Chapitre 6

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Un poids tomba sur Nanoki. Tout son corps se figea jusqu’à son sang. Un long frisson lui parcourut l’échine. Elle ouvrit grand les yeux.

Au-dessus d’elle se tenait Aaron.

— Je t’ordonne de…

Elle ne le laissa pas finir et le fit basculer sur le côté. Il tomba sur le côté dans un bruit sourd qui résonna à ses oreilles.

Sans attendre, elle sauta sur ses pieds avant de se jeter sur la porte. Verrouillée. Mais comment était-il entré ? Ses yeux s’agitaient dans tous les sens à la recherche de la clé. Vite ! Aaron se levait déjà !

Elle n’avait plus de temps à perdre ! Elle abandonna la recherche de la clé certainement volé par le leader et projeta son épaule contre la porte qui s’ouvrit du premier coup.

Néanmoins, elle ne parvint pas à se stopper dans son élan et s’étala de tout son long. Elle se releva en vitesse, puis se figea. Devant elle se trouvait les autres participants de la tuerie. Ils formaient un cercle autour d’elle, leur yeux étaient sans vie, comme s’il s’agissait de cadavres manipulés comme des marionnettes.

Ce qui attira son attention fut l’immense couteau de cuisine que chacun d’entre eux serraient dans leur main.

Nanoki sentit son cœur rater un battement avant d’accélérer. Et Aaron qui arrivait derrière elle. Comment allait-elle s’en sortir ?

Aaron ne possédait pas de couteau. Sans réfléchir, la karatéka le poussa contre ses assaillants et profita de la surprise générale pour s’enfuir.

Elle courait comme jamais elle n’avait couru, bientôt poursuivi par les autres. Des larmes coulaient le long de ses joues. Pourquoi l’avaient-ils pris en cible ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Etait-ce ainsi que sa vie allait s’achever ?

Elle se permit un coup d'œil derrière elle. Ils étaient si près !

Elle se précipita dans la forêt. Ainsi, elle pourrait les semer entre les arbres. Ils seraient obligés de se séparer et elle aurait plus de chance.

Au loin, contre un arbre, était adossé Shiro. Il la fixait, un grand sourire aux lèvres. Il ne fit rien et ne dit rien. Seulement attendre qu’elle arrivât à son niveau. Et lorsque ce fut le cas...

— Il est 7 heures, la période de nuit est terminée. Le réfectoire est de nouveau accessible.

— Quoi ?

Elle ouvrit grand les yeux, haletante et trempée de sueur. Elle était dans son lit, dans sa chambre. Enfin, la chambre en son nom.

Elle se redressa et parcourut la pièce du regard. Pas d’Aaron en vue.

Sa respiration se calma peu à peu. Elle se laissa tomber de nouveau sur son lit. Juste un cauchemar. Ce n’était vraiment qu’un cauchemar pas vrai ? Personne n’allait tenter de la tuer dans le monde réel ?

Car après tout, même si l’annonce venait de la sortir de son cauchemar, elle se retrouvait à nouveau dans un cauchemar. Sauf que c’était la dure réalité.

Elle se leva dans une grimace. Elle avait tellement sué que ses vêtements lui collaient à la peau.

Elle se traîna dans la salle de bain afin d’observer les dégâts de sa fabuleuse nuit. Dans un soupir, elle se déshabilla et entra dans la douche. Elle laissa couler l’eau froide sur elle, ce qui la fit crier. Elle stoppa aussitôt l'eau.

C’était vraiment une idée de merde… Bon, au moins, je suis réveillée, maintenant…

Elle s’enroula dans une serviette le temps que l’eau chaude arrivât, puis prit une retourna dans la douche. Une fois propre et sèche, elle mit de nouveau vêtement Enfin, nouveaux, d’une certaine manière seulement. En effet, dans le placard de sa chambre se trouvait accrochés sur des cintres, des copies de sa combishort bleue.

Ce fut donc ainsi qu’elle quitta sa chambre pour rejoindre le réfectoire. Elle supposait que c’était là que les autres se trouvaient. Et elle ne se trompait pas, Aaron, Célia, Eden, Gaël, Lou, Noémie, Randy et Soen étaient déjà présents.

Nanoki s’affala sur une des chaises d’une des petites tables. Elle enfouit sa tête dans ses bras.

Avec son cauchemar, elle ne se sentait pas du tout reposée et elle devait avouer qu’elle pourrait sans problème sombrer dans les bras de Morphée à cet instant. Même si elle était entourée. Malgré son cauchemar, elle se sentait en sécurité avec eux. Après tout, si quelqu’un la tuait devant tout le monde, cette personne ne pourrait pas sortir. Sur ces pensées pourtant macabres, elle s’endormit.

Une main se posa sur son épaule et la secoua. Nanoki grogna, agacée de se faire réveiller. Puis, elle se rappela de l’endroit où elle était et se redressa subitement. Daphné retira aussitôt sa main dans un sursaut. Cette dernière s’assit à ses côtés et rit nerveusement, avant de se reprendre.

— C’est la nuit qu’il faut dormir tu sais ? Je sais que le sommeil est important, et moi même j’adore dormir, mais quand même !

— Je sais… c’est juste que j’ai fait un cauchemar cette nuit…

Daphné se mit à glousser, ce qui fit hausser un sourcil à la karatéka.

— Je ne me moquais pas de toi… enfin, pas vraiment… c’est juste qu’hier tu étais toute excitée alors… je trouve ça plutôt ironique.

Nanoki croisa les bras. Malgré l’ironie de la situation, elle ne trouvait pas cela drôle. Par ailleurs, elle s’attendait à ce que Daphné se présentât dans un état semblable au sien, voire pire, pourtant, il n’en fut rien.

Elle s’apprêtait à ouvrir la bouche, mais la rêveuse la devança.

— Ah, le petit déjeuner arrive !

Nanoki se tourna vers la porte de la cuisine et vit justement Gaël, Lou ainsi qu’Eden, des plats dans les mains.

— Le petit déjeuner aussi, est important. Ça aurait été bête de le manquer !

Afin d’accentuer ses paroles, Daphné se lécha les lèvres.

La brune s’approcha de la grande table et constata qu’il y avait pas mal de choix. Il y avait des croissants, des cookies, des fruits, du bacon, des œufs brouillés ou encore des tartines grillées accompagnées de confiture. La karatéka prit des cookies, comparé à la rêveuse qui se servit du bacon, des œufs, des tartines ainsi que des fruits.

Nanoki garda un moment le regard figé sur les petites assiettes qui prenait à peine un peu moins de la table appartenant à Daphné. Elle secoua la tête afin de se concentrer sur ses cookies.

Elle ne savait pas si elle avait faim ou envie de vomir, mais une étrange sensation perdurait dans son estomac.

Son regard tomba sur l’horloge murale. Il n’était que 7 h 10. Ils n'avaient pas pu préparé tout cela en si peu de temps.

Est-ce que Kuro et Shiro ont eu la bonté de nous préparer un petit déjeuner ? Parce que je doute qu’ils soient allés à la boulangerie.

Si elle avait raison, qu’est-ce qui leur assurait que ce n’était pas empoisonné ?

— T’as remarqué que tout était fait maison ? On a trouvé tout ça sur le plan de travail dans la cuisine. Il y avait aussi un petit mot qui disait << Cadeau de bienvenue de la part de Kuro et Shiro >>. On a débattu un moment pour savoir si on le mangeait ou non, tu sais, dans le doute où se serait empoisonné. Mais à un moment, ils sont apparus et nous ont rappelé la règle numéro neuf.

— Celle qui stipule qu’ils ne peuvent ni commettre, ni interférer avec un meurtre ?

— Exact. Et ils ont rajouté qu’on doit mourir en s’entre-tuant et qu’ils n’auraient intérêt à nous tuer dans ces conditions.

— Dans ces conditions ? Qu’est-ce qu’ils veulent dire ?

Daphné haussa les épaules ; leurs bourreaux n’avaient pas donné plus d’informations. Néanmoins, cela la rebuta et elle repoussa son assiette. Cela avait du sens avec toutes ces règles, que les robots ne les tuassent pas de cette façon, cependant, aprendre que cela venait d’eux lui coupa l’appétit.

— Et ça a suffit à tous vous convaincre ?

— Non, en fait, je fais partis des seuls. Je pars sur le principe que s’ils veulent nous empoisonner, ils trafiquaient toutes la nourriture pour nous tuer à coup sûr. Dans ce cas là, on fait quoi ? On ne mange pas et on boit pas ? On mourra aussi. Donc je préfère prendre le risque de manger plutôt que me laisser pourrir.

— Je… oui, je suppose que ça se tient… Mais je n’ai plus faim, tu peux prendre ma part si tu veux.

Nanoki n’eut pas besoin de le répéter, la rêveuse s’empara de son petit déjeuné pour l’engloutir. Le simple fait de regarder cette dernière suffisait à lui remplir le ventre.

Peu de temps après, Léo se plaça au milieu de la pièce, poings sur les hanches.

— Bon, il est temps de passer aux choses sérieuses. Hier, nous avons pu vérifier que la barrière nous empêchait de sortir. Néanmoins, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’autre solutions. Je propose,enfin, c’est une idée incroyable donc nous devrions tous la faire, de nous séparer afin d'examiner les lieux dans les moindres recoins. Il y a forcément une sortie cachée quelque part.

Suite à ses mots, il ne chercha pas à observer leur réaction et partit. Niveau communication, Nanoki pouvait au moins dire qu’il avait fait la moitié des choses, mais il auraient pu attendre leur avis pour se séparer de façon méthodique.

— C'est forcément un piège ! Le petit prétentieux va profiter qu’on soit concentré dans notre enquête pour nous attaquer par surprise, cracha Kaïs.

Ce dernier dévisagea un par un chacune des personnes présentes tout en reculant vers la cuisine. Il maintenait ses poings tremblant au niveau de son visage, comme une menace.

— Si cela peut vous rassurer, nous pouvons faire des groupes de trois. Mais rester ici ne va pas nous être plus utile ; la sortie ne viendra pas à nous parce que nous l’attendons. Je vais rejoindre Léo, qui vient avec moi ? demanda Noémie.

Nanoki fut surprise d’entendre cette dernière. Hormis devant Gaël pour se présenter, elle demeurait silencieuse. Autant par sa voix que son visage, elle était inexpressive, ce qui rendit la karatéka mal à l’aise. C’était comme si Noémie ne possédait aucune émotion. Et avec son style vestimentaire datant des années 1800, elle donnait l’impression d’être une morte contrôlée comme une marionnette.

Elle secoua la tête afin de chasser ses pensées morbides. Ce n’était pas le moment ! Quel que fût son opinion sur Noémie, Nanoki ne pouvait pas nier ses dires. En revanche, l’idée de se retrouver avec Léo ne l'enchentait pas, loin de là.

Les yeux vides de Noémie se baladaient dans la salle, dans l’attente d’une dévotion.

— Et bien, la maturité ne semble pas être une de vos qualités. Je viens, annonça Aaron.

Noémie lui adressa un hochement de tête avant de se tourner vers la sortie, suivi du leader.

Petit à petit, les groupes se formèrent et Nanoki se retrouva avec Daphné et Gaël.

— Décidément, j’ai l’impression qu’on est souvent, constata Daphné.

— Techniquement, nous ne sommes ici que depuis hier, à moins que vous vous connaissiez déjà, le terme <<souvent>> est un peu exagéré, répliqua Gaël.

— Ce n’est peut-être pas le moment de parler de ça, affirma Nanoki.

Ils acquiescèrent tout en sortant du bâtiment; Ils observèrent les autres qui partaient dans des directions différentes. A vue d'œil, ils se déplaçaient vers les bâtiments.

— Je suppose qu’on va devoir enquêter dehors, conclut Nanoki.

— Et bien, dehors, c'est tout de même vaste. Tu as bien pu voir la longueur de la fôret. La journée ne nous suffira pas, fit remarquer Gaël.

— Tu veux faire quoi, poiroter là pendant que tout le monde enquête ? lâcha Daphné.

Le jeune homme croisa les bras et vint triturer un bout de sa chemise d’une main.

— Non, certainement pas… Allons-y, nous n’avons pas de temps à perdre.

Des heures passèrent durant lesquelles ils rampèrent sur la terre à appuyer ou tenter de déplacer chaque parcelle du sol, dans l’espoir d’activer un passage secret. Ils firent de même avec les arbres et tentèrent même à l’aide d’un bâton de dessiner des mots ou des dessins sur la terre. C’était fantaisiste mais toutes les idées qui leur passaient dans la tête pour débloquer quelque chose finissaient exécutés.

Malgré l'absence de résultat, ils ne perdaient pas espoir, même quand la nuit tomba. Ils n’avaient analysé que les alentours des bâtiments et ne s’étaient pas vraiment aventurés dans la forêt. Et avec un peu de chance, un autre groupe avait peut-être trouvé au moins un indice, quel qu’il fût.

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