3. Une journée pleine de rebondissements - 1/4

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  La vie était devenue bien plus paisible depuis l’absence de Cédric. Il pouvait maintenant se déplacer partout dans l’orphelinat sans risquer de se faire bousculer, insulter ou frapper. Ethan ignorait ce qui avait bien pu advenir de lui et ne s’en inquiétait pas tellement. Il n’y avait plus personne pour l’ennuyer et c’est tout ce qui importait.

— Thobois, l’interpella une voix traînante à l’entrée de sa chambre qu’il reconnut aussitôt. Tu me feras le plaisir de ranger ta chambre, c’est un vrai bazar ici.

  Évidemment, à l’orphelinat, la tranquillité n’était jamais de longue durée.

— Oui, sœur Madeleine, répondit nonchalamment Ethan plongé dans une nouvelle histoire.

Celle-ci s’avança vivement et referma brutalement le document qu’il était en train de lire.

— Tout de suite, aboya-t-elle en rapprochant son nez crochu du visage d’Ethan.

  Elle récupéra le livre et fit volte-face, sa natte de cheveux gris suivant son mouvement. Elle quitta la chambre en grommelant de façon inintelligible.

  Ethan soupira, il n’avait plus tellement le choix maintenant. À sa plus grande surprise, il n’était en définitive pas mécontent d’être occupé. Depuis sa dernière escapade, il avait d’importantes difficultés à penser à autre chose qu’à la mystérieuse sphère lumineuse. Cependant, une fois le rangement de la pièce terminé, l’orbe reprit sa place au sein de l’esprit du garçon.

  Il pouvait retourner le problème dans tous les sens, il ne comprenait pas ce qui avait pu se produire. Il aurait pu avoir eu une hallucination à cause de la chaleur et perdre connaissance. Mais pendant trois jours ? Et pourquoi n’avait-il pas le moindre souvenir ?

  Non, il en était persuadé, tout était bien réel. Ce ne pouvait pas être autrement. Pourtant, une part de lui-même continuait à douter. Il devait en avoir le cœur net, c’était le seul moyen.

  Alors cet après-midi-là, il quitta à nouveau l’orphelinat à l’insu de sœur Madeleine. La canicule était toujours en cours et la pluie se faisait attendre. Il partit au pas de course et prit la direction des bois. Hors de question de perdre du temps, il se dirigea à l’emplacement où il avait aperçu la sphère pour la première fois.

  Seulement, impossible de savoir avec précision derrière quel arbre s’était caché l’orbe. En revanche, il se souvenait parfaitement à quel endroit il se trouvait lorsque le globe lumineux l’avait percuté.

  Il reprit sa course et ne tarda pas à arriver à destination. Il observa attentivement le sentier à la recherche du moindre indice. Des traces de brûlures ou des cailloux qui s’étaient retrouvés dans l’herbe à cause du vent levé par la sphère. Cependant il fallait se rendre à l’évidence. Ethan ne trouvait rien, pas un seul signe.

  Il soupira lentement, déçu. Inutile de rester plus longtemps à l’extérieur à la recherche d’un mirage. Il reprit sa route, le regard vers le sol et l’esprit travaillant à plein régime.

— Encore dehors à cette heure-ci ? l’interpella une voix familière. J’en connais une qui doit s’arracher les cheveux.

  Ethan releva vivement la tête et découvrit qu’il s’agissait de monsieur Najin.

— Oh, bonsoir. Je ne vous avais pas remarqué.

— Je vois ça. Tu avais l’air dans tes pensées. Quelque chose te préoccupe ?

— Vous savez, la vie à l’orphelinat, éluda Ethan.

  Il hésita un instant. Mais après tout, si quelqu’un avait pu apercevoir l’orbe, c’était bien lui. Sa maison était placée idéalement.

— Monsieur Najin, vous n’avez rien observé d’étrange sur le sentier il y a environ quatre jours ? demanda innocemment Ethan.

— Il y a quatre jours, tu dis ? réfléchit-il en grattant son crâne dégarni. Non, pas que je sache. On ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup de passage sur ce chemin, tu sais.

— Mais vous n’avez pas senti le tremblement de terre ? répliqua Ethan avec surprise.

— Un tremblement de terre ? Ici ? Allons, mon garçon, j’ai l’impression que le soleil t’a un peu trop tapé sur la tête.

  Il ricana en voyant l’air déçu qu’affichait Ethan.

— Je crois que toi et moi serons morts depuis quelques centaines d’années avant qu’il y ait le moindre séisme dans ce village, ajouta-t-il sérieusement en replaçant ses lunettes sur son nez.

  Ethan perdit tout espoir. Cette fois-ci, il n’y avait plus de doute. Il avait tout imaginé. Monsieur Najin habitait juste à côté du chemin et il n’avait ressenti aucune secousse, ni n’avait observé la sphère scinder l’air en deux.

— Visiblement, la pluie n’est pas pour ce soir, commenta monsieur Najin en regardant le ciel.

  Trop déçu pour parler, Ethan décida de couper court à la conversation.

— Demain, peut-être. Je ferais mieux de rentrer, déclara-t-il d’une voix morne, sœur Madeleine ne va pas être contente.

  Monsieur Najin parut surpris de voir Ethan si fermé, cependant il ne fit aucune remarque. Il lui souhaita une bonne soirée puis s’éloigna en direction de sa maison.

  Ethan n’arrivait pas à se l’expliquer, que l’orbe soit vrai ou non, cela ne changeait absolument rien à son existence. Tout ce qu’il avait gagné, c’était une perte de mémoire. Pourtant, il était profondément triste. Peut-être était-ce parce qu’il se passait enfin quelque chose dans son quotidien ?

  Il se retrouva face à l’orphelinat, il était temps de reprendre le cours normal de sa vie. Il n’avait aucune envie de tomber directement sur sœur Madeleine, il évita donc soigneusement de rentrer par la porte principale et décida plutôt d’escalader le grillage de la cour extérieure.

Pourtant, quelqu’un se trouvait à l’intérieur de celle-ci et il n’était, de toute évidence, pas enchanté de voir approcher Ethan.

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