Changement de plan.

7 minutes de lecture

Comme expliqué dans la partie précédente, le mois de novembre devait être de rendez-vous médicaux, mais il se trouve que l'ambiance était oppressante et me rendait malade.

Pour commencer, j’ai été mise en relation avec une nouvelle psychiatre avec qui travaille celle que j’ai actuellement, mais dans un hôpital psychiatrique. J’ai immédiatement eu beaucoup de mal avec elle, alors que l’infirmière qui était présente pendant mes entretiens me mettait en confiance et me faisait penser que cette expérience allait être positive pour m’aider à sortir de la dépression, enfin comprendre et analyser diverses choses.

J’ai donc laissé le bénéfice du doute à cette psychiatre, car après tout, c’est une aide gratuite et qui concerne ma santé. Mais cette psychiatre n’était pas du tout empathique ou douce. Sous ses airs de femme gentille et sa voix douce, je me suis pris un bon nombre de commentaires sans délicatesse, très difficiles à encaisser surtout par un médecin qui est là pour aider les personnes très mal ou malades.

Par exemple, je venais d’expliquer pendant de longues minutes mon parcours scolaire, ma phobie scolaire, et le harcèlement subi, tout le mal-être que je ressentais à propos de mon corps, de la boulimie, et du poids pris à causes des médicaments, la psychiatre s'est contentée de me demander ma taille ainsi que mon poids pour calculer mon IMC, en m’enfonçant moralement avec des paroles indélicates: “Vous êtes obèse, vous dépassez le seuil de normarité, il faut faire quelques chose. Vous en avez déjà parlé avec votre médecin traitant de cette obésité?” Commentaire auquel j’ai répondu que je n’étais pas là pour qu’on m’achève à propos de mon poids, que ce n’était pas le sujet de la discussion et que je ne voulais pas parler de ça. Elle n’a pas pris en compte le fait que j’ai enchaîné environ quinze traitements en moins de deux ans qui ne correspondaient jamais à mon corps, qui m’ont posé davantage des problèmes de santé et qui m’ont fait prendre du poids à un point où je n’ai plus que deux ou trois tenues correctes et malgré tout ce que je pense de négatif sur moi et mon corps, je me trouve loin d’être obèse. Elle n’a pas non plus pris en compte ma morphologie, mon ossature qui se trouve être lourde car mes os sont gros ou encore mon poids de forme. Je ne pourrai jamais faire le poids qui “doit” correspondre à ma taille, tout simplement parce que je serai en mauvaise santé, trop faible car trop mince pour supporter mon squelette et un mental qui sera encore plus fragilisé. Je ne débattrai pas sur ce sujet, j’ai toujours eu des formes de “femmes”, des rondeurs, j’ai toujours été en surpoids par rapport aux normes mais j’ai toujours gardé le même poids. Donc je connais mon poids de forme et n’écoute plus les remarques ou reproches sur mon corps quelle que soit la personne, car c'est mon corps, je connais ses limites et c’est à moi de gérer ma vie.

Un autre exemple qui m’a pétrifiée, lorsque j’ai dû expliquer en détails pendant une bonne quinzaine de minutes mon viol, tout ça parce qu’elle ne comprenait pas et qu’elle disait que j’utilisais des mots qui ne correspondaient pas à mon explication. Mais quinze minutes plus tard, alors que je pleurais, elle a finalement dit que j’avais raison, que j’avais bien vécu un viol et que j’avais bien du stress post-straumatique (bien sûr que j’ai raison, je l’ai vécu et en ai assez parlé avec ma psychologue pour utiliser le vocabulaire approprié).

Alors, ça pourrait paraître ok, c’est son métier de chercher ce qui marque le plus, d’aller en profondeur dans les questions, afin de comprendre, mais tous les commentaires ajoutés bout à bout, toutes les fois où je ne me suis pas sentie écoutée et plutôt comme un vulgaire cobaye où il faut trouver obligatoirement une maladie psychiatrique alors qu' il n’y en a pas.. Les fois où je sentais qu’elle tentait de me retourner les pensées pour que je culpabilise de ne pas être d’accord avec tout ce qu’elle disait. Elle me posait des maladies fausses, me disait que je ne réussirai jamais à m’en sortir sans médicaments et que même avec des médicaments, ça sera plus que compliqué, alors qu’il faut juste que je trouve des psychologues, psychiatres ou autres, suffisamment compétents pour m’aider à avoir confiance en moi, régler mes soucis et me booster dans les mauvais moments.

Cette psychiatre me catégorisait comme bipolaire, avec un syndrôme atypique atténué de je ne sais plus quoi tant c’est débile. Elle me disait suicidaire, que je frappais ma mère alors que pas du tout, à ce moment-là, j’ai enfin ouvert ma bouche et me suis rebellée mais en vain, c’était moi qui ne savait pas ce que je disais et elle qui avait raison parce qu’elle est le médecin. Elle voulait me faire prendre un traitement au lithium dans un hôpital loin de ma famille alors que mon tout petit cercle proche est mon pilier, mon repère et que mon corps refuse tout ce qui lui est étranger ou chimique.

Son diagnostic était complètement ridicule et faux, je l’ai montré à ma psy (qui travaille dans un cmp qui dépend de cet hôpital) et elle m’a conseillé d’arrêter parce que c’était nocif pour moi, rien ne collait avec mon comportement. Sans oublier que si je n’avais pas insisté pour avoir une photocopie des résultats, la psychiatre ne me l’aurait pas donné, donc on voit bien que quelque chose cloche dans son comportement ! Un professionnel qui n’aurait rien à cacher donnerait à son patient un exemplaire des résultats trouvés suite à un questionnaire, ainsi que le papier des décisions à prendre. Mon entourage aussi confirmait que je n’avais pas tout ce que la psychiatre me trouvait et cela me réconfortait, je n’étais pas folle, je n’inventais pas un mal-être face à ce médecin.

En aucun cas, trois rendez-vous suffisent à avoir un bon diagnostic, encore moins avec les maladies qu’elle me donnait sans prendre en compte que les symptômes peuvent faire partie des maladie psychiatriques mais pas automatiquement, tout dépend du contexte, de la vie de la personne, son passé et plein d’autres facteurs. Ici, les symptômes que j’ai sont seulement causés par la dépression, pas d’une maladie psychiatrique.

La psychiatre n'acceptait pas que je sois lucide et que je ne la mette pas sur un piédestal, c’était de ma faute parce que apparemment je ne l’écoutais pas, et ne voulais pas vraiment me soigner, qu’il fallait que je sache jusqu’où j’étais prête pour qu’on m'aide et si je voulais vraiment qu’on m’aide. Je ne dirai pas tout ce que j’ai vécu en seulement trois rendez-vous avec elle parce que la liste est longue, mais je sais à quel point ce qu’il s’est passé n’est pas normal, c'est même révoltant. L’endroit où je suis allée n’a pas une bonne réputation et je comprends en partie pourquoi, pourtant je n’ai pas tout vu de ce qui se passe là-bas, mais j’ai rencontré pas mal de personnes qui m’en ont parlé et je n’ai pas d’autre mots que “abus de domination dûe au statut de médecin aka la personne saine et qui a toujours raison et maltraitances en tous genres”.

Après trois rendez-vous qui me rendaient malade, extrêmement triste, avant, pendant et après les entrevus, j’ai décidé de tout annuler parce que j’allais de moins en moins bien à cause de cette psychiatre. Je ne dormais presque plus alors que j’avais enfin une petite période où mes insomnies s’étaient calmées, je pleurais presque chaque jour, me refermais sur moi-même et partais au rendez-vous avec la boule au ventre. J’allais un peu mieux lorsque je savais que quelques semaines séparaient les entrevus, j’allais mieux uniquement grâce à moi, mais me sentais comme une merde après l’avoir revu. Je ne me sentais pas en sécurité, j’avais l’impression d’avoir une enclume posée de la tête jusqu’en bas du ventre et la sensation que j’allais me faire enfermer dans quelque chose dans laquelle il serait quasiment impossible de me libérer. Ma confiance n’avait pas été donnée et tout mon être me hurlait de fuir.

Dès que j’ai téléphoné pour annuler toute cette histoire de suivi par un hôpital psychiatrique, j’ai senti cette énorme enclume disparaître immédiatement. La joie et la liberté sont revenues ainsi que le plaisir de respirer, comme si j’avais vraiment fait le bon choix pour moi. Le seul truc que je “regrette” c’est que j’avais des rendez-vous rapides (et surtout gratuits) avec une neuropsychologue extrêmement sympathique, gentille et en qui j’avais eu confiance dès la première seconde. Quand j’ai quitté définitivement cet endroit, j’avais à peine commencé un processus de longs examens pour voir si j’avais des troubles de la concentration, de l’attention et si j’avais un haut potentiel intellectuel ce qui aurait expliqué beaucoup de comportements dans ma façon d’être et de fonctionner. Tant pis, je sais que c’était vraiment une chance de pouvoir avoir une neuropsychologue dans ce contexte, mais au final c’est pas grave, car avant je n’avais jamais eu l’idée de faire des examens pour tout ça.

Ma psy m’a félicité car j’ai enfin écouté mon instinct, mon corps et mon esprit, j’ai pris une décision importante pour mon bien, j’ai tenté une nouvelle expérience qui n’a pas été bénéfique pour mes soins, mais je sais maintenant que malgré tout ce n’est pas un échec car j’en ai tiré de nouvelles choses me concernant. J’en ressort plus grande, plus mature et plus entière. Si ça n’a pas fonctionné, c’est que quelque part, une autre solution est faite pour moi même si j’ai du mal toujours penser ainsi, il ne reste plus qu’à trouver cette solution. Mais avant tout, il me faut beaucoup de repos et moins de pression sur les épaules car je suis épuisée, trop de changements, trop de pression et trop de choses accumulées qui ont affaibli mon corps et mon mental en dépassant beaucoup trop les limites que mon être peut supporter.

Annotations

Vous aimez lire Lollipop666 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0