Chapitre 15 : Le début du rêve

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Nous sommes le 20 juin les amis.

Eh oui déjà. Je suis fatiguée si vous saviez mais avec le sourire. Ceux qui me connaissent bien, connaissent cette tête de fatiguée souriante.

Je suis fatiguée mais pourquoi ? Alors honnêtement je ne sais pas. Je suis uniquement sous Provames pour le moment donc peut-être que c’est lié à cela mais je pense que c’est surtout les nerfs qui redescendent.

J’ai eu mes règles hier, celles que l’on attend avec impatience. J’ai appelé mon centre et j’ai rendez-vous le 23 juin 2020 pour mon échographie et ma prise de sang. Je devrais commencer les injections jeudi 25 juin 2020. J’ai déjà trouvé mon infirmière à domicile, au moins pas de stress de ce côté-là.

Je pense que c’est juste les premières injections qui font peur, après on prend le pli. Je ne me suis jamais piquée pour quelconque raison que ce soit et rappelons-le, j’ai peur des aiguilles.

Après je sais que je ne suis pas seule. Jules était à fond, il a regardé les injections pendant notre rendez-vous.

Lorsque j’ai appelé l’infirmière, il m’a dit « de toute façon, faudra qu’elle me montre pour que je puisse le faire après ».

C’est important d’être deux. Lorsque l’on fait un enfant naturellement, on est deux, alors pourquoi pas là ?

Je pense qu’en PMA cela est encore plus prononcé. Pour la simple et bonne raison que, toutes ces étapes que nous franchissons avant d’être enceintes, on n’y pense pas, dans une grossesse naturelle. C’est vrai quoi.

En vrai. Vous qui êtes parents, vous avez déjà pensé à tout ça ?

Vous avez déjà pensé à ; « à quel moment le spermatozoïde va rentrer dans l’ovule ? ». Bien sûr que non lol et heureusement.
En PMA on décompose tout ça, on décompose la création de ce petit être vivant. C’est très impressionnant.

Nous sommes le 29 juin 2020. Houla il s’en est passées des choses en 9 jours. Enfin pas tant que ça en soit.

J’ai eu mon rendez-vous le 23 juin et j’ai commencé les injections le 24 juin. Jour symbolique puisque Jules et moi fêtions nos 9 ans de rencontres. Et oui, 9 ans ! On se fait vieux hein ? Non je rigole.

Donc le 24 nous avons commencé les injections, l’infirmière est venue et a fait la première.

Le lendemain Jules a décidé d’essayer et depuis eh bien c’est lui qui les fait toutes.

Je pense qu’il est très fier. Il m’a dit « à partir de maintenant c’est 80 % toi donc comme ça au moins je suis là aussi. On est deux. Et même si je n’avais pas pu le faire je veux être là à chaque fois. »

Donc du 24 juin au 28 juin (hier) j’avais donc une injection de Gonal à 19 h 30 tous les soirs.

Le 26 juin, sur le forum, j’ai fait un message aux Fivettes qui a reboosté certaines d’entre elles.

Nous parlions de l’angoisse permanente lorsque l’on est parent et du fait qu’en PMA cette angoisse démarre beaucoup plus tôt.

Peur de l’échec d’une tentative, peur de l’hyperstimulation, peur d’une fausse couche… etc, etc.

Je ne sais pas si c’était les hormones ou juste l’émotion qui m’ont fait parler ce soir-là, mais je vous le mets ici, parce que j’avoue que je l’aime bien :

« La PMA renforce, je pense, l’angoisse de la parentalité car on en a chié. Ce n’est pas acquis ou simple pour nous dans le sens où nous ne sommes pas tombées enceintes par hasard.
Moi aussi Yil je me suis faite la réflexion l’autre jour sur le fait que j’enviais une grossesse standard.
La fameuse “surprise” quand tu essayes depuis quelques mois et que “ô magie un +++ apparaît”. L’excitation de l’annoncer à ton conjoint “surprise chéri tu vas être papa”.

Mais vous savez quoi ? Moi j’ai fait le deuil de ça.

Quand je vois mon homme fier et sûr de lui quand il me fait l’injection, je me dis que, aussi dur soit ce parcours, eh bien on vit des choses fortes que les autres couples n’ont pas. Nous ce bébé on se sera battu ensemble pour l’avoir. On se sera aimé si fort qu’on aura réussi à surmonter le stress, le doute, la peur et on en aura fait de l’amour puissance 10 000.

Alors oui, on n’a pas de chance, oui on en chie, oui c’est dur... Mais en vrai c’est tellement beau ce qu’on est en train de vivre les filles.
Est-ce que vous réalisez qu’on est des putains de battantes ? Est-ce que vous réalisez à quel point nos couples sont solides ? Est-ce que vous réalisez la dose d’amour de nos couples pour faire ces beaux bébés ?

J’ai fait le deuil de ce qu’aurait été ma vie sans la PMA, parce qu’aujourd’hui je suis fière de pouvoir en parler aux gens. Fière d’essayer de faire changer les mentalités. Fière de vous connaître toutes et fière d’avoir écrit les Fivettes pour que tout le monde découvre la battante en chacune de nous.

Je vous adore sincèrement.
Endormez-vous ce soir avec la fierté du combat que vous menez. »

Ce soir-là je crois que les mots sont tout simplement sortis de mes tripes. Aujourd’hui je le pense encore, notre parcours est dur mais il est aussi tellement beau et plein de ressources.

Donc nous sommes le 29 juin 2020 et ce matin j’ai eu mon échographie et ma prise de sang. Déjà lors de l’échographie bonne nouvelle, pas de signe d’hyperstimulation. Au contraire, je réponds très bien au traitement, les follicules sont là et se développent bien donc si ça continue comme ça je devrais en avoir une quinzaine lors de la ponction.

Ah ! Le téléphone sonne.

C’était le centre qui me confirmait que tout va bien. On continue donc le Gonal en 200 ui (ui = unités) mais on ajoute le Fyremadel pour empêcher l’ovulation. J’ai un nouveau contrôle dans 2 jours, le 1er juillet 2020.

Ce jour-là, il y aura quand même de grandes chances que l’on m’annonce une ponction pour le 3 juillet, à moins que ce ne soit le lundi suivant donc le 6 juillet.

J’ai un peu peur j’avoue et j’espère sincèrement que ce sera pour le 3 juillet.
Pourquoi ?

Parce que le Fyremadel… ça fait mal…

Ce liquide, même injecté doucement, brûle, fait des plaques rouges et n’est pas du tout agréable.

En ce moment, les Fivettes du forum, c’est un peu mon gros gros gros pilier. Avec Audrey on échange beaucoup sur les réseaux sociaux et comme elle est 1 semaine devant nous, elle fait l’éclaireuse.

Avec Yil j’ai 3 jours d’écart. Elle a commencé 3 jours après moi et on compare nos effets secondaires hormonaux lol.

De mon côté :

- Ventre tendu genre je fais de l’aérophagie sans les gaz (ou presque ah ah), le ventre lourd (du coup je dors hyper mal je ne sais pas comment me caler).

- Comme je dors mal eh bien je suis fatiguée, un peu distraite (en ce moment il ne faut clairement pas me dire des choses importantes, le peu que j’arrive à retenir étant consacré à mes injections).

- Et enfin ça me tire un peu dans le bas ventre mais rien de bien méchant.

Les injections aussi, au début on est en mode « youpi trop bien je commence enfin » euh au bout de la 5e c’est plus « putain j’en ai marre ».
Comme je vous disais, c’est monsieur qui joue les infirmiers et il se débrouille hyper bien franchement.

Moi la PMA, ça a confirmé que je ne peux pas me piquer. J’ai la tête qui tourne juste à voir l’aiguille rentrer dans ma peau donc bon… voilà quoi.

Les filles sont touchées que ce soit Jules qui pique. En fait j’ai appris que peu d’hommes le font, soit par peur soit… je ne sais pas.

Moi mon Jules il veut tout vivre à deux et je trouve ça tellement beau. Je suis tellement fière quand il prépare la seringue. Il est devenu expert ah ah !

Et oui j’ai vraiment de la chance… Il est aux petits soins même si pour le moment il ne réalise pas car c’est moi qui ressens tout.

En tout cas les filles sont d’un énorme soutien. Au moindre doute, à la moindre peur on en parle ensemble et on se rassure. Notre « maman FIV », Lyli, veille aussi sur nous en même temps que sur ses twins, qui devraient pointer le bout de leurs nez pour septembre.

Nous sommes déjà le 5 juillet 2020, demain c’est la ponction. Je n’ai pas beaucoup écrit car la fatigue est devenue très importante et la concentration n’était plus là du tout.

J’avoue j’ai hâte que ce soit derrière et que l’on avance.

Ce soir l’infirmière est venue injecter le Décapeptyl pour déclencher l’ovulation avant la ponction. On utilise celui-ci à la place de l’Ovitrelle car malheureusement, je fais une hyperstimulation. J’ai commencé à montrer des signes à la 2e écho de contrôle et ça s’est confirmé à la dernière.

Mes ovaires travaillent trop et trop vite.

Il y a 29 follicules actuellement sur mes ovaires et ils mesurent entre 11 mm et 20 mm. Je vous laisse imaginer la grappe de raisin.

Nous n’aurons donc pas de transfert en frais mais un transfert congelé vers septembre. Les dernières injections se sont bien passées, le Fyremadel chauffait un peu mais rien de dramatique non plus.

L’infirmière à domicile pique vraiment bien et prend son temps.

Vivement demain qu’on me libère de ces œufs car ça commence un peu à pousser là-dedans.

© Tous droits réservés-Noralifewriter - 2020

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