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Il en profita pour ouvrir un quotidien de la gare et le pousser vers la jeune fille.

— Non, je suis d’accord avec Kay, la soutint Mirco. J’ai autre chose à faire que d’écouter des histoires à dormir debout.

— Comme quoi ? Retourner à ta vie ennuyeuse et sans intérêt ?

Kaylee se rendit soudain compte qu’il avait utilisé le même argument au moment de signer le contrat. Et le garçon l’avait une nouvelle fois répété tout à l’heure. Elle regarda la page d’annonces étalée devant elle. Celle qui l’avait fait se déplacer au poste de police se trouvait d’ailleurs toujours dans un encadré tout en bas.

— Exactement ! affirma Mirco avec aplomb.

Jacob ne lui prêta pas la moindre attention. Il tendit un stylo à sa recrue.

— Recopie-la, lui dit-il.

— Pourquoi ?

— Fais ce que je te dis, pour une fois.

La jeune fille s’appliqua à retranscrire les caractères en marge de la page. Elle venait à peine de commencer la première phrase que Mirco se pencha, surpris.

— C’est quoi ce charabia ? murmura-t-il.

— De quoi parles-tu ? s’étonna Kaylee.

— Mais de ce que tu es en train d’écrire, voyons !

Elle s’arrêta et observa la ligne de symboles plus attentivement. Bouche bée, elle compara plusieurs fois ce qu’elle avait noté à l’annonce originale.

— Je ne comprends pas, dit-elle à l’adresse du Commissaire.

— Explique-toi un peu plus clairement. Ton ami t’en sera reconnaissant.

— Je… J’arrive à suivre le texte là. J’étais sûre de le recopier ! Mais ça ne veut rien dire ! Pourquoi ?

— Parce que les mots que tu lis ne sont pas ceux qui sont écrits en réalité. La langue utilisée n’est pas le français, même si ton cerveau te le fait croire. Tu n’as simplement pas encore acquis le coup de main pour tracer les symboles correctement.

— Comment ça ?

— Vois cela comme un enfant qui apprendrait à tenir un crayon. Toutes ses lettres ne seront pas forcément compréhensibles du premier coup non ?

— Je suppose…

— Regarde.

Il reprit le journal et fit courir le stylo sur le papier avant de le leur rendre. Bien que les caractères ne différaient que très peu des siens, Kaylee parvint à traduire le message sans problèmes.

— Incroyable ! s’écria Mirco. Je vois des symboles, mais ils forment des mots.

Jacob éclata de rire.

— N’est-ce pas le but de toute langue ? sourit-il.

— Oui, mais là c’est pas pareil ! renchérit Kaylee.

— Je comprends ce que tu veux dire, la rassura-t-il. Êtes-vous prêts à m’écouter à présent ?

Les adolescents acquiescèrent, leurs yeux volaient encore entre le journal et le Commissaire. Le même sentiment d’excitation qu’au matin envahit à nouveau Kaylee. Quelque chose d’étrange était en train de leur arriver et elle ne laisserait pas tomber avant de découvrir ce qui se cachait derrière tout cela. La phrase suivante la coupa net dans son élan.

— Très bien. Parce qu’il y a une chose que vous devez savoir : seuls hors de ce train, vous êtes morts. Tout comme vos familles si vous songez ne serait-ce qu’un instant à rentrer chez vous.

Mirco attrapa la main de son amie.

— Je ne vous crois pas.

— Encore ? rit-il. Ça devient une habitude !

— Je ne trouve rien de drôle là ! s’exclama Kaylee. Expliquez-vous à la fin ! Nous n’avons pas signé pour nos parents, que je sache.

— Non, en effet. Mais maintenant qu’ils ont vu vos visages, ces gens n’abandonneront pas. Ils vous traqueront, vous retrouveront… et vous tueront. C’est simple, c’est ainsi qu’agit la Fondation avec ses ennemis.

— Eh bien… merci de nous avoir prévenus avant n’est-ce pas ? dit Kaylee, quelque peu effrayée.

— Je n’avais pas le choix, soupira Jacob. Vous semblez être des enfants bien et je suis désolé que cela soit tombé sur vous deux en particulier. Mais les enjeux dépassent ici tout ce que vous pouvez imaginer.

Mirco se leva.

— Votre travail me plaît de moins en moins, grogna-t-il. Je rentre au Luxembourg ! Et, Kaylee, si tu étais un tant soit peu maligne, tu viendrais avec moi.

La jeune fille se mit debout également, sous le regard indifférent des autres passagers. Elle hésitait quant à la conduite à adopter. Et la brume qui obscurcissait sa vision ne l’aidait pas à prendre une décision.

Le train décéléra soudain en arrivant en gare d’Aix-la-Chapelle. Elle dut s’écarter pour laisser sortir ceux qui descendaient à l’arrêt.

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