léger pincement au cœur vint serrer sa poitrine sans que Nanoki ne comprît pourquoi.

Il n’y pas de raison que ça me touche. On se connaît pas… A moins que… non, c’est pas possible. Je m’en souviendrais comme Gaël et Kaïs.

Pourtant, Nanoki ne put s’empêcher d’être perturbée. Mais elle ne trouvait aucune raison qui justifierait que l’instigateur eût effacé les souvenirs de leurs relations.

Je m’emporte peut-être un peu trop. Je culpabilise, tout simplement. En même temps, ça reste une réalité. Moi aussi je me m’en échapper, mais ça ne sert à rien de se voiler la face.

Nanoki pensa à retourner dans sa chambre. Elle changea cependant d’avis et alla dans le réfectoire. Elle voulait rester seule le moins possible. Si elle le pouvait, elle ne resterait jamais seule. Même pour dormir, il y avait quelque chose de rassurant. Bien qu’elle ne tenterait pas. Les autres restaient souvent au réfectoire la journée, mais il était possible qu’il partissent. Nanoki ne savait pas se défendre en dormant. Et ses réflexes n’étaient pas suffisamment bons pour la réveiller.

Elle s’affala sur une chaise, les bras allongés sur la table. La tête tournée sur le côté, elle observa les autres. Eden et Soen étaient toujours là. Pas besoin de les regarder pour le savoir, leur rire était si bruyant qu’ils monopolisaient le son.

Nanoki n’avait pas envie de les rejoindre. Ni eux, ni les jumeaux qui restaient dans leur coin, ni Clarisse qui racontait sa vie à Noémie, ni Lou qui était accroupie, en train d’analyser les lieux, comme elle le faisait depuis le début.

Rapidement, ce fut l’heure du dîner. Clarisse, Célia et Gaël cuisinèrent un taboulé.

Nanoki eut envie de vomir quand elle trouva un bout d’ongle dans son plat.

— Ah mais c’est le mien ! s’exclama Clarisse. Fais pas cette tête là, ma belle, j’ai une très bonne hygiène de vie.

— C’est pas vraiment à cause de l’hygiène… tiens, je te le rends.

Elle ne retoucha pas à son assiette. Même sans cela, elle n’aurait pas réussi à finir sa portion. Une boule grandissait dans son ventre. Inarrêtable, inexplicable et douloureuse.

Nanoki enroula ses bras autour de son ventre, penchée en avant. Noémie, qui était en face d’elle, prit la parole.

— Tu devrais aller te reposer. Ça ne sert à rien de te forcer à rester ici et manger.

La karatéka hocha la tête et s’éclipsa. Pas du tout attentive à ce qui l’entourait, elle percuta Kaïs. Ce dernier hurla à la mort avant de foncer dans la direction opposée. Nanoki n’y prêta pas attention, bien trop focalisée sur ses crampes d’estomacs.

Elle pensait que la douleur s’atténuerai une fois allongée dans son lit. Elle s’était trompée.

Une boule faite de lame qui se baladait dans son estomac, tranchant tout ce qu’il pouvait trouver.

Au moment où le sommeil commençaient à l’emporter, on tambourina à sa porte. Elle se leva dans un sursaut, trempée de sueur. La respiration saccadée, elle se demanda si elle avait rêvé. Mais de nouveaux coups retentirent, à tel point que c’était à se demander si la porte n’allait pas sortir de ses gonds.

Nanoki fronça ses sourcils. Qui était-ce ? La méfiance s’insinua dans son esprit et elle regarda dans le juda. C’était Daphné qui continuait de jeter ses poings contre la porte, les yeux écarquilla. Sa poitrine se soulevait plus vite que la normale.

La karatéka sentit son coeur s’accélérer et elle ouvrit la porte. La rêveuse tomba sur Nanoki, avant d’aussitôt se relever.

— T’en as mit du temps ! Je commençais à croire que tu étais… bref, viens, dépêche toi !

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