12. Un noël studieux - 1/2

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  Depuis l’incident d’Halloween, Seth s’attaquait moins à Ethan. Bien sûr, il continuait de lui envoyer des regards assassins dès qu’il le croisait, mais il n’y avait plus ni remarques ni insultes. Foubadil l’avait prévenu, mieux valait pour lui qu’il se tienne à carreau.

  Comme l’avait averti Leah en début d’année, les nouvelles et rumeurs circulaient à une vitesse affolante. Le lendemain du banquet, tout le monde était déjà au fait de ce qu’avaient fait Seth et Samus.

  Ethan ne s’en plaignait pas, loin de là. D’un côté son rival avait perdu sa faible popularité acquise grâce à la position de son père et de l’autre, des étudiants qui méprisaient Ethan, même parmi les élèves d’Hydro, lui adressaient maintenant la parole.

  Il s’agissait plus de curiosité concernant l’incident qu’une intention réelle de sympathiser avec lui, mais au moins, il ne recevait plus de regards en coin. Une chose était certaine cependant, la secte de la dame rouge n’était pas appréciée dans le monde des sorciers.

  Bien sûr certains ne s’en cachaient pas, ils n’aimaient pas particulièrement les humains mains pas jusqu’à les haïr et encore moins au point de les éliminer. Il fallut une bonne semaine avant que plus personne ne parle d’Halloween et que le quotidien reprenne son cours normal. Un quotidien bien plus serein pour Ethan.

  Les vacances de Noël approchaient à grands pas et pourtant le rythme des cours ne faiblissait pas. Au contraire, tous les professeurs semblaient s’être mis d’accord pour leur donner tout un tas de devoirs. D’après eux, ce qu’ils faisaient maintenant, ils n’auraient pas à le faire pendant leur temps de repos. Ils n’avaient pas tort, néanmoins la quantité de travail était colossale, même pour Ethan qui ne rechignait jamais à la tâche.

  À l’extérieur, l’automne avait laissé place à l’hiver. Les arbres étaient à présent dépourvus de feuille et un important manteau neigeux avait fait son apparition. Recouvrant l’immense domaine du château, les imposants pins de la forêt Noire et venait décorer les encadrements des grandes fenêtres de l’école.

  Le froid était tel que les cascades qui bordaient l’établissement avaient gelé par endroits, formant de belles stalactites de glace. L’énorme fontaine en amont du pont central avait, elle, été vidée pour laisser place à une majestueuse sculpture de glace qui représentait une famille d’ours polaires.

  Les animaux qui foulaient d’ordinaire l’herbe fraiche de la plaine n’étaient plus en vue. Hibernant probablement dans quelques terriers. Sur Isthos, les hivers étaient bien plus rudes que ce à quoi était habitué Ethan.

  Qu’il neige, qu’il vente ou qu’il pleuve, les lutins bossus continuaient de travailler joyeusement. Ils avaient troqué leur couvre-chef traditionnel pour des bonnets de Noël. Ils avaient passé les derniers jours, avec l’aide de quelques élèves, à fabriquer des bonhommes de neige que les professeurs ne tardèrent pas à ensorceler. Ainsi, ils ne manquaient pas une occasion de vouloir entamer une bataille de boule de neige dès qu’ils apercevaient des étudiants.

  Quelque temps avant les vacances, toute l’école avait été décorée. Dans chaque chambre, un sapin, surchargé d’accessoire, avait été installé près des armoires et quelques guirlandes ornées de boules de Noël venaient garnir les lits ainsi que le tableau d’affichage.

  Dans la salle commune, un sapin était également présent, mais il était bien plus important que ceux qui se trouvaient dans les dortoirs. Celui-ci atteignait presque le plafond. Des pères Noël modèle réduit traversaient de temps à autre la pièce, certains sur des balais, d’autres sur des traineaux et laissaient tomber derrière eux de petits paquets cadeaux qui explosaient en hurlant « Joyeux Noël » lorsqu’ils touchaient le sol.

  Dans le même temps, des lutins miniatures étaient afférés à étaler de la fausse neige sur la grande table sur laquelle les étudiants prenaient leur repas. Mais certains en avait profité pour créer une piste de luge et filaient à toute allure, en criant de joie, le long de la table sous le regard amusé des élèves et celui, contrit des lutins bossus qui étaient trop gros pour faire de même.

  Le hall d’entrée de Castel-Lapis comportait également un immense sapin d’une bonne dizaine de mètres de hauteur. Il était posé au beau milieu de la pièce et tout le monde n’avait d’autre choix que de le contourner pour emprunter les escaliers. La salle du banquet était, elle, temporairement interdite. La décoration pour le banquet de Noël était sans doute en cours.

  Namirion se promenait joyeusement dans les couloirs toute la journée en fredonnant des airs de Noël. Il n’hésitait pas à interrompre les élèves qui discutaient entre eux pour leur faire savoir que les lutins n’étaient pas les uniques responsables de l’embellissement du château, lui aussi avait mis la main à la pâte.

  Ethan qui avait déjà entendu le discours de Namirion une bonne dizaine de fois depuis le début de la semaine ne pouvait s’empêcher de sourire en pensant au sapin de sa chambre qui commençait à avoir mauvaise mine à cause de la surcharge d’ornements dont il essayait de soutenir le poids.

  Tous les couloirs et les salles de cours étaient également décorés à l’exception d’une seule, celle du professeur Sadritch. Selon lui, il y avait bien plus important à faire de que décorer le château. Et de toute évidence, l’approche de Noël n’avait pas l’air d’adoucir son humeur.

— C’est de cette manière que vous comptez réussir votre examen de fin d’année ? avait-il lancé à l’adresse d’Emma qui avait métamorphosé son petit bloc d’argile en assiette ronde alors qu’il avait explicitement demandé une carrée. Je devrais peut-être vous transformer en soupière pour que vous arriviez à faire la différence entre ces deux formes.

  Il avait continué à balancer des piques à chaque étudiant durant toute l’heure.

— C’est malheureusement moi qui serais juge de votre niveau médiocre en juin et je vous assure que je n’accepterais pas dans ma classe de deuxième année des élèves avec des compétences aussi décevantes que les vôtres. Joyeux Noël, avait-il ajouté à la fin du cours en quittant la salle de classe de manière théâtrale.

  Quand vint finalement le vendredi soir, Ethan et ses amis n’étaient pas mécontents d’être en vacances. Il s’agissait de leur première période de repos de l’année et ils comptaient bien en profiter pour se détendre. Le banquet de Noël aurait lieu le soir même et cette fois-ci, Ethan n’avait pas prévu d’être en retard.

  Pourtant, il n’avait aucune raison particulière d’être heureux d’être en vacances. Le lendemain, tous ses amis quitteraient le château pour se rendre dans leurs familles et il ne resterait que, comme lui, quelques élèves qui passaient Noël loin des leurs.

  Ethan n’avait jamais vraiment célébré Noël. Il faut dire qu’à l’orphelinat, bien que ce soit une fête religieuse, il s’agissait d’un jour comme les autres. Pas de cadeau, pas de repas qui sortait de l’ordinaire, juste plus de prières qu’à l’accoutumée. Il se demandait d’ailleurs si sœur Madeleine n’était pas encore plus désagréable que le reste de l’année.

  Quand Seth avait appris qu’Ethan serait un des rares élèves qui allait passer Noël à Castel-Lapis, il avait repris ses mauvaises habitudes et s’était empressé d’aller narguer celui-ci. Ethan, l’avait consciencieusement ignoré puisqu’il savait que son absence de réaction énervait Seth au plus haut point, et rien ne lui faisait plus plaisir que de voir son ennemi juré sortir de ses gonds.

  Dans la grande salle, pas d’immense sapin. À la place les énormes chênes ainsi que l’entremêlement de branches avaient été ornés de guirlandes et de boules en tout genre. Ethan ignorait comment les lutins s’y étaient pris, mais visiblement ils avaient persuadé les écureuils, qui sautaient de branche en branche, de porter de minuscules bonnets de Noël. La décoration des tables était quelque peu surchargée, on sentait bien là le travail de Namirion.

  Le banquet fut plus somptueux encore que le précédent et les plats étaient exquis. Les lutins s’étaient vraiment surpassés. La soirée se déroula dans la bonne ambiance et sans incident majeur à déplorer si ce n’est Homer Berton, un étudiant de troisième année de Pyro qui s’était étouffé avec un os de volaille à plusieurs reprises et avait donc été accompagné jusqu’à l’infirmerie.

  Alors que le banquet semblait terminé et que tous s’apprêtaient à quitter la salle, le professeur Foubadil les retint.

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