On peut appeler ça de la pudeur. On appeler ça un goût pour la solitude. Seul, sans occupations, jeune et pourtant au bord d'un cap, éprouvant quelques minutes ou quelques heures le rien sans s'en plaindre, sans souffrances. Vieillir quelques instants en ne se proposant rien pour le conjurer. En introspection.

Des continents. Des océans. Des époques. Des visages et puis… Quels mondes sidérants contient une âme. On scrute les émotions d'autrefois. Cette peur… Ce ravissement… Cet abandon… Frisonne-t' on de les retrouver, ou frisonne-t 'on de constater qu'elles pourraient avoir survécu à toutes ces nuits passées ? Terré, quelque part, il y a t-il encore quelque chose de l'enfant effrayé, de l'adolescent blessé, de l'amoureux éperdu, du comédien passionné, de l'enragé perpétuel ? Oui… Non.

On est touché. On voit de l'extérieur l'intérieur de ces choses, on est ému de ce qu'il lui est arrivé, et non pas de ce que ce " il " soit nous. Il est mort, puisqu'il a grandit. Vieillir, enterrer l'enfant. Le retrouver par fragments. Ne plus savoir. Et scruter le vide en quête de couleurs. On est là. Au bord du rien. Mais paisible. En paix.

Je ne souffre plus d'avant. Je ne m'enivre plus d'avant. Puisque demain est adouci, ne propose plus le pari d'un bond, d'une fureur, ou d'une passion, on peut bien s'installer dans le présent. Plus de promesse, plus de mélancolie non plus. Les choses sont, et furent. Elles seront, peut-être. Ca n'a pas plus d'importance. Et c'est heureux. Le bonheur d'un paisible constat. Je ne suis peut-être pas, peut-être plus. Ca va. Tout va. C'est insignifiant. Sourire.