Paris est un ville double. A l'occasion, elle comprime les vies et les cœurs, presse les plannings et les quotidiens, les rendez-vous et les horaires. Et d'un coup, elle se fait langoureuse, sous le soleil de juin et des habits haussmanniens de lumière. Les gens courent dans le métro et sommeillent en terrasse, lézardent au Trocadéro et bondissent à la Défense. S'éveille à la Villette et comatent à Stalingrad.

Paris est une ville double. Chacun se sent en devoir d'aller plus vite dans un environnement qui se fait le paradoxe pervers d'un appel aux rêves. Si le regard se plait à s'enorgueillir de s'élever vers la Tour Eiffel en un appel amoureux, les pieds dans le même temps et par un mouvement inverse tricotent plus vite encore pour rapprocher le porteur de cet influx vers les profondeurs souterraines du métropolitain. Si l'on fait le choix de s'appesantir au troquet dont les spécialités salés nous assaillent, notre environnement est traversé par la course endiablée de serveurs nous rappelant que le tapis roulant sous nos pieds ne s'est mis que momentanément en pause pour notre segment. Vitesse et langueur, panorama et couloir de course : Paris chante et hurle, danse et chute.

Le soir, depuis mes fenêtres sur des toits et des ombres dont l'aspect me donne l'impression de vivre un film, on entend quelques rumeurs au loin, au rythme saccadé mais lumineux de la torche circulaire d'une certaine Dame de Fer… Paris est toute entière une si belle qui bégaie sur des danses étrangères.

David Cathala