Nous avions quitté Yil à l’aube de sa FIV, à l’aube de ce protocole dont le tableau remis par le centre peut faire un peu peur de prime abord.

Où en est Yil ? Bon je pense que le titre vous donne une idée ah ah.

Alors par où est passée Yil ? Comment s’est passé son protocole ?

Je lui laisse la parole. Sortez les mouchoirs.

« Les rendez-vous s’enchaînent et puis un jour on t’annonce qu’à telle date, le protocole commence.

Et là, tu penses : “piqûres”, “effets indésirables”, mais surtout “ÉCHEC”.

Une boule de stress m’envahit. Je craque. Je ne veux plus rien faire.

Pourquoi tenter après tout ? Pourquoi souffrir et mettre autant d’énergie pour rien ?

Mon mari me dit avec toute sa gentillesse et son bon cœur :

- C’est toi qui vis le plus gros. Si tu ne veux pas le faire, on ne le fait pas. On est heureux aussi, juste nous deux. Peut-être qu’un jour ça viendra comme ça, par hasard.

Mais si j’abandonnais, je continuerais à souffrir. Donc je n’ai pas le choix. Je dois faire tout ça pour ne pas regretter.

En revanche, je réalise que là, j’ai BESOIN d’aide. Je décide donc de contacter une sophrologue rattachée à mon centre. Je ne m’attendais pas à tomber sur une perle.

Sur une personne qui était peut-être la clé de notre victoire.

Elle me comprend, me déculpabilise, me recentre. Elle transforme cette FIV que je subissais comme quelque chose de beau et bon pour moi, où tout le monde est à mon service, pour m’apporter ce bébé, telle une Reine des abeilles comme elle disait si bien.

En rentrant de ce rendez-vous pour ma 1re piqûre du soir, je n’étais plus pareille. J’étais transformée, positive, ré-énergisée. Tout se passe bien.

Les contrôles ? OK

Les échos ? OK

Date fixée pour la ponction. Je stresse mais heureusement, je tombe sur une équipe plus que bienveillante.

- Madame A, réveillez-vous. Tout s’est bien passé. Sur les 7 follicules mûrs, les 7 ont été pris. C’est un vrai succès. Nous ferons 2 techniques afin d’optimiser les chances et voir ce qui clochait depuis tout ce temps.

Je fonds en larmes.

Première bataille et pas des moindres ; réussies.

Je suis fière de moi... Si fière de moi... Je découvre une force en moi que je n’aurais jamais imaginée.

Je me remets super bien de cette opération. Je suis fatiguée mais impatiente d’avoir le verdict.

Un matin, le biologiste m’appelle

:

- Félicitations on a 7 beaux embryons ! On suit l’évolution et si tout va bien d’ici 3 jours on vous transfère l’un d’entre eux.

Je suis dans le choc.

Les 2 techniques ont fonctionné ?! Attends, attends, donc là en fait je n’ai aucun problème pour procréer ?

Je m’effondre en larmes de bonheur. Moi qui avais perdu tellement d’estime de moi-même, je me rendais compte que finalement, ça fonctionnait là-dedans !

Je ne m’emballais pas car qui savait comment ça pouvait évoluer...

Jour de transfert, dimanche 12 juillet 2020.

Je suis sur la route quand un numéro apparaît ; je reconnais celui du biologiste.

Et là, tu sais que soit ça passe, soit ça casse.

- Madame A, nous avons un sacré champion avec nous ! Il est magnifique ! C’est un J-5, et il vous attend. Il est parfait, ça va le faire !

Punaise heureusement que je ne conduisais pas, j’aurais dévié c’est sûr.

J’explose de bonheur. Ce bébé que j’attendais tant, il s’est accroché et s’est développé ; il nous a choisis !

Les autres continuaient d’évoluer mais ont fini par être de mauvaise qualité. Sur les 7, mon Champion a fini par être notre seule chance pour cette tentative FIV.

Ce jour-là, je m’étais faite belle. Je ne sais pas, je voulais que ce petit “brybry” ait une jolie maman.

Je m’installe et après leur manipulation, je vois sur l’écran d’échographie un point blanc :

- Il est là, au chaud avec sa maman, reposez-vous maintenant.

Je sors et je me sens comme un oiseau qui vient d’apprendre à voler. L’air n’a plus le même parfum, la couleur du ciel et encore plus belle et ma main ne quitte pas mon ventre. Il est là. Je ne suis plus seule.

Je passe mon temps à lui parler, à lui vendre mon CV pour qu’il s’accroche.

15 jours plus tard, test urinaire et prise de sang positif.

Je n’y crois pas. Ça y est ? Enfin j’ai la chance de voir un +++ ? Et un beau taux ???

On y est !

Ça a marché. Enfin. Enfin...

Je dors beaucoup. Ça tiraille (et ça fait peur parfois car on connaît les douleurs de règles mais pas de grossesse) je passe un mois à hiberner et le mois suivant collée à la cuvette des toilettes.

Ça devient dur moralement. Quand tu as déjà tant souffert pour en arriver là, tu as envie de sérénité mais bon pas le choix...

Je commence à l’annoncer à ceux que j’aime, mais quelqu’un manque à l’appel.

Celui pour qui l’on se battait autant n’est plus là et on souffre tellement de ne pas pouvoir partager tout ça avec lui.

C’est comme ça. Quoi qu’il en soit, je promets de le rendre fier.

Je parlerais à ce bébé, je lui dirais à quel point son grand-père était quelqu’un de bon et que je l’élèverais avec les mêmes valeurs, les mêmes réflexions sur la vie.

Mais je suis sûr que nos anges partis trop tôt voient et veillent sur nous. Alors maintenant quand je pense à lui, je souris.

Aujourd’hui, c’est le jour de l’échographie T1 (premier trimestre).

Monsieur verra son bout dchou' pour la 1re fois. J’espère que nous n’aurons que de bonnes nouvelles.

Alors retour sur mon écho. On est sorti complètement bouleversé de bonheur.
Début août quand j’ai eu ma première écho, genre “datation précoce” car elle partait en vacances, sur l’écran je ne voyais qu’une mini tâche et un point blanc qui clignotait (le cœur).

En 1 mois, je me suis dit “Bon bah ça sera une tache plus grosse mais on ne verra rien de spécial, le principal est d’entendre son cœur et qu’il va bien quoi...”
À notre grande surprise on voit sur l’écran un bébé formé, qui tellement il gigote dans tous les sens que la gynécologue a du mal à capter son cœur ; quelle émotion !

Je me dis “Il est bien là mon kikou, et il a la pêche ! C’est peut-être à cause de lui que je passe mon temps à vomir s’il bouge autant là-dedans.”
Le p’tit champion mesure 43 mm, la gynécologue quand elle l’a vue était tout sourire :

- Olalal mais il a bien grandi ce loulou et il a la pêche il bouge bien

Bref Monsieur les yeux au bord des larmes quant à moi, les miens étaient tout mouillés.
Prochainement, rendez-vous le 17 pour la mesure de la clarté nucale et prochain rendez-vous gynéco le 8 octobre. »

Et voilà ! Notre Yil a terminé ce long parcours qu’est la PMA et s’embarque vers le long voyage de la grossesse et de la parentalité.

Nous lui souhaitons plein de bonheurs et plein de bonnes choses.

Yil, tu es une warrior et tu seras une super maman. Pleins de bisous ma belle.

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