7 – La vie s’en charge

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Quand Lola rencontre ma petite famille… Ça n’a pas été une mince affaire pour moi ce dilemme… Je devais aller chercher Diego, après sa cours de boxe, le vendredi vers 20h00, et entre temps ma mère nous invitait à manger. Ça m’arrangeait bien cette affaire, pas besoin de cuisiner tard, remarque, j’aurais pu demander à Lola, mais je n’y avais pas pensé. Mais deux choses me gênais : laisser Lola seule à la maison, sachant que je connaissais l’histoire… j’allais bien manger et bien boire, donc je dormirais sur place, et comme mon est en mode hibernation depuis la poussée des ses hormones, je ne serais pas rentré au petit matin. L’autre solution c’était d’inviter Lola à la soirée. Je pense que ça n’aurait dérangé ni elle ni ma mère… juste moi.

« T’inquiète pas, je reste ici. Y’a pas de problème.

– Ça me gêne de te laisser Lola.

– Ben embarque-moi alors, ça me ferait plaisir de rencontrer ta mère en plus de ton fils.

– ­­­Et son mec… Ça me gêne aussi Lola.

– Ben je reste ici alors. »

Je suis con à me prendre la tête ainsi des fois ! Finalement j’ai laissé de l’air, ok, allez, j’ai rappelé la daronne, histoire de lui dire qu’il y avait une amie chez moi, si elle pouvait venir. « Mais oui bien sûr, il y aura Jean Paul aussi. Allez à tout à l’heure. Bisous » Jean Paul c’était le compagnon de ma mère, Un grand bonhomme massif, la langue presque plus pendue que la mienne, gentil comme tout.

Et nous voici donc tous les cinq à table, et la chienne dessous. C’était bizarre la rencontre entre Diego et Lola. Je veux dire moi. Pour eux ça avait roulé. Moi y’avait quelque chose… je veux dire… particulière, c’est là que je me suis rendu compte que mes sentiments envers elle n’étaient pas aussi clairs que je le pensais. Car présenter une amie à ma famille, je m’en fous. Présenter une ex-copine basculée au rang d’amie, pareil. Présenter Lola… pas pareil. C’était comme déballer une intimité profonde, un jardin secret. Et… je crois que le fait qu’elle soit une vedette faisait partie de l’équation… juste pour moi. Je ne sais pas… c’était vraiment comme avouer que j’avais un trésor planqué et que j’avouais enfin son existence.

Après un bon petit apéritif, on est passé à table. Entre un adolescent tout le temps fatigué, un ancien de la Marine, une institutrice à la retraite, une vedette de cinéma et moi, les sujet de conversation n’ont pas manqué. Surtout lorsque ma mère à servit son assiette à Lola, un rôti d’agneau accompagné d’une sauce aux cêpes, des potimarrons, d’haricots vert et de patates sautées. Lola l’a remercié, et a scruté son assiette, dans un demi sourire de gêne, n’osant rien dire.

MOI – Merde, j’avais zappé.

MA MERE – Quoi ?

MOI – Lola est vegétarienne.

JEAN PAUL – Ah bon, pourquoi faire ?

DIEGO (l’air moqueur) – Ben j’sais pas comment tu fais pour t’entendes avec Papa…

(rires)

LOLA (à ma mère) – Ce n’est rien, laissez.

MA MERE – Mais non ! Tiens Marc, prend son assiette. Et vous je vous en fait une autre, avec un peu de sauce quand même dedans, il y a juste un peu de crème.

LOLA – Elle a l’air si bonne… je vais faire un écart pour une fois.

MA MERE – Voilà, par contre je n’ai pas salé les haricots. Bon appétit tout le monde.

TOUT LE MONDE – Bon appétit.

JEAN-PAUL – En tout cas t’es pas une végétarienne extrémiste comme Sandrine Rousseau.

LOLA – Qui ?

MOI – Lola est américaine, je ne crois qu’elle connaisse trop la politique Française.

MA MERE – Ah c’est ça le léger accent ? Et vous… On va se tutoyer d’accord ? Et tu fais quoi dans la vie ?

LOLA – Je travaille dans le cinéma. Je suis actrice.

DIEGO (sortant la tête de son assiette) – Ah bon ?

JEAN PAUL – Tiens, il se réveille Le Disciple !

Oui, Jean Paul surnomme mon fils Disciple, en référence à la bande dessiné Leonard.

DIEGO (à Lola) – Tu dois être célèbre alors ?

LOLA – Assez.

DIEGO – Tu peux pas me faire travailler ?

MOI – Passe ton bac d’abord Picsou !

MA MERE – Ah ça ! Diego et l’argent….

LOLA (à Diego en un clin d’oeil) – On en parlera plus tard…

Et ainsi de suite… En somme un bon repas de famille. Et comme c’est la mienne, entre deux bouteilles de vin, tous les sujets qui peuvent foutre la merde y sont passés : Ukraine, vaccins du Covid, Macron, la gauche, la droite, les manifestations autour de la réforme des retraites, bref, le paquet complet. C’est là que je me suis rendu compte qu’insidieusement, je changeais… En d’autre circonstances, j’aurais porté mon étendard et ma grande gueule à la conversation, l’accaparant, ce qui aurait donné une belle joute avec Jean Paul, dans le but de vouloir imposer mon point de vue. Là j’ai juste fermé ma bouche. Et je regardais la scène se dérouler, content de me dire que tout cela était à moi, je racontais quelques chose sur moi. Donc ça fusait surtout entre ma mère et Jean Paul… Et au milieu de tout cela, j’ai croisé le regard de Lola, elle s’amusait comme une folle. Et comme par hasard, dès que je me suis mis à rire de moi-même voyant cette scène de théatre se dérouler devant moi, le ton s’est immédiatement posé. C’est peut être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup. Et j’ai parlé à mon fils de John Wick 4.

DIEGO – On pourra regarder le 3 quand on sera rentré à la maison ?

MOI – Quand on sera rentré à la maison, on va dormir surtout.

MA MERE – C’est pas toi qui va conduire Marc, t’as trop bu.

LOLA – Factuellement, j’ai beaucoup bu aussi.

MA MERE – Alors vous dormirez tous ici. Diego prendra le canapé et vous deux la chambre du bas.

Brefs échange de regard avec Lola…

MOI – En fait Maman, Lola est moi on n’est…

LOLA (me coupant la parole, se tournant vers ma mère) – D’accord, merci.

JEAN PAUL – Bon… Puisque c’est réglé, on attaque les dijos ? Y’a quoi dans tes placards Doudou ?

MA MERE – Pas encore, il y a les fromages avant.

Une fois le plateau de fromage explosé. Les alcools de poire, de prune et de pomme étaient de sorti. Diego lui, était déjà allé rejoindre Morphée, Michonne, protectrice, couchée à ses pieds. Bien entendu, avec Jean Paul on a rejouée la scène des Tontons Flingueurs dans la cuisine. La poire était fantastique, un vrai bon goût de fruit.

MOI – Faut avouer… c’est quand même une boisson d’homme.

LOLA (prenant un accent Audiardien) – Mais on a dû arrêter la production, y’en a qui devenait aveugle.

Bref, la soirée s’est finie ainsi dans de l’intellectuel haut de gamme. Puis vers minuit, autour des 3 grammes, On est allé se coucher. « Elle est belle ta famille. Et ta mère est douce. » Une fois glissés sous la couette, fallait que je l’ouvre :

« Dis Lola, qu’est qu’on est en train de foutre ?

– Tu veux dire dans le même lit ?

– Disons que ça fait partie du sujet… Y’a un moment tout gentilhomme que je suis, mon côté lubrique va vouloir prendre le dessus, surtout avec toi.

– C’est surtout si je fais ça… »

Lola s’est approchée de moi, je me suis reculé, un peu énervé. « À quoi tu joues ? » A l’étage, ma mère et Jean Paul qui se frittaient, ça fusait de reproches côté féminin, de mon côté. J’ai percuté ma réalité… j’ai tenté de choisir qui je voulais être, plus doux.

« Excuse moi Lola. Je me sens un peu perdu au milieu de tout ça…

– Et si tu arrêtais avec ta tête et te laissait l’occasion de vivre Marc ? Sans trop me tromper, t’es pas en train de vouloir savoir si on est pas en train de compenser un manque affectif ou autres, et de vouloir savoir si ça va durer. Bref à faire ton fameux catalogue.

– Ouais… t’as raison.

– Laissons un peu l’illusion…

– On peut essayer… Le truc c’est que si on commence à aller mieux, ça va pas être commode de l’écrire ton disque malheureux.

– Je crois que je commence à m’en foutre du disque. Là, moi, je suis bien avec toi, même si parfois tu me fatigue en me partageant ce que t’as dans la tête. Si tu veux bien, pour le moment on peut simplement dormir comme ça… Et… t’as qu’à te dire que dans ta réalité, tu te proposes de dormir avec une femme dans les bras sans vouloir la baiser.

– Tu parles d’un projet ! Ok.

– Et grince pas trop des dents s’il te plait.

– Ça je ne te promets rien.

On a fait le silence. À l’étage, la dispute entre ma mère et Jean Paul tournait à la rigolade, la réalité avait changé. Avec Lola, on s’est mis à rire avec eux de ça… notre humanité.

Le reste du week-end s’est passé à la cool, pas grand-chose à dire, hormis quelques baston avec Diego, qui, en jeune loup plein d’hormones et un peu crado, faisait des sketch pour ne pas se laver alors qu’il puait le vestiaire d’après match. Mais le levier était facile : chantage à l’écran. Pas de douches, pas de Kaamelott.

Dimanche était nuageux et frais. Un temps idéal pour faire une demande d’allocation et pour écrire… Changement à l’heure d’été, lundi je me réveillais tôt pour bosser avec le Vieux…

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