Chapitre 2

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Mais comment qu’elle est belle !
Raymond en reste baba, sans rhum pour une fois.
La fée avance lentement, comme flottant au-dessus de la terre. Ses gestes augustes se développent avec grâce, l’air s’engouffre malicieusement dans ses voiles vaporeux. Il entend même une musique céleste qui joue en sourdine une mélopée magique qui charme et brise son vieux cœur d’artichaut. La vache… mais comment qu’elle est belle !
Il reste immobile, incapable du moindre mouvement. Seuls ses yeux peuvent encore prouver qu’il fait partie des vivants car ils sont exorbités d’admiration.
Il reluque la fée avec intérêt, tu t’en doutes, hein ? Comme le loup de Tex Avery, il siffle, souffle, chante des yeux. Sa main se met à trembler. Son café tombe de la tasse et lui brûle les cuisses, mais il n’en a cure.
Jamais encore il n’avait rencontré une telle beauté. Il a beau chercher dans ses plus lointains souvenirs, remuer ses neurones assoupis, il ne se souvient pas avoir jamais croisé d’aussi beaux yeux. Son sang bouillonne et ses vingt ans lui reviennent dans la poire.

  • Putain d’Adèle…faut que je me branche cette mousmée du diable ! pense soudain Raymond.

Il rajuste rapidement son peignoir miteux. La tâche de café est placée à cet endroit stratégique des rapports homme-femme mais il ne la voit pas. Dans un élan gymnique de toute beauté, il s’élance vers la porte du jardin pour forcer le destin et prendre langue (pour commencer...) avec sa nouvelle égérie, qui devra forcément croiser son chemin.

Pas de bol ! Il glisse sur une motte de terre creusée la veille par une taupe malfaisante. Il s’étale de tout son long et se vautre dans les herbes folles. La terre humide se colle à lui comme un morpion désespéré à une burne de passage. Dans le bruit spongieux d’une bouse qui tombe du fion d’une vache laitière, Raymond se file la tronche dans la boue : imprécations diverses, cris rauques et rageurs, malédictions formulées à l’encontre de notre Saigneur Tout Puissant (encore des protestataires… ? Oui, oui…Saigneur ; couvert du sang des victimes égorgées lors d’holocaustes innombrables sur les autels trois étoiles de sa Renommée Universelle ! Après j’explique plus, vu ?)
Raymond lutte avec acharnement pour se relever mais ses cannes le trahissent et, bien obligé, il rampe quelques instants avant de trouver l’élan indispensable à son... érection.
Heureusement, la fée Marjolaine est un peu sourdingue et se traîne avec la même lenteur que notre Dom Juan rupestre. Pas de bobo, donc.
Il se relève enfin, et c’est d’un pas gaillard qu’il trottine vers sa porte de jardin. Arrivé en tête de la course (vu que sa probable future Dulcinée n’a encore avancé que de deux mètres quarante-sept et demi, environ…) il s’adosse au mur d’un air indifférent, près de sa boîte aux lettres. Il se cure les ongles en sifflotant, l’air de rien. Pourtant, du coin de l’œil il surveille le passage de la belette. Il pense frénétiquement au moyen d’engager la conversation : comment la persuader de stopper sa course effrénée pour une causerie impromptue sur le trottoir ?

S’apercevant enfin du désastre de sa mise, il se frotte le visage rapidement, histoire d’enlever le plus gros de la boue qui s’est insinuée dans les nombreux replis de sa face de vieux singe. Faut dire qu’avec toute cette terre, il a les sourcils deux fois plus épais que d’habitude. La terre grasse a noirci ses pommettes et son auguste front buriné (buriné : passé au burin. Encore une expression de merde. T’imagine un lascar d’accord pour se laisser graver des rides à coups de burin sur le front ? Non, mais je te jure, des fois…)

Quelques traces vertes ornent son menton mal rasé. Des feuilles mortes et brunes, pleines de terre aussi, ont transformé son peignoir en treillis militaire. Il s’en fout ! Plus le temps de repasser une limouille ni d’enfiler le smok’ (on the water) des grandes occasions !
Le Temps passe. Mais Lui, à la différence des autres, ne repasse jamais.
Et il continue de passer. Longtemps !
Mais pas la mémère…

  • Mais qu’est-ce qu’elle fout, cré vin’gu’ ! bougonne-t-il.

Soudain inquiet, il jette un œil discret en direction de sa prochaine histoire d’amour.
Et là… stupéfaction !

La vieille vient de stopper ses machines pour tailler le bout de gras avec le voisin d’à côté, un sale mec qui bosse dans une association pour les sans-emplois. Un mec qui touche des subventions grâce à ceux qui n’en touchent plus…

  • Foi de Sainte Morue, ça ne se passera pas comme ça !

Pas question qu’un pseudo-samaritain de bas-étage, qu'un croque-mitaine de banlieue tire la couverture à lui. Pas question que Raymond, le Batman du village, le Con-Quérant reste sans réaction ! Dans la plus totale improvisation, il cavale vers le mur mitoyen des jardins pour se rapprocher du couple en train de babiller. Veillant à ne pas replonger dans la boue, il soulève les pans de son peignoir et, les mollets au vent, il vole discrètement vers les impétrants. Par soucis de furtivité, il fait le grand tour ; longe les murs de sa maison, dos courbé pour ne pas être repéré. Arrivé à destination, il se dit qu’il serait judicieux d’écouter les propos que les deux autres échangent. Et ça donne à peu près ça :

  • Comprenez-vous bien, ma pauvre madame ? Il m’est impossible aujourd’hui de répondre favorablement aux demandes de toutes ces personnes égarées qui luttent tous les jours pour l’obtention rapide d’un logement décent, tonitrue le voisin sur un ton qui se veut persuasif.
  • Je vous comprends parfaitement, mon bon monsieur mais, quand même, après une vie de durs labeurs, une vie durant laquelle j’ai bataillé sans cesse pour le bien-être de nos voisins et amis, vous ne pouvez donc rien faire pour moi ? rétorque la mamie avec insistance.
  • Croyez-bien que je le regrette mais…non ! souffle l’autre dans un terrible aveu d’impuissance.
  • Mais alors, que vais-je devenir si tout le monde me laisse tomber ? pleurniche-t-elle.
  • Je ne peux que vous inciter à trouver une bonne âme, vous savez. En cherchant bien, vous devriez trouver une personne charitable qui vous hébergera avant l’hiver.
  • Avant l’hiver ? Mais je serai morte de froid, bien avant les premiers jours de l’automne ! s’exclame la malheureuse.
  • Mais non, mais non… vous êtes de ces femmes que rien ni personne n’arrête !
  • A mon âge, quand même !
  • L’âge n’a rien à y voir, ma bonne amie.
  • Comme vous y allez ! Et je ne suis pas votre amie puisque vous ne voulez rien faire pour moi ! Vous n’êtes qu’un horrible goujat !
  • Ne vous énervez pas, chère madame.

Et le dialogue de sourd continue. Raymond se dit que c’est le moment où jamais pour intervenir et marquer des points en sa faveur. Mine de rien, il se relève doucement, comme s’il était encore penché sur ses rosiers, pourtant morts depuis vingt ans. L’air innocent, il lance d’un ton enjoué :

  • Bonjour voisin ! Comment allez-vous ce matin ?

Surpris de tant de politesse de la part de son irascible voisin, le mec s’interrompt, interloqué.

  • Ben…pas mal et vous ?
  • Bah alors, mon cochon, on ne me présente pas à cette merveilleuse orchidée ? relance le papy, l’œil soudard en direction de la grand-mère qui profite de l’entracte pour se torcher les narines dans un mouchoir grand comme un parachute.
  • Oh, je… je manque à tous mes devoirs, en effet ! s’excuse le voisin qui se dit illico qu’il peut enfin se débarrasser de la mémère… Cher voisin, j’ai l’immense privilège de vous présenter ma très chère amie ; Agathe Zeublouze. Digne héritière d’une lignée française de renom, spécialisée dans la promotion et la commercialisation de prothèses dentaires pour mammouths laineux des steppes sibériennes.
  • Je suis très honoré de faire votre connaissance, belle dame, bavoche Raymond d’une rapide courbette.

La mamie finit de se torcher les naseaux, enfourne son hectomètre carré de dentelles dans une des profondes de son manteau usé puis, les yeux rougis par l’effort, elle tend une main mollasse et peu grasse.

  • Mon cher monsieur, j’espère que je ne vous fais pas l’impression d’une fleur trop fanée, minaude-t-elle.
  • Madame, si toutes les fleurs étaient comme vous, le monde serait un Paradis que je ne quitterais pour rien au monde, répond le vieux coq.

Et patati, et patata ! Le dialogue se noue, dans le bon sens des envies de notre vieux dégueulasse. Le voisin en profite pour se carapater sur la pointe des pieds, trop heureux de se défaire à si bon compte de cette vieille emplumée qui commençait à lui concasser les roulements à billes. Tout baigne pour notre valeureux Raymond qui, la rose entre les dents (enfin, celles qui restent !) continue son marivaudage.
Ce qu’il ne comprend pas encore c’est que la vieille toupie renifle déjà le bon coup.
Enfin, si j’ose dire ! (et j’ose, bien sûr)
Mords un peu, camarade Lecteur :

  • Alors comme ça, ma pauvre dame, vous êtes à la rue, sans foyer, sans toit ? Sans logement, quoi ? lance Raymond, innocent comme l’enfant qui vient de naître.
  • Ne m’en parlez pas, mon pauvre ami ! répond la vioque. Après des années passées au service des pauvres, des réfugiés politiques de toute nation et de tout genre, j’en suis mal remerciée, voyez-vous ?
  • Comment se peut-il ? hasarde le vieillard, les yeux rivés sur la carrosserie de la petite soeur de Cléopâtre.
  • A cause de mon défunt mari… commence-t-elle.
  • Paix à son âme, coupe généreusement Raymond.
  • Ah non ! Pas question qu’il repose en paix, celui-là ! Apprenez qu’il a perdu notre maison dans une salle obscure de jeux clandestins.

Bah, au moins, encore une qui ne se soucie pas de la mémoire du malheureux qui l’aura supportée jusqu’à sa dernière dose d’air frais…
Comme ça, pas d’illusions à se faire sur le modèle de la mémé, hein ?

  • Est-ce possible ?

Et la vieille de raconter cette improbable histoire de pauvre vioque virée d’entre ses quatre murs à cause d’un charançon de joueur de poker. Imagine les détails concernant les vilains huissiers qui, les dents rayant tous les parquets cirés, se délectaient de la voir plonger dans les affres de la vie d’exclusion que nous réserve la Société d’aujourd’hui. Je te passe les circonstances ténébreuses, depuis son éjection jusqu’à son atterrissage forcé (et sans airbag) sur le trottoir.
Toujours est-il que Raymond, veillant à remuer la plaie autour du couteau et en prenant soin de se déplacer discrètement vers la grille d’entrée, entraîne la veille jusqu’à l’orée de son antre…
L’autre, tout à son bavardage salvateur, fait mine de ne rien voir. Ha, ces petits vieux… c’est pas à eux qu’on apprendra la couleur des nuages, hein ?

  • Mais n’arriverez-vous pas à trouver une bonne âme pour vous offrir l’hospitalité ? s’indigne finalement le vieux en ouvrant la porte du jardin.

Sans seulement écouter la réponse du fossile, il tend la main pour se saisir doucement de son bras et l’attire dans son domaine… et très naturellement, la pipelette se laisse entraîner. Tout juste si elle jette un dernier regard au monde extérieur. Ils grimpent ensemble les marches du perron puis pénètrent dans la maison, comme le ferait un couple de vieux mariés. C’est-à-dire l’un après l’autre, à l’instar des jeunes mariés qui rentreraient l’une dans les bras de l’autre, n’c’pas ?

Elle jacte toujours alors que son hôte tourne autour d’elle, se demandant comment diable ouvrir ce manteau à la con. Finalement, c’est mamy Agathe qui dégrafe sa pelure et qui la tend aux mains avides de son hôte. Ce dernier fait semblant d’aller ranger l’étoffe mais, en fait, après un coup d’œil pour s’assurer que la vieille ne le suit pas des yeux, la balance en boule au fond du couloir. Pas s’emmerder avec un manteau, non ?

Très naturellement, Agathe fait le tour du logement, non sans s’extasier bêtement sur telle ou telle antiquité puis, une fois la cuisine repérée, elle se dirige vers la cafetière qui traîne sur la table.

  • Mon Dieu ! s’exclame-t-elle en voyant le matos du vieux. Savez-vous que je suis une experte… ?
  • En quoi donc ? rétorque Raymond, espérant des confessions bien croustillantes.
  • En café, bien sûr ! finit par répondre l’autre d’un coup d’œil appuyé.
  • Ah…j’ignorais, mon amie, finit-il par répondre, un peu déçu.
  • Me permettrais-je une démonstration de mon savoir-faire ?
  • Mais faites donc, faites donc… consent le retraité sans faire étalage, bien sûr, des idées salaces qui lui viennent à l’esprit en terme de savoir-faire.

En fait, il rêverait plutôt de lui coller quelque chose de solide dans les parties charnues, mais bon !
A chaque heure suffit sa peine et elle ne perd rien pour attendre, la mémé… D’autant que ladite mémé roule des mécaniques pour réveiller les sens endormis (croit-elle !) de son nouvel ami. Et papy se sent pousser des…disons des ailes !

Agathe prépare son café, donc. Raymond en profite pour se placer de telle façon qu’il jouisse des rayons du soleil. Pas pour bronzer, tu t’en doutes. Non, c’est pour mieux admirer les trésors pharaoniques de son invitée. Trésors qu’il découvre par transparence, en contre-jour… Il admire les chevilles gonflées, bandées dans d’horribles pansements sales et déchirés. Il reste fasciné par la peau fripée du mollet, le gauche, cachée sous des bas crasseux mais qui laissent deviner des veines épaisses et contrariées par de nombreux caillots de sang qui n’ont toujours pas trouvé le chemin de son cœur…
La robe, qu’on dirait imitée de ces inénarrables papier-peints à grosses fleurs, dessine les formes admirables des cuisses, poteaux blindés et puissants comme des chênes centenaires…
Pourtant, malgré sa super place de mateur, Raymond ne peut reluquer que la jambe gauche de la vieille. Pas en raison d’un manque de soleil, pas en raison de la position de la mamie non plus.
Non, non…
En fait, la jambe droite…est en bois.

Ce qui explique, pense-t-il soudain, la méchante claudication ainsi que les infimes traces de sciure qui commencent à maculer le carrelage de la cuisine. Un peu déçu par ce premier défaut de conception de sa déesse (à injection directe) le vieux remonte son regard d’un cran et tente d’estimer la masse de l’imposant popotin du diplodocus. Le tout sans y mettre les mains, bien sûr, ce qui rend l’exercice plus difficile. Après mûre réflexion, il estime la chose à un bon quintal, ce qui doit être proche de la réalité.

  • Faudra que je fasse gaffe à pas me péter les reins avec une tourterelle de ce calibre, pense Raymond à voix haute.
  • Que dites-vous mon cher ? répond la vieille sans se retourner.
  • Hum ? Rien d’important, ma gr…ma chère, se reprend le vieux en sortant de ses pensées secrètes.

Il continue son inspection. Se dit qu’il va devoir prendre une corde d’alpiniste pour faire la conquête de la colombe égarée. En effet, après la cuisse en chêne et le popotin maxi-volume il considère la taille de mamie. Le diamètre frise celui d’un séquoia nord américain.
La carrure d’épaule n’est pas mal non plus. Certains déménageurs ne regretteraient pas d’en avoir une comme ça pour porter pianos et autres coffres-forts.
Enfin, pour conclure, Raymond se dit qu’elle ressemble plus à une ancienne barrique de pinard, ou encore à un vieux cube poussiéreux et mité mais… il se délecte du regard de biche. Ces yeux mobiles et malicieux, certes coincés dans des fosses ridées à n’en plus pouvoir mais qui conservent encore une certaine jeunesse, une curiosité naïve et enfantine. Etrange lueur qui refuse de fuir ce corps dévasté par l’usure du temps. Et ça, ça pèse bien plus lourd que les restes momifiés du corps d’Agathe. Alors Raymond est preneur…

La vieille finit enfin son café. Heureuse de se sentir à l’abri sous un toit, fière d’user de ses compétences, elle sert le breuvage brûlant dans des verres sales qu’elle vient de choper dans l’évier plein à craquer. Mais Raymond l’arrête d’un geste péremptoire :

  • Pas de ça, Lisette ! Je bois mon caoua dans mon auge habituelle !
  • Euh…oui…et où se trouve-t-elle donc ? demande Agathe en manquant se tordre la cheville (la cheville gauche, je le rappelle….)
  • Elle est dans le jardin. Je l’ai laissée tout à l’heure avant de faire votre connaissance. Vous me faites perdre la tête ! Je reviens…

Il se lève et fonce dans le jardin. En fait, il a déjà cogité qu’il pourrait offrir quelques fleurs à la mémère, histoire de lui adoucir les concepts…
Sacré Raymond ! La tasse n’est qu’un prétexte, ou presque. Quand il revient, il a donc quelques pâquerettes fanées dans les mains, accompagnées de quelques pieds de chiendent tout frais.

  • Agathe, acceptez ce modeste gage de mon respect, fait Raymond, la voix volontairement hésitante.
  • Oh ! C’est trop ! Il ne fallait pas vous donner cette peine…

Bon, je ne vais pas continuer la description de ces conneries plus longtemps ; je sais que ça vous fait tarter autant que moi. J’espère que dans vos esprits malingres et limités, vous avez quand même fini par piger que ce vieux dégueulasse de Raymond veut sauter la vieille et qu’elle, de son côté, n’est pas hostile à l’idée de se faire ramoner la tuyauterie, juste histoire de se dépoussiérer les vestiges, hein ?
Alors, allons à l’essentiel, puisque la seule chose qui vous importe c’est de savoir s’ils vont copuler comme des bêtes ou non. Soyez rassurés.
Mais il vous reste à découvrir dans quelles circonstances…

Pour cela, nous allons encore changer de chapitre. Comme ça, les plus fatigués pourront reprendre leur lecture après une bonne nuit de sommeil.

Les autres, les affolés du radada…n’ont qu’à tourner la page et lire la suite !

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