Parce qu'on peut recommencer chaque jour avec un regard neuf. Parce qu'on croit toujours avoir atteint ses limites, et parce que chaque nouvelle aurore nous fait mentir. Parce que le temps éponge certaines choses, parce que le corps en encaisse d'autres, parce qu'on fin de compte, on admet un jour avoir pris du plaisir à vieillir. Parce que rien ne tue autant que la mort, la vraie. Parce que la chute prépare l'ascension et dissuade l'ennui. Parce que les cicatrices disent de vous : j'ai vécu, moi.

Parce que l'orgueil, c'est d'avoir rêvé les crépuscules sans barreaux ni murs. Parce que la vie, c'est de les retrouver pour les honorer, rendu différent. Parce que vieillir, c'est se grandir. Parce qu'on sait, à force, que sourire n'est pas gratuit. Parce qu'on sait, à force, que la gentillesse n'est pas une nature. C'est un don, que l'on fait, et que l'on se fait. Parce que voir un film ne veut pas dire vivre un film, et que retrouver une œuvre parlera plus à votre vécu d'aujourd'hui qu'à celui plus juvénile des années passées. Parce que vivre, c'est parfois échouer, mais toujours ressentir. Et qu'un jour peut-être, on s'en voudra de n'avoir pas assez ressenti.

Parce qu'aimer, c'est perdre. Parce qu'aimer, c'est retrouver. Parce qu'aimer, c'est se retrouver. Parce que sans échec, rien n'est grand. Parce que le désert donne le goût des glaces. Vivre c'est chercher, ne jamais trouver, trouver autre chose, le perdre, pleurer, et rire, à nouveau. Oui. J'ai vécu.