12 – Ne jamais refroidir une chatte mouillée

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« Par terre on se dispute,

mais au lit on s’explique. Et sur l’oreiller

on se comprend ! »

Arletty dans le film Hôtel du Nord (1938)

En fait de bonnes résolutions… ça a duré douze heures pour la clope et deux jours pour la bière. La prochaine fois j’appuierai sur la détente pour me faire tenir une promesse… La seule chose valable, C’est que j’avais de plus en plus cet effet de recul sur ma vie, sur MA réalité. Comme si je faisais un pas à côté de yeux pour me rendre compte au final que ma vie se résumait à une immense scène de théâtre dont je métrisais toute la production.

Aussi, quand pour mon nouveau boulot, dès le lundi, encore balbutiant de mon combat du samedi, à huit mètres de hauteur sur la corniche d’un toit dépouillé, avec le mistral qui s’en donne à cœur joie et une échelle bringuebalante, sans gade corps ni de quoi s’attacher, alors que les autres bonshommes bossaient à l’aise, moi j’ai eu les foies !

« Désolé les mecs, je n’suis pas assez payé pour ça.

– Nous non plus.

– Ben disons que j’ai vachement plus peur de la Mort alors… Et entre nous je n’arrive pas à savoir si vous êtes totalement inconscients, extrêmement courageux ou les deux. »

Je suis redescendu et tenté de leur faciliter le boulot comme je pouvais. Première leçon de ma réalité : J’avais peur de la faucheuse, donc je voulais vivre. Ensuite ? Et bien… ma réalité du moment, c’était de faire de longues journées de boulot en laissant Michonne enfermée dans la maison. Un boulot assez bien payé, et assez tranquille niveau rythme. Ça roulait assez. Michonne avait chopé une merde à l’œil, une sorte d’eczémas. En bon perché que je suis, je lui ai demandé de me rendre ce qui étais à moi. Le lendemain j’avais l’œil tout collé, du même coté qu’elle… Mais ça trainait un peu chez ma chienne… J’attendrai de voir la fin de la semaine…

Faut savoir que le dimanche soir, bien campé dans mes bonnes résolutions, j’avais sorti pour mon petit déjeuner une bouteille de lait d’amande et un sachet de flocons d’avoine, le tout BIO, bien entendu. Je les avais posés sur la table. J’avais dans l’idée d’en faire mon petit déjeuner et… bien entendu, le petit déjeuné a été un traditionnel café clope. Le lundi au soir, c'est-à-dire à peine deux après être rentré chez moi, j’avais les crocs. Mais des crocs avec des envies bien grasses ! Donc je me suis fais revenir deux poitrines de porc à la poêle. Dans le gras de ces poitrine, j’ai fait toaster du pain, et sur ce pain j’ai écrasé une bonne dose de ketchup. Le tout en sandwich, avec un peu de salade avec histoire de… Et donc : vous imaginez ce mec en train de dévorer son sandwich fait de pain, de gras, de barbaque et de ketchup, avec en face de lui son lait d’amande et flocons d’avoine bio qui le regardent. Humiliés, ils sont partis se recoucher dans le placard. « À une prochaine les gars ! »

Oui, j’allais oublié : ce même dimanche soir, peu avant mon sandwich, Johanna s’est pointée par un appel. Johanna : une femme de Gap assez sexy, assez dans le discours du « je ne juge pas » et « j’accueille ce que tu dis ». Bref, une perchée qui, voulant fuir la vie et ses douleurs, au lieu de choisi l’alcool, le blues et l’écriture comme votre serviteur, à préférer aller causer aux anges, parce qu’être humain c’est nul. Johanna avait l’air d’en avoir un coup dans le nez, mais ça m’a fait plaisir de lui parler. On s’est tenu le crachoir pendant presque deux heures. Et au bout d’un moment, elle m’a dis :

« Allez, tu viens ! J’ai envie.

– Tu déconnes, c’est le soir et t’es à deux heures de route. Demain j’attaque un nouveau boulot, je me lève tôt, je vais pas prendre le risque de paraître mauvais simplement parce que j’ai dormi 3 heures et passé le reste de la nuit en bagnole et à baiser. T’as mal géré ton timing meuf.

– Allez Viens !

– Non. Viens toi.

– Non, j’ai un peu bu. »

Donc la conversation à été assez drôle. Et puis immédiatement après c’est parti en couille. Elle à dit une chose qui m’a blessé. Je lui ai dit que du coup ça m’avait refroidi. Elle a mal pris le fait que je me sente refroidi, s’est hystérisée à gueulé, m’a rabaissé et m’a raccroché au nez.

L’accueil et le non jugement…

Mon début de semaine s’est résumé de la sorte : Café-clopes, boulot, rentrer chez soi 4 heures avant d’aller se coucher, douche, ménage, boire et fumer, manger, dormir, recommencer. Le mercredi soir, Lola revenait. Elle avait loué une voiture, un SUV Renault Blanc, et jusqu’au moment de la voir sortir, je me suis demandé à qui était cette voiture qui venait me cassait les couilles. Fanfare de Michonne en aboiement pour donner l’alerte, puis en remuage de queue quand elle a vu que c’était Lola qui franchissait la porte.

« Saluuuuut…. Ça va ? »

Elle était belle Lola, là, avec son jean, son pull blanc, son sourire ravi de me voir et ses bras chargés. Elle portait deux sacs : un avec ses affaires, l’autre avec des bières artisanales, de quoi manger et quelques disques vinyles à écouter. Elle à foncé vers moi, a incliné la tête et m’a embrasé, direct. Et avec la langue, presque après. Elle sentait la clope et sa peau après la route… un délice.

« Salut Lola.

– Alors, qu’est-ce que tu as fait de beau ces derniers jours sans moi ?

– J’ai appris que j’avais peur de la mort et qu’il ne fallait pas refroidir une chatte mouillée.

– Suuuuper ! J’ai hâte d’entendre ça ! Mais avant… »

Lola m’a collé, m’a embrassé, m’a enlacé, m’a excité, et on s’y est donné à cœur joie…

« Tu m’as manquée.

- C’est normal, tu bouges tout le temps ! »

Rire et câlins… Je n’ai pas osé lui dire qu’elle baisait avec un mec revenu des morts.

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