Prologue

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Si jamais je tombe, y aura-t-il quelqu’un pour me relever ? Si jamais je saute, y aura-t-il quelqu’un pour me retenir ?

Oui, sûrement. Je suppose qu’il y aura toujours une personne prête à se sacrifier pour un parfait inconnu, même s’il doit ressortir avec quelques côtés fêlées et une jambe cassée.

Il m’arrive parfois de m’assoir sur un banc et d’observer les gens. Simplement regarder la vie quotidienne de tous ces passants, de tous ces êtres lambdas dont on ne se préoccupe jamais. Qui sait si on ne vient pas de croiser le prochain génie ou la prochaine victime d’un attentat ? Un simple père de famille ou une dépressive suicidaire ?

J’aime voir toutes ces personnes vivre chacune de leur côté, se croiser, apprendre à se connaître, puis disparaître. Tels les fils d’un immense métier à tisser qui s’enlacent et se délassent, se nouent à jamais ou ne peuvent jamais se rencontrer. C’est ainsi que je vois le monde, de mon petit banc sur le bord de la route.

Un individu encapuchonné se démarque de cette masse humaine. Habillé en noir de la tête aux pieds, un masque sur le visage, il ressemble à une racaille qui traîne dans les rues la nuit tombée. Il avance tête baissée sans se soucier des personnes qu’il bouscule. Il va même jusqu’à faire tomber une fillette sans se retourner ; il ne l’a pas remarquée.

Si j’aime observer la vie des autres, ce n’est pas pour tant que je les apprécie tous. J’ai particulièrement du mal avec ceux qui sont égoïstes et prétentieux, ce qui semble être tout à fait le cas de cet inconnu. Néanmoins, il a réussi à piquer ma curiosité par son comportement, alors je le suis à distance.

Alors que je crois avoir perdu sa trace, je le trouve accroupi au beau milieu d’une rue déserte. Il caresse un chaton au pelage noir et je pourrais pratiquement deviner un sourire derrière son masque.

— Tu sais, je fais parfois un rêve où je suis seul au monde, souffle-t-il tout bas. Alors je demande à mon reflet pourquoi personne n’est avec moi et il me répond toujours la même chose : "Tu le sais bien".

Ses mots heurtent mon cœur. Ils brisent toutes mes certitudes et se gravent en moi à l’encre rouge. Un désir, inexplicable, inavouable, s’empare de mon être : combler cette solitude qu’il évoque, coûte que coûte.

Tu sais Nathan, il m’arrive aussi de faire un rêve où je suis seul au monde. Et lorsque je demande à mon reflet pourquoi personne n’est avec moi, il me répond toujours la même chose : "Parce que tu n’as rien fait pour l’empêcher de partir".

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