Chapitre 2

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Nanoki regarda derrière elle la cuisine et s’y approcha. Au fond, il y avait une porte. Elle pénétra dans la cuisine afin de se placer devant la porte.

— Hé ! Tu essaies de t’échapper ?

Nanoki se tourna vers Daphné qui la rejoignait. Elle l’avait presque oublié.

— Non, mais je n’allais pas te déranger dans ta contemplation de la porte.

— Des gravures, j’en ai rien à faire de la porte. En plus j’ai même pas trouvé d’où je les connaissais…

Elle croisa les bras dans un grognement.

Nanoki ouvrit la porte. Derrière, il y avait des escaliers de fer en colimaçon. Daphné grimaça.

— Je déteste les escaliers en colimaçon… surtout ceux en fer… On va pas monter, hein ?

— C’est particulier, mais pourquoi pas. Moi j’y vais, mais si tu veux pas, tu peux rester et je te dirais ce qu’il y a en haut. Tu as cas en profiter pour retourner avec tes gravures.

Daphné fit la moue , bras croisés. Nanoki fit abstraction et commença à monter les escaliers. Daphné se mordit la lèvre inférieure et finit par la suivre.

— A-attends ! Je viens !

Nanoki se tourna vers elle. Elle s’agrippait à la rampe comme si tout risquait de s’écrouler au moindre faux mouvement. De ce fait, elle tapotait chaque marche afin d’être sûre que ces dernières n’allaient pas se dissoudre sous ses pieds.

Nanoki se serait bien passé de son accompagnement. Elle allait juste la ralentir. Mais elle ne pouvait pas monter à son rythme et l’abandonner comme ça.

— Tu vas trop vite, tu vas tout casser…

— Tu n’étais vraiment pas obligée de me suivre si tu as peur de ces escaliers… Et un escalier ne se casse pas comme ça. D’autant plus qu’il a l’air plutôt solide.

— Je… je n’ai pas peur, je prends juste mes précautions pour ne pas mourir. D’ailleurs, qu’est-ce que tu connais sur les escaliers ? En plus de la lecture, t’intéresses à l’architecture ? Ou la maçonnerie ?

— Non. Toi par contre, tu es parano.

Daphné rumina et continua sa montée. Donc très lentement.

Nanoki tenta de s’adapter à son rythme, bien que cela voulait dire monter quelques marches, puis s’arrêter pour attendre que Daphné arrivât à son niveau.

Pour la karatéka, le temps paraissait long. Avec pour seul bruit, leur pas contre le fer, ses soupirs ainsi que les grognements et quelques jurons de Daphné.

Elle chercha un sujet de conversation afin de rendre la montée moins ennuyante.

— Donc… tu as découvert ta capacité ?

Elle n’avait vraiment rien trouvé de mieux. Sujet plus que banal. En général, les personnes qu’elle rencontrait se vantaient de leur capacité. Ils contaient maintes et maintes fois comment ils avaient découvert ce don naturel, ce petit plus qui les faisait sortir de la compétition, qu’il entrer dans le monde réel.

Et elle devait avouer que c’était ce qu’elle avait fait en découvrant la sienne. Elle était tellement heureuse lorsque son combat contre un véritable karatéka ne fut gagné par aucun d’entre eux. Elle faisait partie des leurs. Elle avait tellement raconté cette histoire à sa meilleure amie que c’était un miracle qu’elle restait avec elle.

— Oui, je suis une rêveuse.

— Oui rêveuse ? répéta-elle.

— Oui c’est ce que je viens de dire. Je suis capable de me rappeler de chacun de mes rêves dans les moindres détails et faire des rêves lucides tout aussi précis. POur moi, c’est aussi simple que de cligner des yeux.

— Je vois, c’est impressionnant.

Nanoki se tourna vers la rêveuse. Elle s’apprêtait à lui poser des questions sur sa capacité, mais en voyant son visage concentré, elle n’osa pas. Ce moment était assez long, elle ne voulait surtout pas l’allonger encore plus.

Après ce qui représentait pour Nanoki plusieurs heures, elles arrivèrent au bout des marches. Daphné lâcha un cri de victoire et commença à danser.

Nanoki leva les yeux au ciel, sans pouvoir retenir un sourire.

Devant elle se trouvait une nouvelle porte.

— S’il y a encore des escaliers, je démissionne ! fit Nanoki.

Elle n’était pas sûre d’être en capacité de supporter une nouvelle montée. Déjà que la descente allait aussi être terrible.

— Oh non ! Pitié !

L’adolescente rit à sa remarque avant d’ouvrir la porte. Elles se trouvaient sur le toit.

A peine firent-elle quelques pas qu’un cri résonna à leur oreille. Il provenait d’un adolescent qui se colla à une autre. La première chose que la karatéka remarqua fut la ressemblance frappante. Plus que la couleur des yeux et des cheveux, on aurait dit une copie presque conforme. Le même nez, la même bouche, la même forme des yeux.

Bien que cette ressemblance s’arrêtait au physique. La soeur ? se tenait droite et un grand sourire s’emparait de son visage, alors que le frère ? était replié sur lui même, caché derrière la jeune femme. Il fuyait le regard de Nanoki et Daphné alors que la jeune femme le soutenait.

— Vous êtes frère et soeur ? ne put s’empêcher de demander Nanoki.

— Oui ! Je m’appelle Anaïs et je vous présente Timéo, mon frère jumeau ! Il est un peu timide, surtout au vu de la situation…

— En-enchanté…

Il tenta un pas sur le côté afin de se montrer, mais ses pieds se mêlèrent entre eux ce qui le fit s’étaler de tout son long.

Anaïs grimaça et l’aida à se lever. Ses yeux traduisait sa question ; est-ce qu’il allait bien ? Il lui offrit un petit sourire et hocha la tête. Une fois sur ses deux jambes, il se tint à elle comme si sa vie en dépendait.

— Il est assez maladroit… fit Daphné sous le ton de l’humour.

Anaïs soupira.

— Malchanceux… pour être exact.

— Oh… ce n’est pas la meilleure des capacités… le plaignit Nanoki.

— C’est carrément l’une des pires… murmura Daphné.

Anaïs hocha la tête, un sourire triste aux lèvres. Timéo posa son front sur son épaule. Sa sœur lui caressa les cheveux et il serra encore plus son bras.

Anaïs demanda au duo ce qu’elles savaient de leur présence ici. Personne ne le savaient Cela commençait à devenir démotivant.

Daphné croisa les bras, désormais désintéressée de la conversation. Elle apporta son pouce à ses dents et se rongea l’ongle.

— On a croisé deux personnes dans une cour et deux personnes au réfectoire. D’ailleurs, c’est bizarre, ce sont toujours des duos… Qu’est-ce que vous faisiez ici ?

— En fait, on venait de se réveiller quand on a entendu du bruit. J’espère vraiment qu’on trouvera des explications…

Nanoki approuva. Ils allaient bien finir par trouver quelqu’un qui saura ce qui se passait ! Impossible de croire que personne ne pourrait les aider ici.

— Bon, on va continuer à fouiller… Vous venez avec nous ?

Anaïs jeta un coup d'œil à Timéo qui se colla un peu plus à elle.

— Partez devant, il a vraiment eu peur quand il vous a entendu… je vais lui laisser le temps de se remettre de ses émotions…

— Oh… désolée pour ça… on ne savait même pas qu’il y avait des personnes ici.

L’adolescent tourna la tête vers elle et leur sourit.

— C’est bon… je suis juste… comme ça… vous n’avez rien fait.

Il tenta de soutenir le regard de Nanoki, mais finit par enfouir à nouveau sa tête dans la veste jaune de sa soeur.

Nanoki lui fit un léger signe avant de retourner vers les escaliers. Daphné déglutit et fixa ces derniers. La karatéka soupira commença la descente, avant de se tourner vers la rêveuse.

— T’en fais pas, en tant que karatéka, j'ai de bons réflexes, si tu tombes, je te rattraperai.

— Sauf si tu tombes avec moi… grogna-t-elle.

Malgré ses paroles, la descente fut un peu plus rapide que la montée.

Lorsqu’elles furent de nouveau au réfectoire, il n’y avait plus que Jessica. Lou, elle, était dans la cour à discuter avec Gaël.

Le duo prit un chemin qui menait à plein de petits bâtiments qui s’avéraient être des maisonnettes. Il y avait deux rangées de huit maisonnettes chacune. Au-dessus de chaque porte d’entrée, un nom était inscrit.

Nanoki avança le long de l’allée, puis se figea. Son nom figurait parmi les autres. Elle cligna plusieurs des yeux avant de les frotter afin d’être sûre de n’avoir pas rêvé. Elle aurait pu continuer jusqu’à en avoir les yeux rouges, le nom demeurait, accroché au-dessus de la porte. Qu’est-ce que cela voulait dire ?

— Si tu t’es arrêté ici, j’imagine que tu t’appelle Nanoki ! C’est vraiment flippant que nos noms soit marqué la, pas vrai ?

Nanoki sursauta et se tourna vers la source de la voix. Il s’agissait d’un jeune homme aux cheveux bleus dont les racines brunes commençaient à pousser.

— Oh, je ne me suis pas présenté ! (il se racla la gorge) Tu as affaire au couturier le plus impressionnant de l’histoire, Eden ! En toute modestie, évidemment.

— Euh… Enchantée… Je suppose que tu ne sais pas ce qui se passe ?

— Nope ! Mais je suis sûr qu’on va bien s’amuser !

Il plaça ses mains derrière sa tête en riant.

En d’autres circonstance, Nanoki l’aurait certainement trouvé très appréciable, mais le voir réagir ainsi… Il était encore pire qu’elle !

Elle s’apprêtait à répondre lorsqu’un cri la fit à nouveau sursauter. Eden et elle se dirigèrent vers la provenance de la voix juste derrière une des rangées de maisonnettes. C’était Daphné qui avait crié.

Elle pointait du doigt une adolescente endormie, adossée à la maisonnette. Il ne fallut qu’une seconde à Nanoki pour la reconnaître. Il s’agissait de Clarisse Larako, l’une de ses chanteuses préférées.

Cette dernière fronça les sourcils avant d’ouvrir les yeux. Elle se figea en voyant que trois personnes l’observaient.

— Où… où est-ce que je suis ?

Nanoki lui tendit la main. Clarisse fit des allers retours entre ses yeux et sa main, avant de finalement la prendre. Nanoki l’aida à se lever. Elle venait de toucher l’une de ses chanteuses favorites !

Elle se souvint de sa question et lui résuma le peu de chose qu’elle savait — seulement les bâtiments et personne jusqu’alors rencontrées.

Clarisse pesta.

— C’est pas possible ! J’avais un concert de prévu ! Bon, Nanoki c’est ça ? Comme t’es mignonne, je signerai un autographe quand j’aurais de quoi écrire. Je ne fais pas ça en dehors des concerts, donc si vous autres vous en voulez... Arh, je me suis cassé un ongle !

Elle fixa sa main avec un ongle manquant et jura.

Nanoki devait avouer qu’elle ne l’imaginait pas ainsi. Pendant ses concerts, elle semblait adorable et ses chansons étaient tellement belles qu’elle en frissonnait rien que d’y penser. Ce qui n’était pas étonnant car c’était sa capacité. Elle doit juste être un peu stressée de la situation et d’arriver en retard à son concert… voilà tout… Et puis, tu l’as connais à peine, ça ne se fait pas de la juger ! Elle va même te faire un autographe ! J’ai trop de chance, en fait !

— Moi je te connais pas, par contre ! lança Eden.

— Tu ne sais pas ce que tu rates !

Elle croisa les bras et lui tourna à moitié le dos.

— Sérieusement, j’ai connu mieux comme caméra cachée ! Me faire dormir par terre ? Ma belle robe est complètement fichu !

— Caméra caché ? répéta Nanoki.

— Bien sûr ! Je ne vois pas d’autres explications de pourquoi je serais là sinon ! Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Même si d’habitude je ne me réveille pas dans un lieu paumé sans souvenir de comment je suis arrivée là…

Est-ce que cela pouvait vraiment être une caméra cachée ? Peut-être était-elle une sorte de figurante ? Elle n’avait pas pensé à cette éventualité. Tout de même, ces maisonnettes avec leurs noms la mettaient mal à l’aise… pourquoi avoir préparé tout cela pour une caméra cachée ?

Daphné la fixa avec insistance. La karatéka s’approcha d’elle.

— Caméra cachée ou pas cet endroit me met mal à l’aise…

— T’as raison, on devrait partir.

Elles prirent un chemin vers un autre bâtiment, plus petit que le réfectoire. De l’extérieur, elles pouvaient entendre deux voix distinctes parler.

— Encore un duo ? demanda Daphné.

— Il faut croire… répondit Nanoki en ouvrant la porte.

En effet, à nouveau, il y avait deux jeunes hommes qui se tenaient près d’une étagère. La porte grinça, ce qui les alerta. Ils se tournèrent vers elles, le visage dur. Le plus grand des deux était métisse et possédait de courts cheveux bruns parfaitement coiffés. Il se tenait droit comme une allumette. Le plus petit, lui, avait des cheveux mi long à moitié laqué et à moitié en bataille, les dévisageait comme s’il cherchait à les analyser.

Tous deux avaient, sans même parler, une manière d’agir assez dérangeante.

— Je vous ordonne de vous présenter ! s’écria le métisse.

Elles le firent aussitôt dans un air militaire. Nanoki plaqua sa main sur sa bouche. L’espace de ces quelques secondes, elle n’était pas maître d'elle-même. Que lui avait-elle fait ?

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