Chapitre 5

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Nos habitudes de dormir ensemble perdurèrent.

À la maison on ne s’étonnait plus de nous retrouver emmêlés – on a joué à la Playstation très tard, on s’est endormi comme ça-.

Nos parents y voyaient une complicité manifeste.

Ce qui était une réalité.

Et cela ne choquait personne, en vacances, quand on nous collait dans la même chambre pour gagner de la place.

Les vacances étaient l’occasion de regrouper les cousins. D’âges proches des nôtres, la bande comptait 4 garçons et deux filles.

Les parents, frères et sœurs de mon père, louaient toujours en Bretagne.

Parfois c’était des bungalows dans des campings. Les chambres étaient minuscules, et les lits encore plus.

Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis endormi et réveillé collé à Yann. Dans ses bras, le temps s’arrêtait.

Une année ma mère s’est inquiétée. Son beau-frère attribuait les chambres et avait annoncé comme d’habitude :

- Bertrand et Gaël dans la chambre à droite. Les Kilmann au fond du couloir…

- Mais ils vont avoir assez de place ? Tu les as vu ? Ils font plus d’un mètre d’épaules chacun… Peut-être qu’on pourrait mettre des tentes dans le jardin ?

Je vis l’horreur du camping arriver, prêt à nous priver de notre bulle. Heureusement d’autres furent plus rapides.

- Laisse Béatrice, dit ma tante, vu la météo qu’ils annoncent, si on monte les tentes, dans deux heures ils seront trempés, ils plieront bagages et viendront camper dans le salon. Alors autant gagner du temps et s‘épargner le ménage...!

J’avais soufflé intérieurement. Yann m’avait adressé un clin d’œil. Et nous avions gagné un été à dormir ensemble. Collés.

L’été de mes 16 ans, les parents avaient choisi Carnac comme point de chute. À nouveau, la bande s’était regroupée, et chacun avait repris ses marques.

Le rituel des courses, le marché dans les petites rues, le marchand de glace où l’on trouvait tous les parfums les plus improbables.

Là aussi, les lits devenaient étroits. Dans certaines chambres il y avait des lits simples. Je ne sais pas pourquoi, mais nous étions toujours « sacrifiés » pour devoir se caler dans des lits double pas très grands. Sans doute que les cousins n’avaient pas très envie, eux, de partager le même. Nous, forcément, ça nous allait. On haussait les épaules comme si c’était habituel. Il n’y avait rien à ajouter. Ça l’était. Et ça allait à tout le monde.

Cette année-là, je ne sais pas si c’est à cause de notre poussée de croissance à tous, ou à cause de l’énervement général à l’idée de se retrouver, mais l’assemblée semblait plus peuplée que d’habitude.

À table, il n’était pas rare que les coudes se cognent. Toujours est-il que cet été-là, je passai tous mes repas avec la jambe de Yann contre la mienne.

* * *

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