Chapitre 23 : Les trésors retrouvés

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Étienne avait beau avoir affirmé quelques jours plus tôt qu’il ne repartirait pas sans les rennes, il ne fut pas amer à l’idée de les laisser en Finlande. Il avait confiance : ils viendraient, mais avant, il allait avoir beaucoup à faire.

Dans l’avion qui les ramenait de Helsinki, il discuta longuement avec Célestine.

- Que vous ont dit les traces du renne, Étienne ?

- Elles m’ont dit de repartir. Ce n’était pas tout à fait clair, mais j’ai eu l’intuition, en les lisant, qu’ils souhaitaient revenir, mais qu’ils attendaient que je leur prouve quelque chose.

La fée sourit. Elle était visiblement satisfaite de ce qu’elle entendait.

- Je suis contente. Vos pouvoirs sont en train de vous revenir. Au fond, je commence à penser que la véritable motivation de Norbert, c’était surtout de vous renvoyer en Finlande, comme un retour aux sources.

- Oui… dit Étienne. Mais ça ne me dit pas ce que je vais devoir faire…

- Norbert saura. J’en suis sûre. Les Lutins en savent plus qu’ils ne le disent sur le sens profond de tout ça. Mais ils ne peuvent répondre qu’aux questions que vous posez.

Tandis que l’avion poursuivait son plan de vol, laissant loin derrière la Finlande et ses étendues enneigées, Étienne passa la suite du trajet à réfléchir à ce qui allait se passer, désormais.

Après leur arrivée à l’aéroport de Roissy, Célestine et Églantine repartirent en direction du 13e arrondissement. Dans le RER qui les ramenait à la maison, toutes deux restèrent muettes un instant. Puis Célestine rompit le silence :

- Églantine ? Ça va ?

- Hein ? Ah oui…

- Tu repensais à tout notre séjour ?

- Oui… Non. En fait, je pensais à ce que tu avais dit à Étienne à propos des lutins. « Ils ne peuvent répondre qu’aux questions que vous posez ».

- Et ?

- Il y a une question que je ne me suis pas posée depuis l’âge de neuf ans.

- Oui ?

- La seconde clé, celle qui était dans l’enveloppe. Qu’est-ce qu’elle actionne, comme mécanisme ?

Célestine sourit à sa fille.

- Ça tombe plutôt bien. On rentre à la maison. On va pouvoir voir.

Au 4e étage, Églantine était fébrile. Une fois entrée, elle partit immédiatement dans sa chambre, sa valise à roulettes avec elle. La jeune fée ne s’embarrassa même pas de la vider. Immédiatement, elle commença à chercher dans ses vieux cartons de jouets.

Certes, dans le lot, elle retrouva des Lego, des poupées, des peluches… Mais elle trouva aussi d’autres jouets, bien plus rares. Les merveilleux automates de Nicolas Noël, les jeux de construction, les jouets que sa mère enchantait avant de les lui offrir quand elle était plus jeune, qui lui avaient assuré des moments de jeu endiablés avec ses copines de classe…

Elle était tombée sur une véritable caverne aux merveilles. Puis elle la retrouva, la jeune fille mécanique que le Père Noël lui avait offerte, à titre posthume. Elle resta un temps interdite. L’automate était plus petit que dans son souvenir, mais toujours aussi beau. Le travail délicat qu’avait fait Nicolas sur ce jouet était admirable, sachant que c’était l’œuvre d’un homme plutôt trapu, avec de grosses mains, qui n’étaient plus si sûres à la fin de sa vie.

Elle avait retrouvé l’automate, mais cherchait désormais la boîte. Un bruit de pas se fit entendre derrière elle. Célestine était sur le pas de sa porte.

- Églantine ? Je vais faire tourner une lessive, tu me passeras ton linge ?

- Ouais. Je ferai ça tout à l’heure.

- Ah ! Tu l’as retrouvé ? L’automate ?

- Oui. Mais… Je ne sais pas comment le démarrer. Je ne trouve plus la boîte.

- Je ne suis pas sûre de l’avoir gardée.

Églantine blêmit.

- Oh non ! Maman ! Il y avait les clés dans la boîte.

Célestine sourit.

- Pas de panique ! Tu sais que j’ai un autre carton à chaussures, où je garde toute ta correspondance. Cette lettre était importante, alors je l’ai mise de côté… avec les deux clés dedans.

- Tu peux me l’apporter, s’il te plaît ?

- Oui… Si je la retrouve.

- C’est très rassurant… Merci, Maman, ironisa Églantine.

Puis Célestine partit chercher dans son bureau. Églantine entendit un bruit retentissant, celui d’une pile qui s’effondrait. Juste après, elle entendit sa mère réprimer un juron. La jeune fée la retrouva dans son bureau. Elle était assise par terre, au milieu d’un fatras de papiers en tous genres, de cartons renversés, de livres ouverts, certains aux pages vaguement cornées.

Églantine voulut user de sa magie pour le rangement, mais sa mère l’arrêta.

- Non, non ! Tu ne sais pas où était quoi, laisse-moi faire.

Un grand ballet de papiers, de livres, de cartons commença. Tout voletait suivant une feuille de route bien établie. Puis Églantine eut un sursaut.

- Maman ! Je la vois !

- Quoi ?

- L’enveloppe, avec la clé.

- Ah oui ?

- Ouaip. Continue. Je vais la récupérer.

Puis Églantine sortit de ce charmant ballet de papier et de carton la fameuse enveloppe. Une fois celle-ci dans sa main, il n’y avait plus de doute possible. À en juger par sa forme et son poids, elle contenait bel et bien des clés.

Quelques minutes plus tard, le bureau de Célestine était de nouveau rangé, du moins aussi rangé qu’il pouvait l’être, compte tenu des piles de papier à la taille déraisonnable qui se tenaient les unes près des autres, et menaçaient de plonger la pièce dans le chaos.

Les deux fées étaient de nouveau devant l’automate. Pour la première fois depuis neuf ans, elles le virent fonctionner. Bien qu’il n’eût pas servi pendant tout ce temps, il était en parfait état. La magie des lutins garantissait une très très longue durée de vie à ces jouets.

La jeune fée remonta l’automate, jusqu’à la limite. Puis elle le laissa se mettre en route. Le mécanisme actionnait les pas de l’automate, qui avançait de façon légère, presque comme un pas de danse. Celui-ci était accompagné par une petite musique.

D’ailleurs, cette musique l’intrigua. Elle lui trouvait quelque chose d’héroïque, qui détonnait avec le pas de cette jeune fille mécanique. Mais pour autant, cela lui semblait familier.

- C’est l’air que sifflait Marko, dit Célestine. La suite carélienne de Jean Sibelius.

- Tu connais ?

- Bien sûr. Sibelius était un ami de Nicolas. J’ai été invitée à la création française. Sibelius était un peu comparable à Nicolas, un symbole national. Il faut imaginer, la Finlande s’est constituée en république indépendante en 1919. Avant, c’était un duché sous dépendance russe. Sibelius était le premier compositeur national. Et si la Finlande est une grande nation de musiciens, il y est pour quelque chose.

- Je vois… Mais quel rapport avec Noël ?

- Aucune idée…

Célestine resta perplexe alors qu’elle regarda l’automate. Puis elle se leva.

- Je vais lancer une lessive, il faut que tu me passes ton linge. Pendant que je remplis la machine, qu’est-ce que tu dirais de préparer le thé ?

- OK.

Quelques minutes plus tard, Églantine avait mis l’eau à bouillir, puis elle commença à sortir le nécessaire à thé. Elle reconnut dans le placard la théière que Nicolas avait offerte à sa mère, neuf ans plus tôt. Bizarrement, si elle n’avait plus osé se servir de l’automate, la jeune fée n’avait pas de problème particulier à utiliser ce service.

Cette théière était en porcelaine peinte. Le motif ressemblait assez nettement à une carte. En regardant les détails, la jeune fée reconnut des noms en finnois : Helsinki, Oulu, Espoo, Tampere, Rovaniemi… C’étaient les principales villes du pays. Puis elle commença à regarder région par région… La Laponie, bien sûr, mais aussi la Carélie du Nord… Celle-ci même à laquelle le morceau de Sibelius faisait référence.

Intriguée, elle remarqua qu’à cet endroit, la porcelaine semblait plus fine. La lumière passait à travers. Bien décidée à en savoir plus, elle regarda à l’intérieur de la théière. Elle y trouva l’inscription

II 47, Eb.

- On avait ça sous le nez, tout ce temps, chuchota-t-elle.

Puis elle reposa la théière, et commença à la remplir. Entre-temps, elle alla chercher l’automate. Dans l’espoir de trouver le petit détail qui lui aurait échappé, elle continuait de le voir sous toutes ses coutures. À force de le détailler à la loupe, elle finit par apercevoir ce qui semblait une petite trappe. Mais il était impossible de l’ouvrir. Elle avait tenté la lame de couteau, mais elle renonça rapidement, de peur de casser le magnifique jouet.

Pendant que les deux fées prenaient le thé, elles regardaient alternativement leurs tasses, l’objet, puis se regardaient l’une l’autre. Puis après avoir mis son morceau de sucre et touillé sa tasse, Églantine demanda :

- Ça te dit quelque chose, II 47, Eb ?

- Oui, c’est le numéro de série de ma théière, répondit Célestine sans pousser la réflexion plus loin.

- Tu l’avais vu ?

- Évidemment ! Je m'en sers tous les jours. Pourquoi ?

- Tu as vu l’emplacement de cette inscription ?

- Oui… À l’intérieur.

- Tu as vu à quel endroit ça correspond sur la carte peinte à l’extérieur ?

- Euh…

Célestine essaya de tâtonner pour vérifier. Mais elle ne parvint qu’à se brûler les doigts. Églantine, en jeune fille bien éduquée, connaissait tous les usages sur le thé et avait ébouillanté la théière.

- Bon… Ne fais pas durer le suspense, ma chérie… C’est la Carélie, c’est ça ?

Églantine hocha la tête.

- Tu penses que ce n’est pas une coïncidence ?

- Je ne sais pas, dit la jeune fée. En même temps, un service à thé qui représente la Finlande, ce n’est pas non plus si courant. En tout cas, pas en vieille porcelaine peinte.

- Tu penses qu’il l’aurait fait exprès ?

- Possible. Mais quant à savoir ce que ça veut dire…

Célestine contempla l’automate. Et de nouveau, elle le fixa intensément tout en buvant son thé. Finalement, elle reposa brutalement sa tasse.

- Second mouvement, mesure 47, mi bémol ! S’écria-t-elle.

- Hein ?

- Il se passe un truc particulier à cette mesure-là. Tu as remarqué que l’automate avait un interrupteur ?

- Oui.

- À mon avis, on aurait intérêt à interrompre au moment où on arrive sur cette note, précisément.

­ Et tu comptes faire comment ? Tu sais lire la musique ? demanda Églantine.

- Tu sais, ma chérie, en 400 ans d’existence, j’ai eu le temps d’apprendre deux ou trois petites choses. Et autrefois, dans la bonne société, c’était de bon ton de savoir jouer du piano.

La boîte à musique dura un certain temps. Nicolas s’était fait plaisir sur cet automate. Il fonctionnait sur un cycle de six minutes. Les deux fées durent dont s’armer de patience, il fallut déjà que Célestine réécoute une première fois pour identifier le rythme. Ensuite, elle put réécouter pour identifier la note correspondante.

Bien que les deux fées témoignèrent d’une grande patience, elles éprouvèrent un certain soulagement quand enfin Célestine dit : « Stop ! »

Et sans poser de question, Églantine mit l’automate à l'arrêt.

Quelque chose s’était produit. Elles avaient entendu un déclic. Dans le dos de l’automate, la fameuse trappe s’était ouverte. Et la jeune fée reconnut la serrure. Prenant la clé qui restait, elle l’introduisit. Et ce qui devait arriver arriva. Le châssis de l’automate s’ouvrit. À l’intérieur, Églantine trouva un petit papier roulé. La jeune femme fut gagnée par l’excitation.

­ Trop cool ! J’ai l’impression de faire une chasse au trésor.

- Lis donc, au lieu de faire ta bécasse.

- OK :

Chère Églantine,

j’ignore quant tu liras cette lettre. Mais je n’ai nul doute que tu seras restée une petite fille sage, même après ma mort. Tu seras peut-être devenue une jeune femme très bien. J’ai confiance en toi pour ça.

Quoi qu’Étienne ait fait, toi et ta mère, ne soyez pas trop sévères avec lui. Il peut être lourdaud et faire du tort, mais ce n’est pas un méchant garçon. Il m’a fallu des siècles pour devenir le Père Noël, n’espérez pas qu’il le fasse en seulement quelques années.

Mais épaulez-le, guidez-le dans cette mission. Ne laissez pas Lenoir le faire à sa place. Et lui non plus, ne soyez pas trop durs avec lui. J’ai connu son ancêtre, Pierre Lenoir, le fameux Père Fouettard. C’était un homme cruel. Ses descendants l’ont été moins que lui, mais il leur en est resté quelque chose.

Lenoir avait la réputation de terrifier les enfants. Ceux des autres, mais aussi les siens. Une réputation qui n’était pas usurpée. Malheureusement, Daniel Lenoir porte cet héritage.

Il n’est pas aussi mauvais que son ancêtre, mais Noël lui évoque quelque chose de douloureux. Il a grandi sans recevoir d’amour, c’est pour ça qu’il n’arrive pas vraiment à en donner à qui que ce soit. Mais ce qui est plus gênant, c’est que la banque Dreyer serait fondée par la Chimère. Ils se sont servis de l’amertume de Lenoir pour s’enrichir sur le dos de tout le monde…

- La Chimère ?… Tiens donc ! releva Célestine.

- J’ai des informations qui peuvent faire couler la banque Dreyer, mais il ne faut pas les délivrer au mauvais moment. Pour être tout à fait clair : il y aura des répercussions pour le groupe Noël, s’il n’a pas déjà retiré ses parts.

Le prix à payer sera élevé, mais après cela, nous serons libres.

Le moment venu, dites à Étienne d’ouvrir Un Homme heureux, d’Arto Paasilinna, dans la bibliothèque du salon. Il devrait y trouver des informations intéressantes. En plus, c’est un roman assez drôle.

Je vous ai dit le plus important, il ne me reste plus qu’à vous faire mes adieux, pour de bon, cette fois. Encore une fois, je tiens à vous remercier, toutes les deux, d’avoir été d’aussi gentilles amies. Mon vœu le plus cher sera qu’Étienne vous voit de la même manière un jour.

Avec toute mon affection,

Nicolas, dit le Père Noël.

Machinalement, Célestine essuya une larme. Relire les mots manuscrits du Père Noël plusieurs années après sa mort, cela faisait quelque chose. Églantine était dans le même état. Puis elles réprimèrent un rire.

- Qu’est-ce que c’est, la Chimère ? demanda Églantine.

- Je ne t’en ai jamais parlé ? Tu es encore jeune, remarque… C’est une organisation criminelle, avec une particularité… Elle est dirigée par des enchanteurs.

- Tu les connais ?

- Sans trop les fréquenter. J’ai connu Bernardin. Autrefois, c’était un ami, avant que je découvre qu’il était lié à eux.

- Tu crois qu’il a des preuves de ce qu’il avance ? Nicolas ?

- Je ne sais pas, répondit Célestine. Mais c’est probable.

- Ça veut dire qu’on peut se débarrasser de la banque Dreyer une bonne fois pour toutes ?

- Oui, avec un peu de chance. J’appelle Étienne.

Puis Célestine décrocha son téléphone portable.

***

Les semaines, les mois qui suivirent furent très mouvementés. Nicolas avait prévenu que les informations qu’il possédait allaient faire beaucoup, beaucoup de bruit. Peu après le coup de téléphone de Célestine, Étienne alla lire Un Homme heureux. Et sans surprise, une lettre tomba du livre. Elle lui était adressée.

Dans cette lettre, Nicolas racontait tout ce qu’il savait sur la banque Dreyer, le fait qu’il s’en soit méfié depuis le début, bien qu’il n’eût pas de preuves contre elle. Il avait pris le temps de chercher. Sur la fin de sa vie, il avait commencé à se passionner pour Internet, ce qui lui avait permis de trouver énormément de ressources et d'archives en tous genres depuis son bureau.

Créée aux débuts de l’ère industrielle, Dreyer était une banque d’affaires autrichienne avait prospéré pendant les décennies qui suivirent, y compris, parfois, au prix de nombreuses vies humaines. Elle était impliquée dans de nombreuses guerres, avait activement financé l'Allemagne nazie, ainsi que l'extraction minière en Afrique ou la recherche autour de la pétrochimie.

Mais son grand succès, malgré sa grande discrétion, tenait à son mode opératoire. Elle était tenue par des enchanteurs, qui profitaient de leur pouvoir d’influence pour réaliser des investissements peu scrupuleux. Plusieurs d’entre eux avaient des capacités divinatoires, qui leur avaient aussi permis d’anticiper les placements les plus juteux et de gagner énormément d’argent. Basés sur ce seul critère, ils ne s’embarrassaient pas trop des conséquences. C’est ainsi que la banque Dreyer se retrouva mêlée à bon nombre de scandales et de catastrophes industrielles.

La banque s’était montrée très discrète sur son conseil d’administration, et n’envoyait jamais que des cadres, dont faisait partie Lenoir. Mais à force de glaner des informations, de mener son enquête, en faisant jouer ses relations à l’Ordre des Enchanteurs, Nicolas avait fini par découvrir qui se trouvait derrière. Patiemment, au fil des décennies, il avait commencé à réunir des noms d’enchanteurs. Parmi eux, un certain Bernardin Murat.

Les preuves ne permettraient pas de retrouver les principaux actionnaires de la banque, mais suffirent à mettre celle-ci hors d’état de nuire. Poursuivie à la Cour Européenne des Droits de l'Homme, elle fut reconnue coupable de crimes de guerres, d'esclavagisme, travail des mineurs…

Les enchanteurs de la Chimère surent s’en tirer à bon compte. La police n’étant pas parvenue à remonter jusqu’à eux, on ne les retrouva pas. Seul le P.-D.G. fut condamné -- par contumace -- à 25 ans de réclusion criminelle. Un mandat d’arrêt international fut lancé contre lui, mais les agents d’Interpol ne parvinrent pas à l'identifier.

La banque Dreyer, elle, fit faillite. Son procès mit très rapidement la famille Noël hors de cause. Celle-ci fut reconnue victime d’un abus de confiance. Même Daniel Lenoir fut relaxé. Contre toute attente, malgré son peu de considération pour le genre humain, il était toujours resté dans la loi.

Le groupe Noël, devenu succursale de la banque, vit son cours s’effondrer en bourse. Mais alors que certains médias voyaient la fin de Noël, l’improbable se produisit.

Les parts du groupe, dont la valeur s’était réduite à peau de chagrin, furent rachetées par les Lutins pour l’euro symbolique. Une large campagne fut lancée sur Internet, pour sauver Noël. Et plusieurs centaines de milliers de personnes participèrent, parfois à hauteur de quelques euros.

C’est ainsi que le groupe Noël devint une société coopérative. Elle avait toujours à sa tête Étienne Noël, bien décidé à redorer le blason de son entreprise et de sa famille. Après avoir longtemps redouté ce moment, il l’attendait désormais avec impatience.

Car les millions d’euros soulevés auprès de simples citoyens confirmèrent une chose. Après des années de cynisme et de cupidité assumée, tout le monde souhaitait le retour du Père Noël, de l’enchantement, d’un vrai moment de partage et de fête.

En septembre 2011, la vaste transformation du groupe Noël fit parler d'elle. Il en fut question jusqu’en Finlande, d'où Étienne, dont la famille finançait largement le village de Noël de Rovaniemi, fit une nouvelle allocution.

Il portait désormais un manteau rouge par-dessus son costume, et commençait à se laisser pousser les cheveux et la barbe. Il était toujours désespérément blond, mais dégageait une bonhommie qui rappelait un certain vieillard, encore présent dans de nombreux esprits.

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