2. Perte de mémoire - 3/3

5 minutes de lecture

  Ethan se réveilla en sursaut. Il regarda autour de lui et vit avec surprise qu’il se trouvait dans sa chambre, installé confortablement dans son lit. La fenêtre était légèrement entrouverte, un air plus frais s’y engouffrait. Le soleil n’avait pas encore fait son apparition, mais cela semblait imminent. Ethan en déduisit que c’était le matin. Avait-il rêvé la journée d’hier ?

  Il se redressa doucement sur son matelas. Il estima que les courbatures qu’il avait dans le dos et la bosse qui trônait à l’arrière de son crâne, étaient des preuves suffisantes pour dire que ce qu’il s’était passé la veille était bien réel.

  Si l’on mettait de côté les douleurs, Ethan ne se sentait pas différent. Il avait pourtant eu la sensation que la sphère lumineuse était entrée dans son corps, mais peut-être s’était-elle seulement contenté d’expulser Ethan hors de son chemin.

  À vrai dire, il ne pouvait pas faire confiance à sa mémoire. Il se rappelait clairement voir l’orbe foncer sur lui, mais après ça, c’était le trou noir. Il n’avait aucun souvenir du reste de la journée. Comment était-il rentré à l’orphelinat ? Quelqu’un l’avait-il trouvé évanoui sur le sentier et avait décidé de lui venir en aide ?

  Il quitta sa couchette et remarqua qu’il était en pyjama. S’il était arrivé inconscient, personne n’aurait pris la peine de lui retirer ses vêtements, tous savaient qu’Ethan tenait à son intimité. Ils se seraient contentés de l’étendre sur son lit en attendant qu’il reprenne connaissance.

  Après tout, c’était peut-être le cas, se dit-il en enfilant une chemise et un pantalon. Il était probable qu’il soit revenu à lui suffisamment longtemps pour se mettre en pyjama, mais qu’il fût tellement faible qu’il n’en avait aucun souvenir.

  Les deux sœurs allaient certainement lui demander ce qu’il s’était passé. Impossible de leur parler de la sphère lumineuse. Il valait mieux garder ça pour soi et ne pas les inquiéter. Il n’aurait qu’à leur dire qu’il avait fait un malaise à cause de la chaleur. Oui, c’était une bonne idée, elles n’iraient probablement pas chercher plus loin.

  Mais ni sœur Madeleine ni sœur Constance ne lui posèrent de question. Absolument aucune. Pire encore, elles agissaient tout à fait normalement comme si elles n’avaient jamais su qu’Ethan avait perdu connaissance. Et après avoir passé sa matinée à faire son enquête en interrogeant le plus de monde possible de façon innocente, il s’avéra qu’en réalité personne ne semblait au courant qu’Ethan s’était évanoui.

  D’après les informations qu’il avait pu obtenir auprès de Tom et Nadia, sa promenade dans les bois remontait maintenant à trois jours. Il était rentré au refuge de manière tout à fait normale, au détail près que sa chemise n’était pas très propre, ce qui était certainement dû à sa chute. Autrement, il avait diné et discuté avec eux de la façon la plus banale qui soit puis était ensuite retourné dans sa chambre pour dormir.

  Ethan n’avait posé aucune question concernant les jours suivants pour ne pas éveiller les soupçons. Pourtant, il le sentait, quelque chose clochait. Il n’avait pas revu Cédric depuis qu’il avait repris connaissance et les enfants de l’orphelinat souriaient étrangement à Ethan dès qu’ils le croisaient. Pourtant, ce dernier n’avait osé poser aucune question à ses amis.

  À la suite de son réveil, Ethan s’était longuement recueilli dans sa chambre pour réfléchir. Maintenant qu’il avait réussi à recoller les morceaux, il ne quittait plus celle-ci qu’uniquement pour se rendre aux différents repas de la journée, ce qui inquiétait particulièrement Nadia et sœur Constance.

  Tout ceci était incompréhensible, il était rentré chez lui bien sagement et avait continué à vivre de manière totalement normale pendant trois jours, et pourtant il n’en avait pas le moindre souvenir. Même en forçant sa mémoire. Il essayait de se remémorer plus en détail la sphère lumineuse et ce qu’il avait ressenti à son contact, mais plus il cherchait à s’en rappeler et moins il y arrivait.

  Il prit finalement la décision de sortir de sa chambre. D’accord, il ne se souvenait plus des quelques jours précédents, mais il était quand même de retour sain et sauf. Et puis, il se sentait parfaitement normal, il ne devait pas y avoir de quoi s’inquiéter tant que cela ne se reproduisait pas. Il fallait qu’il songe à autre chose.

  Il décida de sortir sur le perron de l’orphelinat pour lire un livre. Quoi de mieux qu’un bon bouquin pour penser à autre chose ? Il savait qu’il n’était pas censé sortir, mais après tout, il était seulement devant la porte d’entrée.

  Un courant d’air se leva tandis qu’Ethan la refermait derrière lui. Celle-ci claqua avec force. Quelques secondes plus tard, la fenêtre juste au-dessus de lui s’ouvrit, laissant apparaitre sœur Madeleine qui, d’après la veine violacée qui traversait son front, était mécontente.

— Thobois ! hurla-t-elle avec une telle force que même monsieur Najin devait l’avoir entendu de chez lui. La porte, bon sang ! Cela fait cent fois que je te répète de la fermer doucement. Tu ferais bien de t’en souvenir, mon garçon, si tu ne veux pas avoir de problème.

— Désolé, maugréa Ethan avec mauvaise humeur.

  Après tout, il n’avait pas fait exprès. Il haussa les épaules et s’installa confortablement sur les marches de pierre qui se trouvait en contrebas. Le temps était moins chaud à présent et une brise agréable faisait bouger paresseusement les fleurs qui avaient survécu à la canicule. Il reporta son attention sur Les fabuleuses aventures de Cliff Hanger, le chercheur d’or et fut satisfait lorsqu’il prit conscience qu’il ne ressassait plus les différents évènements.

  Un bruit sourd le sortit de sa lecture. Il releva vivement la tête en direction des nuages pour voir si un orage n’était pas en train d’éclater sans qu’il s’en soit rendu compte, mais non, le ciel était immaculé.

  Il se mit sur ses pieds et quitta l’enceinte de l’orphelinat, à la recherche de l’origine du tumulte. L’éclat avait été si fort que cela ne devait pas être loin. Il chercha durant une dizaine de minutes avant de se rapprocher de la rivière qui traversait le village. Et enfin, il vit.

  L’écorce d’un des pommiers qui bordait le cours d’eau avait explosé. Et il ne tarda pas à comprendre pourquoi lorsqu’il dénicha une pierre d’une bonne taille non loin de celui-ci. Il s’agissait certainement d’un enfant du hameau qui s’était amusé à lancer le caillou contre l’arbre. Cependant, le gamin en question devait être sacrément costaud, car Ethan en était persuadé, il fallait une force prodigieuse pour faire voler en éclats l’écorce de cette manière.

  Ethan haussa les épaules. Le mystère était résolu. Il fit volte-face et retourna en direction de l’orphelinat.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Ascallion ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0