Devant le jour

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Il y a à Montpellier un vieil arbre, au cœur du jardin des plantes -ancien laboratoire pour la faculté de médecine-, qui semble fait de la matière des rêves. C’est un tronc noueux, racorni par le temps, érodé par le vent au centre duquel les passants laissent un papier puisqu’une superstition locale voudrait que ce vieux pin exauce les souhaits. Lorsqu’on l’observe, on y devine une histoire longue, d’un végétal qui a poussé pour devenir un symbole, et des tréfonds de nos âmes s’extrait un soupçon de merveille préservé de notre enfance, l’on voudrait sa magie réelle, d’un regard envers ce bois bosselé, trempé de sa sécheresse cagneuse, nous sommes investis par l’espoir fou et vain que la terre entière soit illuminée par les croyances païennes d’antan, que ce torse de sève soit le pilier d’une onde ancienne, d’un appel tellurique aux rites tendres et primitif, à la prière primaire complexe. Il suffit souvent de peu pour que l’on se révèle adorateur animiste d’un dieu sauvage loin des dogmes du présent. Et l’arbre centenaire, mais si serein exulte d’un pouvoir que peut-être nous comprenions jadis, quand nous offrions à la nature sauvage un sacrifice spectaculaire pour apaiser son âme insondable. Et cette branche immense semble dépositaire de cette ère de naguère, elle semble irradier d’une sagesse profonde, d’une paix absolue. J’aime me reposer à son ombre, elle est courte et maigre, perdue au milieu des cyprès gargantuesques et des pierres granuleuses, pourtant elle draine sur moi un bonheur tendre, tant créé par sa légende que par son âge. Je m’assois à ses racines pour y lire, en le frappant hélas de l’ironie cruelle de voir ainsi ses frères découpés pour du papier que plus personne ne voit, et je laisse la journée vivre au fil de ma lecture interrompue par les couples qui espèrent un moment romantique en léguant à ce titan un billet froissé où se dessine le besoin de croire leur union éternelle et immuable par-delà les années et les tristesses, par les oubliés qui laissent un paragraphes dans cette chair pour demeurer quelque part, par les autres, les sans-noms, les sans-voix qui larment une ébauche de futur. Cet arbre porte le poids d’une ville toute entière, il est parsemé de textes décomposés, de parchemins évaporés, de mots coagulés, d’espoirs désespérés, il est tant fait de sa résine globuleuse que de l’encre dissolue dans son écorce brune et épaisse. Et ces lettres liquéfiées par le temps l’investissent d’une magie bienveillante, c’est le gardien immémorial de la ville, l’expression de sa mémoire dans l’élégance de la nature qui en fit cette créature décharnée, bossue, craquelée, percée de toutes parts, rognée par les insectes, rongée par l’âge, raffermie comme une pierre. A ceux qui cherchent le chemin de la paix, je ne peux qu’indiquer son image impassible dans cet ersatz de forêt colonisé par l’humain dans sa folie de pierre. Car ce qui l’entoure n’est qu’architecture immense et hideuse, défigurant le monde comme une pustule sinistre. Autour l’humanité grouille, courant après sa mort sans respirer un instant. Autour, les véhicules rugissent de leurs mécanismes monstrueux pour agglomérer encore plus de glaire humaine dans cette citée suffoquée par le soleil près de l’ombre lascive de la méditerranée. Dans ce ballet de folie, ce pin est colosse râblé, ancre étrange pour l’exilé que je suis dans ce sud trop inhumain.

J’ai grandi dans le nord glacial. Je suis fils de l’hiver, érigé par la neige en congère, par le vent gelé de ma région austère où ne subsistent que la forêt et quelques humains rudes et sévères, aussi fiers que possible dans leur épine de montagne, dorsale d’un Jura fait de conifères omniprésents et où l’été est banni tel un paria abject. Dans ce désert d’arbre et de vie, de mont et de silence, j’ai vu les saisons s’aimer comme autant de douceur léguée à une nature violente et barbare. C’est le froid qui sculpta mon être de chaleur, c’est le gel qui forgea mon cœur en volcan, c’est le blizzard qui fit mon esprit langue de feu. Fils de l’hiver, je ne pouvais que devenir magma et lave. Et dévoré par la tristesse implacable de l’exil, loin de mes arbres et de ma Franche-Comté d’adoption, je cherche quelque part l’illusion d’un foyer pour apaiser mon âme exsangue, desséchée, désolée d’avoir tant souhaité un sens à l’absurde du temps. Je me retrouve âme errante, hère hantant des lieux dont il ne partage pas le sang. Et avec leurs hurlements de sauvages qu’ils adressent en meute à la nuit, ma voix est discordante, peu importe où je suis, peu importe où je vais, je ne suis plus fils du nord, pas plus que je serais père du sud. Ma généalogie est fracturée, courant sur le monde comme un séisme. De mon sang breton, de ma terre comtoise, que demeure-t-il ? Si ce n’est l’épave d’espoir que je suis, vagabond sans âge au destin de peine corrompue par les frimas qui l’enserrent. Le soleil a fait ma braise banquise qu’aucun âtre ne peut réchauffer. Je suis un étranger en exil de lui-même, émigré du monde, soustrait à l’humanité. Et j’ai tu mes sanglots comme autant de honte à ravaler, et je me suis fait de mutisme, je me suis noyé dans une cape de mystère espérant dans l’absence de mot une paix pour moi-même. Voilà l’ironie du Verbe, s’il sauve, il s’insinue aussi comme une maladie dégénérescente, il juge chaque seconde, chaque mensonge, chaque espoir étouffé, chaque tumulus de pensées, chaque abstraction de temps. Et chaque larme devient plus forte que la précédente à mesure que les digues cèdent sous le poids du silence. Le verbe est une vague de puissance, impérieuse et altière attendant d’être entendu. C’est pourquoi je me trouve ici à clamer ces sons qui n’ont de sens que parce qu’on leur a en a imposé un.

Je suis une fiction. Le monde est une fiction. Les mots sont une fiction. Ils n’existent que par l’exercice de la pensée, ils ne demeurent que par nos souvenirs. Combien de vies se sont éteintes sans que leurs noms ne soient une dernière fois prononcés ? Je suis un amas de données dans un temps qui me scinde et m’observe. Je suis un nom et un rire, des expériences et des avenirs, des besoins et des pulsions, des larmes et des colères, des peurs et des mots, un verbe et une voix, des rêves et des souvenirs, des étreintes et des tendresses, des rouages et des névroses, des organes et des pensées, des hier et des demains, des livres et des erreurs, des statistiques sans sens qui s’amoncellent et se coagulent pour former un être meuble, changeant à chaque seconde, influencé par chaque émotions, chaque informations qui parasitent ses sens. Une fiction à qui on a donné corps par le force du temps. « Je » est un mensonge de chaque instant qui a peur d’exister, « je » est un agrégat de poussières, une coagulation de souvenirs, un temps qui s’étiole sous une constellation d’infini, pourtant, mon être exulte de toutes ses pores comme une légende poisseuse, il monte, monte, monte. C’est une clameur sinistre. Mon nom signifie ! Ce n’est pas parce que je pense que je suis, mais parce que j’aime. Le concret sera toujours friable. Nous sommes poussières et retournerons poussières, la montagne la plus haute sera un jour fracassée sous le temps et ses orages, mais le geste d’amour s’inscrit dans un fragment d’éternité et dessine quelque part une force nouvelle, c’est l’émanation magique de l’âme, la communion du vivant qui, parce qu’il est mortel, chérit le temps qui tombe et se conte.

Je suis Atlas de Gibraltar, comme je suis Guillaume de la Comté, je porte sur mes épaules la peine de ceux que j’aime et chacune de leurs larmes parsème mon cosmos d’une nouvelle constellation, d’un nouvel astre qui s’inscrit dans ma chair et qui épuise mon être et resserre ma douleur. Mais chacun de leurs sourires est une raison de survie, une comète scintillante qui fend cette galaxie de souffrance et ébranle mon être nimbée de pleurs. Et lorsque je regarde mon ciel, je le vois immense et clair, craquant d’étoiles bariolées, craquelé de météorites chatoyantes, chamarré d’astres brasillant, bigarré de nuages stellaires, chiné de nova luminescente, diapré de nébuleuses lactescentes, moucheté de satellites caverneux, bouillonnant d’astéroïdes de souvenirs. Et l’ensemble de ces corps célestes avouent que j’ai vécu. Ils pansent mon être sporulée de souffrances électriques. Ils me consacrent enchanteur de leur legs, druide de leurs quiddité, sorcier de leur vie. Et me voilà pierre philosophale dans le néant d’une planète bouillonnante. Le vagabond devient pèlerin, l’exilé rêve d’un paradis nouveau et je n’arpente plus la terre mais les cœurs suturés, déposant d’un éclat rieur un baume sur leurs histoires invisibles. Le naufrage est universel et nous manions nos frêles esquifs au péril des récifs à peine esquissées déjà esquivées comme autant d’estampes d’éternité que nous luttons à imprimer. Et nos lignées s’accrochent à la terre comme autant de racines dépareillées, recherchant dans nos instants d’éternités la force suffisante pour subsister, nous sommes mages par essence, élixir de rêve, alchimie de folie puisant dans le sol l’espoir. Lui qui tance, danse sous nos pieds, en mesure avec la planète, nous sommes faits de chair, mais celle-ci n’est que glaise tellurique. Chacun de nos pas porte l’empreinte de celui que nous rêvons d’être et des esprits de ceux qui nous ont accompagnés. Sur notre chemin, nous parcourons immobiles, véloces les steppes de l’éternité et dans notre course, nous nous fracturons contre milles épines et semons notre sang en sillon, strie de nos cœurs, scissure de nos âmes que nous léguons et héritons ainsi au fil des rencontres. Amputés et greffées, nous sommes les monstres immenses et noble de la vie, nous qui avons vécu et qui arborons nos sourires en couleurs, et où nos rires sont perlés des mots de ceux que nous avons aimés.

Pourtant, aujourd’hui, je suis à terre, l’âme segmentée sous ses sutures invraisemblables et mon encre exalte la haine. J’ai la plume en larmes, le papier en douleur, aujourd’hui vient le temps de se confronter à ma peine diluée. Je l’ai longtemps fui dans les vapeurs d’alcools suintant la pauvreté mélangée à des goûts sirupeux, je l’ai longtemps esquivé dans le fracas des formes de femmes aux reins paradis artificiels, je l’ai longtemps nié sous le masque interchangeable du silence. Mais voilà l’heure de la clameur qui vient, elle a fini de suinter, elle a fini de larver, mon être accouche de sa gangrène au terme d’une gestation décennale. Je l’écris, je le cri, je le pleurs… J’ai l’âme perforée, j’ai le cœur dévasté, le cerveau annihilé. Ils ne sont plus que vestiges d’un songe passé, d’un temps où je savais encore marcher. Je ne comprends plus mon corps, je suis extrait de mon temps et la drogue me soustrait à mes pensées. Je ne suis plus qu’une ruine de basalte fuligineuse, incapable d’être. Et je vomis tout, là de toutes mes plaies exsudent des larmes, là de tous mes os rayonnent des fractures, j’ai mal. J’ai mal à l’âme, mal au cœur, mal au crâne. Je tremble, transpire, suis transpercé d’une tristesse qui ravage tout sur son passage. Je ploie et prostré, j’implore. J’implore tout, le verbe et le néant, ma fiction et son monde. J’implore d’être enfin soustrait à mes douleurs.

Flash.

Je me revoie dans les bras d’un canapé gris où je tente d’écouter la raison qui me somme d’exister tel qu’on l’entend. Je me vends comme une marchandise, esclave moderne, toi l’entreprise que je conchie, écoute, entends mon agglomérat de chair et mon cerveau anémié, on les a dessinés pour t’être utile, on m’a façonné pour tes besoins, les besoins absurdes d’un temps immonde. Mon verbe est à acheter, c’est le prostitué moderne, la gladiateur spectral d’un monde où je n’ai pas besoin d’être. Moi ou un autre, je ne suis que des mots de plus sur l’écran fatigué d’un forçat contemporain, bagnard de sa vie, qui a perdu goût à l’espoir et jauge des lignes par automatisme. Aujourd’hui, je suis trop jeune, mon expérience est balafrée de ses vestiges et j’accumule les réponses mécaniques comme autant de lignes qui soldent mes échecs. Au cours des rares entretiens où je voyage, rasséréné par un soupçon d’espoir, j’admets n’être qu’un amas de neurones. Je porte des cravates au demi-Winston trop serrée sur des chemises soudain trop grandes, je suis dans le costume d’un autre que je n’arrive pas à être. La chair rencontre la chair dans des poignées de main crispées et on l’on feint l’élégance dans un match à mort où je suis déjà vaincu. Je réponds en sourires aux questions qui m’accusent, le travail est un procès à perdre pour le gagner. Mes arguments sont aussi vides que ma vie et dans une seconde fugitive, l’autre me prend en pitié, il comprend. Il me voit nu sous mes artifices, il me voit humain novice qui sait, mais qui a oublié d’être. Il voit qu’il devra faire des efforts pour m’intégrer à son avenir et ce temps à me donner le répugne, je suis soudain le reflet de son dégoût, moi dans mon costume mal taillée avec ma cravate trop serrée, je représente le néant de son temps, je suis l’égérie de son entreprise vaine. Les mains se resserrent, réchauffés par cet échange inutile mais dont les âmes sont malgré tout sorti grandies, l’on promet un appel qui ne viendra jamais, c’est l’adieu lâche et courtois de l’époque. Et le ballet recommence, heures après heures, jours après jours, semaines après semaines, mois après mois, saisons après saisons. Le canapé devient un gangue d’angoisse, et chaque mail est une larme étouffée. Là, l’absurde illogique de mon présent m’agresse, il me prend au ventre et me heurte. Je tombe… j’étouffe un sanglot… les efforts sont autant de violence qui m’épuise. Je m’inflige ma propre mise à mort devant des spectateurs anonymes, ne comprenant pas le désespoir de mes mots dans leur boite aux lettres. Et voilà le public qui m’amène doucement au trépas, enchainant de ces refus le solde de compte, je ne suis rien. Rien qu’un être au milieu de milliard qui n’arrivent pas à rentabiliser des années de travails, des flots de diplômes. Et demain ma main en trouvera une autre dans un autre sourire, demain sera le jour d’un nouveau non, le tertre de nouveau sanglots. Et il faudra encore se relever, encore se prostituer, encore implorer un sens, recommencer, recommencer toujours jusqu’à réussir un instant à se plier à la servitude promise, acheté comme la viande que je suis, vendu comme un réseau de nerfs et de synapses.

Flash.

Ma chair résonne sous des coups, leurs ondes m’étranglent, je m’observe en spectateur impuissant. Je suis enfant, sous un préau sombre, fracassé par la meute hurlant d’un rire innocent et grotesque. Les années passent mais le fracas des coups demeure, j’apprends à me haïr comme le monde entier le fait, je suis une déception ambulante, on me rêve César, je m’espère heureux. Forgé de solitude, ouvrant mon cœur aux lettres comme un réconfort passager qui devient drogue abreuvant chacun de mes instants. Je ne me souviens pas d’un jour sans livres, pas plus que je ne me souviens d’un jour sans coups. Et les années passent, on me traine ici à l’hôpital pour un os détruit, mes rires s’éteignent, je m’efface, je ne comprends plus, ne cherche plus à assimiler la violence autrement que comme une habitude. Les années passent, je suis adolescent et une femme m’aime, mais là encore, nos étreintes trop rares sont teintées de coups, j’ai la peau violacée et l’âme définitivement rongé par une haine. Je me veux mort, comme je ne l’ai jamais espérée, je me vois simplement cadavre en sursis, il n’y a plus de sens, il n’y a plus de vie, chaque jour est fait de larmes, de coups, de silence.

Flash.

Je me revois, enfant, mon frère tente de sauter par la fenêtre, je l’empêche, transi de mon amour et de honte, et si c’était ma faute ? S’il voulait mourir parce que je ne l’aimais pas assez ?

Flash.

Je suis seul, si dramatiquement seul.

Flash.

J’empêche mon père de nouer une corde pour sauter dans le vide.

Flash.

Un sourire qui surgit du néant et me serre, elle ne demande rien que mes rires furtifs. Elle s’appelle P. et sauve une éternité de souffrance.

Flash

Il y a ces années d’orgies, où je me réduis à un organe, où je visite des femmes comme une abomination vient dans un monstre. Je suis dissocié, je ne crois plus pouvoir jamais être aimé.

Flash

L’exil arrive, et l’on cogne à ma chrysalide de douleur, on la perce, on me berce de sourires et de tendresse, j’apprends à être humain vingt années trop tard.

Le présent se réinstalle dans la réalité, et je le sens absolu, suintant d’une angoisse violente. J’ai peur d’être, j’ai peur de ce téléphone qui sonneras encore pour charrier une mort nouvelle, je m’épuise et je vois que j’ai laissé mon être partout, haché menu sous le temps et sa violence. Mon âme épuisée pleure, elle exige un répit, un sursaut de vie. Atlas tombe, il n’arrive plus à colmater son cœur, il ne tient plus leur peine. Je suis encerclé de désespoir, j’ai peur parce que je sais que je vais mourir, parce qu’il n’y a pas d’autres alternative. Et je vais semer ici ce que mon âme à recueilli, que leur douleur les percera aussi fort que moi, je veux les protéger, mais ma mort arrive, je ne tiens plus, chaque jour est plus terrible, chaque silence est plus lourd. Je ne parle plus qu’à mon chat, qui tente de m’étreindre et de soulager mon fardeau.

Je ne tiens plus.

Je tombe.

Je meurs.

Une main, scintillante et lumineuse, m’agrippe. On arrête ma chute, elle me traine du médecin à l’hôpital. Elle aussi a peur, a peur que je rompe le seul devoir que j’ai envers elle : survivre. La 1293ème semaine de ma vie commence, on m’assomme de drogue, on m’étrangle de question, on m’essore de moi-même.

Autour de moi se nimbent ceux qu’Atlas a aimé, ils m’entourent de leur nappe humaine, de leur chaleur humaine. Et leurs noms me frappent comme un amour insoupçonnable. On m’étreint et m’enserre, on me rassure et on m’aime. J’entends P., A., L., M., C., N., Y. et bien sûr M. je les voit bouillonné d’inquiétude, tentant d’exorciser mon présent, tentant de m’offrir un futur.

Devant moi, je vois la pierre aggloméré d’une ville qui n’a plus d’âme, je vois les amas de maison défiguré par la peur rance de leurs habitants. Je vois l’asphalte plus noir que mon désespoir qui strangule la cité. Je vois les humains, en masse grouillante qui courent après leur mort sans perdre une minute, je vois les trainées de larmes et de chair. Je me vois, oblitéré sous lui-même. Je vois cet arbre, ce pin centenaire que je vous narrais en amont. Je le vois immense, mais détruit. Je le comprends être mon frère. Et je nous vois, piliers inamovibles d’un monde fait du Verbe. Je nous vois charriant à travers le temps un chemin d’espoir. Je sens la magie de la vie qui crépite en moi, je me suis érigé rêve parmi les Hommes, dépositaires de leurs sons, de leurs mots, de leurs souvenirs, on m’a légué la puissance de l’humanité. Je peux promettre un lendemain de plus. A Gibraltar, Atlas essore ces larmes, ces pieds s’ancrent dans le sol, ses muscles se bandent et le titan se relève. Me voilà colosse fracassée de fragilité mais étayée par un monde de lumière au milieu des orages et des tempêtes.

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