Maledicta Naumachia.
Maledicta Naumachia.
Les gens du coin se plaisaient à raconter à ceux de passage, cela arrivait à l’occasion, que le cimetière des Cabanasses dressé sur une butte demeurait hanté.
Les jours semblables les uns aux autres s’écoulaient dans le silence et le cimetière s’assoupissait, bercé l’été par une chaleur accablante, à peine dérangé, une à deux fois par mois, par les vapeurs nauséabondes que la papeterie proche relâchait. Dès lors, le vent du sud rabattait dans un bruit de fond son nuage de fumée blanchâtre à l’odeur de soufre dans sa direction.
À ses pieds, le massif forestier l’enserrait doucement, les bourrasques hivernales glissant sur les cimes, hérissant les aiguilles des pins comme pour mieux broyer les troncs quand les rafales prenaient de la vitesse.
C’était le territoire sur lequel régnaient les rapaces.
Çà et là, les tombes les plus modestes, placées à l’angle sud du mur d’enceinte, tombaient en ruine. Pourtant, ces concessions funéraires libérées des ossements exhumés restaient, de manière étrange, inoccupées. Les anciens du village le plus proche ne prêtaient attention en rien à tout cela, mais pour les curieux de passage, ils s’interrogeaient sur la chapelle voisine, baptisée MS-025, qui accueillait une crypte, à l’intérieur de laquelle trônait en son centre, une statue de la Sainte Vierge. La sculpture, taillée dans du basalte noir, se dressait dans la pénombre, et pour peu que l’on s’attarde sur ses traits austères, elle vous pénétrait, vous accablant d’un sentiment d’effroi.
Voilà à peu près tout ce que l’on pouvait dire du hameau de Lubec, traversé par une départementale rectiligne sur laquelle, partout où le regard se posait, personne ne manifestait le moindre intérêt.
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