II-Vivait un personnage bien étrange...

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Devant moi se tenait un homme grand et mince. La peau étonnamment pâle et le regard froid. Les lèvres pincées et bleutées par le froid. Les mains crispées sur un fauteuil dont je pouvais enfin connaître la couleur malgré que cela m'importait. Une description bien maigre ? Sûrement. Mais c'était les principales caractéristiques qui m'ont de suite fait frissonner. Bien que la lumière venait, accompagnée par la chaleur et l'odeur du bois brûlé, je ressentais un vent glacial me traversant de toute part. Cette sensation me figeait. Je ne savais pas pourquoi je me sentais ainsi et cela me terrifiait. Ce n'était pas un froid dû à mes vêtements mouillés mais un froid lugubre comme celui d'un cimetière.

"Ah. Tu n'es pas une momie mais un vampire. Étonnant."

Sa voix m'extirpa de mes pensées pour porter mon attention sur lui. Il me fixait intensivement, comme une chouette. Ou un squelette. Un des deux. J'avais l'impression qu'il était tout près de moi, de ressentir sa peau glacé ou même son souffle que je jugeais tout aussi froid. Mais rien. Il demeurait figé à côté de la cheminée, comme un porte-manteau. L'humour a toujours permis de détendre l'atmosphère mais je n'avais pas envie d'essayer. Et personne n'aurait envie de plaisanter avec un homme aussi... particulier. Restons poli.

"Tu... es vraiment un vampire ? Avec tout ce maquillage, on croirait plutôt un clown.

– Ouais... je sais... vous pouvez éviter de m'insulter ? C'est blessant.

– Non. C'est la moindre des choses envers quelqu'un qui rentre sans permission dans une demeure.

– Vous avez vu comme il pleut ? En plus, c'est pas de ma faute si vous avez laissé la porte ouverte !

– On n'entre pas dans les maisons des gens sans invitation, point.

– D'ACCORD ! JE SORS ALORS ! Mais si j'attrape la crève, ça sera de votre faute !

– Oh. Snif j'en suis déjà tout chamboulé. Snif snif.

– Que... .? Je vous interdis de vous moquer ! J'ai froid moi ! Je suis aussi trempée-

– Qu'une momie.

– Depuis quand les momies ont de l'eau ?

–Depuis que je l'ai dit. Maintenant sors ou je te jette dans la cheminée."

Je grognai aussitôt avant de me tourner vers la sortie, agacée par le comportement moqueur et inhumain de ce méchant monsieur. Mais, quand la pluie me donna une bonne gifle à peine ai-je ouvert la porte, je suis aussitôt retournée à ses côtés, tremblant de froid. Bien sûr, il n'était pas du tout ravi donc j'essayai de lui faire les yeux doux. Sans succès, son visage se déforma dans une expression peu accueillante. Ravalant ma fierté, je m'inclinai.

"Laissez-moi rester un peu, ô grand et fort, même si méchant, hôte.

– Pourquoi ? Ne me fais pas croire que tu n'as de maison.

– Hum... évitons le sujet."

Je l'entendis laisser échapper un grognement. Bien sûr, grâce à cette lumière, j'aurai pu m'en fuir aussitôt loin de lui. Mais... qu'est ce qu'une maison au juste ?

"Tu ne peux pas être à la rue pour avoir un costume, aussi immonde soit-il.

– A la rue... ? Ah ! Vous savez, on peut trouver des âmes charitables qui nous donnent de quoi s'enjoliver un peu, mon bon monsieur !

– Combien même tu essayeras de parler comme moi, je refuse de te laisser ici.

– Mais pourquoi ? Vous n'aimeriez pas aider une sans-abri ?

– Non.

– ... Mon cœur est brisé à jamais. Aïe.

– Va à l'hôpital pour le réparer.

– Vous pouvez le réparer pourtant !

– Je suis riche, pas médecin.

– Pardon Mister RicheCliché !"

Il me dévisagea à l'entente de ce fabuleux surnom que je venais de lui trouver. Un grand sourire lui répondit alors, ravie de ma petite blague. Jusqu'au matin, au moins. Jusqu'à ce que le monde se lève en même temps que le ciel. Seulement ces quelques heures, je veux être autre part. Ce manoir est cet autre-part.

Mes yeux s'ancrèrent dans les siens. Sombres, dépourvus d'une quelconque chaleur, un abysse profond, prêt à m'engloutir. Ce serait simple. Je suis si insignifiante, si misérable. Rien qu'une petite poussière, montrant le peu de lumière qu'il reste sur son visage pour illuminer celui d'un autre. Pourrais-je réussir le miracle d'illuminer le sien ? Cette expression, puis-je la détruire et la modeler à ma guise pour en faire ce que je souhaiterai. C'est si irritant. Si... plaisant à imaginer.

"Retire ton regard de moi.

– Pourquoi ?

– Tu me fixes comme une bête"

J'écarquillai les yeux. Une bête, moi ? Voilà qui m'étonne dans la situation où nous sommes. Malgré tout, il devait être mal à l'aise lorsqu'une paire de yeux ne le quittait pas. C'était mignon dans un sens. Je crois.

Me tapotant les joues, je me redressai pour le fixer, me tenant droit, un frisson me traversant malgré tout. Ses orbes me surveillaient, se préparant à mes prochaines paroles. Enfin ! Je n'allais pas me transformer en loup sous ses yeux non plus ! Je ne suis qu'une humaine enfin...

"Pourquoi vous ne voulez pas me laisser ici au juste ?

– Je ne pourrais pas te surveiller.

– Oh ? Où est-ce que vous allez ?

– Pourquoi devrais-je te le dire ?

– Je devrai vous accompagner alors autant le dire maintenant.

– Qui t'as dit que tu m'accompagnerais ?

– Moi."

Mon éternel sourire s'amplifia. Je viendrai coûte que coûte, ce qui paraissait le troubler encore plus. Sa réaction me satisfait.

"Qu'es-tu venue chercher pour te coller autant à moi au juste ?

– Une protection.

– Je ne suis pas garde du corps.

– Mais tu es fort.

– Effectivement... mais je refuse d'emmener une humaine avec moi. Maintenant, sors d'ici."

Ce cher hôte n'allait donc pas lâcher l'affaire. Mais il existe toujours un moyen de résoudre un problème. Il existait bien une manière de le faire céder, aussi sournoise soit-elle. Il était dans mon intérêt de le trouver. En cette période d'Halloween, tous les mystères convenaient d'être observés et résolus. Le sien d'avantage. Un manoir lugubre et abandonné, sous une pluie torrentielle d'Octobre, habité par un homme dont personne n'avait jamais soupçonné l'existence. Voici un décor d'horreur. Ou bien de romans fantastiques. Cet homme, était-il humain ? Ou bien mort ? Tant de questions auxquelles je pouvais avoir la réponse en suivant. La scénariste en moi se mit aussitôt à réfléchir à une solution par conséquence.

Oh. Je vous vois venir; vous demander pourquoi j'avais eu la subite envie de rester ici. Où est l'intérêt de suivre un inconnu, même pour une artiste ? J'entends vos pensées, ne comprenant pas les miennes. Je vois vos expressions, se tordant dans un suspens dérangeant. Peut-être essaierez-vous de trouver un indice. Imaginerez-vous sûrement d'innombrables suppositions. Mais dans les prochaines pages que je m'apprêtes à vous compter, je ne peux dire qu'une chose:

Si les morts dansaient,

Ce serait d'euphorie.

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