I- Dans un manoir abandonné...

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Halloween est une fête pour les morts. Au Mexique, les couleurs et les fleurs enjolivent les tombes. En Occident, tous les costumes les plus étranges sont mis à l’honneur. Mais ne vous êtes-vous jamais posé la question du comment les morts passent cette fête ? Seul ou bien dans un bar à chanter et rire ou même à pleurer ? Tant de questions que je suis peut-être la seule à me poser. Mais que voulez-vous ? La curiosité peut devenir sordide.

Assise sur ce banc, emmitouflée dans ce gros manteau en fourrure, écrivant ces lignes, l’envie me vient de vous raconter une petite histoire bien étrange. Si je l’ai vécu ce n’est pas important. Mais je tiens à raconter cette histoire que je trouve… étonnante.

C’était un soir d'Halloween comme celui-ci, quoique plus lugubre. Dans un costume raté de vampire, je me baladais dans les rues avec mon panier. Ayant préféré rester sans veste, le froid me fouettait à chaque brise, faisant voler l’inutile cape que je portais. Mes deux fausses canines me dérangeaient, ayant l’impression désagréable d’essayer d’avaler un bout de plastique. J’avais en plus eu la judicieuse idée de mettre du maquillage. Un petit coup de mascara et un coup de rouge à lèvres par ci et vous aviez ma personne ressemblant à la coquette tante naine de Dracula. Je n’ai pas besoin de rajouter mon enthousiasme, je pense. Le mensonge ne fait pas partie de moi.

J’avançais donc dans un silence sinistre, passant devant une maison à vendre. C’est alors que je m’y suis arrêtée pour l’observer. Personne ne l’avait habitée si ce n’est une vieille famille bourgeoise du XVIIIème siècle, maintenant disparue. Elle n’avait pas changé, ressemblant aux vieilles bâtisses des films historiques. Pas de toiles d’araignées ni d’apparence lugubre si ce n’est les fenêtres fermées par des planches en bois. J’avais l’impression qu’elle était figée dans le temps. En effet, une atmosphère étrangement accueillante s’en dégageait. La pierre polie des murs et les mosaïques bleutés de la porte d’entrée y participaient grandement. Je voulais y entrer. De un, parce que mes yeux se fermaient et de deux, sentir mon dos mouillé était particulièrement désagréable. L’évanouissement me semblait être un futur proche si je continuais de marcher sous cette averse.

Bien que la pluie s’écrasait avec rage, l’intérieur de la maison était silencieux. La porte étant étonnamment ouverte, j’étais entrée avec hâte mais cette différence me figea. Cette entrée englobait tout le silence restant pour créer une bulle de repos, loin de la pluie. Même l’odeur de la terre mouillée avait été remplacée par celle du bois verni. Tout cela me paraissait étrange mais ne m'effrayait pas. J’avançai en direction du salon en face de moi pour découvrir une pièce entièrement meublée. Le seul bémol était que je ne voyais pas grand-chose. Seul le touché pouvait me faire sentir le meuble en bois où des verres étaient posés, le doux tapis confortable au sol, le fauteuil moelleux et assez grand pour deux personnes et la table basse qui m'arrivait à mi-cuisse. J’essayai de trouver un chauffage ou une cheminée, malgré que j’ignore comment faire fonctionner cette dernière. Mais le froid me faisait espérer.

Alors que j'étais comme une mal voyante au milieu de la pénombre, ma main tâtonna un tissu. Serait- ce le rideau ? Non. J’aurai pu apercevoir ces minces lueurs de Lune sinon. Un tissu laissé à l’abandon sous la peur et la hâte ? Peut-être pas… car lorsque je continuais de le toucher, je pouvais ressentir une fraîcheur… humaine. Une fraîcheur rassurante et… attendez.

A ce moment-là, je me suis demandée si je ne me trouvais pas dans une histoire fantastique, celle où on pense dur comme fer avoir affaire à un être surnaturel alors que c’est notre esprit qui nous joue des tours. Mais là, c’était mon touché qui me jouait des tours. Et bien sûr, je me suis crue dans un récit fantastique. J’aimais me rassurer, oui. Mais après tout, j’étais dans une position désavantageuse. Si je partais en courant, soit je trouverai la porte mais en me prenant un ou deux murs en pleine tête qui me ralentirait, soit j’essayerais de me cacher dans une autre pièce dans l’ignorance la plus totale. Quand j’y repense… il n’y a que la lumière qui m’aurait permis de me sauver. Dommage qu’elle n'ait pu m’aider à ce moment-là.

Je sentis une respiration s’abattre sur mon front. Une respiration fraîche comme un glaçon qui me fit frissonner, me rappelant que cette fraîcheur ne m’aidait pas pour ma recherche de chaleur. Mais avant même que j’eusse pu relâcher ce membre et m’écarter, une voix grave et féroce résonna à mes oreilles:

“Lâche... ma… HANCHE ! SALE FOLLE ! DEMEURÉ !”

Sans que je puisse faire quelque chose, la personne me jeta violemment contre le fauteuil. Sans succès, je tentai de le calmer mais il continua de crier en marchant vers je ne sais où :

“J’avais pourtant bien dit que je ne voulais personne ! Voilà qu’elle m’envoie une femme ! UNE MOMIE EN PLUS DE CELA ! Fichu tantine… “mais mon chéri tu dois te marier” “mon petit chou tu es déjà si grand et pourtant si seul”! JE T’EMMERDE TATA ! VA TE FAIRE-

– MAIS TU VAS T’TAIRE BON DIEU ?!”

Oui oui. Je venais de crier sur mon possible agresseur qui avait fait un monologue pour jurer sur sa tante, l’imiter et en plus se tromper sur ma nature. Je suis une vampire moi. Comprenez-moi, je ne voulais pas exploser et le frapper. Même si je ne vois rien.

Il y avait un silence. Un très long silence. Mais je sentais bien son regard sur moi. Puis j’entendis des pas lents s'éloigner. La lumière entra alors dans la pièce et une cheminée se mit en marche…

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