5 –Dans la lumière et le bruit

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C’est étrange non ? On tourne en boucle avec nos certitudes toute la journée. Le soir on se couche avec, et alors que la nuit nous propose une magique occasion de se remettre à neuf, dès le lendemain, on retourne jouer à se raconter les mêmes histoires. Je jouais ainsi au hamster dans sa roue depuis des semaines, voire des mois. Et bien que conscient de partir totalement en vrille, j’arrivais à trouver la sortie. A vouloir y aller. El famoso c’est plus fort que moi. Sauf que ça aussi c’est des conneries. Y’a rien de plus fort que moi à part moi. C’est juste une affaire entre moi et moi. Tout dépend de quel moi on parle, puisqu’il parait qu’on en a plusieurs. Au moins deux, puisqu’il y a moi et celui qui s’y accroche, surmoi. Je commençais à, en récolter pas mal des particules de folie, a en fabriques des montagnes sous des tapis, et puis Lola est arrivée, et en deux jours, Elle a été balayée. Comme quoi Elle n’était pas le sujet.

À 7 heures du matin du matin je devais partir au boulot. Lola n’était pas levée. J’ai mis de l’eau dans la gamelle de la chienne, préparé mon sac, pris les clefs de la bagnole et me suis tiré. Je voulais lui laisser un petit mais je savais pas trop quoi dire d’intelligent. Alors j’ai juste laissé la table propre, avec dessus une tasse, un sachet de thé et la bouilloire sur la gazinière.

Mon boulot consistait à aider le type avec qui j’étais à fixer des rails glissants sur d’autres rails. Ces rails servaient ensuite de support pour y accrocher des sièges « porte personnes ». L’idée, si j’ai bien compris : avoir la capacité de treuiller un vieux de son lit à son fauteuil roulant s’il était incapable de marcher. Donc On faisait surtout de la marche, trimballant de chambre en chambres, un petit arsenal de clé à laines, de tournevis, de peseuses et d’escapades. Parfois il arrivait quelques aléas – Comme un rail à repercer ou à régler car les roulements se bloquaient, mais dans l’ensemble, j’ai connu bien pire. Heureusement, avec le type, Clément, on s’entendait. Je lui ai même proposer de venir boire u verre à la maison. Comme ils bossait en déplacement, il été loin de chez lui, alors avant de retourner à son hôtel… ça nous aurait fait à tous un peu de compagnie. À 15 heures ma journée était finie, Clément avait encore quelques bricole à faire, il me rejoindrait plus tard.

J’arrivait donc à la maison assez tôt, assez impatient de voir Lola, et de savoir comment elle allait. Michonne était enfermée à l’intérieur, il y avait des poils partout, signe qu’elle y avait été toute la journée.

« Lola ? » pas de réponses. Sur la table, la tasse et le sachet de thé n’avaient pas bougés, et la bouilloire été pleine ! Je suis entré dans la chambre du Petit, là où Lola dormais. Pas de Lola. Peut-être qu’elle était sortie prendre l’air ? Elle devait pas être loin… Sauf que son sac et sa valse n’étaient pas là non plus… Lola était partie. C’est là, comme c’est pas trop mon truc, que je me suis aperçu que je n’avoir aucun moyen de la joindre. Donc je suis resté là, un peu chaos de cette absence soudaine. J’ai même fini par me demander si ça c’était pas passé dans ma tête tout ça. Après tout la folie ça existe. Il paraît que dans ce monde il faut gagner sa vie au lieu de la vivre, alors imaginé le retour d’un ancien amour pour gommer la douleur du départ du nouveau, pourquoi pas ? Je me suis posé un peu, puis me suis afféré à faire un peu de rangement et me préparer un petit quelque chose à grailler, à jeun depuis la veille au soir, hormis le café du matin, je mourrais de faim !

C’est un coup de téléphone de Clément pour me dire qu’il était-là qui m’a réveillé ! Sans m’en rendre compte, je m’effondré sur le canapé. J’ai jeté un coup d’œil à mon horloge, 17h30. Ah ça, invite quelqu’un à venir discuter et boire des coups et qu’est ce qu’il va faire ? Exactement ce pour quoi on a voulu qu’il vienne. Et armé en plus, avec un beau pack de canettes en 50. Sauf que j’avais pas du tout la tête à ça, je pensais à Lola. Comme si le fait de penser à une personne partie et donc ne pas être avec celle qui était présente allait faire revenir la partie et laisser un bon souvenir à la présente ! Quel jeu de con ! Alors j’ai décidé de boire et de discuter. Mais pas d’elle, ni d’Elle. Et on y est allé franco, puisque qu’on a même fini mon whisky et le fond de Vodka que Clément a sorti de son camion, plus un peu de shit pour lui. On a joué ainsi jusqu’à 21 heures. Plus par conscience que par envie, j’ai proposé à Clément de dormir ici, peut-être que prendre la voiture n’était pas une bonne idée, et il avait un bon 45 minutes de trajet à faire dans des routes sinueuses avant de rejoindre son hotel.

« Merci c’est gentil, mais ça va aller, t’inquiète. D’ailleurs j’y vais. A demain. »

Et me revoici seul, encore, toujours… Dans le silence et la nuit. Alors, j’ai allumé l’ordinateur et trouvé sur YouTube un débat où deux zigotos s’écharpaient sur une idée politique au fond pas si importante. Il avait plus en commun à s’aimer qu’à se haïr. De la lumière et du bruit, l’histoire de ma vie.

Le lendemain, à 13h30 je disais adieu à Clément, ce boulot d’intérim était fini. Heureusement et dommage. Dommage parce qu’en comptant très large, j’avais peut-être gagné 200 balles. À peine de coin bouché mon découvert. Absolument pas de quoi vivre le prochain mois sereinement. Alors j’aurais bien aimé bossé encore. Et heuresement parce que cette courte journée n’a été que bruit et lumière. Bruits de machine partout et en tout genre, déchiquetant, martelant, disquant, perçant chaque matériaux à leurs portée. Bruits dans ma tête, ces résonnements en boucle qui ne mène nulle part, ses questions sans échos, ces réponses impigeables. Et enfin la lumière, comme un gyrophare de flic en pleines tronche après une rupture de la cornée, lumière d’une vérité qui m’aveugle, lumière si vive qu’elle m’en crâme les neurones.

Rentré chez moi, le soleil est au zénith et le voisin passe la débrousailleuse. Lumière et bruit. J’ouvre la porte, Michonne me fait la fête, Je tombe sur le canapé, coma. Au réveil j’ai fait, c’est l’heure de la sortie des écoles et du goûter. Rien dans le frigo ne me tente, je n’ai plus rien à boire et plus rien à fumer, et plus radis. Oh et puis merde. J’embarque la chienne et on fonce en ville. Clopes, bieres, poulet à rotir, chips, ketchup, et ticket de loto pour… pourquoi pas, au cas où le Diable m’aimerait… Je suis tout autant achetable que n’importe qui. Peut-être que demain je me réveillerais riche, allez savoir, ça arrive bien à des ch’ti obèses de gagner les bons chiffres. Pourquoi pas moi ? Pourquoi moi ?

Aujourd’hui on devait aller diner avec Lola. Va savoir ce qui lui passé par la tête à cella là… ou dans la mienne. Ben tant pis ! Demain j’irais au cinéma voir le dernier John Wick. Trois heures de violence esthétique, ça va me détendre. Oui mais les sous et l’essence. Ne pas réussir à payer le prochain loyer, c’est pas 8 balles qui vont arranger le business.

J’ai donc fait ça à partir de 18 heures : vider mes courses pour, quelque part, tenter de remplir le vide qui gueulait en moi. Ça n’a rempli que mon estomac. Et je suis allé me coucher. Peut-êtr que demain je me tenterai de nouvelles resolutions, encore. Serais-je capable de les tenir, cette fois ?

Au bout mieux de la nuit Michonne s’est mise à gueuler. Comme je ne ferme jamais les volets, ça lui arrivait parfois, un chat, un rat. J’étais trop bourré pour souhaiter ce coup ci que ce soit des gitans un peu déterminer, parfois… des envie de machette me démangent… Mais ça aurait pu bien être des arabes, des chinois ou des gamins de la ville, je m’en fous, la machette une lame aiguisée n’est pas raciste, la haine non plus. Mais pas ce soir non.

« Michonne ! CHHHHuuuuuttt….. ! »

La porte d‘entrée s’est ouverte, Michonne s’est calmée. C’était pas des gitans.

« Qui c’est ?

– Rien ! C’est moi.

– Lola ?

– Oui.

– Mais qu’est-ce que tu… Ça va ?

– Oui, dors, je t’expliquerai. »

Le bruit des valises de Lola.

Ok. Ne pas chercher à comprendre parfois. Je suis retournée à Morphée et mon bruxisme. Puis à nouveau réveillé. Un courant d’air sur mes jambes. Quelqu’un qui monte la couette pour se glisser dans le lit et coller son corps à mon dos et m’envelopper de ses bras.

« Lola… T’es sûre que tu…

– Chuuut. Oui. Maintenant oui. Dors s’il te plait. »

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