Epilogue du Carnet

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Nous avons beaucoup parlé, Salem et moi. Il ne m'en voulait pas, ce bel ange que j'avais toujours aimé. Mon Serment me liait encore plus à lui, encore plus que la nature de nos âmes, ces âmes maudites dépendantes l'une de l'autre. J'étais à lui, même s’il n'avait pas l'intention d'activer le sortilège, et je n'avais aucun regret.

Nous étions seuls, profondément enfoncés dans la froideur particulière de la végétation de notre cher Massif Central.

— Je ne t’abandonne pas. Je serai présent partout où tu seras.

— Ne dis rien, mon ange. Il n'y a plus rien à dire.

— Je suis tellement fatigué, Kami. Je ne veux plus continuer. La vie me fait trop peur, Malia a disparu, et viendra bientôt notre tour. C'est inévitable.

Je posai mon doigt sur sa bouche pour le faire taire.

— Je respecte ta volonté, je serai là, je veillerai à ce que tu t'endormes tranquillement, et ensuite je partirai.

— Je t'aime.

Il m'embrassa, un dernier baiser que je trouvai triste et funèbre.

 

Salem s'allongea sur la terre, les bras croisés sur le torse. Ses paupières se fermèrent lentement, puis le sol remua doucement. Des racines sortirent, sans bruit, et se refermèrent sur mon doux Salem. Bientôt, il disparut totalement, retournant dans son sommeil éternel, au sein la Terre Mère, là où il était certain de retrouver la paix.

 

***

 

Je suis sorti de la forêt, tout simplement. Je n'ai pas pleuré pour Salem ni pour Malia. J'avais le temps de les regretter. Syrine m'attendait à l'orée du bois, assise sur un énorme rocher recouvert de mousse et de lichens. Elle regardait le soleil se lever, le ciel s'embraser une nouvelle fois.

Je n’avais pas encore tout compris, tout analysé de ce qu’il m’était arrivé. Je m’étais juré de découvrir les Racines des Âmes, pour sortir de ce triangle meurtrier. Et j’avais échoué. Malia s’était servie du Serment contre moi. Elle avait possédé Salem, pour me piéger, et Syrine pour me faire souffrir. Dans sa folie, elle avait été guidée par une gardienne dont j'ignorais tout, puis par Ulome qui lui avait donné la puissance nécessaire à ses desseins.

C’était terminé. Mon ennemie était vaincue, Robin devrait se réveiller, et je ne tarderais sûrement pas à mourir pour me réincarner. Ainsi, je continuerais à subir la malédiction du lien qui m’unissait à Salem et Malia.

En attendant, les Descendants d’Eren étaient après moi. Je savais que quelqu’un d’autre prendrait la place d’Amarante. Ils réussiraient probablement, au bout du compte, à m’anéantir. Mais je devais avancer.

Au cours de cette terrible semaine, j’avais eu une prise de conscience. Les choix que j’avais toujours refusé de faire au sujet de ma vie s’étaient finalement imposés. Le passé avait surgi pour me pousser en avant. J’avais dit adieu à toute une partie de mon existence. J’y avais renoncé, comme j’avais autrefois renoncé à Salem. Je faisais face, dorénavant, à une évidence. Mon destin.

— Il se lève encore.

Elle me regarda, et acquiesça.

— Encore une nouvelle journée, oui.

— Certains ne sauront jamais que le soleil s'est levé ce matin.

Je crois qu'elle pleurait à ce moment-là, sans faire de bruit, mais je ne vérifiai pas. Mes pensées s'étaient perdues dans le ciel, mon esprit virevoltait parmi les nuages colorés.

— Syrine… demain, je partirai peut-être… 

Je me tournai vers elle, et fredonnai cette mélodie si chère à nos cœurs.

Si tu viens avec moi…

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