Chapitre 9

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L’annonce de la fin de l’horaire de nuit sortit Nanoki de ses cauchemars pour la ramener dans la réalité. Sortir d’un cauchemar pour retourner dans un cauchemar.

— Courage, Nanoki. Je suis sûre qu’on va trouver une sortie d’ici peu ! Ne perds pas espoir !

En vérité, elle n’y croyait pas. Après tout, la ou les personnes responsables ne les laisseraient pas s’enfuir aussi facilement. Rien ne semblait être fait au hasard. La forêt, les bâtiments, les maisons et les socles à leur nom… Ils devaient avoir mit du temps pour tout préparer. Dans ce cas, les failles devaient être impossibles à trouver ou inexistantes.

Son ventre lui intima de lui donner de la nourriture. Nanoki se hâta donc au réfectoire pour manger quelque chose. Elle ne voudrait pas que gargouillis vinssent la déranger dans son analyse.

— Il reste un problème, non ? demanda Daphné.

Nanoki fut intriguée par la conversation et rentra dans la cuisine où se déroulait cette dernière.

— Il n’y a aucun sac ou quoi, alors comment on va faire pour transporter de l’eau et de la nourriture ?

— Tu penses vraiment qu’à manger, toi, se moqua Clarisse.

— Célia pense que tu es insouciante. Célia est d’accord que c’est important de s’intéresser à ça, vu qu’on va en avoir pour plusieurs jours. Célia se souvient que Léo a même parlé de camper dans la forêt.

— Pff, évidemment que je le sais ! Je suis pas débile !

Léo entra dans la pièce, portant sur son épaule des tissus empilés. Il se racla la gorge afin d’attirer l’attention.

— C’est quoi ces trucs ? s’enquit Kaïs. Tu veux nous buter avec ça ? Tu comptes nous étouffer ou quoi ?

Le concerné arqua un sourcil avant de lever le menton pour le regarder de haut.

— Es-tu aussi idiot que tu en as l’air ? Vos neurones ne semblent pas très présentes alors laissez- moi vous éduquer. Vous avez évidemment remarqué que nous n’avons aucun sac pour transporter des vivres. Ainsi, j’ai décidé de créer moi-même des sacs à l’aide de t-shirt. Soyez donc honorez que j’ai accepté de donner de mon temps pour vous en concocté.

Tout en parlant, il distribuait les t-shirts aux personnes présentes. Ses sourcils se froncèrent quand il constata qu’il manquait deux personnes ; Anaïs et Timéo.

— Si dans deux minutes, ils ne sont pas là, tant pis pour eux, je n’attendrai pas plus longtemps. Ils ne seront pas d’une grande perte, surtout le malchanceux.

— Célia trouve que c’est vraiment pas sympa !

— Est-ce que j’ai l’air de vouloir être sympa avec vous ?

— Bah oui, on s’en fout ! approuva Soen.

Daphné serra les poings, prête à jurer à l’encontre du menteur.

Ça craint… tout le monde est sur le qui vive…

— Il suffit ! C’est un ordre, que tout le monde cesse de parler !

La seconde d’après, le silence régnait dans la pièce. Aaron pouvait ordonnait ce qu’il voulait… Il pourrait sans problème ordonner à quelqu’un de se suicider et personne ne sse douterait de l’identité du coupable.

Arrête de penser à ça !

Un bruit sourd venant de la salle à manger les interloqua. Ils se lancèrent un regard interrogatif avant de franchir le seuil de la porte. Devant eux, se trouvait Anaïs qui aidait Timéo à se relever. Ce dernier se réfugia derrière sa sœur avant de se confondre en excuse.

— Vous faites bien de vous excuser, on vous attendait, argua Léo.

— Bon, maintenant que tout le monde est là, on va pouvoir vous donner les instructions. Nous vous avons assigné des tâches en fonction de votre taille. Ceux qui sont au dessus d’un mètre soixante dix s’occuperont d’analyser les arbres, j’espère donc que vous savez grimpez. Les autres, vous inspectez le sol.

Nanoki se demandait dans quel groupe elle figurerait. Elle faisait pile un mètre soixante dix, mais Aaron avait précisait que c’était au-dessus. Toutefois, il pouvait la comptait dans ce groupe. Cela l’arrangeait ; grimper au arbres faisait partie de ses passe-temps lorsqu’elle était enfant. Bien qu’elle ne s’amuserait pas autant ici.

Elle se rendit compte au bout d’un moment que ses pensées avaient dérivées sur son passé. Aaron avait déjà fini de parler et les autres commençaient à retourner dans la cuisine.

La karatéka s’approcha de Daphné pour tenter de récolter des informations. Cette dernière afficha une moue.

— Tant mieux que tu sois dans le groupe des grands, t’es trop bizarre avec ton sourire.

— Hein ?

— Je t’ai vu sourire pendant qu’Aaron parlait. J’avais compris dès que je t’ai vu la première fois que t’avais un problème, mais je pensais pas que c’était à ce point.

Nanoki passa sa main sur sa nuque en riant nerveusement. Si Daphné savait qu’elle n’avait juste pas écouté. Cela dit, ce n’était pas mieux. En y réfléchissant bien, être distraire pouvait même lui être fatal !

Elle avait néanmoins sa réponse quant à sa tâche. Elle suivit donc les autres afin de remplir son sac de thermos et de sandwich. Le plus stressant était de ne pas savoir si elle en mettait trop ou pas assez.

— Célia ne peut pas s’empêcher de se poser une question… La forêt est immense alors comment on va faire pour savoir si on a fini notre partie ou si on ne fait que commencer ?

— On fait le plus possible. Tant que tu n’es pas trop proche d’une autre personne, tu continues. Si vous trouvez quelque chose, criez. On se retrouve ici dans dix jours.

— Ça craint votre truc quand même… fit Randy. On va se retrouver seul dans les bois à la portée de quiconque voudra nous buter et y’aura aucun moyen de savoir qui est le responsable.

A ses mots, Nanoki frissonna. Loin de ne pas y avoir pensé, cette idée demeurait dans sa tête, mais elle se refusait de le dire à voix haute, même dans sa chambre. Cela rendait tout trop réel.

Au vu de la façon dont les autres inspectaient chaque personne, la méfiance était présente. Du moins, ils le montraient.

— Je le savais ! s’écria Kaïs. C’était votre plan depuis le début ! Vous voulez qu’on vous fasses confiance parce que vous avez tout organisé pour nous poignarder dans le dos ! Avouez le !

Un brouhaha ne tarda pas à se former. Tout le monde donnait son avis en même temps, jurait. Nanoki eut l’envie de se boucher les oreilles. Elle ne voulait pas les entendre !

— Il suffit ! Je vous ordonne de vous taire !

La karatéka se détendit lorsque le silence revint.

— Il est vrai que je ne pourrais pas vous prouver que je ne tenterai rien. Personne ne peut l’assurer ici. Mais ce n’est pas pour ça que je vais m’isoler pour être en sécurité. Non, je passerai autant de temps qu’il faudra dans cette forêt, mais je trouverai une sortie. Si vous, vous préférez restez ici et barricader votre chambre, libre à vous de quitter immédiatement la pièce.

Il se tut afin d’observer la réaction de chacun. Personne n’effectua le moindre mouvement. Après tout, si quelqu’un restait ici, il ne serait pas au courant si les autres trouver un moyen de s’échapper. Ou bien était-ce la peur de sortir sous les yeux du leader ?

— Bien, je vous ai fait une carte à chacun pour que vous sachiez où aller. J’ai entouré la zone que je vous ai attribuée.

Il déposa les cartes sur un plan de travail afin de laisser chacun récupérer la sienne. Nanoki observa la sienne et ouvrit de grands yeux. C’était plus précis que prévu ! De l’entrée de la forêt à sa zone, le nombre de pas à faire était indiqué, ainsi que la distance de sa zone. Si la terre régnait, elle pourrait tracer l’endroit.

— Vous serez en binôme, enfin, plus ou moins. Disons qu'une personne qui s’occupe des arbres sera avec une personne qui s’occupe du sol. Enfin, pas totalement. Lou sera dans la même zone que Nanoki et Jessica. Et Noémie sera avec Gaël et Kaïs. Il y a plus de personne en dessous d’un mètre soixante-dix, donc je vous ai choisis toutes les deux pour travailler sur un plus grand espace car j’ai jugé qu’en tant que chercheuse et collectionneuse, vous étiez les plus adaptés.

Nanoki croisa le regard de Jessica caché derrière sa frange. Cette dernière baissa aussitôt la tête et vint triturer ses doigts. La karatéka se détourna en direction de la cuisine pour remplir son sac. Personne ne parlait et seul le bruit du plastique empêchait la pièce d’être plongée dans le silence.

Cela ne dura pas longtemps, pourtant Nanoki eut l’impression que plusieurs dizaines de minutes s’étaient écoulées. Elle espérait trouver rapidement une sortie où le temps risquait d’être long, très long. L’air ici semblait irrespirable. Pas qu’elle manquait réellement de s’étouffer, mais il y avait quelque chose de pas normal. Et ce quelque cose rentrait dans ces poumons et semblait s’y ancrer un peu plus à chaque inspiration, sans jamais sortir. Comme si elle inspirait en boucle sans expirer.

Elle voulait se débarrasser de cette sensation et retrouver l’air pur.

En sortant du réfectoire, elle s’attendait, par habitude, à sentir une douce brise matinale. Cependant, cette brise lui faisait plus l’effet d’une gifle. Dehors était comme dedans.

Soen éclata de rire.

— Vous en faites de ces têtes ! A croire qu’on va mourir !

— Célia t’ordonne de te taire, sale bâtard !

— Et qu’est-ce que tu vas faire si je…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une gifle lui parvint. Ce n’était pas le vent. Célia se tenait devant lui, la main tremblante, prête à le frapper une nouvelle fois.

Soen abandonna son air étonné pour devenir sérieux. Il fixait Célia comme s’i s’apprêtait à donner une réponse importante. Finalement, il éclata de rire.

— Même pas mal !

— Petit con ! Je vais te…

— Assez ! Je vous ordonne une bonne fois pour toute de cesser vos chamailleries ridicules ! Ce n’est vraiment pas le moment !

Les deux concernés se figèrent, et ce ne fut pas les seuls. Nanoki avait l’impression que l’ordre lui était destiné. Elle fut empli de frissons désagréables. Elle détestait quand Aaron faisait cela. Il fallait qu’il arrêtât ou elle ferait une crise. Crise d’angoisse, crise cardiaque, crise d’épilepsie, crise peu-importe-de-quoi.

Suite à cette dispute, le reste du chemin jusqu’à la forêt se passa dans le silence complet. Même Clarisse tentait de faire taire le bruit de ses talons, jetant de brefs regards quand un pas était un tout petit peu plus audible qu’un autre. Nanoki la suivait dans cette réaction alors qu’elle n’était pas concernée ; ses baskets ne se faisait entendre que sur les cailloux, et encore.

Soen boudait dans son coin, tirant la langue à Célia de temps à autre, sans chercher à être discret. Aaron ne réagissait pas ; il devait être agacé d’intervenir toutes les deux minutes. Tant mieux.

Nanoki s’autorisa à pousser un soupire quand la forêt se présenta à eux. La carte serré dans sa main, elle priait pour rester concentrée et ne pas perdre le nombre de pas. Car il y en avait beaucoup. Le simple fait de lire ce nombre la fatiguait. La marche était une de ses activités en forêt et elle n’était jamais contre se balader en forêt, mais compter ses pas…

Elle soupira à nouveau, plus bruyamment cette fois, avant de tourner la tête vers Aaron qui ne semblait pas l’avoir entendu.

— C’est donc ici que nos chemins se séparent… fit le leader.

— Bonne chance à tous et que le meilleur gagne ! s’écria Soen.

— Ouais ! approuva Eden.

Kaïs grogna à leur encontre, mais se priva de tout commentaire et préféra partir le premier.

— Me suivez pas ! s’enquit-il.

— On a, genre, pas encore bougé et, genre, je dois aller avec toi vu que ma zone est pas loin donc… lança Clarisse avant de lui emboiter le pas.

Peu à peu, ils se disperçèrent dans la forêt. Certains binômes se collaient presque, comme s’ils allaient mourir si plus d’un centimètre les séparait. Quand d’autres devaient penser se faire tuer s’ils s’approchaient à moins de deux mètres.

Le trio de Nanoki était particulier. Jessica restait à l’écart, bras serré contre elle, les ongles légèrement enfoncés dans sa peau. Elle gardait sa franche devant ses yeux, comme si cela la protégeait.

Lou, elle, observait les environs, sourcils froncés.

— Tu as l’air perturbée, constata Nanoki.

Cette dernière ouvrit de grands yeux avant de se tourner vers la karatéka, l’air surprise qu’on s’adresse à elle.

— Un peu, oui… Je ne sais pas comment l’expliquer, mais il y a quelque chose qui me perturbe ici…

— Tu n’es pas la seule… Enfin, c’est peut-être pour des raisons différentes. Moi, j’ai un peu l’impression d'être enfermée dans une genre de bulle qui ne laissait passer qu’une partie de l’air. Je pense que je pourrais pas dire ça autrement…

Lou levant les yeux vers le ciel, les doigts sur son menton. Elle réfléchit ainsi pendant un moment. Un long moment. A tel point que Nanoki préféra se reconcentrer sur le comptage de ses pas plutôt qu’attendre une réponse qui n’arriverait jamais. Elle espérait par ailleurs ne pas avoir perdu son nombre à cause de sa tentative de dialoguer.

Le chemin dura une éternité. Pourtant, seule une heure s’était écoulée quand elles arrivèrent dans leur zone. Un long soupire échappa à Nanoki. Cela allait être long.

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