Chapitre 16 : La ponction

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Nous sommes le 8 juillet 2020 et ce matin j’avais mon contrôle post-ponction.

Je vais vous raconter ma ponction mais avant, sachez que mon expérience n’est pas commune. Ma ponction ovarienne fait partie de la longue liste des « trucs chelous » qui m’arrivent à chaque fois.

Le lundi 6 juillet, je suis donc arrivée au centre PMA avec Jules. Le réveil était rude car j’avais très, très, très mal au bas du ventre à cause des 29 follicules présents.

L’équipe médicale avait l’air un peu tendue lorsqu’ils m’ont vu marcher difficilement. J’ai été conduite en salle de repos et Jules a été en salle de prélèvement.

La salle de repos c’est une pièce, divisée en trois petites pièces avec un genre de transat-lit, un fauteuil et une table de chevet.

Je me suis allongée en attendant le retour de Jules et l’infirmière m’a signalé que je serais la première à passer, d’ici une quarantaine de minutes.

Jules était à peine arrivé que j’ai été emmenée en salle pour me changer puis je me suis installée avec l’aide de l’infirmière. Cette femme, l’infirmière, je ne pourrais jamais assez la remercier. Si je pouvais la prendre dans mes bras, je le ferais. J’en ai les larmes aux yeux rien que d’y repenser…

Pour la suite, si vous aviez été choqué par certains examens jusque-là, sachez que ce qui suit est dur… J’avais eu un peu de mal à écrire le chapitre 4 mais en fait c’était de la rigolade.

Arrive la ponction et là l’horreur a commencé.
Je ne sais pas si l’anesthésie était trop légère mais... j’ai tout senti ; aiguille, aspiration... une douleur abominable.
L’infirmière me tenait la main, je pleurais, je pleurais à chaudes larmes avec les cris qui vont avec.
À un moment, j’étais secouée par mes sanglots et le docteur a dit :

- Il faut que vous arrêtiez de bouger Mme parce que cela fait bouger votre ovaire et avec l’aiguille là ça devient dangereux

J’ai pris sur moi. L’infirmière m’a aidée à reprendre mon souffle.

Je respirais du mieux possible. L’infirmière me caressait les cheveux et me tenait la main (d’ailleurs, j’ai dû broyer la sienne). Je pleurais, je fermais les yeux et j’essayais de maîtriser mes mouvements ainsi que ma respiration.
Ça, c’était l’ovaire droit.

On passe au gauche et idem ; douleur, sensation de tout ce qui se passe...

Et là, j’entends le médecin dire :

- Pourquoi ça n’a pas été une anesthésie générale.

J’ai tellement agrippé l’accoudoir et la main de l’infirmière que mes bras tremblaient (j’en ai encore des courbatures).

Le calvaire s’est fini enfin au bout d’une vingtaine de minutes qui m’ont paru interminables.
Le docteur me dit :

- Je suis désolée, normalement ce n’est pas aussi traumatisant. Vu le nombre de follicules et la taille de vos ovaires, je veux bien croire que vous ayez eu mal. Je n’ose même pas imaginer la douleur que vous avez ressentie. On a pu tout aspirer déjà, ça, c’est une bonne nouvelle.

L’infirmière me ramène en chambre et dit à Jules :

- Votre femme est très, très courageuse car ça a été très douloureux.

J’ai repleuré en voyant mon chéri. Je voulais me lover contre lui et rester en sécurité dans ses bras. Je lui ai dit de mettre la chaise tout à côté de moi et j’ai pris sa main avant de m’endormir d’épuisement.

J’ai somnolé par petites tranches car les images de la ponction me réveillaient. La douleur était toujours là, surtout à droite vu que j’avais bougée.

L’infirmière m’a demandé plusieurs fois si ça allait et m’a dit à un moment :

- Je ne peux plus vous donner d’antidouleur on est arrivé au bout de ce que l’on pouvait.

J’en ai conclu qu’ils avaient tout donné au moment de la ponction pour essayer de limiter les dégâts.

À 12 h 30 réunion avec le staff médical. Le docteur s’excuse encore et me dit :

- Je ne vous souhaite pas de repasser par là mais si c’était le cas, ce sera anesthésie générale d’office au vu de l’expérience de ce matin.

Elle avait bon espoir que, sur les 29 follicules, j’ai suffisamment d’embryons pour ne pas avoir de nouveau une ponction dans les suites du parcours.

L’équipe entière m’a dit au revoir. Même l’infirmière est revenue me regarder partir. Honnêtement, ils avaient l’air « grave » quand ils nous ont reçus, car j’avais toujours mal.
Bref, j’ai fait flipper tout le monde.

En rentrant, j’ai dormi 4 h et fais des cauchemars de la ponction. Je pense qu’il y a un traumatisme car j’ai encore quelques flashs la nuit.

Le lendemain ça allait mieux. J’ai voulu accompagner chéri à son rendez-vous urologue et j’avoue que ce n’était pas l’idée du siècle car je l’ai un peu payé l’après-midi.

J’ai eu l’appel du biologiste :
8 embryons fécondés et peut-être 2 ou 3 de plus (à voir le lendemain). Il rappellera le jeudi pour la suite et samedi pour savoir le nombre de congelé.
Première phrase du biologiste quand j’ai décroché :

- Comment allez-vous ce matin ?

Je pense qu’ils ont flippé, sincèrement. Je pense qu’il y a eu un couac quelque part. Je pense que j’ai fait une « belle méga hyperstimulation ».
Je vous dis, dès que je suis arrivé déjà, en me voyant marcher, ils n’étaient pas fiers.

Ce matin donc, le 8 juillet, j’avais mon rendez-vous pour l’échographie de contrôle.

Bilan :

- Œdème abdominal (liquide dans la paroi abdominale).

- Ovaires pleins de liquide et très gros.

- Interdiction de faire du sport, de forcer, de porter des charges... Bref, assise, couché ou légère marche mais pas d’effort.

Pourquoi autant de repos ?

Lorsque les ovaires sont gros, il y a un risque de torsion ovarienne. L’ovaire, lors d’un mouvement ou effort, peut se tourner lui-même et provoquer une torsion.

En cas de torsion, c’est opération directe !

Il y a un risque de perdre l’ovaire voire même la trompe entière.

Le Dr m’a également prescrit des bas de contention pour éviter les thromboses (caillot sanguin pouvant boucher un vaisseau, une veine ou une artère).
La seule bonne nouvelle de cet examen, c’est que je n’ai pas de liquide dans les poumons (youpi).

À la moindre douleur violente ou truc pas normal, c’est direction les urgences car le risque n’est pas anodin même si en soi, je peux aller en Charente ce week-end, à condition d’être très prudente et de faire des pauses sur la route.

J’ai quand même demandé ce qu’il s’était passé. Tout d’abord parce que beaucoup des Fivettes ont été extrêmement choquées de mon récit et ensuite parce que, une fois le contrecoup passé, j’étais un peu énervée de ce qui m’était arrivé.

En gros, j’ai fait une méga hyperstimulation. Pas du tout prévue, pas du tout normale et un truc extrêmement rare.
À J6 des injections, j’avais des signes d’une petite hyperstimulation mais rien de dramatique. Mon taux d’œstrogène était bon.
À J8, je faisais une hyperstimulation mais rien de grave.

À J10, c’était la merde mais trop tard.

Réduire le dosage des injections n’aurait pas amélioré mon cas mais pouvait foutre en l’air le développement des follicules.
Et je pense qu’ils savaient que cela serait compliqué pour la ponction, mais pas à ce point.

Quand j’ai dit que je sentais tout le monde bizarre lundi, ce n’était pas qu’une impression. Le médecin m’a confirmé qu’ils étaient tous très inquiets, car à ma démarche, ils voyaient bien que quelque chose n’allait pas.

J’ai réagi comme personne en fait. Ce n’était pas prévu, pas contrôlé du tout et tout le monde a effectivement flipper.

Leur erreur ?
Je pense que Lyli sur le forum m’a dit vrai. On aurait dû, vendredi, m’orienter sur une anesthésie générale d’office.
Honnêtement vu les « circonstances covidesques » je ne peux pas leur en vouloir.

Je pense qu’ils avaient le cul entre deux chaises et n’étant pas du genre à me plaindre, ils ont dû se dire que ça irait.
C’est lundi matin, jour J, qu’ils ont réalisé l’ampleur des dégâts.

En gros, je suis encore une fois dans un cas rare, un truc qui n’arrive jamais et ils n’ont pas su anticiper ni gérer.
Donc, dire que c’est de leur faute oui et non. Elle m’a bien dit que ce qui s’était passé était exceptionnel.

En tout cas c’est prévu, si je dois refaire une ponction, c’est anesthésie générale d’office. Hors de question de revivre ça m’a dit le docteur.
Elle s’est confondue encore en excuse. Je lui ai dit que j’en faisais des cauchemars elle m’a présenté encore ses excuses.

Honnêtement, ça se voyait qu’elle était sincère. Elle n’était pas bien du tout et très inquiète. Elle m’a sermonné 150 fois de ne surtout pas faire d’effort. Elle m’a dit qu’ils me gardaient un créneau vendredi et si ça ne va pas je dois les appeler pour une écho en urgence.

Je ne veux pas les blâmer. Je pense qu’ils ont été dépassés et très sincèrement, j’ai vu dans le regard de tous, le malaise et les excuses.

C’était un « pas de bol » avec les circonstances Covid en plus qui ont peut-être faussé un peu le truc.

Elle m’a dit que l’œdème abdominal n’était pas grave mais mettrait du temps à partir. Pour le TEC en septembre, elle a commencé à me préparer en me disant « on verra en fonction de votre état ».
Donc s’il y’a des filles qui ont lu ma ponction et qui flippent pour la leur ; rassurez-vous, je suis un cas à part.

Jules et moi sommes donc partis en Charente le vendredi 10 juillet, dans sa maison de famille avec les membres de cette dernière.

Je vous écris ce samedi 11 juillet pour vous raconter la suite.

Depuis mercredi les douleurs sont toujours là, toujours aussi insupportables, et je suis très irritable.

Je pleure pour un rien. La fatigue, la douleur, le sentiment d’impuissance.

Le biologiste a rappelé ce matin pour nous annoncer la bonne nouvelle dans ce malheur : 6 embryons congelés ! YES !

Une fois passée cette belle émotion, toute mon énergie m’a quittée. Les douleurs étant de plus en plus forte j’ai commencé à m’inquiéter et Jules aussi.

J’ai été m’allonger et en me levant, que vois-je aux toilettes ? Du sang…

Oupsa ! Panique à bord ! Je me dis que « Oh, mon Dieu, ce n’est pas normal. Oh non je ne veux pas aller aux urgences ! »

Jules est parti en balade. Belle-maman aussi. Je fais quoi ? J’appelle qui ?

Je croise beau papa dans le salon qui voit que je ne suis pas sereine. Je lui explique et il me dit d’appeler un médecin du centre.

Je n’ai pas de numéro d’urgence… J’essaye de me calmer et appelle finalement la clinique qui, à l’écoute de mon récit, me passe finalement un médecin du centre présent ce jour.

Elle m’explique que c’est normal, que oui mes règles ont une semaine d’avance à cause du Décapeptyl (le produit qui m’a été injecté pour déclencher mon ovulation). Ce produit permet de limiter l’hyperstimulation et pour cela, déclenche les règles plus tôt.

Je suis donc soulagée de savoir que :

1) Les saignements sont normaux (je ne suis pas en train de crever lol).

2) Les douleurs qui me faisaient si peur sont en fait un cumul du post-op et de mon cycle (qui rappelons-le est toujours un carnage)

3) Je chiale et j’ai mal aux seins à cause de la chute violente des hormones.

Cette chute violente est en fait liée au fameux Décapeptyl, qui pour limiter l’hyperstimulation, stoppe les hormones en quelque sorte.

Malgré la douleur, le fait de savoir que ce n’est rien de grave va me permettre de finir mon week-end, beaucoup moins stressée.

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